Un scooter chez les verts
On peut ironiser et rappeler que, des quatre marques japonaises de deux roues, Kawasaki était la seule à ne pas fabriquer de scooters. Et que donc la présentation du nouveau J 300 n’a rien de révolutionnaire, qu’il s’agit juste d’un rattrapage. On peut aussi faire preuve d’un peu de mesquinerie et pointer du doigt l’origine Kymco de ce nouveau J 300. Mais ce serait manquer l’essentiel. Ce scooter made in Kawasaki, le premier du genre, est un véhicule esthétiquement assez réussi, fonctionnel, et qui réussit à délivrer une dose de plaisir assez proche de l’univers moto.
C’est ce que nous avons pu constater lors d’un essai d’environ 140 kilomètres sur les routes du sud du Portugal, faites d’asphalte sec ou à peine mouillé, par des températures oscillant entre l’hiver et le printemps. Car l’essentiel est bien là. Dans un confort plus qu’acceptable grâce à la selle profonde et ergonomique, grâce à la protection offerte par le bouclier avant du scooter, et grâce aux suspensions retravaillées par rapport au modèle Kymco, on a effectivement du plaisir à entrer de plus en plus vite en courbe, à garder le J sur l’angle – car aucune béquille ni repose-pied ne vient frotter par terre – et à remettre le plus de gaz possible dès qu’on a passé le point de corde. Le plaisir est différent, mais tout autant présent, dans les rues du centre de la petite ville côtière de Lagos, qu’elles soient recouvertes de pavés ou d’asphalte.
Le J 300 réutilise bien un cadre et un châssis de Kymco Downtown un peu adapté, et le moteur d’un scooter de la même gamme, pas distribué en Suisse pour l’instant. C’est un bon départ. Le fabriquant taïwanais connaît son métier, et ses machines sont fiables, tout en faisant partie des plus performantes du monde du scooter.
On a donc environ 30 CV comme puissance de pointe, une vitesse maximale qui flirte avec les 150-160 km/h, une bonne agilité malgré la taille, un poids relativement contenu (191 kilos avec les pleins), et une excellente stabilité. Ce n’est pas un TMAX, notamment à cause du moteur plus petit et des suspensions moins performantes, mais on n’en est pas très loin. Pour un prix Kawa de 6500 francs, soit moins de la moitié.
Le plaisir de conduite est bel et bien là. Ok, il ne s’agit pas d’une moto bénéficiant d’attributs sportifs en terme de suspensions ou de partie-cycle. Mais il y a déjà largement de quoi faire. Chez Kawasaki, on a retravaillé les amortisseurs arrière, pour plus de sportivité et de confort. En clair, c’est moins sec que les amortos d’origine. L’injection du moteur a aussi eu droit à quelques améliorations, pour donner plus d’allant aux bas et moyens régimes de rotation. Et ça fonctionne. Il n’y a que sur les gros trous que le scooter se montre dur à la détente. On peut accélérer de manière pas ridicule du tout, que l’on parte du feu, de 50 ou de 90 km/h. En plus, les amortisseurs ont droit à cinq degrés de réglage de la précharge. Et les deux leviers de frein sont eux aussi réglables, en écartement, sur quatre positions, s’il-vous-plaît.
J’ajouterais un mini-bémol côté tenue de route, à cause des pneus Maxxis et de leur comportement à froid sur route mouillée. Et bosselée. On ne tombe pas, mais on ne sent pas bien le bitume et ça n’inspire pas une confiance illimitée dans l’adhérence des pneumatiques. Au moins, le freinage est puissant, dosable, et livré avec l’ABS.
Le confort, par contre, est irréprochable. La selle est à la fois accueillante, pas trop large, et bien dessinée. Le guidon est idéalement placé. Les plate-formes pose-pied sont recouvertes d’un revêtement qui empêche les bottes de glisser. C’est agréable pour prendre ses appuis lorsqu’on change de direction, que l’on freine, etc. Ces plate-formes ont été échancrées par les designers nippons, ce qui permet de facilement poser les pieds au sol.
Le coffre sous la selle, éclairé et soutenu par un vérin, n’est pas énorme. On peut y loger un intégral et un jet. C’est dans la moyenne… moyenne de la catégorie. Il y a aussi un vide-poche derrière le bouclier avant, avec prise douze Volt. Mais pas de frein de stationnement.
Le tableau de bord est sobre et lisible. On y retrouve le juste nécessaire: deux trip partiels, le kilométrage, la conso, l’heure, une jauge de carburant, la vitesse et les tours (analogiques). Par contre, les trois boutons qui permettent de changer ou d’ajuster sont peu pratiques.
En définitive, ce scooter est bourré de qualités et, pour peu qu’on aime le design anglé propre à la marque, ne présente que peu de défauts. Pour environ 600 francs de plus que le modèle équivalent (enfin, pas tout à fait équivalent) de Kymco, le Downtown 300 avec ABS. Mais je suis persuadé que vous n’aurez jamais l’idée de réaliser un burn avec le Kymco!
Kawasaki J300: disponible de suite pour 6490 francs en noir ou argenté, et en édition spéciale vert-noire (photos) pour 6590 francs.
Par Jérôme Ducret
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