Destination Yamaha propose un répertoire d’aventures moto
La firme japonaise a lancé un portail internet regroupant les offres de nombreux prestataires de service proposant des voyages sur route comme en tout-terrain, en Europe ou dans le monde. Nous avons pu en tester deux, dans le Pays de Galles: le Yamaha offroad Center et une balade avec Nick Sanders, l’aventurier qui a bouclé pas moins de sept tours du monde – dont quatre avec des R1!
« Quand vous traversez un fleuve ou une rivière, on pourrait croire qu’il vaut mieux le faire en restant debout sur la moto, pour avoir un meilleur contrôle, et peut-être aussi parce qu’ainsi on a l’air plus cool. Mais en fait, c’est souvent mieux de s’asseoir, explique Dylan Jones, l’un des instructeurs de la Yamaha Ténéré Experience, l’une des aventures moto proposées dans le nouveau portail web qui s’intitule Destination Yamaha. Comme cela, continue-t-il, on peut plus rapidement et facilement poser pied si un problème inattendu surgit sous les roues. La plupart du temps, dans l’eau, on ne voit pas sur quoi on roule. » Nous prenons acte du conseil et nous reprenons place sur la selle de la petite Yamaha WR 250 d’enduro avant de nous lancer dans la traversée du ruisseau bucolique qui se trouve devant notre groupe.
Yamaha Europe a invité une trentaine de journalistes spécialisés ici, au centre-nord du pays de Galles, dans les montagnes cambriennes. D’abord pour y présenter son nouveau site internet Destination Yamaha. Et, joignant la pratique à la théorie, pour nous faire tester deux parmi les nombreux voyages ou aventures à moto qui se trouvent répertoriés dans ce site. La première est une balade en tout-terrain avec les spécialistes du centre Yamaha Ténéré Experience basé à Llanidloes (n’essayez surtout pas de le dire à voix haute si vous ne voulez pas asperger de salive votre vis-à-vis).
Le centre est en fait une ancienne ferme assez étendue, qui dispose d’un garage pour les réparations, d’une douche pour le retour des motards et motardes, ainsi que de motos et d’équipements. On peut choisir entre les Yamaha WR 250 – légères et que l’on peut conduire aussi avec un permis A limité (A2 pour le reste de l’Europe), les plus cossues Yamaha XTZ 660 Ténéré, et les carrément opulentes et puissantes Yamaha XTZ 1200 Super Ténéré.
Pour ceux qui n’ont pas sur eux le nécessaire de toilette offroad, Geraint et ses boys louent à un prix d’ami des casques, des vestes et des pantalons – les bottes sont comprises dans le prix. Pour toutes les tailles, bien sûr.
Les parcours proposés sont très variés. Cela dépend un peu de la météo, bien entendu. Il ne fait pas tout le temps aussi beau et chaud que lors de notre passage. Et l’on prend en compte le niveau d’expérience des motocyclistes inscrits, qui peut varier de novice total à expert. Les groupes ne sont pas trop grands. Les tours durent en règle générale un ou deux jours. Ils débutent toujours par une séance d’explications techniques dans la cour de la ferme, sur les motos à l’arrêt. Tout y passe: position, vitesse, particularités de l’engin (surtout pour la Super Ténéré, avec son ABS désactivable, ses modes de pilotage et son antipatinage), pièges à éviter. Comme par exemple ne pas rouler trop lentement sur un terrain meuble et glissant.
La langue officielle du centre est ici l’anglais – pas besoin d’apprendre le gallois, donc, ce qui nous rassure. Mais pour les non anglophones, le langage de la moto est universel. Et les instructeurs, dont le père de Dylan, Geraint, qui a près de 25 années d’expérience ici, et son frère aîné Rowan, sont d’une rare pédagogie. Ils vous apprennent par l’exemple et s’adaptent à votre rythme. Une journée avec la location de la moto comprise (et de l’équipement) coûte quelque 270 livres Sterling. C’est moins cher si l’on vient avec sa propre bécane, pour autant qu’elle soit homologuée et dispose de pneus adaptés.
L’aire de jeu de ces tours est véritablement extraordinaire. Autour du centre, la famille Jones peut utiliser des pistes serpentant dans une zone forestière de quelque 18 kilomètres carrés. Au sortir des bois, nous nous trouvons au sommet de l’une des montagnes de la chaîne cambrienne, qui nous offre un panorama magnifique. On distingue les vallées des deux rivières les plus importantes du Royaume-Uni, la Severn et la Wye. Et on aperçoit aussi au nord la montagne la plus haute de ce même Royaume, le Ben Nevis. A 1345 mètres, ce n’est pas le Cervin, mais c’est joli.
Les instructeurs de Yamaha Ténéré Experience ont aussi à leur disposition les pistes du Sweet Lamb (littéralement agneau doux) Rally Park. Un parc d’entraînement pour les voitures de rallye. Et bien sûr, kilomètre après kilomètre de sentier public ouvert à tous les types de trafic. Du piéton à la Land Rover. Dylan avait prévenu: « Pensez à bien garder les pointes de vos bottes contre la moto. » En effet, le passage des 4×4 a creusé deux sillons parallèles sur les bords gauche et droite de la piste. Tout objet proche du sol dépassant un tant soit peu de la moto risque donc de heurter un caillou ou un bloc de terre. Ce qui peut faire mal. Sur ce parcours en montagnes russes, les suspensions de la petite WR s’acquittent de leur tâche avec brio. On aimerait juste un peu plus de poussée pour avoir l’impression de vraiment avancer, et peut-être une réponse à la commande des gaz qui soit un peu plus douce.
En montant sur la Ténéré intermédiaire, la 660, ces deux petits soucis disparaissent. Mais la moto porte aussi son centre de gravité plus haut et est plus lourde. Le bloc monocylindre refroidi par air est une réelle aide grâce à une belle dose de couple (force d’accélération) immédiat. Et la grande Super Ténéré est étonnamment agile et facile à manier dans ces ces conditions.
La deuxième journée consiste à partir des rives du lac Vrnywy. Un réservoir d’eau douce artificiel qui semble naturel et qui alimente en cas de besoin les territoires avoisinants, jusqu’à la lointaine cité hors Pays de Galles de Birmingham. Une tourelle solitaire se dresse dans l’eau, accessible par un pont de pierre qui semble frêle autant que mince. Il plane ici un petit air d’Ecosse et de monstre du Loch Ness.
Nous effectuons des grandes boucles sur macadam, guidés par Nick Sanders. Cet homme a fait plusieurs fois le tour de la Terre. A moto, au moins sept fois, dont quatre au guidon de très sportives Yamaha R1. Pas exactement le type de monture que l’on imagine pour ce genre de voyage. Il « ne fait plus ce genre de chose aujourd’hui ». Mais quand on lui demande pourquoi il l’a fait, il répond simplement: « Je pouvais le faire, personne ne l’avait encore fait, et puis il y avait l’idée d’aller vite. »
Aujourd’hui, Nick propose des périples dans plusieurs régions du globe, dont l’Australie et l’Amérique du Sud. Avec son épouse (sa deuxième épouse) Caroline, il a aussi mis sur pied un petit festival culturel et musical ouvert aux motards dans le village voisin de Machintlleth. Il l’a baptisé Mach 2. Car ce sont les première lettres de cette localité, parce que c’est la deuxième année que le festival a lieu, et qu’il y a toujours sous-jacente cette idée de vitesse.
« C’est la première fois que je viens à une concentre moto et la première fois aussi que je dors sous tente, explique Steward, tout près de la cuisine de Caroline, à côté de la scène du festival. J’ai rencontré Nick à une conférence en Irlande, près de là où j’habite, et il m’a dit, viens au Mach 2. C’est ce que j’ai fait. Je ne le regrette pas. La région est magnifique et la musique est bonne. »
Les expéditions de Nick Sanders sont toujours un peu plus que de simples voyages organisés sur une moto. Aujourd’hui, il nous emmène sur le toit des grandes collines bordant les monts cambriens. Pour y accéder, nous passons par une sublime petite vallée parsemée de quelques troupeaux ovins. Et soudain, sans crier gare, ce qui ressemble à un méga coup de fusil retentit dans l’azur. C’est un jet fighter de l’armée de l’air anglaise qui accomplit ses exercices de vitesse à basse altitude et qui vient de passer le mur du son littéralement au-dessus e nos têtes. Les moutons ne bronchent pas.
Mais un peu plus loin, nous nous retrouvons vraiment dans leur territoire, passant de pâture en pâture sur une petite route sinueuse qui grimpe lentement vers le ciel bleu mais très bas. Il faut souvent ouvrir une barrière pour continuer la route. Et donc la refermer après notre passage. Il n’est pas rare qu’une brebis avec son agneau déboule sans crier gare à quelques centimètres de nos roues. Prière de garder au moins un doigt en permanence sur le levier de frein!
Les Tracer 700 sont des motos parfaitement adaptées à ce type de tour. Elles ne sont pas trop lourdes, la position de conduite est détendue, le moteur est plein de caractère et accélère avec étonnament de force et de vivacité. On peut équiper la moto de sacoches semi-rigides qui peuvent contenir beaucoup de bagages. La protection aérodynamique n’inciterait pas à prendre l’autoroute trop souvent ni trop longtemps. Mais ce n’est pas à l’ordre du jour. Et le réservoir d’essence plus grand que sur la moto d’origine (la Yamaha MT-07) autorise de longues cavalcades entre deux pleins.
Destination Yamaha regroupe les offres de onze opérateurs, pour l’instant. Ils totalisent plus de 80 propositions de tours, voyages et expéditions: de la randonnée en enduro qui travers la France en diagonale (Trail Rando) au périple de 73 jours à travers l’Amérique du sud (Ride-on Motortours). En passant par les routes andalouses sous la conduite de guides d’une nouvelle société d’origine polonaise (Motofiesta).
Le portail web permet de sélectionner son « aventure » en choisissant la durée du voyage, le continent et/ou le pays, le mode de déplacement (avec sa propre moto ou en en louant une sur place), et le caractère on- ou off-road. L’aventure n’est pas (encore?) devenue un business industriel, et les prestataires de service qui figurent dans la liste sont tous prêts à personnaliser dans la mesure du possible les trips proposés.
« L’offre va certainement se développer, explique Peter Manzanares, responsable presse et marketing chez Hostettler, l’importateur Yamaha pour la Suisse. D’autres opérateurs vont probablement s’inscrire. » Il rappelle que Yamaha a déjà organisé par le passé des tours pour permettre à ses clients de découvrir le potentiel de motos comme la première XTZ 750 Super Ténéré (Spirit of Adventure Tours), à la fin des années 1980, ou la XTZ 660 Ténéré, en 2008-2009 (Ténéré Spirit Tours). Des expéditions un peu dans le genre Camel Trophy. Et depuis lors, les tours ont continué au départ de la Suisse, pour quelques motards et motardes aventureux et aventureuses, en partenariat avec le club Ténéré de Suisse (Ténéré Experience Tours). Mais Destination Yamaha est bien plus vaste, s’adresse à un public plus large et moins ciblé et, comme on l’a déjà plus ou moins dit, propose de choisir son aventure.
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