Cap au Nord, pontons et skieurs
Nous nous rapprochons encore du Grand Nord pour cette sixième étape de notre périple à travers la Norvège sur une Honda Africa Twin. Au menu, soupe de renne sur un ancien ponton baleinier et jacuzzi à l’arrivée.
La sixième étape de notre périple à travers la Norvège en direction du Cap Nord nous amène jusqu’au fjord de Malangen, non loin de la ville nordique de Tromso. Partis d’Oslo, nous roulons sur des Honda Africa Twin CRF 1000, dans le cadre d’Adventure Roads, la nouvelle offre de (grand) voyage que la marque japonaise destine à ses clients (lire le récit de la cinquième étape). Et en quittant les Lofoten, nous allons avoir comme but intermédiaire les pontons du village de Foldvik, au bord d’un des nombreux bras secondaires du fjord d’And.
Si la nuit a été joyeuse au Sun Kiss Camp des Lofoten, la réveil est plus difficile. Il faut remettre en place le sac de couchage dans la valise, valise qui roulera dans une fourgonette indépendante de nos motos, jusqu’au point d’arrivée du soir. Comme elle l’a fait jusqu’ici. Ce voyage a été réalisé avec une logistique bien rôdée qui a demandé beaucoup de préparation. Pour les motos, pour les bagages, pour l’hébergement, pour l’escorte médicale, pour la nourriture, etc.
Tout était bien planifié, mais un voyage de cette taille à moto comporte sa part d’imprévu. Outre l’accident du premier jour, on a vu une topbox disparaître en roulant sans laisser la moindre trace, des caméras se retrouver sur le bord de la route – heureusement les marshalls veillaient. Et aussi des clés d’hôtel (de la pension à Glomfjord) oublier d’être rendues le matin lors du départ, continuant le voyage dans le pantalon du motard. Ces imprévus sont justement ce qui fait le sel d’une telle aventure.
Et il y en a eu de très positifs, que ce soit les rencontres sur la route d’autres motards venus des quatre coins d’Europe, les moments rigolos passés avec mes collègues (cf la boîte à meuh), les paysages stupéfiants qui se révèlent au coin du prochain virage ou du tunnel suivant, les animaux majestueux aperçus à la lisière de la forêt, et ainsi de suite.
Dans l’immédiat, il y a un peu plus de 450 kilomètres à abattre, si vous me passez l’expression, alors gaz! Nous suivons la route E 10, qui compte son lot de tunnels. Mais aussi de cyclistes. Manifestement, une course amateur a lieu ce jour, ce qui est fort sympathique, mais crée aussi un gros bouchon. Les Africa Twin étant relativement agiles, nous passons tout cela en quelques minutes. Il y a aura des conséquences, comme nous l’apprendrons plus tard.
A Kongsvika, je ne résiste pas à l’envie de prendre en photo un sportif norvégien d’un autre genre. Il s’entraîne au ski de fond en plein été. Sur des skis à roulettes, bien sûr, et sur la route. Il me sourit et fait signe de la main. Apparemment, il apprécie les visiteurs.
Kongsvika, nous dit un panneau bien décoré, est une contrée de trolls. Apparemment, une fois par année au mois d’août, un festival des trolls s’y tient, ce qui fascine mon ami et collègue Jean-Paul qui s’arrête prendre une photo. C’est la première fois, lorsque je lance une recherche Google dans mon navigateur le soir dans ma chambre d’hôtel, que je ne trouve que des pages écrites en norvégien. Apparemment, ça a l’air rigolo, avec des enfants et des adultes qui se déguisent en trolls et font des tas de jeux. Et qui attirent les caméras de la télévision locale.
Peu avant Foldvik et le repas de midi, nous passons à côté de grands anneaux immergés dans la mer. Ils sont reliés par des tuyaux à un navire. C’est un élevage de poissons, probablement des saumons. Une autre spécialité norvégienne, qui tend progressivement à passer d’une exploitation extensive à une gestion plus durable des ressources naturelles.
Le ponton de Foldvik, le « brygger » en norvégien, est en bois blanc un peu noirci par les années. A l’intérieur, il y a un bar qui doit être bien pratique en plein hiver, quand le soleil ne se montre plus. Et a l’extérieur, des tables nous attendent, ainsi que des rations d’une bonne soupe au rennes et aux légumes. L’eau du fjord est claire et lisse.
J’essaie d’apprendre de nouveaux mots avec notre hôtesse. Du genre: « puis-je avoir une tasse de café? » Je finis par mémoriser. Elle m’explique que, plus au nord, nous allons pénétrer dans une région appelée Finmark, où toute une partie de la population, les sammis, parle une autre langue. Une langue proche du lapon. Et j’apprends à dire merci et bonjour. On ne sait jamais.
Nous faisons à nouveau un petit détour de quelques kilomètres par une piste. La terre qui la compose est tellement dure que l’on peut s’amuser à prendre de l’angle dans les virages sans déraper.
Et la journée se termine dans un hôtel sympa au bord du fjord de Malangen. Nous sommes logés par groupes de trois ou quatre dans des bungalows. Un journaliste tchèque tente en vain d’amener sa grosse valise à son bungalow en la tirant avec sa moto. Ca n’est pas aussi simple que dans les vidéos promouvant le stunt. Il y a aussi un jacuzzi et un sauna, que nous finissons par trouver, tout au bout d’une allée. Le sauna ne fonctionne pas correctement, un comble pour la Norvège. Mais l’eau bouillonnante nous fait du bien. La seule tentative de tremper un pied dans le fjord se solde par un début d’hypothermie.
Le repas qui nous attend a été préparé par un chef… bordelais. Il a émigré en Norvège par amour, et sa fille blonde s’occupe ce soir-là du bar. Il avoue tout de même qu’il songe retourner en France avec sa famille nordique, pour reprendre un autre établissement.
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