Jules Cluzel prolonge avec MV Agusta en Supersport
Blessé et privé de ses chances de jouer le titre à la fin de la saison 2015, Jules Cluzel a discuté avec WorldSBK.com de sa récupération, de ses objectifs pour 2016 ainsi que de son plus grand rival.
Jules, tu as été lourdement blessé après ta chute à Jerez il y a maintenant un mois et demi. Comment se passe ta récupération?
«Plutôt très bien. On est dans les temps. Je pense que dans une semaine ou deux j’aurai récupéré 100% de ma mobilité et que je pourrai alors réattaquer ma vie sportive normalement. C’est plutôt en avance par rapport aux prévisions et tout se passe bien.
Ça fait un mois et une semaine depuis mon accident donc c’est bien. C’est même assez tôt parce que c’était quand même bien cassé. Je suis satisfait. Après l’accident j’avais encore une course, c’était celle de récupérer au mieux et le plus tôt possible. Ce n’est pas encore fini mais on est quand même sur la fin.»
Retrouver une activité sportive normale, ça comprend aussi remonter sur la moto?
«Oui je serai capable de remonter sur une moto. Je recommence à faire du vélo pour la rééducation. Dans une semaine ou deux je devrais pouvoir tout faire et ça veut aussi dire la moto.»
Quelle était l’ampleur de tes blessures?
«J’avais une double fracture tibia-péroné de la jambe gauche puis péroné de la jambe droite aussi. Il y avait du travail et il a été bien fait dès le départ avec l’opération à Jerez. J’ai ensuite été très bien suivi. Je suis actuellement en Espagne dans un grand centre kiné qui a l’habitude de s’occuper de pilotes. Je passe huit heures et demie par jour depuis trois semaines à travailler pour récupérer toute ma mobilité et 100% de mes moyens.»
Tu as été évacué en civière après ta chute. As-tu tout de suite réalisé la gravité de tes blessures?
«Oui, direct ! Ça ne m’était jamais encore arrivé mais quand j’ai pris ma jambe dans mes mains, j’ai compris!»
Après ta convalescence, le mois dernier tu as signé pour continuer avec MV Agusta en World Supersport l’an prochain. Tes impressions?
«Je suis très content de continuer avec MV en 2016. Vu tout ce que l’on a vécu ensemble jusqu’ici et la vitesse que j’ai avec cette moto, on peut faire de grandes choses ensemble et maintenant il s’agit de finir le travail commencé, ce qui sera l’objectif de l’année prochaine.»
Ce sera donc ta quatrième saison dans la catégorie. En début d’année, tu as eu plusieurs pépins techniques qui t’ont coûté beaucoup de points, probablement quelques victoires, mais tu avais quand même réussi à rester en lice jusqu’au bout puis quand on approche du moment décisif tu te blesses et dois renoncer aux trois dernières courses. Quel bilan tu tires de ta saison après avoir été aussi malchanceux?
«Malchance totale. C’est le mot de la saison. Je suis fier de ce que j’ai cette année. D’habitude, c’est toujours compliqué que je dise ce genre de choses. Je suis fier de cette année parce que j’ai fait zéro erreur jusqu’à cette chute. C’est l’année où je chute le moins de ma carrière. Celle de ma blessure était la deuxième en comptant une chute qui datait de nos essais hivernaux. C’était donc très peu mais la deuxième s’est malheureusement tout de suite finie sur une grosse blessure. C’était une chute causée par la malchance. J’ai eu une perte de l’avant et au pire ça aurait dû conduire à un petit doigt cassé, là ça s’est fini avec deux jambes cassés, ce n’était pas impossible que ça se produise mais c’était de la malchance totale. C’était une grosse déception tout de suite dans le bac à gravier parce que j’ai tout de suite compris. Maintenant il faut se tourner vers 2016. Ce qui est fait est fait. Je pense que j’ai de loin été le plus rapide toute la saison. Maintenant la chance tourne, je vais essayer de faire exactement le même travail que j’ai fait en 2015 pour 2016, avec l’objectif, que j’espère atteindre, de remporter le titre de Champion du Monde.»
Kenan Sofuoglu est venu te voir à l’hôpital tout de suite après la course de Jerez et il a à nouveau eu quelques mots assez sympas à ton égard dans son interview en tant que Champion du Monde. Qu’as-tu pensé de tout ça?
«J’ai été surpris. Je savais que Kenan était une bonne personne mais j’ai été surpris de le voir juste après la course le dimanche soir. On a discuté. Cette année on s’est battu durement sur la piste, ça a parfois été compliqué mais c’est normal, on se donne à 100% et on peut parfois s’énerver un petit peu. Mais ça reste un être humain qui a du coeur et il est venu me féliciter. Il m’a dit textuellement que cette année je méritais le titre. Maintenant c’est la vie. On se rebattra ensemble l’année prochaine. J’ai trouvé ça bien. Ça m’a fait du bien au moral aussi parce que quand mes espoirs de titre sont tombés à l’eau, j’étais un peu au fond du trou et lui m’a un peu remonté le moral en me disant que j’avais été un super concurrent et une belle motivation pour lui. C’était un beau moment.
Je suis content de me battre avec un pilote comme Kenan, qui est pour moi, de tous les pilotes que j’ai vus, que ce soit en Moto2 ou ici, l’un des meilleurs pilotes avec lesquels j’aie pu me battre. Il me fait progresser, il m’a fait progresser et aujourd’hui si j’ai été à ce niveau-là c’est aussi grâce à lui. J’espère que l’année prochaine on aura le même genre de combats et de passes d’armes ensemble. La victoire facile n’est jamais la meilleure de choses. J’espère donc qu’il sera en forme l’année prochaine et que moi aussi.»
Source/Photo worldsbk.com