Lorenzo a-t-il laissé gagner Dovizioso? Jorge répond qu’il aurait redépassé Andrea s’il l’avait pu
Certains se demandent si le pilote espagnol, officiel Ducati, sur le point de concrétiser sa première victoire sur la machine italienne en Malaisie, a obéi à un « team order » et laissé passer son coéquipier Dovizioso. Si celui-ci n’avait pas gagné la course à Sepang, Marquez (Honda) serait en effet déjà champion MotoGP 2017. Lorenzo répond par la négative.
Jorge Lorenzo, pilote officiel Ducati numéro 99, a-t-il laissé gagner Dovizioso, pilote officiel Ducati lui aussi (numéro 4)? C’est la question que certains se posent après la victoire du second au Grand Prix de Malaisie 2017 à Sepang, en catégorie MotoGP.
Pourquoi une telle question? Parce que la course au titre est encore ouverte, du fait de la victoire de Dovizioso. Alors qu’une seconde place de sa part aurait peut-être donné le titre à son rival, champion en titre et actuel leader, le pilote Honda Repsol Marc Marquez. Celui-ci a fini la course en quatrième position, derrière le Français Johann Zarco (Yamaha Tech 3). L?écart en Desmo Dovi et Marquez est désormais de 21 points. Il aurait été de 24 si Dovi avait fini deuxième. Ce qui veut dire que la course au titre n’aurait pas été close, puisqu’une victoire vaut 25 points.
Mais si Marquez avait fini sur le podium, la messe aurait été dite. Et personne ne pouvait avec certitude dire que le champion en titre n’allait pas dépasser Zarco avant la fin. Surtout pas les deux pilotes Ducati, fort occupés à finir la course sans tomber en raison des conditions mouillées et glissantes sur la piste. Occupé également à décrocher la victoire.
Jorge semblait avoir l’avatange, jusqu’à ce qu’il commette une erreur au bout de la ligne droite principale, dans un virage très serré. Il a perdu momentanément l’avant, ce qui l’a ralenti et a permis à Dovizioso de le passer. A première vue, cela ne ressemblait pas à un arrangement. Jorge a fait tout ce qu’il a pu dans les secondes qui ont suivi pour revenir, provoquant même un lever de roue avant involontaire. Il n’a pas réussi.
Marquez, interrogé par les journalistes après la course, a déclaré qu’il pouvait tout aussi bien se contenter d’avoir 21 points d’avance que 24 avant la dernière course du championnat à Valencia. Et il a ajouté qu’il sentait que cela représentait trop de risque de tenter de passer Zarco dans les derniers tours. Il a enfin déclaré, de manière un peu ambigüe, que Lorenzo était un pilote intelligent, qui savait ce qu’il devait faire. On peut interpréter cela comme on veut.
Gigi Dall’Igna, patron de Ducati Corse, l’homme derrière le renouveau de la Ducati de MotoGP, a lui aussi fait un commentaire que l’on peut interpréter de différentes façons. Il a dit: « nos pilotes savent ce qui est important ». Ce qui peut vouloir dire aussi bien que Lorenzo savait qu’il devait s’arranger pour laisser passer Dovizioso, que Lorenzo pouvait décider seul ce qu’il voulait faire et qu’il n’y avait pas de « team orders ».
Difficile de savoir ce qui s’est vraiment passé. Mais quand un journaliste a demandé ce qui s’était passé à Jorge Lorenzo, ce dernier a répondu en substance: « Je me suis fait quelques frayeurs vers la fin avec l’avant. Et si les conditions l’avaient permis, j’aurais tenté de redépasser Dovi! »
Enfin les adeptes de la théorie du complot voudront certainement voir en la communication faite par son équipe à Lorenzo la réponse à la question. Quelques minutes avant l’erreur commise par le Majorquin numéro 99, on lui a en effet conseillé de sélectionner une cartographie moteur différente. On ne sait bien sûr pas s’il l’a fait, ni ce que cette cartographie avait de différent. Il s’agissait peut-être simplement de ménager les pneus. On imagine en efait mal une équipe demander à l’un de ses deux pilotes de choisir un réglage qui le désavantage, pour faire gagner son coéquipier. Ce serait contraire à l’éthique de base d’une course moto.
Ce qui est sûr, c’est que Desmo Dovi a pleinement mérité sa victoire. Il l’a construite et est allé la chercher en se battant jusqu’à la fin!