Les Spyder F3, ou le fun sur trois roues
Les drôles d’engins de la firme canadienne BRP sont utilisables pour le tourisme au grand air. L’expérience est différente d’une moto, mais pas déplaisante. Nous avons pu tester l’entier de la gamme au Portugal.
Il n’y a pas que les motos dans la vie. Il y a aussi les Can-Am Spyder F3 et RT. Trois roues, deux devant et une à l’arrière. Et comme le train avant n’est pas inclinable, le véhicule se conduit aussi avec un simple permis voiture. BRP – une filiale du groupe canadien Bombardier, nous a invités au Portugal pour tester toute la gamme lors d’un périple de près de 330 kilomètres qui nous a fait remonter de Lagos, en Algarve, jusqu’au nord de la ville de Setubal, près de Lisbonne.
Sur des routes tour à tour mouillées, sales, ou sèches, bien revêtues ou complètement défoncées, nos Spyders, très stables, nous ont menés à bon port en toute décontraction. Ces véhicules sont censés offrir le plaisir du plein air sans les risques et les difficultés liées aux deux roues motorisés. Ce qui veut aussi dire, a contrario, que quand il pleut, vous êtes mouillé.
Sinon, le mode d’emploi est simple. Pour accélérer, c’est comme sur une moto ou un scooter, on tourne la poignée droite. Et pour freiner, c’est comme une voiture, on appuie exclusivement sur la pédale située elle aussi à droite. Le Spyder répartit alors l’effort de freinage sur les trois roues. Il y a un contrôle de stabilité inclus dans le système de freinage. Pas non plus de levier manuel ou au pied pour passer les vitesses. On monte les rapports avec un doigt. Et soit la machine les descend toute seule à partir d’un certain seuil, soit vous le faites vous-même, avec un autre doigt de la main gauche. Il y a même une marche arrière!
Nous avons pu tester le Spyder F3 Limited, et le RT, tous deux équipés pour le tourisme au long cours: valises latérales, topbox, petit coffre à l’avant, poignées et selle chauffantes, tempomat adaptatif, radio…).
Tous deux sont nantis du nouveau (2015) moteur trois cylindres de 1130 centimètres cubes de marque Rotax. Le RT conserve quant à lui le châssis de la version d’avant les F3. De conception plus récente, ces derniers n’offrent pas toutes les sophistications du RT, mais ont droit au nouveau châssis plus rigoureux en tubes d’acier, et surtout au nouveau look plus sportif.
En conduisant , il y a une différence, en effet. Alors qu’avec le RT il faut s’habituer à sentir le châssis se tordre dans les virages rapides et serrés, ce n’est plus le cas pour le F3, qui inspire plus confiance. Comme on ne peut pas incliner le Spyder, il faut compenser la force centrifuge par le biais du guidon, surtout, et un peu, si l’on veut, en bougeant son corps. Comme sur un quad sportif. Mais étonnamment, au vu de la masse de l’engin (plus de 250 kilos, en gros) l’exercice ne demande pas beaucoup d’effort.
Avec 115 chevaux disponibles, et un couple respectable (130 Nm), on dépasse très facilement les autos, les camions, les caravanes… si l’on se rappelle que le train avant est tout de même assez large. Plus large en tout cas qu’une moto ou qu’un scooter. Mais c’est nettement moins encombrant qu’une voiture.
C’est une marque canadienne, donc très axée sur la sécurité. La bonne nouvelle est cependant qu’il est possible de s’amuser malgré tout. Tant le RT que le F3 sont dotés d’un filet d’assistances électroniques (antipatinage, ABS, contrôle de stabilité) orientées vers la sécurité. Le F3-S – modèle plus sportif, dispose lui d’un mode Sport (justement). Quand il est actif, des dérapages en accélération deviennent possibles. Et les levers de roue latérale également. Exercice pratique: entrez dans un petit giratoire, si possible en dévers, et, au milieu, ouvrez les gaz en grand, en mode Sport. Le F3 va lever la roue intérieure au virage, puis va couper l’accélération, même en mode Sport, pour la faire vite retomber au sol. Si on fait la même chose en mode normal, on n’arrivera même pas à faire lever la roue.
Côté aptitude au voyage, on ne peut que saluer la capacité de chargement de tous les modèles de Spyder. Même le F3-S, le plus dénudé, propose à l’avant un coffre de 24 litres. Sur le F3 Limited, avec les deux valises latérales et le top-box, on atteint carrément 138 litres. Et c’est encore plus pour le RT (155 litres!), qui vous offre en sus des suspensions réglables automatiques et un pare-brise électrique. Ces deux derniers modèles (avec le F3-T, la version bagger), ont même une prise jack et une prise USB, ainsi qu’un vide-poche ou ranger et recharger votre téléphone.
Les Can-Am sont aussi très confortables. Les suspensions sont de qualité et assurent un bon amortissement. La seule situation où l’on peut trouver parfois à redire est celle où l’une des roues antérieures passe dans un trou ou sur une bosse et l’autre pas. Si la différence de niveau entre les deux est importante, l’inertie du train avant et la barre anti-roulis qui rend solidaires les deux roues font que l’on a l’impression de plonger d’un côté ou de l’autre. Mais ça n’est pas dangereux, juste inconfortable.
L’ergonomie est en partie adaptable au conducteur. Sur les F3, on peut par exemple déplacer les repose-pieds – ou les marche-pieds, selon les modèles pour les placer plus loin si le pilote a les jambes longues, ou plus près si ces jambes sont courtes. La position de conduite est celle d’un cruiser, pieds en avant, alors qu’à bord du RT et du RT Limited vos jambes sont à l’équerre et vos bottes posées à plat. Le guidon est lui aussi réglable.
Plusieurs accessoires sont encore là pour compléter la dotation et vous faire votre Spyder. Cela inclut notamment des suspensions à plages de réglages illimitées. Et, dans le cas des F3 et F3-S, un silencieux d’échappement de marque Akrapovic, plus punchy.
Tout cela a bien sûr un prix. Les Spyders ne sont pas à la portée de tout un chacun. Le moins cher est le F3, qui a dix chevaux de moins, et qui est aussi disponible avec une boîte de vitesses manuelle (20490 frs dans cette configuration). A l’autre bout de la gamme de prix, on trouve le RT Limited, pour 35290 frs.