La nouvelle Harley Fat Bob, sportive et faite pour échapper aux zombies
La nouvelle Harley Fat Bob ne peut laisser personne indifférent. D’après Kirk Rasmussen, l’un des designers responsable du développement de ce nouveau modèle dans la famille Softail, cette moto est faite pour échapper aux zombies après l’Apocalypse nucléaire. Tout un programme. Elle est aussi censée ne pas rouler sur les obstacles, mais passer au travers.
Ce qui est sûr, c’est qu’à son guidon on peut rouler vite, et pas seulement en ligne droite. Nous avons pu l’essayer durant une matinée sur les belles routes de l’arrière-pays barcelonais, qui ne manquent pas de virages.
Au premier coup d’oeil, la Fat Bob 2018 est ramassée, prête à bondir, toute en muscles. Le phare avant, massif, horizontal et tout en LED, semble sortir d’un film de science-fiction. Genre Robocop. Mais avec une lumière blanche éclatante. Les pneus sont massifs. La fourche antérieure, inversée, l’est aussi, massive. Et les deux disques de frein, pincés par des étriers à quatre pistons, sont là pour sérieusement ralentir l’allure.
Parce qu’avec le nouveau moteur dit « Milwaukee-Eight », dans sa version à 1868 centimètres cubes, ça pousse fort, sans qu’il soit besoin de beaucoup monter dans les tours. Ce moteur garde ce qui fait les caractéristiques d’un propulseurs Made in Milwaukee: V à 45 degrés, refroidi par air. Il équipe déjà toute la gamme Touring 2017, dans la variante « 107 », pour 107 pouces au cubes (« cubic inches » en anglais), soit 1745 centimètres cubes (lire notre présentation) pour nous autres adeptes du système métrique.
La Fat Bob peut être équipée du 107, ou au choix du plus gros moteur, le 114. Pour un supplément d’accélération, mais aussi de prix.
Avec le moteur 114, ou le 107
En gros, le 114 permet de gagner deux lomgueurs de moto de zéro à 60 miles par heure (en gros 100 km/h) par comparaison avec le 107, et carrément cinq si l’on prend en compte le moteur High Output Twin Cam 103B qui équipait les modèles de la famille Softail jusqu’ici.
On précise que la Fat Bob 2017 était un membre de l’autre famille, dite Dyna. Cela signifie qu’elle possédait deux amortisseurs arrière apparents, contrairement aux Softail, qui les cachaient.
En plus d’offrir plus de punch à tous les régimes, le Twin américain de la nouvelle Fat Bob a aussi été retravaillé au niveau de sa sonorité. Il y a moins de bruits mécaniques et d’aspiration parasites, et le son de l’échappement est plus présent. On le perçoit clairement dès que l’on tourne la poignée des gaz. Par rapport aux Harley de la famille Touring, il y a quelques changements. Le moteur est monté de manière rigide dans le nouveau châssis, et est équipé d’un double balancier d’équilibrage, ce qui réduit fortement les vibrations qui pourraient elles aussi être parasites.
On a dit nouveau châssis. Harley-Davidson ne crée pas de nouveau moteur tous les jours. Et encore moins pour ce qui est des châssis. Nik Ellwood, responsable presse international, donne une date: 1984. La dernière fois que la marque a changé fondamentalement un châssis sur les Softail. « Il y a eu un petit upgrade en 2002, mais il concernait surtout les suspensions », ajoute-t-il.
Et cette fois, le changement est majeur. La nouvelle unité, qui équipe tous les Softails ainsi que celles des Dyna qui sont devenues des Softails (le mot Dyna n’existe plus pour 2018), est nettement plus rigide, tout en étant plus léger. Il est monté avec un seul amortisseur arrière placé en position centrale, bien plus performant que les anciens.
Régime perte de poids généralisé
On remarque déjà un peu la différence quand on « remonte » la moto et qu’on la met droite, à l’arrêt. Il y a sensiblement moins d’effort à fournir. Mais c’est encore plus éclatant dès que l’on roule. On peut diriger la moto comme on veut, au guidon, en contre-braquant, et il suffit alors d’une légère impulsion pour trouver l’inclinaison nécessaire pour virer. Ou avec les repose-pieds et le poids du corps, c’est tout aussi facile.
Et ce qui ne gâche rien, on a de l’inclinaison à revendre, si l’on veut s’en servir. 31 degrés à droite, 32 à gauche. C’est nettement plus que les Harley traditionnelles. Les deux sorties d’échappement relevées sur le côté droite sont comme un invitation à se pencher dans les virages à droite.
Le modèle 2018 est beaucoup plus léger que celui d’avant. Moins 15 kilos, ce qui est considérable, même si l’engin en déclare tout de même 306 sur la balance et n’est pas à proprement parler un poids plume. Et comme le cadre est aussi plus rigide, on peut vraiment s’amuser. Avec les nouvelles suspensions, on arrive à facilement passer la force du moteur au pneu arrière et au sol, via la courroie crantée parfaitement réglée.
La nouvelle Harley Fat Bob: machine à accélérer, mais pas seulement
Le mode d’emploi zombocalyptique est alors simple: ouvrir en grand l’accélérateur, se délecter du son magnifique du Milwaukee-Eight, surtout dans la variante 114 que nous avons testée, et chopper les freins en entrée de virage avec juste ce qu’il faut de force pour faire tourner la bête. N’oublions pas que le pneu avant est conséquent. Puis on réaccélère, et on répète à l’infini. Ou du moins tant que le désormais petit (13,2 litres) réservoir d’essence le permet. Grosso modo, ça fait un peu moins de 300 kilomètres si l’on est sage.
« Ce nouveau réservoir a pour fonction visuelle de mettre en évidence le nouveau moteur », précise Kirk Rasmussen. Et en cela, il est parfaitement fonctionnel. Tout comme les commandes situées sur les deux comodos. Elles sont identiques à ce qui fait le standard Harley depuis quelques années. On a donc un bouton à gauche qui permet de passer d’une ligne d’affichage à la suivante: trip A, B, heure, autonomie restante, régime du moteur… Avec en toile de fond toujours l’indicateur de rapport de vitesses engagé et la jauge de carburant (une nouveauté).
L’écran est juste un peu plus grand sur ces nouveaux Softails, et il est très lisible même en plein soleil. L’affichage est en blanc sur fond noir. Et sur la Fat Bob, on a droit à un second compte-tours tout rond, avec une aiguille. Comme il est de coutume chez Harley, les clignotants s’éteignent automatiquement dès que l’on dépasse un certain degré d’inclinaison puis que l’on redresse la moto; autrement dit lorsque l’on a fini son virage. Cela ne fonctionne pas lorsque l’on change de piste sur l’autoroute.
Très peu de vibrations dérangeantes
A basse vitesse et lors de stops forcés aux feux rouges, on constate un peu de chaleur intempestive. Les tubulures d’échappement ont tendance à échauffer votre jambe droite, et ce malgré les progrès accomplis dans ce domaine. Il est vrai que la tête du cylindre arrière ne rôtit par contre plus votre fessier dans cette situation. Quoiqu’il en soit, entendre le Milwaukee-Eight se caler sur son régime de ralenti à 850 tours par minute (!) est déjà en soi une belle chose. Il vous fait subir très peu de vibrations dérangeantes. On ne les sent pas dans la selle, ni les repose-pieds, ni les rétroviseurs (assez efficaces). Et pas même dans le guidon (réglable dans son positionnement).
Bien sûr, au-dessus de 120 km/h, on commence à sentier le poids de l’air. C’est normal, car cette moto est dépourvue de pare-brise. Mais, grâce au phare avant massif, il y a peu de turbulences et une partie de l’air est tout de même déviée de votre buste.
Autre bon point, la Fat Bob ne démolit pas vos lombaires au moindre dos d’âne pris avec un rien de vitesse. Au contraire, la fourche encaisse de manière civilisée mais ferme. Et l’amortisseur suit le mouvement de manière cohérente. De quoi rassurer. Il en est de même pour les pneus, de marque Dunlop. Ils assurent une bonne adhérence sur divers types d’asphalte – nous n’avons pas roulé sous la pluie.
Enfin, lorsque l’on décide de s’arrêter pour déguster un « cafecito », on se rend compte d’un autre changement important, plus qu’il n’en a l’air. La fameuse béquille longue chère à Harley a été remplacée par une pièce plus courte, mais qui vous renseigne bien mieux sur la stabilité de votre moto à l’arrêt. Et qui est bien plus facile à actionner pour ceux ou celles qui ont de petites jambes.