Voyage organisé

Reportage – Un voyage à travers la Crète avec Atlas Moto Tour

Nous avons eu le plaisir d’avoir été conviés par notre partenaire suisse Atlas Moto Tour à vivre une aventure exceptionnelle: un voyage clé en main en Crète!

Cette île méditerranéenne, réputée pour ses paysages enchanteurs et ses routes sinueuses, a été le théâtre de notre reportage. Pour cette aventure, nous avons choisi la formule « route », une option qui nous permet de découvrir la beauté de la Crète tout en roulant sur des routes asphaltées pittoresques et plus ou moins confortables. Mais ne vous inquiétez pas, pour ceux qui cherchent une dose d’adrénaline, une formule « offroad » en Crète est également proposée.

Le concept d’un voyage clé en main est très pratique. Il s’agit d’un package tout inclus qui prend en charge chaque détail de votre périple. Selon la formule choisie, vous pouvez voyager avec votre propre moto ou en louer une sur place, ce qui simplifie grandement les choses.

Dans notre cas, la formule comprenait la moto de location sur place. Nous n’avons été que peu briefés sur le voyage, l’objectif étant de nous surprendre chaque jour par un trajet inconnu.

Départ de Héraklion, la « capitale » de la Crète

C’est donc avec une grande excitation que nous avons débuté notre voyage depuis l’aéroport de Genève. Après un vol sans encombre, nous avons atterri à Héraklion, la « capitale » de la Crète. Dès notre arrivée, nous nous sommes rassemblés à la sortie de l’aéroport et avons été accueillis par notre guide pour la semaine: Jean-Pierre. Français installé en Crète depuis des années, il a créé sa société de guide de voyage. Après avoir cartographié l’île, il connait la Crète comme sa poche et nous a permis de découvrir des lieux improbables, loin de toute route touristique.

Ce voyage m’aura permis de découvrir les paysages époustouflants de l’île, les routes sinueuses qui serpentent à travers des villages pittoresques, et les moments forts de cette aventure en Crète.

La première étape de notre voyage commence par une épreuve classique mais cruciale: récupérer les valises. Je me dirige vers le tapis roulant, qui dessert trois vols différents, en espérant que mon bagage apparaisse rapidement. En attendant, je fais la connaissance d’Antonio, un fribourgeois participant au voyage, avec qui je discute tout en gardant un œil sur le tapis.

La patience paie toujours car une vingtaine de minutes plus tard, nos valises font leur apparition. Chargés de nos affaires de voyage, nous prenons la direction de la sortie de l’aéroport, le plus important et touristique de la Crète, qui se révèle étonnamment compact et facile à traverser.

A l’extérieur, nous retrouvons Angelo, le second participant, aussi fribourgeois, ainsi que Michael, l’organisateur du voyage, et son épouse Ada. Notre guide, qui s’est joint à nous, nous conduit ensuite à la société de location à quelques dizaines de mètres de là, où nous allons récupérer nos montures.

Une fois l’administratif bouclé, c’est le moment tant attendu: enfourcher nos motos. Toute la durée du voyage, mon bagage sera transporté d’hôtel en hôtel dans le véhicule d’accompagnement. Je n’aurai à me soucier que du pilotage de ma moto. Je saisis les clés, je monte sur une toute récente Honda CB500X, une crossover élégante au look de maxi-trail de voyage, parfaite pour notre périple.

Mes compagnons de voyage sont également à bord de CB500X, moins modernes que la mienne. Il faut dire que je possède la dernière génération connue avant l’arrivée en 2024 de la NX500. Les différences majeures entre la mienne et celles de mes compagnons de route sont la fourche inversée, la roue avant en 19’’ à la place de celle de 17’’, et les doubles disques de frein à l’avant contre un seul disque pour les autres.

Nos bagages sont soigneusement chargés dans le camion de notre guide, et nous prenons immédiatement la route pour notre première mission, faire le plein à la station-service. Un petit détail à noter: il semble que les sociétés de location crétoises n’ont pas pour habitude de restituer les véhicules avec le réservoir plein.

Le soleil est déjà couché depuis une bonne heure lorsque que nous traversons Héraklion, éclairée par les lumières nocturnes, en direction de notre premier hôtel.

Une fois arrivé, je récupère la clé de ma chambre afin de pouvoir y jeter mes affaires avant de retrouver le groupe pour nous rendre au restaurant, non loin de notre position. Une belle occasion de goûter aux délices locaux, grâce à un copieux buffet, tout en faisant plus ample connaissance avec notre équipe de voyageurs.

Après ce festin, nous recevons un briefing sur le programme du lendemain: une boucle au départ et à l’arrivée d’Héraklion, nous promettant de découvrir des paysages intéressants. La soirée touche à sa fin, et l’équipe, bien fatiguée par le voyage, se dirige vers ses chambres respectives pour une première nuit de sommeil bien méritée. Demain matin, départ à 9h pour le début de notre aventure crétoise!

Jour 2: début de l’ascension

Pour ce deuxième jour, nous avons droit à un tour de chauffe qui promet de nous mettre en appétit pour les prochaines journées. Après un petit-déjeuner typiquement crétois, composé de jambon et de fromage (les Crétois semblent avoir leur propre interprétation du petit-déjeuner continental), nous nous préparons pour une journée de découverte sur nos motos. Comme nous reviendrons à l’hôtel ce soir, nos valises restent dans nos chambres.

Après un briefing rapide mais informatif, nous prenons la direction du nord d’Héraklion, serpentant à travers des canyons rocailleux offrant des panoramas à couper le souffle. Bien que les routes crétoises puissent parfois être un peu cabossées, elles restent étonnamment bonnes pour leur rusticité.

Nous nous enfonçons dans les gorges et, dès dix heures du matin, le soleil tape déjà fort, ajoutant une touche de défi à notre trajet. Ces conditions nous suivront tout du long. La chaleur et la sécheresse nous rappellent l’importance de suivre les conseils de l’organisateur concernant l’usage de collyre pour les yeux!

Après avoir bravé quelques sections de route rocailleuses et recouvertes de sable, nous faisons une pause bien méritée. Un café grec, servi par un commerçant local, nous offre un répit agréable et une occasion de nous immerger un peu plus dans la culture locale.

Le café grec est un café traditionnel servi à tout heure de la journée. Il est réalisé avec du café moulu non filtré dans un « Briki », une petite casserole en cuivre, large au fond et étroite en haut et équipée d’un petit manche en bois.

La préparation est servie aussitôt l’écume remontée au bord du Briki. Le marc du café se dépose au fond de la tasse et le breuvage se déguste ainsi, en faisant attention à ne pas vider la tasse complètement. Il y a quatre manières de le servir: « sketos », sans sucre, « metrios », mi-fort peu sucré, « varys glykos », fort et bien sucré, et finalement « glykos vrastos », bien sucré et bouilli.

De retour sur nos motos, nous continuons notre périple en traversant plusieurs villages pleins de charme tout en prenant de la hauteur. Les routes sont magnifiques, bordées de rangées d’oliviers créant des corridors végétaux parfumés. Et tout au long de notre balade, un doux parfum de figue flotte dans l’air, un témoignage des nombreux figuiers qui parsèment la région.

Sur le trajet, nous nous arrêtons près d’un moulin à l’ombre d’une colline. Au sommet, une chapelle se dévoile, et nous décidons de grimper jusqu’à elle. Le chemin est raide et non pavé, offrant une touche d’offroad imprévu! L’effort en vaut la peine, car le panorama qui nous accueille au sommet est époustouflant.

Finalement, durant tout le voyage nous aurons eu à faire à plusieurs petites portions de route non bétonnées, mais que nous avons toujours empruntées d’un accord unanime de tous les participants. Sans quoi, notre guide nous aurait proposé un itinéraire différent.

La descente aura été plus longue que la montée pour moi, puisque j’impose rapidement une habitude de rythme durant lequel je marquerai des arrêts sporadiques pour saisir les instants et lieux sous forme de belles images. L’équipe est avertie, cela faisait partie du deal de ma présence. Eh oui, pas de reportage sans photos, non?

On reprend! Notre prochaine étape est un observatoire astronomique perché sur les hauteurs. L’accès au col est exigeant, la route étant parsemée de gravier et d’obstacles vivants sous forme de troupeaux de brebis montagnardes qui aiment se fondre dans les courbes de la route.

Mais arrivés en haut, le décor n’est plus le même. Nous sommes encerclés de roches en lieu et place d’arbres rencontrés jusqu’ici. Ce premier bout de voyage me fait rapidement comprendre que cette île proposera un décor régulièrement changeant. Cela promet un voyage sans risque d’ennui. Une pause s’impose pour admirer le décor avant de redescendre.

 

Nous repartons donc en attaquant la descente du col, mais toujours aux aguets des quadrupèdes laitiers de la région. Après plusieurs kilomètres, alternant entre routes bien asphaltées et chemins moins tracés, nous arrivons au charmant village de Margarite, connu pour ses poteries.

Nous profitons de cette visite pour explorer les échoppes des artisans locaux, où nous avons la chance de voir certains en plein travail de création.

Le village est éblouissant, non seulement par sa beauté mais aussi par l’intensité de la lumière solaire. Les murs et les routes claires accentuent la luminosité, et sans visière teintée, mes yeux auraient eu du mal à suivre!

Après cette immersion dans le monde de la poterie, nous reprenons la route pour redescendre à Héraklion. Aujourd’hui, nous avons parcouru 180 kilomètres à travers des décors variés, allant des terrains rocailleux aux oliveraies luxuriantes.

Une observation marquante de notre voyage: la Crète est un endroit profondément religieux. Les routes sont régulièrement interrompues par de petits villages dominés par une belle église orthodoxe, véritable pièce maîtresse de chaque communauté.

Jour 3: en Route pour le Sud

Ce matin, notre itinéraire nous conduit vers l’est de la Crète, et c’est avec une impatience palpable que nous nous dirigeons enfin vers la mer. Nous allons longer la côte sud, un voyage qui laisse présager de nous offrir des vues spectaculaires. Dès notre départ d’Héraklion, l’agitation urbaine laisse rapidement place à une tranquillité rafraîchissante.

À peine sortis de la ville, nous empruntons une bretelle d’autoroute, ou plutôt ce qui y ressemble, pour longer un premier tronçon de la côte. Une rapide escale à une station-service en bord de route nous permet de faire le plein avant de nous lancer dans cette longue journée d’aventure.

A peine quelques kilomètres parcourus, l’air marin commence à se faire sentir. Il précède l’apparition tant attendue: la mer Egée. Son bleu hypnotisant et ses vastes étendues capturent notre regard comme un chant de sirènes. L’envie irrésistible de plonger dans ses eaux cristallines me titille, mais il faut rester concentré. Nous avons encore près de 230 kilomètres de Crète devant nous aujourd’hui!

Nous continuons notre route quand, soudainement, notre guide s’engouffre dans un chemin de pierre. Encore un peu d’offroad? Oui, mais cette fois pour une bonne cause. Au bout de ce sentier, nous découvrons une crique splendide, un véritable tableau naturel.

En tant qu’aventuriers, nous décidons de faire poser deux motos en bord de falaise pour une séance photo mémorable. Le cadre est tout simplement idéal. Pour ma part, je me place de sorte à marier ma moto avec l’arche de roche en arrière-plan. Angelo, plus intrépide, va mener son cheval de fer jusqu’au-dessus de l’arche. Le tableau est peu probable !

Fini de jouer les paparazzi, nous reprenons la route le long de la côte. Enivré par le paysage de cette Crète que je ne connaissais pas, je remarque que les oliveraies deviennent de plus en plus denses et l’odeur du bois se fait plus prononcée.

Un bâtiment au loin attire mon attention; il ressemble fort à une fabrique. Nous y faisons une pause.

Il s’agit d’une authentique fabrique d’huile d’olive grecque. En plus du café, nous avons droit à une dégustation. La boutique offre également une gamme de produits artisanaux: huile, savon, olives, et bien plus encore, tous fabriqués en Crète. J’en profite donc pour y faire quelques emplettes que je m’empresse de ranger dans mon bagage situé dans le pick-up guide.

Après cette agréable halte, nous quittons la côte pour reprendre de l’altitude et empruntons des cols magnifiques. La prudence est de mise; le décor est à couper le souffle, mais les routes sont étroites au point de peiner à croiser un autre véhicule. Et en plus elles sont parsemées de gravats. Ajoutez à cela les biquettes qui traversent la route sans prévenir, et vous obtenez un trajet plutôt mémorable.

Nous serpentons sur une route spectaculaire, longeant une falaise, avant d’atteindre une vallée déserte. Là, un restaurant local nous accueille pour un repas traditionnel à base d’agneau, un clin d’œil savoureux à nos rencontres de biquettes casse-cou se jetant quasiment sur nos roues.

Notre repas terminé, nous continuons en direction de la côte, toujours en passant par des cols impressionnants aux roches écarlates et dont les palmiers viennent presque nous lécher les roues.

En haut d’un des cols, je décide de laisser un peu d’avance à mes compagnons pour capturer la beauté du lieu. Je les rejoins ensuite en bas, juste avant d’arriver à une vieille fortification en bord de mer. Fidèle à mon âme d’artiste, j’essaie de faire rentrer ma moto à l’intérieur du fort pour un shooting unique. Cependant, je suis vite interpellé par les gardiens qui, avec un sourire, m’interdisent l’accès tout en saluant mon audace.

Notre stop médiéval terminé, nous reprenons notre route le long de la côte pour la plus grande portion de notre trajet du jour en Crète, avec la mer Egée en toile de fond permanente.

Ce parcours est ponctué de magnifiques villes côtières et de champs d’oliviers à perte de vue.

Nous arrivons finalement à notre lieu de repos pour la nuit, Kalamaki. Un guest room situé à quelques pas de la plage. Ce soir, nous aurons le plaisir de dîner en bord de mer, une belle manière de conclure cette journée riche en découvertes!

Jour 4: de l’olive à la mer

Aujourd’hui, nous avons une journée un peu plus tranquille devant nous, avec moins de kilomètres à parcourir. La première mission de la matinée: faire le plein d’essence. Notre première station-service nous réserve une surprise: une panne de courant. Pas de souci, nous nous dirigeons vers la suivante, à quelques centaines de mètres.

Malheureusement, la BP que nous trouvons a également des problèmes électriques. La tenancière, avec un sourire amusé, nous demande de patienter cinq minutes et s’active pour redémarrer un générateur. C’est assez cocasse de voir une génératrice à carburant faire le travail du courant électrique pour alimenter une station-service … en carburant.

Sur la route, les paysages du centre de la Crète nous dévoilent une nature riche et variée. La prudence est de mise, car bien que le bitume soit impeccable, il est très gras, ce qui peut surprendre. Je me suis retrouvé surpris plus d’une fois à cause de la combinaison des passages de véhicules, de bétail, d’olives et de fruits écrasés, le tout aggravé par le manque de pluie.

Nous abordons ensuite un col impressionnant, et la route nous plonge dans un océan d’oliviers. Des centaines de milliers de ces arbres verdoyants se déploient à perte de vue. En prenant de la hauteur, le spectacle est encore plus grandiose: alternance entre déserts arides et jardins luxuriants.

Une fois au sommet, nous faisons une pause café dans un village rustique, connu pour sa nécropole de tombes romaines antiques. Après une visite rapide, nous repartons pour une section plus monotone du parcours, traversant un col rocailleux.

Les cols crétois sont réputés pour leur exigence: routes étroites, montées abruptes et virages serrés ajoutent du piquant à notre balade, avec des nids de poules et des gravats qui nous rappellent de rester vigilants.

Arrivés au sommet, nous nous arrêtons dans un restaurant qui est également la façade d’une famille paysanne produisant une grande quantité d’olives. Le repas est si copieux que même le chien à l’entrée en profite avec nos restes.

Nous reprenons la route en descente, et le décor se transforme progressivement en un paysage de falaises désertiques avec une vue panoramique sur la mer. Notre destination finale de la journée approche: la ville côtière de Tsoutsouros.

Les bâtiments en Crète gardent une architecture relativement similaire. Les maisons sont souvent en pierre et carrées, de couleur claire.

Arrivés à l’hôtel, nous déposons nos bagages. Tandis que mes camarades se dirigent vers la mer pour une baignade rafraîchissante, je choisis de reprendre la Honda pour remonter le col et immortaliser les paysages incroyables que j’ai aperçu plus tôt. L’idée de certains spots photo me trotte trop dans la tête pour que je passe à côté.

Une fois mes photos prises, je retourne à l’hôtel, dépose le reste de mes affaires et me change pour enfin profiter de la mer. Nous sommes arrivés assez tôt, donc mon petit détour pour les photos n’a pas trop retardé ma baignade.

L’eau est parfaite, bien qu’impossible à évaluer en température précise, elle est très agréable après une journée à rouler sous un équipement exposé à 35° C. Je repère quelques membres de mon groupe qui flottent dans cette eau calme et sans vague.

Après quelques échanges de banalités et une baignade bien méritée, je décide de sortir de l’eau. Il est temps de me doucher, de me changer et de me préparer pour un apéro bien mérité au restaurant au bout de la jetée qui nous accueillera pour la soirée.

Jour 5: bananes et serres

Aujourd’hui, nous parcourons environ 160 kilomètres, de Tsoutsouros à Ierapetra, à travers des paysages encore une fois fascinants et variés. Nous avons commencé notre journée en longeant la côte sud, enchaînant les petits villages de bord de mer.

C’est curieux de voir que ces villages se traversent souvent en quelques minutes, comme si le temps s’écoulait plus rapidement au bord de la mer.

À mesure que nous nous éloignions de la côte, nous gravissons les premières collines qui se dessinaient à l’horizon. Nous avons fait une pause bienvenue à côté d’une chapelle nichée sur une falaise, où un robinet offrait une eau potable rafraîchissante et bienvenue.

Le panorama est splendide, avec une vue plongeante sur la mer Egée qui scintillait au loin.

En poursuivant notre route, un spectacle inattendu s’est offert à nous: des toiles blanches s’étendaient à perte de vue, formant des serres gigantesques, chacune abritant une plantation de bananiers.

C’était une véritable forêt, un contraste saisissant avec l’arrière-plan des collines. Curieusement, malgré cette profusion de bananiers, le parfum prédominant était encore et toujours celui des figuiers, qui se mêlait harmonieusement à l’air.

Nous avons tracé notre route à travers ces plantations. Il y avait très peu de circulation à travers les serres. Il faut dire que le passage entre chaque installation était si étroit que deux voitures auraient eu du mal à se croiser.

Une fois sortis des serres, notre route a pris de l’altitude pour nous mener au plateau de Lassithi, une vallée fascinante parsemée de roches aux formes variées. En cours de route, nous avons découvert une «maison de robinets», un abri unique où une multitude de robinets, tous numérotés, étaient alignés pour irriguer les différentes cultures qui leur étaient propres. Cette installation, de plus en plus rare, témoignait de son ancienneté.

Le soleil brillait encore intensément et l’air était sec, nous espérions que le vent frais de l’altitude nous apporterait un peu de répit, comme ce fut le cas lors du premier jour. Malheureusement pas. La chaleur persistante ne nous a pas pour autant empêchés de profiter pleinement de notre voyage.

Nous avons fait une pause déjeuner au pied du plateau, une fois de plus chez un paysan crétois. Ce dernier, passionné par son métier, élève, abat et cuisine son propre agneau. La pièce de viande, fraîche et savoureuse, semblait avoir été préparée le matin même.

Les Crétois ont un sens de l’accueil exceptionnel, ils sont d’une générosité remarquable et veulent toujours nous faire sentir les bienvenus. Après le repas, nous avons été gâtés par un dessert à base de fruits locaux, accompagné de Raki, une eau de vie de raisin traditionnelle, offerte avec un sens de l’accueil authentique.

Le trajet du jour nous a encore une fois fait grimper et descendre divers cols, offrant un paysage alternant entre roches imposantes et vues sur la mer. Les virages étaient nombreux et exigeaient une concentration constante, nous empêchant de nous ennuyer un seul instant.

Il est cependant arrivé que nous empruntions quelques voies rapides, où les longues lignes droites monotones et la chaleur presque accablante nous plongeaient dans une légère léthargie. Heureusement, le magnifique paysage et la conduite « effervescente » des Grecs nous maintenaient en éveil et nous rappelaient la beauté de notre aventure.

En fin de journée, nous sommes arrivés à Ierapetra, où la soirée s’est terminée en beauté par un excellent repas à base de produits de la mer, dégusté en bord de l’eau, les pieds presque enfouis dans le sable chaud.

Jour 6: de la chapelle à l’Arbre millénaire

Ce matin, au départ de Ierapetra, notre aventure continue avec une nouvelle quête, celle des majestueuses éoliennes qui ornent les massifs de la région.

Notre route nous mène à une colline où nous découvrons une chapelle troglodyte fascinante. Niché dans la roche, ce lieu de culte ancien est remarquablement préservé, et l’atmosphère de sérénité qui l’entoure nous invite à une pause contemplative. Nous prenons le temps d’explorer ce sanctuaire unique, dont l’histoire semble se fondre parfaitement avec le paysage environnant.

Nous reprenons ensuite notre route, laissant derrière nous les chapelles et les collines pour nous diriger vers une carrière surplombant la mer Egée. Les longues plaines verdoyantes d’oliviers, qui ont caractérisé notre voyage jusqu’à présent, laissent place à un paysage plus rocailleux.

Nous longeons la falaise, où le blanc éclatant des roches contraste magnifiquement avec le turquoise profond de l’eau. À chaque virage, le bleu devient plus intense et plus vibrant, un spectacle fascinant qui nous pousse à nous arrêter pour immortaliser ces moments précieux en photos.

En poursuivant notre route, nous rencontrons une merveille naturelle inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO: les Roches de Aiogi.

Ces formations minérales époustouflantes nous laissent émerveillés, mais c’est la vue sur la mer, découverte peu avant, qui nous impressionne le plus. Le panorama qui s’étend devant nous ressemble à une scène de film, tellement le cadre est spectaculaire.

Nous continuons notre exploration jusqu’à la pointe de la côte, où un amas de pierres forme un bras qui semble plonger directement dans la mer. Je décide de prendre un risque et de conduire ma moto jusqu’à cet endroit isolé, malgré le terrain peu praticable.

Heureusement, l’aide précieuse d’Angelo et Antonio, mes deux compagnons de voyage, me permet de sécuriser ma moto et d’utiliser ce site extraordinaire comme décor.

Une fois les photos prises, nous nous dirigeons vers la petite ville côtière de Mochlos pour une pause café bien méritée en bord de mer. L’ambiance de Mochlos offre un contraste agréable avec les aventures rocheuses du jour.

Alors que la journée touche à sa fin, notre guide nous fait découvrir un détour imprévu sur le chemin du retour à Ierapetra. Quelques kilomètres plus loin, nous saluons un olivier colossal, prétendument le plus vieux du monde, selon le panneau d’information.

Ce majestueux arbre, qui aurait environ 3200 ans, est une véritable icône de la région. La couleur verte de ma moto semble presque se fondre avec celle des oliviers, un heureux hasard qui ajoute une touche de magie à notre périple.

Nous terminons la journée par un dernier trajet le long de la côte, revenant à Ierapetra.

La soirée se conclut par un apéritif chez notre guide, à quelques kilomètres de là, suivi d’un dîner délicieux dans un restaurant qui surplombe son chez-soi. Ce repas convivial est le parfait dénouement de cette journée bien remplie.

De retour à l’hôtel pour une nuit bien méritée, nous avons parcouru près de 180 kilomètres aujourd’hui. Une journée intense et fascinante, où chaque instant a été empreint de découvertes et de beauté naturelle. Les rêves de cette nuit seront peint d’un bleu marin intense.

Avant-dernier jour de balade crétoise

Ce matin, nous quittons Ierapetra en empruntant une portion de route déjà familière. Très rapidement, nous nous engageons dans des gorges mystérieuses, où le paysage se transforme en un couloir enchanteur de pins majestueux. L’air est empli du parfum rafraîchissant des conifères, et chaque virage de la route semble nous plonger davantage dans un écrin de verdure. Les arbres, parfaitement alignés, forment une voûte naturelle au-dessus de nous, rendant chaque instant de cette balade particulièrement agréable et fraîs.

À la croisée d’une route en pente, nous découvrons une piste de gravier qui se révèle rapidement exigeante. Le terrain escarpé est une véritable épreuve pour les motos, et il nous faut une bonne dose de courage pour continuer.

Peu après, nous débouchons devant une chapelle pittoresque perchée au bord d’un gouffre. La vue, à couper le souffle, récompense largement notre persévérance.

Nous nous retrouvons dans une cuvette montagneuse naturelle, une sorte de cratère grandiose où nous sommes enveloppés par la beauté du paysage.

Après une pause bien méritée, je prends l’initiative de partir en tête pour capturer des photos de mes compagnons de voyage. La remontée sur ce terrain caillouteux se révèle être un véritable défi.

Ma trajectoire hésitante et le manque d’élan me mettent dans une situation délicate: ma moto s’enfonce dans les galets comme dans du sable. Je n’arrive pas à me libérer. Je manque de grip et le contrôle de traction de cette moto ne me facilite pas la tâche.

La moto cale à plusieurs reprises. Après plusieurs tentatives pour la libérer, je réussis finalement à placer la roue arrière sur une surface plus stable. En inclinant le poids vers l’arrière et en accélérant, je parviens à obtenir la traction nécessaire pour sortir de cette impasse. Un exercice qui ne démontre pas ma parfaite maîtrise du tout-terrain avec cette moto, mais qui finalement se termine bien.

Les prises de vue terminées, nous continuons notre chemin en contournant la vallée. Nous faisons une pause café dans un charmant village perché à flanc de falaise. Ici, les maisons sont construites en escalier avec le rez-de-chaussée d’une maison donnant directement sur le deuxième étage de la maison d’en face. Le dénivelé rappelle Lausanne, mais avec une touche d’exotisme crétois.

La route continue en direction de la côte, en passant par un col où le revêtement est divisé en deux: une moitié parfaitement goudronnée, l’autre en gravier. Cette combinaison offre un contraste saisissant pour les pilotes, rendant la conduite à la fois stimulante et variée.

La fin du col se termine dans un petit coin de paradis côtier, où nous nous arrêtons pour notre repas. Une salade fraîche et légère est idéale sous le chaud soleil crétois. La mer, avec ses multiples nuances de bleu, nous séduit une fois de plus. Le spectacle est fascinant, et le temps semble suspendu alors que nous profitons de cette halte.

Revigorés, nous reprenons la route vers des gorges de plus en plus impressionnantes. Nous traversons de véritables tranchées de roches, où le paysage évoque des arènes naturelles sculptées par des forces divines. C’est un véritable théâtre lithique, dont la beauté est soulignée par le fait que nous nous trouvons à nouveau dans une zone protégée par l’UNESCO.

Nous terminons notre journée dans une petite ville non loin d’un canyon spectaculaire. Nous passons la nuit dans de petites maisons entourées de terrasses en pierre, de hamacs et de chaises longues. La journée se conclut dans ce lieu cosy et discret, avec une vue sur la mer, offrant un moment de détente et de contemplation.

Jour final: orient et réparation

Le dernier jour de notre aventure en Crète est arrivé. Alors qu’il commence par un petit déjeuner simple mais savoureux, la nostalgie me gagne déjà.

Après avoir dit adieu à notre charmant havre de paix, nous prenons la route en direction de l’est, vers l’extrémité la plus éloignée de l’île. Le ciel, ce matin, est enveloppé d’un voile de nuages gris, et une légère pluie nous accompagne pendant les premiers kilomètres.

Quelle bénédiction, nous qui espérions échapper à la chaleur écrasante des jours précédents. Mais cette accalmie est de courte durée, car les nuages se dissipent rapidement sur la Crète, nous laissant sous un ciel clair. Autant dire qu’il n’a pas vraiment plu ce jour-là finalement.

Nous quittons rapidement la mer pour nous élever vers des paysages désertiques. Les sentiers, maintenant dégagés, révèlent une terre rougeoyante, probablement empreinte des minéraux de fer qui donnent à cette région son caractère unique. Les plantes, jaunies par la chaleur incessante et la sécheresse, semblent se battre pour survivre parmi les roches éparses, comme si un géant de pierre avait laissé traîner les fragments de son immense corps.

En regardant au loin, nous apercevons une nouvelle portion de mer scintillante. La Crète est, en quelque sorte, un immense grand huit naturel; les montées et descentes s’enchaînent, offrant des panoramas vertigineux et un vrai régal pour les amateurs de trekking. Les cyclistes, en revanche, ressentent peut-être un léger sentiment de désespoir face à ces dénivelés exigeants.

Notre itinéraire nous conduit bientôt vers une crique isolée. Jean-Pierre nous invite à descendre de nos motos. Il nous explique que nous avons atteint le point le plus oriental de l’île, le bout du monde pour la Crète. La route se poursuit encore sur un petit kilomètre, mais l’accès est interdit car c’est une zone militaire. Nous prenons un moment pour admirer la vue, imprégnant nos esprits du charme austère de cette extrémité de l’île.

Après cette pause, nous reprenons la route vers Ierapetra. Avant d’atteindre notre destination, nous faisons un détour par une station de lavage pour nettoyer nos motos, encrassées par la poussière et le sable accumulés durant ces sept jours de périple en Crète. L’activité nous rappelle le goût amer de la fin de l’aventure, et la nostalgie commence à nous envahir.

Nous nous dirigeons ensuite vers Sissi, une petite ville côtière, pour notre dernier repas en Crète. Nous souhaitons unanimement savourer une dernière fois les délices des produits de la mer tout frais.

Entre-temps, une petite mésaventure survient: la semelle de la botte gauche d’Antonio se détache, et nous improvisons une réparation de fortune avec du scotch. Une fois le rafistolage terminé, nous reprenons la route avec un sourire en coin.

Il ne reste plus que 50 kilomètres jusqu’au point de retour des motos. Nous sommes presque à la fin de notre voyage en Crète. Avant de rendre nos montures, nous profitons d’un arrêt à Héraklion pour faire réparer les dégâts causés par un incident survenu la veille: une moto est tombée sur une autre, entraînant la casse de leviers de frein avant et une bulle endommagée. Heureusement, les pilotes sont indemnes, et les motos seront bientôt prêtes pour leur restitution.

La partie drôle, c’est qu’Angelo aura roulé toute la journée avec un reste de levier de frein, si petit qu’il l’obligeait à freiner des deux doigts. Il en ressort plus fort et explique avec humour pouvoir à présent soulever une moto rien qu’à l’aide de son index et de son majeur.

Avec les réparations effectuées et les motos rendues à la société de location, nous nous dirigeons vers l’aéroport.

L’enregistrement de nos bagages marque la fin de cette aventure épique. Le bilan est unanimement positif : nous avons découvert des paysages à couper le souffle, une culture riche, et un horizon d’une beauté inégalée.

Nous rentrons chez nous l’esprit pleins de souvenirs précieux et les cœurs réchauffés par ces sept jours inoubliables en Crète. Jusqu’à la prochaine aventure.

Pour vous faire une idée d’un budget, ce voyage de sept jours en Crète comprend les motos de locations, les nuits, les repas et les trajets guidés et accompagnés d’un véhicule d’assistance avec en moyenne 170 km par jour. Le tout pour 2495 francs par pilote et 1895 francs par passager. Les vols en avion, le carburant et les achats personnels sont des frais supplémentaires non inclus à prévoir en sus.

En plus de la Crète et d’autres régions en Grèce, Atlas Moto Tour propose aussi des destinations en Afrique du nord et va bientôt élargir sa gamme de voyages moto organisés.

Vous pouvez aussi lire le compte-rendu de notre voyage au Kirghizistan, avec l’agence spécialisée 3E, basée en Suisse et spécialiste des voyages longs en Asie centrale, en Afrique australe ou en Amérique du sud..

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