Le plaisir à travers bois et champs au célèbre Trial des Vestiges
A Vulliens, près de Moudon, nous avons assisté aux évolution dans les campagnes vaudoise et fribourgeoise de drôles d’engins de tout-terrain, issus d’un glorieux passé. Et pilotés parfois par de non moins glorieux ancêtres.
Le célèbre Trial des Vestiges a fêté cette année (2017) ses 25 ans. Autant dire qu’il n’est pas vieux, mais dans la fleur de l’âge. Comme les années précédentes, il a posé ses caravanes et ses pneus à Vulliens (canton de Vaud), pas loin de Moudon et de Mézières (VD).
Cette année, 188 pilotes venant de 8 nations (une majorité d’Helvètes, logiquement) se sont inscrits à l’épreuve, qui se tenait les 26 et 27 août derniers. Le parcours comportait 13 zones alternant forêt, troncs et autres obstacles, et quelque 15 kilomètres d’interzones à cheval sur les cantons de Vaud et de Fribourg (Vulliens VD et Ecublens FR). Il y avait même, comme de coutume, une épreuve spéciale dans la zone de départ-arrivée, donnant un bonus: le test dit des deux boules de pétanque. IL s’agissait de tourner autour de deux fûts de bière à vitesse réduite – au vu du peu de place disponible – d’attraper la boule posée sur le fût, puis de la lancer dans le bidon posé sur le talus. Le tout, évidemment, sans poser pied.
Les pilotes pouvaient choisir entre deux variantes de parcours pour chaque zone: difficile (Randonneurs), ou encore plus difficile (Experts). Bon, on exagère, le parcours Randonneurs est largement à la portée de tout trialiste du dimanche. C’est juste que nous avons fait nous aussi une partie du parcours, sur une Montesa Honda 4Ride. Et que nos (mes) compétences en trial ne sont pas au top. C’est un euphémisme.
Il y avait pas mal de motos actuelles, mais, évidemment, un grand nombre de participants étaient venus avec des motos d’un certain âge, mais en excellent état. Avec deux catégories: Vestiges, datant d’avant 1965, et Anciennes, à peine plus récentes. Ayant deux amortisseurs à l’arrière et un moteur refroidi par air, plus des freins à tambour.
Comme de coutume là aussi, il y avait des points bonus ou malus selon l’âge du pilote: 1 point de pénalisation par année en-dessous de 40 ans, 1 de bonification entre 40 et 100 ans, et même 2 en-dessus de 100 ans (jusqu’ici purement théorique).
George, 85 ans, un habitué
On vous laisse calculer l’avantage de départ d’un habitué des Vestiges, l’Anglais George Greenland, 85 ans (-45!). Sur une Dot anglaise datant de 1962, et qu’il a bichonnée. Pas évident de réussir l’exercice des boules de pétanque sur pareille monture, dont le rayon de braquage n’est pas le point fort!
« Je participe à chaque fois que je peux, et je suis venu cette année avec un couple d’ami, et leur chat, précise le vénérable George, tout sourire. Le parcours n’est pas facile. » Comprenez, il adore!
C’est en fait lui, par la grâce des points bonus, qui a remporté l’épreuve en catégorie Vestiges – Randonneurs. Il est donc reparti avec: un sac de patates (5 kilos, c’est une tradition), et une belle gravure sur bois, montrant bien évidemment une moto de trial.
Alfred Müller, de Wimmis, était accompagné d’une fringante BSA de 1964 (le moteur), à peine améliorée par rapport à l’original. « C’est un super parcours, l’organisation est top », confie celui qui rappelle qu’il fut parmi les fondateurs de la course de Trial de Grimmialp, en Suisse allemande.
Pascal Quartenoud, lui, est venu de Bevaix avec sa Fantic de 1984. « Ca faisait quelques années que je n’étais pas venu, commente-t-il. Le parcours est super. Il y a des passages difficiles. » Ces passages ne l’ont manifestement pas empêché de bien se débrouiller, puisqu’il n’a écopé que de 4 pénalités le samedi, et d’une le dimanche.
Mais rappelez-vous, on a des bonus en fonction de son âge, et donc Monsieur Quartenoud n’est « que » sixième dans la catégorie Anciennes Expert.
Animations et surprises
Comme c’étaient les 25 ans, la manifestation a été agrémentée d’un concert du duo « Viril » (groupe féminin) vendredi soir, et d’une démonstration de Pole dance le samedi. Et puis le parcours était fait cette année à l’envers par rapport aux années précédentes. Et les concurrents ont eu une autre (bonne?) surprise: un contrôle de leur état de santé. En tout bien tout honneur.
« C’est l’une des plus grandes courses et manifestations de trial de Suisse », explique Jean-Daniel Allaman, président du club et par ailleurs patron du garage Dani Motos à Lucens (et aussi père du probable futur vice-champion suisse 2017, Brian, lire notre portrait).
« Le parcours est resté le même depuis plusieurs années, mais ce qui a changé, c’est que l’on va moins au centre des forêts, on reste en lisière, continue-t-il. Et avant 2010, le terrain central se trouvait non pas ici, à Vulliens, mais au Sepey. Nous avons d’excellents rapports avec la commune de Vulliens. Les autorités voient notre manifestation comme une animation pour le village. Et puis la Jeunesse nous donne un bon coup de main. Et les nouveaux habitants qui ont emménagé dans les nouvelles maisons tout près de notre aire de départ ont plutôt l’air de bien prendre les choses. »
Il ajoute que les paysans qui prêtent leur terrain sont aussi de très bonne volonté envers le célèbre Trial des Vestiges. « Le fait qu’on le fasse depuis 25 ans, ça aide, bien sûr. J’en connais un, on passait déjà sur le terrain de son père. »
La course s’est conclue sans blessé, avec quasiment pas de pluie (juste une ou deux gouttes dimanche), avec des lauréats ravis – dont le club valaisan de Savièze, qui est venu le plus nombreux – et avec en général des coureurs contents de pouvoir s’essayer au bel art du trial moto.
Voici encore quelques photos de l’événement…
Galerie photos
Pour notre part, nous remercions le club Passepartout de Moudon, organisateur de la course, et Honda Suisse pour avoir mis à disposition la 4Ride, fidèle à elle-même, légère, maniable et facile (lire notre précédent test).
J’ai beaucoup roulé sur Fantic trial 125 et 240 dans les années 1980 ce fut à l’époque un immense plaisir partagé avec quelques amis.
Merci pour ce petit message qui fait du bien à l’âme
Jérôme Ducret, rédacteur responsable