Les leçons du tout-terrain pour la route
Sur terre, sable ou gravier, un cours pour novices du TCS, dans le Jura vaudois, donne des techniques utiles sur asphalte.
Une vie passée à freiner sur le bitume m’a appris à actionner de manière progressive les deux leviers qui contrôlent les disques de frein de ma moto, pour ne pas bloquer les roues. Aujourd’hui, en ce samedi matin de fin d’été, je roule sur une piste de terre et de sable sur le terrain de motocross vaudois des Cluds, et Greg Junod, instructeur TCS, me demande de faire exactement ce que j’évite à tout prix de faire: tirer le levier du frein avant le plus fort et le plus brusquement possible. Ce qui va forcément conduire à un blocage. «Regarde droit devant, ne baisse pas la tête, tiens bien ta moto avec tes jambes et tout se passera bien», affirme-t-il.
Pas évident de se défaire de ses habitudes de conduite, surtout quand elles sont censées nous empêcher de tomber. Au deuxième passage, pourtant, le déclic s’opère. La petite moto tout-terrain avec ses pneus à crampons (dite moto d’enduro) est en fait facile à maîtriser dans ces conditions d’adhérence précaire. La roue avant se bloque, effectivement, et on glisse de quelques centimètres droit devant. Sans aucune conséquence, à part celle, positive, que la distance de freinage s’est réduite de quelques dizaines de centimètres. Une belle différence, qu’on peut accentuer encore en y ajoutant simultanément la même action avec l’autre levier de frein.
Cette technique apprise lors du Training moto terrain du TCS, adressé à toute personne ayant passé son permis (Aux Cluds, 350 francs la journée, 300 francs pour les membres), n’est pas destinée uniquement à la pratique du tout-terrain. Elle a tout son sens sur la route. «Quand vous effectuez une manœuvre d’urgence, pour éviter de percuter un piéton, vous pouvez freiner beaucoup plus fort que ce que la plupart d’entre vous ont l’habitude faire», déclare l’instructeur, qui est aussi pilote d’endurance. Il faut suivre ses instructions sans avoir peur de trouver la limite et de perdre l’adhérence, la force qui d’ordinaire lie le véhicule au sol par le biais du profil de ses pneus.
Plus tard dans la matinée, sous un soleil torride et après avoir perdu des litres de sueur, les quatre participants au cours vont aussi apprendre à faire virer les petites Honda en bloquant le frein arrière et, encore une fois, en laissant la roue arrière déraper. Spectaculaire, mais surtout salutaire pour améliorer le contrôle en virage. «Le truc, c’est de toujours regarder là où l’on veut aller, explique Greg Junod. Après, on tourne automatiquement le buste, sans y penser, et le corps prend la position qui permet à votre moto de changer de direction. Pour ce premier exercice, débrayez quand vous freinez, et pensez à continuer à débrayer. Si vous relâchez l’embrayage pendant le dérapage, ça risque de faire un bel à-coup. »
La glisse au freinage n’est que l’une des pratiques enseignées par Greg Junod et son collègue Joël Jaquier. Ils disposent aussi d’une série de motos de trial. Sur ces engins très légers, de marque Gas Gas, on est obligé de se tenir debout. Parce qu’il n’y a pas de siège. Excellent pour l’équilibre à basse vitesse.
Premiers pas en trial
Les premiers mètres avec ces drôles d’engins me crispent les bras. Pas facile de doser l’embrayage et la commande des gaz sur cette moto qui possède un moteur très nerveux. Sans même parler des petits déplacements du corps à effectuer en permanence pour rester sur la moto, et des cahots qu’il faut amortir avec les genoux et les coudes. Au bout d’une demi-heure, je dois m’arrêter pour souffler. «Tu dois te relâcher, me dit patiemment l’instructeur. Fais l’effort plutôt avec les pieds et les jambes. »
Cinq minutes plus tard, c’est reparti. Direction une pente de terre raide comme une corde de fakir. Je mets en pratique ce qu’on vient de m’apprendre, me relâche et me penche vers l’avant, et la petite Gas Gas m’emmène sans coup férir au sommet.
La journée se passe à perfectionner tout ça. L’après-midi, après un solide repas, je prends de la confiance à franchir des buttes quasi verticales. Un peu trop peut-être. J’oublie de couper les gaz aux trois quarts de la montée, et exécute un magnifique vol plané qui se terminera à terre, avec de beaux hématomes, mais sans gravité.
La cuirasse de motocross prêtée par le TCS veille au grain. Je ne suis d’ailleurs pas le seul à faire cette expérience. Une pause eau et banane s’impose à l’ombre du fourgon, au milieu du terrain.
De retour en fin de journée sur la moto d’enduro, les leçons du trial font merveille. On enchaîne les tours de piste assis ou debout, en changeant de trajectoire à loisir et en avalant les ornières de boue séchée d’un simple geste, jusqu’à la fin du cours, vers 17 h. Le retour en plaine s’effectuera à moto, heureusement sans freinage d’urgence. Malgré les efforts fournis durant la journée, je me sens beaucoup plus relax en conduisant. Un premier résultat.
Par Jérôme Ducret, photos Jean-Paul Guinnard, article original paru dans 24 heures
Existe t il le même cours pour une moto de route (bmw1250rt)?
Bonjour
La réponse est dans la question. Non, bien sûr. Ce serait totalement débile.
Bonne journée à vous
Jérôme Ducret, rédacteur responsable