Roadtrip direction le Wheels and Waves 2019

Publié le 25 juin 2019 par Jean-Philippe Munafo.

Photos: Francesc Montero.

Customisation

Roadtrip direction le Wheels and Waves 2019

Le célèbre festival Wheels and Waves, à Biarritz, se démarque depuis de nombreuses années sur la scène moto, et plus particulièrement custom. Il est devenu un rendez-vous européen inratable pour les amateurs. La marque japonaise Honda s’y est mise tout récemment et nous a proposé (à ActuMoto.ch et Moto Sport Suisse, notamment) de nous y rendre… par la route. Cela donne un roadtrip de trois jours, et l’on se retrouve les pieds dans l’océan le matin du quatrième.

Ca commence bien…

Lundi matin, départ de Genève. Un petit café est le bienvenu lors du briefing qui nous explique un peu le programme. L’ambiance est détendue même si nous savons tous que la météo ne jouera pas en notre faveur. Motard optimiste un jour, motard optimiste toujours? Néanmoins, c’est sans surprise que nous abordons nos premiers tours de roue sous une pluie fine. Mais l’échauffement est de courte durée et après seulement quelques kilomètres, cela se gâte sérieusement pour nous. Je profite d’un tunnel pour reprendre un peu de chaleur et surtout tenter de vider l’eau qui s’est déjà infiltrée un peu partout quand soudain, je m’aperçois que le bout du tunnel renvoie une luminosité très particulière. Je commence à comprendre au fur et à mesure que je m’approche (mais ne peux ni m’arrêter, ni reculer) quand je vois mes collègues disparaître un à un dans un épais brouillard blanc, comme dans les films où les héros passent dans une quatrième dimension. Sauf que la dimension en question c’est un violent orage mêlé de grêle et que nous ne sommes pas dans un film!
Pas le choix. Je baisse la tête, je rentre les épaules et j’essaie de m’allonger autant que possible sur le réservoir afin de profiter de la protection qu’offre ma moto (CB 650 R) qui, il faut bien l’avouer, est proche de zéro. La pause de midi permettra de recenser les dégâts: quelques bleus sur les cuisses et les doigts, ainsi que des sous-vêtements semblables à des éponges. Heureusement, avec l’estomac bien rempli, on voit toujours la vie sous un meilleur angle.
Ardèche
L’après-midi du premier jour, en Ardèche, le soleil revient. Honda CB1000R.
L’après-midi nous offrira une belle trêve météorologique, nous permettant d’admirer ces magnifiques paysages sauvages dont l’Ardèche a le secret. Un mélange de falaises, de routes sinueuses, de fleuves et de gorges à perte de vue. On profite. Le rythme s’accélère et les photographes ressortent leurs appareils. Comme dirait La Compagnie Créole:  »c’est bon pour le moral ». 435 kilomètres plus tard, nous voilà donc à l’hôtel, non loin de Nîmes. Dix heures passées le séant sur la moto, n’étant plus étanche depuis le début de matinée déjà, je me repasse la journée dans ma tête. Elle m’a semblé longue et fatigante mais pourtant je suis content d’être là.

Deuxième journée, masque et tuba…

 Autant vous dire qu’après une nuit  »courte mais brève », ma joie n’était pas débordante en ouvrant les rideaux au petit matin quand je me suis rendu compte que le ciel n’allait pas nous accorder beaucoup de répit aujourd’hui non plus. Heureusement, la combinaison de pluie pendue depuis la veille a eu le temps de sécher. Ce qui n’est pas le cas de tout l’équipement, pourtant aidé à grand coup de renfort de sèche-cheveux. Peu importe, quand faut y aller, faut y aller…
Honda sous la pluie
Notre reporter Jean-Philippe Munafo teste son équipement anti-pluie.
Comment vous résumer cette journée en restant bref ? Encore plus humide que la première! Il n’a pas cessé de pleuvoir du début jusqu’à la fin. Nous tentons tant bien que mal de garder le moral et d’essayer de profiter des routes (glissantes) et des paysages (bouchés par les nuages). Quelle frustration! Cap direction les Pyrénées. Nous traversons des endroits qui semblent magnifiques, même sous la grisaille, avec des virages qui n’en finissent plus…
Honda sous la pluie
Deuxième jour du roadtrip, on passe de la CB 1000 R à l’Africa Twin.

Mon dieu, mais pourquoi ?! Cela aurait été tellement parfait avec le soleil, ou du moins sur route sèche. A tel point que profitant d’une halte bien méritée en fin d’après-midi, nous décidons à l’unanimité d’écourter le trajet prévu. Le guide rentre l’adresse de l’hôtel dans le GPS et active le mode  »chemin le plus court »… Là encore quelques 460 kilomètres de plus, des habits à sécher, un casque aussi humide dedans que dehors et un moral qui descend de plus en plus bas dans les chaussettes, elles aussi mouillées. Demain est un autre jour.

Et heureusement d’ailleurs ! 

Oui, ça y est! La danse que j’ai effectuée dans ma chambre, loin des regards, semble porter ses fruits. Le soleil est de retour. On n’y croyait plus, mais il sonne là le départ d’une longue et dernière journée pendant laquelle on va pouvoir se faire plaisir. Au programme, passage par les Pyrénées via des cols très connus de nos amis en deux roues sans moteur… Le tour de France y passera à de nombreuses reprises et pour ne citer qu’eux, le col d’Aspin (1489 m), le col du Soulor (1474 m) et celui du Tourmalet (2115 m). Et je peux vous assurer que les gaillards ont le moral parce que ça grimpe sec. Les paysages changent totalement de la veille. On arrive en altitude, les cîmes se démarquent de plus en plus et contrastent cette fois avec le ciel bleu, la végétation devient nettement plus sommaire, la température descend, mais le paysage qui s’étend à perte de vue après chaque virage est à couper le souffle. Ajoutez à cela des journalistes aussi énervés de la poignée qu’un troupeau de vaches lâché un premier jour de beau temps, des routes sinueuses au revêtement plutôt agréable et vous avez devant les yeux un cocktail qui vous donne la banane… On monte, on redescend et ainsi de suite.
Honda Pyrénées
Troisième jour du roadtrip en direction de Biarritz. Les routes de montagne du sud-ouest de la France.
La fin de la journée marquera également la fin des reliefs et les grandes nationales nous tendent les bras avec au bout, l’arrivée sur Biarritz. 1300 kilomètres nous séparent de Genève et nous apercevons enfin le bout de la terre. La joie d’apercevoir l’océan est paradoxale: je ne m’attendais pas à être aussi content de voir une telle étendue d’eau vu ce que nous avons pris sur le casque tout au long de ce périple. Enfin: ambiance, douceur, chaleur… apéro.

Sea, bikes and sun

 Voilà comment on pourrait décrire ce festival aux allures assez atypiques. Un vent de douceur souffle sur la côte atlantique et vous croiserez autant de bikers que de surfeurs. Des univers peu éloignés finalement, où la philosophie du plaisir et du bon temps prime avant tout. Hipsters, tatoué(e)s et amateurs de bécanes à la dégaine vintage se côtoient dans une ambiance festive et amicale.
Wheels and Waves
Enfin, au bord l’océan.
Le site est ancré sur un bout de terrain d’herbe à peine plus long qu’un stade de foot, bordé de deux allées de tentes militaires qui abritent les stands des exposants, avec à son bout une rampe de skateboard et de l’autre l’océan. C’est donc ça le Wheels and Waves? Moi qui en avais tant entendu parler, je m’attendais à quelque chose de plus… grand. Mais ne vous y trompez pas, le site est relativement petit, mais peut contenir bien plus de public que vous ne pouvez l’imaginer et surtout, le W&W ce n’est pas QUE cela. En effet, il s’étend en fait sur plusieurs lieux, plus ou moins lointains en fonction du programme.
Wheels and Waves
C’est dit en anglais. comme le nom du festival.
Hormis les contests de skate ou de surf auxquels vous pouvez assister tous les jours, pour tous les amateurs de mécanique (on est quand même là pour ça), le mercredi vous pouvez vous rendre à Hondarribia, à trois quarts d’heure de route environ de Biarritz, pour admirer la fameuse Punk’s Peak Sprint Race, sorte de course de côte en duel où toutes sortes d’engins s’affrontent dans une ambiance bon enfant. Le jeudi, un ride dans le pays basque est proposé, de quoi se détendre avec les potes et profiter du soleil.
Wheels and Waves
Le casque aussi, ça peut se customiser.
Si votre truc c’est plutôt les sentiers battus, le vendredi est votre jour! Une course d’enduro appelée  »Deus Swank Rally X Wheels and Waves » se déroule à Saint-Pée-sur-Nivelle, non loin de Saint-Jean-de-Luz. Et pour les fans de moto démunies de frein avant et qui roulent en crabe, les organisateurs ont prévu le coup avec  »El Rollo Flat Track Race » qui se déroule sur l’hippodrome de San-Sebastian. Ambiance compétition, mais surtout rigolade avec des belles bagarres et de belles chutes.
Honda
On voit de tout au Wheels and Waves, y compris cette GoldWing vintage transformée en roadster au style très mélangé.

 

En dehors de ce programme varié, vous pouvez évidemment déambuler à votre guise, le verre à la main, pour vous dégoter un joli cuir, une paire de gants vintage ou un beau casque à paillettes. Il y a même un stand où une artiste vous décore à la main votre couvre-chef préféré, selon vos gouts. En dehors de la sape, vous avez largement de quoi vous rincer l’oeil devant de la belle mécanique. Et là, croyez-moi, vous êtes au bon endroit. Il y en a pour tout le monde et tous les goûts… oui, vraiment tous.
Triumph
Faites connaissance avec « Bonnie and Ride ».
Au vu de l’engouement pour ce style vintage ou néo rétro, les constructeurs ont flairé la bonne affaire sortent désormais quasiment tous un ou plusieurs modèles de ce genre dans leur gamme, souvent accompagné d’une série d’accessoires pour personnaliser encore plus votre monture.
Triumph
La même vue de face.
De ce fait, quelques constructeurs ont fait le déplacement et se sont mêlés aux préparateurs customs. On pense notamment à Indian avec sa fameuse FTR, qui a travaillé de concert avec des artistes pour exposer de magnifiques peintures sur réservoirs qui seront disponibles à la vente par la suite – en séries très limitées (lire notre article). De même que BMW qui a fait le déplacement, avec dans les bagages leur concept R18 (lire notre article) qui a déjà beaucoup fait parler de lui: sorte de bomber néo-rétro sur base de flat twin qui sent bon la vieille époque.
Comme cité précédemment, Honda a aussi frappé un grand coup cette année au Wheels and Waves avec un stand bien rempli de préparations variées sur base de CB 1000 R. Notamment celles du préparateur suisse Brivemo qui signe entre autres, un remix de l’Africa Twin baptisé Africa Four, et deux magnifiques streetfighters déjà bien connus, dont un en version camouflage et un autre entièrement vêtu de noir façon avion de chasse. Si vous êtes plutôt branché plage que performance, la version  »Monkey » du roadster japonais vous ira à ravir, réplique magnifique de la célèbre mini-moto si attachante.
Honda Monkey
Pour une fois, la marque japonaise Honda s’est mise franchement à la customisation, avec la nouvelle CB 1000 R. Ici, en version « Monkey ».
Honda ne s’est pas arrêté là et nous avait réservé une belle surprise en mettant à notre disposition pour un très bref essai une superbe CB 750 Four de 1969. De quoi se replonger dans une autre ère! Oui, 50 ans déjà… et une fois en selle, on réalise vraiment l’évolution monumentale en matière de technologie. C’est un autre monde: démarrage au kick, mais un moteur qui fonctionne particulièrement bien avec une sonorité magique et… pas de freins! Aller vite n’est pas un souci avec cette moto, mais comment faisaient-ils pour s’arrêter à l’époque?! Cette version était équipée d’un seul disque à l’avant et un ancien possesseur du modèle me racontait qu’ils montaient à l’époque presque tous des doubles disques, l’emplacement étant déjà prévu par le constructeur. Moi qui n’avais jamais eu l’occasion d’essayer un tel modèle, je comprends tout à fait que certains en sont amoureux et aiment encore rouler en toute simplicité avec ces motos qui sont si attachantes malgré leurs petits défauts.
Wheels and Waves
Mama Custom décore votre casque au Wheels and Waves.
Au milieu des vieux choppers plus ou moins rouillés, la grande mode du moment, c’est quand même le style café racer et flat track qui domine. Il y avait un nombres inimaginable de motos de ce genre entre celles des particuliers et celles des customers. Mais d’autres belles pépites méritaient le détour. Le constructeur français de casque Naca avait fait le déplacement avec une Ducati agressive à souhait munie de galets et courroies entièrement apparentes sur les flancs du Twin.
Wheels and Waves
Au Wheels and Waves, on fait de la mécanique, de la vraie…
Et la marque de filtre à air hautes performances DNA était venue avec son concept DCR-018  »The Billet Sting ». Sous ce nom de code à rallonge se cache en fait une base de BMW R Nine T possédant un cadre de type monocoque (englobant également la partie arrière), qui fut entièrement usiné d’un seul bloc d’aluminium via commande numérique et qui représente véritablement la colonne vertébrale de la moto; suspensions faites sur mesure par Hyperpro, de même que pour l’échappement Akrapovic, jantes à rayons Kineo sublimées par le magnifique monobras, kit gros freins. Le nombre de pièces qui furent usinées dans la masse pour cette réalisation est sans fin.
Wheels and Waves
Oui, il y a aussi des surfeurs.
Il nous aurait fallu bien plus d’un article pour mettre en valeur toutes les belles machines qui méritaient le détour durant ce festival Wheels and Waves. Mais mieux encore, déplacez-vous en personne pour la prochaine édition et faites-vous votre propre opinion, tout en profitant par la même occasion de la gastronomie succulente qu’offre le pays basque. Vous pourriez y venir évidemment par vos propres moyens, sinon l’aéroport de Biarritz est à 15min à peine du festival. A noter aussi que les prix d’entrée n’ont pas cessé d’augmenter ces dernières années et que vous auriez dû payer 25 Euros la journée ou 60 Euros le pass week-end pour 3 jours (vendredi, samedi, dimanche). A voir pour l’année prochaine. En tout cas, l’édition 2019 valait le détour.
Wheels and Waves
Un peu de protection ne peut pas faire de mal.
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