La Husqvarna Svartpilen, une petite moto pionnière au look unique
A côté de la Vitpilen (401) de la même marque, la « flèche noire », sur la même base technique, est une interprétation plus rustique (mais toujours urbaine) de la nouvelle philosophie de design de la marque suédo-autrichienne. Et la Svartpilen est remarquablement polyvalente (à part pour les voyages à deux) pour un monocylindre de faible cylindrée. Notre testeuse Sylviane aime le look et la facilité de pilotage.
Elle s’appelle Husqvarna Svartpilen, et, à l’instar de ses soeurs Husqvarna Vitpilen, elle ne se laisse enfermer dans aucune catégorie précise. C’est l’un des trois modèles conçus pour la route que la marque autricho-suédoise, propriété du groupe KTM et jusqu’ici surtout spécialiste du tout-terrain, a présenté cette année. Nous avons pu confier la Svartpilen, un nom d’origine suédois signifiant « flèche noire », en Suisse, à un testeur (le sous-signé) et une testeuse (son avis figure plus bas dans cet article) durant environ une semaine.
Les deux premières choses qui frappent lorsque l’on découvre cet engin, c’est son look absolument unique dans la production motocycliste actuelle. Un phare rond cerclé de LED avec une barre foncée horizontale en son milieu, une selle taillée à la hache dans sa partie arrière, des lignes simples, avec deux « épaules » latérales comme des débuts d’ailes sur les flancs du réservoir d’essence, et ainsi de suite.
Et puis ce mélange de noir et de lignes jaunes-vertes fluo. Et puis ce petit tableau de bord tout rond, et ce porte-bagages placé sur le réservoir, cet échappement noir, ces pneus de presque tout-terrain, ce support de plaque attaché au bras oscillant…
On pourrait parler de scrambler urbain, mais on ne serait pas tout à fait dans la cible. Même chose pour l’appellation néo-rétro. Chez Husqvarna, on parle plutôt de « design intemporel » et de « simple et progressif ». Lire à ce propos notre interview avec le designer Maxime Thouvenin, papa des « pilen ».
La seconde chose qui frappe, ce sont les dimensions contenues de la moto. Une bicyclette, diront certains. Elle n’est pas grande, elle n’est pas lourde non plus. 150 kilos à sec, plus une dizaine si l’on ajoute le carburant et les autres liquides. Le tout pour une puissance de 32 kW, ce qui fait environ 45 chevaux. On est encore dans les clous côté rapport poids-puissance pour les exigences du permis de conduire dit A limité. Mais c’est un bon rapport.
La Svartpilen est relativement haute (835 mm du sol). Plus qu’une Harley, disons. Mais c’est acceptable, même avec des jambes courtes, et la selle est fine à l’entre-jambes. On pose donc les pieds avec facilité. Manoeuvrer cette moto est un jeu d’enfant, que ce soit avec ou sans le moteur. Le guidon est haut, comme sur un trail, et il est large, sans que cela devienne gênant quand on se faufile entre les autres véhicules. Et la selle, d’une forme étrange, est ferme sans être inconfortable. Elle vous accueille avec des sortes de boudins transversaux. Un peu comme un matelas de plage. Mais en plus dur.
Parfaite en ville et dans l’agglomération
A l’épreuve des kilomètres, on n’est pas si mal assis, les jambes (les miennes sont courtes) ont de la place et l’on ne doit pas beaucoup plier les genoux. Prendre un passager est possible, le moteur est assez volontaire pour cela, mais l’espace qui lui est réservé est court, et on n’a rien pour s’accrocher à part le pilote. Si l’on part du principe que cette Svartpilen est surtout réservée aux escapades urbaines ou péri-urbaines, pas de problème. Les personnes de grande taille (plus d’1m80, on dira) se sentiront peut-être un peu hautes par rapport au guidon.
On parle du moteur… c’est celui de la KTM 390 Duke, en fait. Il est vigoureux, a du couple (autrement dit, il accélère bien) et relativement souple pour un monocylindre. Dès environ 3000-3500 tours, ça pousse. Plus bas, il faut faire jouer l’embrayage. Et plus haut que 5000 tours, le couple n’augmente plus de manière notoire. En clair, si l’on veut rouler vite, il faut se servir de la boîte de vitesses, qui fonctionne très bien, merci. Le mono vibre, mais pas trop, sauf pour les rétroviseurs. Ce n’est au passage pas parce que c’est une petite cylindrée qu’on a forcément plus de chances de garder son permis. Des vitesses illégales sont parfaitement possibles, y compris sur l’autoroute!
Au-delà de 100 km/h, on sent clairement la pression de l’air, et c’est normal, vu que cette moto n’est pas carénée et n’a pas de bulle. Par contre, la Husqvarna reste stable malgré sa taille. Un bon point par rapport à certains scooters (on ne dénoncera personne).
Le travail des suspensions est remarquable pour un engin de cette cylindrée. Pour le prix certes conséquent (toujours pour cette cylindrée), on a une fourche inversée d’un des meilleurs spécialistes, WP (propriété du groupe possédant aussi KTM). Elle n’est pas réglable, mais amortit parfaitement les imperfections du bitume, dans un confort assez bon pour le pilote. Pas de secousses désagréable, pas non plus de jeu de yo-yo. Bien sûr, si les bosses ou les trous sont grands, on les sent, mais la trajectoire demeure précise et ça ne vous fait pas sauter de votre selle.
Bien aussi sur les petites routes
La fourche et l’amortisseur (réglable en précharge, avec un outil) sont des outils précieux pour avaler en quelques coups d’accélérateur et des freins des suites de virages larges ou serrés. La Svartpilen est une moto joueuse, et l’on peut s’aider du grand guidon pour corriger les trajectoires si nécessaire. La forme de l’assise vous permet de bouger à gauche, à droite, en avant etc. pour accompagner les changements de direction. Les freins sont corrects, il n’y pas beaucoup de mordant à l’avant (bien pour ceux qui ont encore peu d’expérience), et un seul disque, suffisant pour la taille du véhicule. L’adhérence des pneus est très bonne dans ce genre d’exercice. Et ce sont pourtant des gommes mixtes route-tout-terrain (de marque Pirelli)! Le poids peu élevé de la moto aide sans doute.
Pas vraiment faite pour le tout-terrain
Si l’on veut sortir de la route et rouler dans le terrain, c’est moins probant. Les roues de 17 pouces et le débattement routier des suspensions ne sont faits que pour du roulage sur des pistes en gravier ou en terre.
Faire demi-tour est facile sur la route, moins sur la terre. Le rayon de braquage est meilleur que, par exemple, sur une sportive, un Café Racer ou les Vitpilen de la même marque. Mais c’est moins bon qu’avec un trail. Comme la Svartpilen est légère et fine, on arrive cependant toujours à ses fins.
Côté pratique, le porte-bagage un peu particulier est très utile, mais ses superstructures sont épaisses, ce qui ne facilite pas toujours la pose de crochets – ceux d’un filet-araignée, par exemple. Par ailleurs, les repose-pieds passager sont posés sur des structures plates et pleines, où l’on ne pourra donc rien arrimer. Un peu curieux pour une moto de ce genre. Et l’écran rond, assez joli, fait un peu bon marché. Toutes les infos ne sont pas lisibles de la même manière. Le compte-tour, l’indicateur de vitesse (et de rapport de vitesses engagé) et la jauge d’essence sont ok. Pour le reste, prière de s’adresser à son oculiste ou à son opticien, ou aux deux. Et la béquille latérale est parfois un peu courte, lorsque l’on parque sur une place en pente marquée, il faut faire gaffe. Par contre, l’autonomie est excellente, on a de quoi parcourir plus de 300 km sans souci.
Cette moto saura séduire ceux et celles qui ont envie de quelque chose de différent, mais pas trop (qui détestent le style manga ou Kiska traditionnel comme sur les KTM), de facile, de maniable et de confortable. Et qui sont prêts à débourser plus de 7000 francs pour cela.
Voici ce qu’en pense notre testeuse, Sylviane Pittet, motarde avec un permis de gros cube, mais qui roule peu.
L’avis de notre testeuse
« La nouvelle petite perle suédoise au design inimitable m’a d’abord séduit par sa taille et son entregent. C’est une belle moto. Partageant avec elle ce design inédit mélangeant habilement rétro et modernité, sa soeur Vitpilen évoque le pilotage à l’ancienne façon cafe racer. Avec ses pneus mixtes et son guidon droit, son truc à elle, la Svartpilen, ce serait plutôt la balade en pleine nature façon Scrambler d’autrefois. »
« La Svartpilen 401 est le genre de moto sur laquelle le regard des passant-e-s ne peut que s’arrêter. Et les bouches de s’ouvrir: certains l’adorent, d’autres la trouvent moche, mais elle ne laisse personne indifférent. Je le constate au premier feu rouge où un automobiliste m’assaille de questions. Quel succès! »
« Malgré mes jambes assez longues – bon je ne suis pas Adriana Karembeu non plus -, je pose à peine les deux pointes de pied. Eh oui, la selle est haute, c’est la loi du genre. Elle est aussi plutôt dure et assez fine. Comme cette flèche noire reste reste légère avec son petit moteur hérité de la KTM Duke, la prise en main se fait plutôt facilement. Au détail près du rayon de braquage bien large, identique à celui de la Vitpilen. C’est son principal défaut en ville, car pour le reste avec son gabarit réduit, sa position détendue et sa bonne boîte de vitesses, elle est extra. »
« Sur la route, je l’ai trouvée facile et amusante. Impossible de s’ennuyer à son guidon, les envolées vibrantes et vigoureuses du mono-cylindre faisant merveilles sur les petites routes auxquelles elle se destine. Et puis la puissance modeste évite les excès de confiance, et moi je trouve ça plutôt rassurant. »
« Un court trajet autoroutier me le confirme: elle n’est pas pensée pour les longs rubans d’asphalte rectiligne, d’autant qu’il suffit d’un peu de vent pour ressentir le besoin de s’accrocher aux poignées. Le porte-paquet installé sur le réservoir (façon Triumph de Steve Mc Queen, paraît-il) est bien pratique pour y attacher mon sac en toile. »
« Evidemment, mon petit sac à dos en cuir pleine fleur est resté, lui, sur les épaules. Quant au moignon de selle arrière, design oblige (le feu arrière est superbe), même les fesses de mon fils de 11 ans peinent à y trouver leur place. Pas grave, je l’avoue: je n’avais finalement pas très envie de la partager. »
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