Cap au Nord, le bout de la terre
La huitième étape de notre périple Adventure Roads sur des Honda Africa Twin est la dernière. L’occasion de tous poser devant le célèbre globe de métal du centre pour visiteurs du Cap Nord
C’est la dernière étape avant de rejoindre le Cap Nord, la pointe la plus au nord de toute l’Europe (lire le récit de la première et de la septième étapes). Le Nordkapp, en norvégien, est notre but depuis que nous sommes partis d’Oslo pour tester Adventure Roads, le nouveau programme de voyage que Honda destine à ses clients, tout spécialement ceux et celles qui possèdent une moto du type enduro de voyage. Comme par exemple l’Africa Twin. Cette robuste moto de 1000 centimètres cubes a repris le flambeau de l’Africa Twin 750, qui a suscité bien des vocations.
L’étape du jour se décompose en fait en deux partie. La première consiste à aller d’Alta, la ville la plus au nord de la Norvège, jusqu’au Cap Nord. Et ensuite, il faudra redescendre jusqu’à Alta. Soit environ 470 kilomètres de route.
La route que nous prenons est toujours la touristique E6. Nos guides nous ont cependant prévenu. Il semblerait que la police norvégienne ait un oeil sur nous. Un automobiliste norvégien qui allait passer la nuit dans le même hôtel que nous à Malangen se serait en effet plaint de dépassements cavaliers. On rappelle qu’en Norvège, les excès de vitesse sont punis d’amendes très salées.
Mais en ce moment, nous profitons surtout d’une demi-heure de sommeil en plus. Comme nous revenons ce soir dans le même hôtel, il n’est nul besoin de faire la valise. Il faut juste prendre ce qui est nécessaire sur la moto. Cela fait gagner quelques minutes le matin.
Et avant de partir, j’improvise un selfie avec le VIP qui a remplacé les pilotes de rallye de Honda. Le Français Alex Caizergues nous accompagne en effet. C’est un kitesurfeur professionnel. Il détient même le record de vitesse sur l’eau, tracté par une voile-cerf-volant. Soit 104,8 km/h! Plus vite qu’aucun bateau au monde.
Il est aussi passionné de moto, et a conclu un accord avec Honda. En tout cas, il est sympathique et ne rechigne pas à rouler vite. Il faudra faire gaffe aux radars norvégiens.
Puisque l’on parle des membres de notre expédition, je me dois de mentionner notre sympathique (lui aussi) rider japonais, Taro Mizutani. Ce n’est pas un journaliste, mais plutôt un blogueur. Il est venu du Japon avec un drone photographique, qui s’est malheureusement cassé durant ce voyage. Et aussi avec un petit système électronique qu’il distribue au Japon, qui vient de l’équipementier Touratech. L’Airmoni est un capteur de pression d’air dans les pneus. On le visse simplement sur la valve de gonflage. Et on le relie par Bluetooth à un petit écran et système de commande que l’on met où l’on veut. C’est simple et efficace.
Taro a passé toute la semaine à tenter de prononcer correctement mon prénom. Kai, un autre rider suisse, par ailleurs bassiste du groupe de Metal Eluveitie, a cherché à l’aider en lui disant que « Jérôme » fait un peu penser au bruit des vagues sur la mer. Taro, chaque fois qu’il me voit le matin, prononce donc mon prénom, ou quelque chose qui y ressemble, en imitant le mouvement des vagues avec ses bras. IL faut aussi signaler qu’il a très vite appris une expression française. A chaque fois qu’il s’arrêtait près de nous pour admirer un paysage, il s’exclamait « c’est beau » dans un français très emphatique…
Un panneau au bord de la route E6 indique qu’il ne reste plus que 197 kilomètres jusqu’au Nordkapp. Autour de nous, c’est la steppe. Aucun arbre ne dépasse le mètre vingt. Ils n’ont pas le temps de pousser durant les brefs été. Il y a quelques rennes qui broutent de ci de là.
Et des maisons éparses, petites cahutes qui sont probablement habitées par des représentants du peuple sammi. Ce dernier élève en effet ces cervidés, et en tire notamment des peaux et de la viande séchée.
A Olderfjord, nous tournons à gauche sur la E69. Dans l’autre direction, on peut aller jusqu’à Kirkenes, qui se trouve à la frontière avec la Finlande, mais qui est plus au sud que le Nordkapp.
Nous sommes à nouveau au bord de la mer. Nous passons à côté de villages de pêcheurs peu fréquentés. C’est un euphémisme. Et dans des tunnels frigorifiants et humides, où la température de l’air peut descendre jusqu’à dix degrés. Selon le thermomètre de la moto. Mais il ne pleut pas. Les nuages sont bas, pour l’instant, et les couleurs sont assombries.
Après le « Nordkapptunnelen », qui passe sous la mer et nous amène sur l’île de Mageroya, nous faisons le plein à Honningsvag, la dernière localité digne de ce nom avant le bout de la terre. Forcément, outre le fait qu’il y ait un aéroport, on peut y boire du café et manger une gaufre. La boutique de la station-service vend des cartes d’un genre bien utile pour les motards. Au lieu d’un grand document replié en plusieurs plis, il y en a plusieurs détachés les uns des autres mais qui, recomposés, forment l’entier de la carte. On peut alors placer dans la fenêtre transparente de la sacoche de réservoir le seul bout de carte qui représente la route sur laquelle on se trouve. Brillant. Et simple.
La route, toujours l’E 69, reprend de l’altitude. Nous avons droit à des vues magnifiques sur les fjords, et à de beaux lacets sur la route.
Au croisement avec la FV 171, on part à gauche. Ont sent le Cap Nord qui se rapproche. Et on prend encore un peu d’altitude. Avec l’impression d’arriver au toit du monde, alors que nous ne sommes qu’à quelques centaines de mètres au-dessus de la mer.
On devine que les parages doivent attirer de nombreux amateurs d’oiseaux qui doivent nicher, notamment, dans les falaises de bord de mer. Pour accéder aux derniers cinq cents mètres et au centre pour visiteurs, il faut payer quelques couronnes. Pour nous, c’est compris dans notre voyage.
Nous allons faire la photo devant le globe de métal. Puis nous descendons dans le théâtre-cinéma du centre. Le long de la rampe qui y mène, nous pouvons lire et regarder une exposition retraçant l’histoire de ce lieu. Avec une jolie miniature montrant l’arrivé du roi Oskar II de Suède-Norvège. IL est venu ici par bateau, car la route n’existe pas avant les années 1950.
Dans le cinéma, Vito Cicchetti, directeur général de Honda Moto pour l’Europe, nous explique que ce voyage n’est que le premier d’une série. Ils seront payants, et destinés aux clients de la marque. Tout particulièrement ceux qui roulent sur des Africa Twin, ou des motos similaires. Il ne peut rien dire de plus précis pour l’heure. Sauf qu’il espère vivement qu’il sera possible d’organiser un nouveau voage Adventure Roads déjà en 2018. Et, en réponse à une question de l’audience, il ajoute que, pour nous, il en a coûté près de 4000 euros par tête de pipe. Ce qui est déjà une indication du futur prix de cette offre.
Il ne nous reste plus qu’à revenir. Au croisement avec la FV 171, je rencontre deux Italiens, venus d’un village près de Turin… sur deux Vespa qui ne sont plus de prime jeunesse mais fonctionnent parfaitement. Claudio et Ettore se sont rendus à une concentre Vespa mondiale au sud de l’Allemagne. « On s’est dit que tant qu’à faire, on pouvait aller au Cap Nord », commente Claudio avec le sourire. Et il me demande si l’entrée au Cap Nord est payante. Nous nous saluons et je reprends la route en direction d’Alta.
Il ne pleut toujours pas, je n’ai pas vu le moindre signe de la police. Mais je suis fatigué. Et je ne suis pas le seul. Un collègue indonésien est en effet tombé à l’arrêt. Il avait mal assuré la prise de la béquille latérale sur un terrain sablonneux. Sans dégât pour lui ni pour la moto.
Je passe les derniers 20 kilomètres à me parler à voix haute dans mon casque. Pour ne pas sombrer dans le sommeil.
Et après une douche, nous allons manger au bord d’une rivière, au restaurant Sorrisniva. Leur spécialité, c’est la chasse. Et il paraît que le roi vient parfois y déguster de la viande.
Le lendemain, la navette pour l’aéroport d’Alta nous attend à 5h30 du matin.
Le lien vers la page d’Adventure Roads. Mais c’est en anglais.
Et le communiqué de Honda Suisse, en français.
Cette belle randonnée donne vraiment envie.