Le Rieju Nuuk, un petit électrique costaud
La marque espagnole propose à côtés de ses motos 50 et 125 cm3 des utilitaires électriques d’un genre unique. Avec un couple phénoménal déboulant sur la roue arrière, mais une grande facilité d’utilisation.
Il s’appelle Rieju Nuuk et c’est une moto, ou un scooter, ou plutôt une moto d’un genre nouveau. Ou inédit. Ce petit deux-roues électrique est difficile à catégoriser. Nous l’avons essayé durant quelques jours, à Lausanne et dans les environs.
Rieju est une marque espagnole qui est surtout connue pour ses motos de type supermotard ou enduro de petites cylindrées. Soit, sur le marché suisse, 50 cm3 et 125 cm3. Et depuis peu (un peu plus d’une année), elle a ajouté comme corde à son arc des utilitaires avec moteur électrique, les Nuuk.
Il s’agit d’une moto si l’on considère que la présence d’une chaîne reliant le moteur à la roue arrière est une preuve d’appartenance. Et puis on a des grandes (pour la catégorie) roues, de 17 pouces chacune, et une fourche télescopique plutôt costaude à l’avant, tout comme un disque de frein antérieur mordu par un étrier à fixation radiale.
L’assise est basse, et l’engin n’a pas le moindre carénage ou cache, à part pour les deux batteries, logées dans des compartiments placés en position basse entre le guidon et la selle, et pour le moteur, placé sous la selle du pilote, à la hauteur du côté avant du bras oscillant.
Comme sur un scooter classique, on a deux leviers de frein, actionnables qui avec la main droite (frein avant avec puissance répartie partiellement sur le frein arrière), qui avec la main gauche (frein arrière uniquement). C’est le minimum légal en Europe et en Suisse pour un véhicule classé comme l’équivalent d’un 125 cm3.
Le Nuuk est assez polyvalent. Il peut servir de véhicule pour les trajets urbains ou péri-urbains, ou, comme on l’a dit d’utilitaire. On peut en effet relever la partie de la selle réservée au passager et y placer un grand coffre disponible dans les accessoires. De quoi par exemple emporter des piles de pizzas! On a même la possibilité de les garder au chaud grâce à un autre équipement en option!
La position de conduite devrait convenir à un large public. Les repose-pieds font que les cuisses viennent s’insérer un peu plus bas que la selle, les jambes se trouvant dans une posture agréable et les genoux, même ceux des grands individus, ne rencontrant aucun obstacle à l’avant.
Le Nuuk est très agile, son guidon permettant de se faufiler avec aise dans le trafic. Il freine correctement, mais ici l’ABS est remplacé par un freinage combiné. Comme le permet la norme pour des véhicules équivalant à des motos ou scooters de 125 cm3.
Le moteur bourré de couple peut poser problème quand on sélectionne le plus pêchu des quatre modes de pilotage (il y a aussi une marche arrière). 430 Nm déboulant sur la chaîne, et à peine moins sur la roue arrière, il n’y a pas de quoi plaisanter! Le pneu arrière finit forcément par déraper. Heureusement, l’assise basse et le centre de gravité idem, plus les grandes roues, font que l’on arrive instinctivement à reprendre en main le Nuuk. Dans ce mode de pilotage, baptisé « Boost » (pas besoin de traduction), la vitesse maximale se situe aux alentours de 110 km/h…
On peut aussi choisir « Cruise », un peu bridé, ou « Go », carrément placide. Il y a même « Crawl » pour avancer (ou reculer) au pas, quand on doit effectuer une manoeuvre.
Les pneus, de marque asiatique (Mitas), n’ont pas un grip extraordinaire. Mais au vu du poids plume du Nuuk et de ce que l’on a déjà dit sur le centre de gravité, cela ne pose pas de problème, ni en ville, ni sur l’autoroute, quand le bitume est froid et mouillé. Même remarque sur le disque de frein antérieur (couplé avec l’arrière).
Côté confort, les suspensions (non réglables) font le job et filtrent bien les irrégularités, tout comme les gros pneus. La selle, elle, est un peu spartiate et fera mal aux fessiers au bout d’une journée. La place dévolue au passager est ok, pour des trajets courts.
L’éclairage est plutôt bon, à l’avant. Et pour contrôler le tout, on a un combiné écran digital/bouton à trois positions sur la partie gauche du guidon. Ce dernier bouton rappelle furieusement ce que l’on trouve sur les motos de marque Aprilia ou Moto Guzzi…
Quant à l’écran, il est certes grand, mais pas toujours très lisible en raison de reflets piégés à sa surface. Il délivre des infos utiles comme la vitesse, le kilométrage, la température extérieure… et surtout l’état de charge des batteries et la dépense énergétique ou récupération au freinage en direct.
On peut dépasser les 100 km
L’autonomie varie bien entendu selon l’usage qui est fait de l’accélérateur et selon le mode choisi. Comptez en moyenne entre 70 et 80 km. Et un peu plus de 100 si vous roulez en Cruise sans trop varier ni dépasser les 80 km/h. A noter que le Nuuk est aussi disponible en variante limitée à 45 km/h, qui est aussi plus légère et moins chère.
Quand il faut recharger, on doit trouver une prise dite « domestique ». Normale, quoi. Une bonne recharge prend entre trois et quatre heures. C’est nettement plus rapide si l’on utilise un système de recharge rapide, une option payante. On peut au passage jeter des cactus à la trappe de fermeture du compartiment abritant le câble de recharge, qui fait carrément bricolage du dimanche. Alors que le reste du Nuuk apparaît plutôt de bonne qualité (les soudures sont un peu approximatives).
Reste le prix, conséquent pour un véhicule urbain: près de 9000 francs pour la version non bridée côté vitesse de pointe. Et un peu moins de 8000 francs pour celle qui ne dépasse pas 45 km/h. C’est cher, oui. Mais le Nuuk offre une belle sécurité en ville grâce à ses grandes roues, à ses suspensions correctes et à sa maniabilité. Et il est capable de rouler sur une autoroute péri-urbaine en conservant une autonomie raisonnable. Nous n’avons bien sûr pas testé la livraison de pizzas…