Miracle à la bernoise!
«D Wunder vo Bärn». A quelque jours du Grand Prix d’Aragon, notre chroniqueur Charles Lavage revient sur le fait historique qui s’est passé récemment à Misano. Savourez!
Soixante-trois ans après la finale de la coupe du monde à Berne, un nouveau miracle bernois a eu lieu ce dimanche 10 septembre à Misano Adriatico sur la riviera italienne. La swiss mafia a triomphé sur les terres du parrain (non ce n’est pas Don Altobello dans ce cas). Quel plus bel hommage au team manager Fred Corminboeuf, qui a révélé ces deux pilotes que de voir son protégé actuel et son ex-protégé, grimper aux cordes qui tombaient du ciel pour se hisser sur les deux plus hautes marches du podium.
Dans ces conditions extrêmement piégeuses, il fallait rester très calme et malin «Puureschlau» dans la langue de Schneider-Amman – on peut faire confiance aux Bernois pour ça – et attendre que ça se passe dans une course à élimination directe où les bouillants latins sont tombés comme des mouches. Et Dieu que la course fut longue du coup! Suite à l’éjection de Federer en quart de finale de l’US Open, le Suisse moyen n’ayant plus de quoi charrogner contre le Bâlois derrière sa TV s’est transformé en véritable bête de course du canapé du dimanche après-midi. Docteur ès Moto2 qui a pu exulter et polluer allègrement les murs Facebook de ses congénères sitôt la ligne d’arrivée franchie. Quelle émotions de voir nos compatriotes s’embrasser et faire la fête ensemble «TCHEU C’EST BEAU! T’AS VU DENISE? ON A GAGNE ».
Tom Lüthi est resté sagement derrière, habile calculateur et fin stratège. La technique a marché en 2005, l’année de son titre mondial, pourquoi ne pas la répéter dans ce qui se profile plus que jamais comme la dernière chance de devenir champion du monde. Aegerter a fait ce qu’il avait faire. Ne pas calculer, enchaîner les tours et tout tenter pour aller chercher la victoire, le championnat étant pour lui hors de portée depuis bien longtemps !
On a gagné, oui ! mais…
Un peu comme quand Rodge, Wawrinka, Alinghi et tous ces champions suisses d’exception remportent des titres, on se les approprie et on se gargarise de la classe de ces types. Nos Suisse! Dimanche n’a pas échappé à la règle, la course ayant même eu les honneurs de téléjournal sur la RTS et les réseaux sociaux ont débordé d’hommages plus pompeux les uns que les autres.
Cool ! Mais ça veut dire quoi gagner un Grand-Prix ? Il est peut-être bon de rappeler ici que pour arriver là où ils ont atterri dimanche, les deux bonhommes et leurs proches ont consentis des efforts énormes et qu’ils en ont chié. Que sans leur famille qui se démerdait pour mendier 100 francs par-ci par-là , prendre congé dès le jeudi soir pour conduire le camping-car dans un coin obscur d’ex-Allemagne de l’Est pour pouvoir y disputer la course le dimanche, sans la maman qui était présente pour laver le casque de son fils après les essais, sans les heures passées par le mécanicien qui veut bien donner un coup de main pour trouver quelques poneys dans des cylindres à trous, tout ça serait impossible! Ensuite arrivent les mécènes qui veulent bien faire le choix irrationnel d’aider un pilote moto pour qu’un jour ils puissent grimper sur la boîte. Mais sans toutes ces petites gens en Suisse, tout ça serait impossible. Les deux bernois gagnent maintenant plutôt bien leur croûte et quelques sponsors alignent les valises à dollars pour payer leur place dans le team.
La fédération est aussi utiles que les # qu’utilise Aegerter pour commenter son succès et toutes ses photos sur Facebook. Les exploits isolés ne sont fruits que de la volonté de quelques fous qui croient à des projets tout autant farfelus.
Alors oui, lorsque deux Bernois habituellement confrontés à un peuple qui roule systématiquement 15km/h moins vite que la limite autorisée sont sur le toit du monde, on peut parler de miracle.
GRATULIERE U MERCI VIU MAU MINI HERRE.