Les Sherco 2018 à l’épreuve du pilote
Notre enduriste maison Yannick Mottaz est allé découvrir les évolutions de la gamme 2- et 4-temps du constructeur français. Mention spéciale pour la toute nouvelle 125.
Nous avons passé les Sherco 2018 à l’épreuve du pilote. Et pas n’importe lequel. C’est notre enduriste maison Yannick Mottaz, vice-champion suisse en enduro national open en 2014, qui s’y colle.
Sherco est un nom qui ne vous dit très probablement pas grand-chose et pourtant cette petite marque française nourrit de grandes ambitions et se donne les moyens d’atteindre ses objectifs en investissant massivement dans ses chaînes de production et ses produits.
La spécialité de la marque Sherco, c’est l’off-road. Et plus c’est dur pour les organismes et la mécanique et plus l’équipe de passionnés que composent l’équipe de Sherco se fait plaisir. Les machines sont soumises aux plus rudes contraintes de la compétition tant en trial, en cross ou qu’en enduro avant de se montrer sous leur plus beaux atours chez les concessionnaires. Et ça marche dans les deux cas puisque Matthew Philipps a coiffé en 2016 la couronne de champion du monde d’Enduro GP en catégorie E2, les autres riders collectionnent de nombreux succès (Jérémy Tarroux a gagné toutes les classiques françaises cette année) et les ventes affichent une croissance à deux chiffres depuis le lancement de la marque en 2010.
Tous les voyants sont donc au vert pour la petite firme française qui a décidé de passer à la vitesse supérieure et de se donner les moyens de ses ambitions en investissant dans une toute nouvelle usine de production qui devrait lui permettre de quadrupler sa capacité de production en passant de 5500 à 22000 unités par année.
Pour le test de la gamme, le rendez-vous nous est donné dans le Sud de la France, sur le parcours très sélectifs des qualifications de l’alestrem, épreuve d’extrême Enduro et ça tombe bien car d’une part notre pilote connaît le parcours et d’autre part il connaît très bien les Sherco. Toutes les conditions semblent donc réunies pour passer au crible fin l’ensemble de la gamme avec un accent particulier sur la dernière arrivée, la 125 SE-R (8990 francs). Le segment des 125 est particulièrement important en Europe puisqu’il permet aux jeunes riders de faire leur entrée dans la catégorie et de découvrir l’univers de la marque. Le but est d’offrir ici une machine spécialement développée pour l’enduro et qui a également été testée et approuvée en MX et dans le sable. De quoi permettre aux futurs pilotes chevronné de s’entraîner dans différentes conditions en limitant les frais occasionnés par l’achat d’une deuxième monture, on dit bravo et merci!
Ce qui frappe d’entrée, c’est la facilité de prise en main ainsi que la maniabilité de la machine. Le résultat d’un travail sur le centrage des masses et sur l’abaissement du centre de gravité. Visuellement cela donne une moto très compacte avec des lignes agressives et un design globalement réussi.
A noter également que les remarques négatives concernant les modèles précédents ont été prises en compte lors de la refonte de la gamme et que de nombreux petits détails ont été corrigés montrant ainsi que l’équipe de développement est proche de ses clients et ce n’est aujourd’hui pas la moindre des qualités pour une marque qui veut gagner des parts de marché! Deux exemples parmi d’autres? Si auparavant les protège-mains avaient tendance à se briser lors de chutes, ceux des modèles 2018 sont en plastique plus souple. Même genre de remarque pour le bouchon du radiateur, qu’il était jusqu’ici compliqué d’ouvrir car il venait en butée contre le reste de la moto dès qu’on le dévissait. Il est à présent rond et tourne sans le moindre problème.
La partie-cycle utilise quant à elle une base commune avec ses grandes sœurs 250 et 300cc. Des ajustements ont été effectué notamment au niveau de l’empattement qui a été réduit de 15mm et de l’angle de chasse qui a été légèrement fermé. Les suspensions sont l’affaire de WP avec une fourche réglable de type XPlor Factory. On notera que Sherco a décidé de procéder à une standardisation de nombreuses pièces (carénages, roues, selle, bras, plastique, freins, guidons…) ce qui permet de réduire considérablement les coûts.
Le moteur est compact et puissant et offre beaucoup de couple ce qui est particulièrement appréciable dans les zones plus techniques où il n’y a pas besoin de travailler constamment avec l’embrayage.
«Je suis conquis! Toutes les imperfections des modèles précédents ont été corrigée et ça montre que la marque est à l’écoute des consommateurs et ça, ça fait monstre plaisir, commente Yannick Mottaz lorsqu’on lui demande ses premières impressions. Les protèges-mains qui se brisaient à la première petite chute, le bouchon de réservoir qui était peu accessible, toutes ces petites choses ont été repensées et corrigées et donc on peut vraiment se concentrer sur l’essentiel. La moto est bien dotée d’origine, pas besoin de changer de guidon avant même de s’être assis et la position est confortable. Certes chaque rider a des besoins différents mais la position en selle inspire confiance et donc on va pouvoir mettre du gaz!»
La suite de son appréciation: la tracé est extrêmement exigeant. Une single qui serpente entre les pentes du circuit de vitesse, jonchée de racines, de pierres et avec de beaux devers, ce qui la rend très technique et ne fait donc pas nécessairement la part belle au moteur, mais qui sublimera le châssis et la prise en main de la machine.
Le DNA de la marque est fortement ancré dans ses machines et il est plaisant de remarquer que l’on retrouve les caractéristiques similaires d’un modèle à l’autre et d’une motorisation à l’autre.
La gamme 4-temps se compose des modèles 450 (10590 francs), 300 (10090 francs) et 250 (9950 francs). La 450 est une main de fer dans un gant de velours, bien sûr puissante mais domptable est très agile et facile à bas régime, sans mauvaise surprise ni d’effets «coup de piston» qui peuvent être gênants en enduro. Assurément une arme redoutable dans le sable et les terrains blancs.
La 300 est quant à elle le meilleur compromis. Un châssis hyper agile et facile à prendre en main et un moteur coupleux à souhait, une montée en puissance digne d’une 250 2T mais avec le petit plus de puissance à la fin, un vrai régal!
La 250 est un concentré réduit de ses grandes sœurs, même facilité à bas régime, même agilité mais simplement un peu moins pêchue.
Des 2-temps Euro 4
La gamme 2T se compose de la 300 (9390 francs), de la 250 (9290 francs) et de la petite dernière, la 125. Elles sont toutes conformes aux standards Euro 4, même si elles fonctionnent toujours avec des carburateurs.
La 300, disons-le de suite, est une bête ! L’avant, comme sur l’entier de la gamme 2T, se montre d’une agilité incroyable. Déroutant au début surtout dans les spéciales un peu glissantes mais très agréable par la suite et sûrement un vrai plus en enduro extrême, il est très vif et réactif. Le moteur est bestial à tendance schizophrène, doux, il ronronne et se laisse mener en laisse à bas régime, et plus on monte dans les régimes plus il devient sauvage, une véritable brute de puissance.
La 250 fera donc un excellent compromis, un moteur bien plus linéaire, toujours souple à bas régime mais bien moins féroce à hauts régimes. La partie-cycle est excellente et la petite deux et demi est certainement une option sérieuse à prendre en compte en enduro extrême car également moins physique et usante que sa grande sœur. Personnellement, j’ai adoré cette machine!
Et enfin la 125! Wouahou! Le travail qui a été fait sur cette machine est simplement incroyable! Le moteur est petit mais quelle force à bas régime! Du couple à un tel point que les temps du charcutage des avant-bras pour se faire soigner du syndrome des loges semblent à des années lumières, plus besoin de débrayer même à bas régime, on en fait ce qu’on veut! Alors effectivement, on n’a plus toute la cavalerie de ses illustres grandes sœurs et ça demande donc un poil plus de technique mais on est sûr ici qu’on sera à bonne école.
En fin de compte, on appréciera de découvrir un réel challenger à l’hégémonie autrichienne dans la branche avec des choix techniques et de concepts pensés avec intelligence et permettant aux riders de se faire plaisir sans devoir hypothéquer un rein pour l’acquisition de la machine de ses rêves. On a un rapport qualité-prix de premier choix et on a adoré redécouvrir l’entier de la gamme.
Si l’article vous a mis l’eau à la bouche, sachez que 3D Motos by Johan Melon à Montheron organisera une semaine de test ride du 11 au 15 septembre. Pour de plus amples informations, rendez-vous sur www.3dmotos.ch
Et sachez aussi que le concessionnaire Dynamic Bike, organise lui aussi des journées d’essai, du 16 au 22 septembre.
Enfin on peut encore aller faire un tour sur le portail de l’importateur pour la Suisse, GGh Offroad.
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