Une Heritage Classic finalement très moderne chez Harley
Clairement orientée visuellement vers une époque passée, cette moto bénéficie en fait d’un moteur moderne, civilisé, qui accélère fort, et d’une partie-cycle apte à encaisser avec une certaine grâce une conduite enthousiaste
Elle s’appelle Heritage Classic. Et elle fait partie de la nouvelle gamme de motos dites Softail chez Harley-Davidson, pour 2018. C’est l’un de quatre modèles que nous avons pu essayer sur des routes de l’arrière-pays barcelonais, avec la Fat Bob (lire notre test), la Street Bob et la Breakout.
Comme ses soeurs de gamme, l’Heritage Classic utilise un tout nouveau châssis, avec en guise de suspension postérieure un amortisseur unique placé sous la selle, invisible depuis l’extérieur. Les Softail se distinguent chez Harley par le fait qu’on a l’impression qu’il n’y a pas de suspension à l’arrière, et que tout repose donc sur un cadre métallique rigide. Ce nouveaux cadre est plus efficace que son précédesseur, étant plus rigide, mais en même temps plus léger, et en autorisant une meilleure répartition des masses.
L’Heritage Classic, comme son nom l’indique, fait clairement référence au passé. Rien à voir visuellement avec la Fat Bob. On trouve sur cette moto d’inspiration rétro pas mal de parties chromées, ainsi que des garde-boue très enveloppant, et un réservoir d’essence dans le plus pur style goutte d’eau.
Comme dans le temps? pas tout-à-fait
Comme dans le temps. Il y a aussi des jantes à rayons, des plate-formes repose-pieds, des sacoches en cuir rigides, et un pare-brise bi-ton amovible du plus bel effet.
Et en même temps, les trois optiques antérieurs sont à LED et dessinent un visage résolument contemporain. Plus, comme sur toutes les « grosses » Harleys, l’accélérateur est électronique. il y a un rappel automatique des clignotants… a-t-on mentionné la clé sans contact?
Et l’on découvre que cette moto au style très classique, dotée du même châssis que les autres Softail de la gamme 2018, est capable de rouler à une allure insoupçonnable. Vite, en d’autres mots. Elle encaisse bien les freinages appuyés et les grosses accélérations.
Et s’il n’y avait pas les repose-pieds qui frottent lorsque l’on s’incline (moins qu’avant, mais quand même), elle serait capable de manger à peu près tous les virages à une belle allure. Malgré ses 316 kilos en ordre de marche.
Le pneu arrière peut décrocher
Les pneumatiques offrent un bonne adhérence. On signale juste que le pneu arrière peut décrocher lorsque par exemple l’on passe un peu brutalement le rapport de vitesses inférieur en entrée de virage. Ca n’est pas dangereux, il n’y a que de tout petits dérapages. Mais on imagine ce que cela peut donner sur l’asphalte mouillée.
On se prend aussi, par curiosité, à se demander ce qu’aurait pu apporter un second disque de frein à l’avant. Celui qui est fourni, bien qu’unique, est facilement dosable, et stoppe la machine sans chichis. L’ABS est un peu vite présent sur la roue arrière.
Deux variantes du moteur Milwaukee-Eight
La variante que nous avons testée était équipée du moteur Milwaukee-Eight dit « 114 ». Pour 114 « cubic inches », mesures américaines désignant une cylindrée de 1868 centimètres cubes. Ce qui veut dire une poussée encore plus impressionnante que pour le 107, aussi disponible, et qui est déjà balèse en sortie de virage. De plus, on l’a vu avec la Fat Bob 2018 (lire notre essai), la sonorité a gagné des points par rapport à l' »ancien » Twin 103B, de plus petite cylindrée. Le son caractéristique des Harley est plus pur, on entend mieux les échappements, et moins les bruits mécaniques désagréables.
L’Heritage chausse des pneus de 16 pouces, et la gomme antérieure est assez fine. Cela donne une facilité directionnelle étonnante pour un engin aussi gros. Du moins dès que l’on dépasse les 10 km/h. Il n’y a qu’à très basse vitesse ou lorsque le moteur est coupé que la moto devient encombrante et délicate à manier.
Le guidon recourbé vers l’arrière incite à une position de conduite plutôt droite et tranquille. La selle est moëlleuse. La partie dévolue au passager n’est pas très grande, mais peut suffire. Et les suspensions sont de qualité. De quoi enquiller les kilomètres de manière confortable. Le réservoir d’essence d’un peu plus de 18 litres autorise probablement des étapes conséquentes. Même si nous n’avons pas pu mesurer la consommation. C’est la seule parmi les nouveaux Softail qui soit équipée de série d’un Cruise Control. Ce tempomat à l’américaine est très efficace et très facile à utiliser.
Pare-brise amovible à la main
Le pare-brise dévie une partie de l’air, mais pas tout, et sa forme crée des remous juste devant vous, ce qui n’est pas toujours idéal. Mais c’est mieux que s’il n’y avait aucune bulle du tout. Il n’empêche par ailleurs pas de voir la route devant soi. Ni de glâner les infos essentielles distillées par le nouveau tableau de bord. L’aiguille donnant la vitesse, la jauge d’essence digitale, le compte-tours digital lui aussi, l’heure, les trips…
Les valises, elles, ne sont pas beaucoup plus larges que celles de type bagger qui ornent par exemple la Harley Street Glide. Impossible d’y glisser le moindre casque. Mais elles sont par contre profondes, étanches, et elles ferment à clé. Si l’on veut les enlever, c’est possible. Il faudra cependant avoir recours à un outil.
On peut par contre se défaire du pare-brise en un tour de main. On a ainsi un cruiser épuré dans sa ligne. Il personnifie le slogan de liberté mis en avant par la marque américaine avec une grande insistance.