La nouvelle piste de l’Orny Ring a convaincu les amateurs de Flat Track
Les courses de l’édition 2019 de la manifestation de glisse organisée par le Moto Club du Milieu du Monde ont profité d’une nouvelle manière de préparer l’ovale de terre. Et à Payerne, le premier Steel Trophy, une semaine avant Orny, a été un succès malgré l’intrusion de la pluie qui a forcé la Swiss Dirt Track Association à repousser d’un jour la quasi totalité des courses.
Qu’il s’agisse de l’Orny Ring ou du Steel Trophy, les fans de Flat Track, cette discipline venue des Etats-Unis qui fait s’affronter des pilotes sur un ovale de terre, étaient comblés cet été de l’an de grâce 2019. Pour la première fois, ils ont eu droit à deux événements, qui, coïncidence, avaient lieu tous deux dans le canton de Vaud.
Le premier, à Payerne, se tenait pour la première fois. Les mots Steel Trophy (« trophée d’acier » en traduction libre) font référence à la semelle de métal que les pilotes de Flat Track mettent sous leur botte gauche et qui leur sert d’appui éventuel dans les virages à gauche, en cas de perte de maîtrise de la moto. Un peu comme les sliders pour les pistards, en somme.
Le premier Steel Trophy était programmé pour le samedi 10 août, avec ouverture de la piste déjà le vendredi pour les essais. « Les organisateurs du Newsstock Festival sont venus nous trouver pour nous demander d’organiser une démonstration de Flat Track, nous leur avons répondu qu’il fallait mettre sur pied des courses », se souvient Peri Hassan-Zade, responsable de communication de la toute jeune Swiss Dirt Track Association (SDTA), qui fédère les motocyclistes établis en Suisse et pratiquant ce sport – majoritairement hors des frontières nationales, puisqu’il n’existe dans notre pays aucune piste permanente de ce genre.
La manifestation a assez vite reçu deux soutiens de poids. D’abord celui de Simota Bikes, l’importateur suisse de la marque américaine Indian, qui a fait du Flat Track l’une de ses cartes de visite. Puis celui de la SAM (Schweizerischer Auto- und Motorradfahrer Verband), l’une des deux organisations fédératrices des adeptes des sports motorisés (moto, notamment) en Suisse. Ce sont des commissaires de la SAM qui étaient présents à Payerne pour chronométrer les pilotes.
Une pluie autant diluvienne qu’imprévue ayant détrempé la piste et ses abords dans la nuit du vendredi au samedi, et la piste ne séchant que lentement en l’absence de vrai soleil chaud, il a fallu reporter les courses au dimanche. Mais il y a tout de même une trentaine de pilotes, sur la quarantaine d’inscrits, qui sont restés. Tout comme les commissaires de la SAM. Et le festival avait aussi lieu dimanche.
A Orny, les bénévoles du club organisateur de l’Orny Ring (lire notre compte-rendu de l’édition 2018), en particulier le président Didier Martin, ont travaillé d’arrache-pied pour que la fête soit belle, et surtout que la piste soit agréable. « On a tiré parti de l’expérience glânée l’an passé, explique Didier Martin. On s’y est pris un peu différemment. » Il a fallu plus d’une semaine pour réussir à lisser l’ovale de terre additionnée de sable, mais le résultat était là vendredi 16 et samedi 17 août derniers. Tous les pilotes ont apprécié cette nouvelle piste ephémère – elle disparaît à la fin de la manifestation.
Cette année, une quarantaine de pilotes s’étaient inscrits dans les différentes catégories disponibles. Celles-ci étaient un peu changées par rapport à 2018, avec d’un côté trois classes pour les motos préparées spécifiquement pour le Flat Track. Ces dernières étaient regroupées par années de fabrication: avant 1985 pour les Vintage, de 1985 à 2000 pour les Classic, et à partir de 2001 pour les Modern. Et de l’autre côté une catégorie pour les quads, peu fournie cette année (seulement trois participants), et une grande catégorie pour les motos « non Flat Track », plus encore une appelée Fun, qui regroupait les motos des pilotes ne voulant pas se mettre de pression, les side-cars et autres engins hors catégorie. Il était aussi possible d’inscrire un enfant – il y en a eu deux, qui ont roulé en même temps que les motos Fun et que les deux side-cars de motocross.
Un Bullois rapide sur l’Orny Ring
Parmi les motivés, on a noté la présence de Samuel Trueb, frère de Kevin. Le Bullois s’est fait un nom en courant avec son frère et un troisième pilote suisse sur les pistes asphaltées du championnat français Promosport, en vitesse donc, en catégorie 500, puis actuellement 600. Samuel et Kevin y ont obtenu de bons résultats ces dernières années (lire notre article).
Et Samuel, qui a emprunté la CRF 450 de son frère pour Orny, a cassé la baraque dans la catégorie Modern, qu’il a remportée devant Sébastien Clément , et dans la Super finale numéro un, qu’il a aussi gagnée.
Dans la catégorie Flat Track Classic, c’est Nicolas Boyer qui a remporté la mise, et en Flat Track Vintage, le Genevois Michel Colaizzi. Qui n’est autre que l’actuel président de la Swiss Dirt Track Association. Lors de la remise des prix, il a par ailleurs rendu hommage au travail fourni pour la préparation de la piste de l’Orny Ring.
Enfin en catégorie « non Flat Track », le plus rapide fut Pierre-Yves Bovay, et c’est le tandem Quentin Kohler et Anthony Simerey qui a franchi la ligne en premier en Fun à bord de son side de cross. La jeune Lisa Szabo est troisième de cette catégorie sur sa Pitbike de 90 cm3.
Comme l’an passé, les organisateurs de l’Orny Ring 2019 ont mis sur pied un concours de Holeshot le vendredi enfin de journée (course d’accélération un contre un en ligne droite au bord de la piste de Flat Track). Les deux nouveautés étaient un concert d’un groupe local venant de Renens, suivi plus tard dans la soirée par une inédite course de lenteur sur un petit parcours tortueux incluant un franchissement de cageot. Fou rires garantis.
« Nous avons pu bénéficier cette année du soutien de Husqvarna Suisse, c’est important, car à part cela, et comme l’entrée est libre, ce sont les inscriptions qui font notre budget », détaille Didier Martin. Husqvarna est il est vrai plus connue comme marque de moto pour ses machines de tout-terrain. Mais ses derniers modèles routiers s’inspirent en tout cas en partie des motos de Flat Track (cf notre présentation de la Svartpilen 701).
Le comité de l’Orny Ring 2019 a aussi accueilli à bras ouvert votre magazine en ligne préféré (ActuMoto.ch) qui tenait un stand commun avec le magazine (papier) Moto Sport Suisse, et qui avait préparé de modestes prix pour les vainqueurs de chacune des catégories.
Mais nous avons fait un peu plus cette année, en engageant deux motos sur la piste. Un Scrambler Ducati Desert Sled, la version tout-terrain du scrambler néo-rétro de Bologne, prêté par Ducati Suisse, piloté par notre webmaster Jean Szabo, de la société Netinfluence. On précise que Ducati a aussi dans sa gamme un Scrambler qui s’inspire fortement des motos de Flat Track, le Full Throttle (lire notre test).
Et une Indian Scout transformée en machine de Flat Track, prêtée par Simota Bikes, l’importateur suisse d’Indian, que le sous-signé a utilisé lors des essais libres, et que Didier Martin a piloté durant quelques manches. « C’est une machine lourde, mais elle est fun, commente-t-il. On a bien assez de couple, l’accélération est facile à doser et elle permet de très bien contrôle la glisse de l’arrière à la réaccélération. Il faut un peu d’effort pour l’incliner, mais une fois penchée, elle reste là où elle est et est très stable. Et quand l’arrière décroche c’est progressif. » Indian a par ailleurs dans sa gamme une moto de route qui est utilisable directement en Flat Track (après avoir enlevé le frein avant), la FTR 1200. Vous pouvez lire notre test.
Nous n’aurions d’ailleurs pas pu rouler avec l’Indian sans l’aide généreuse de Damien Buchwalder, patron du garage des Damiers, la concession vaudoise de la marque Husqvarna, qui tenait stand à côté du nôtre. Non seulement la batterie de la Scout s’est retrouvée à plat et il a fallu ponter, mais son repose-pied gauche et le sélecteur de vitesse qui va avec menaçaient de prendre la tangente, et il a effectué une réparation de fortune. Merci à lui!
Le fait que deux courses aient pu être organisées dans deux endroits différents, que des marques de moto présentes en Suisse s’intéressent à ce sport, et que la SAM semble y croire, est de bon augure pour l’évolution future du Flat Track en Suisse. C’est du moins ce que pensent Michel Colaizzi et Peri Hassan-Zade (SDTA). « Nous allons travailler de manière intensive pour trouver d’autres endroits où organiser des courses en Suisse, en plus de Payerne et de l’Orny Ring, précise Peri. Je ne peux encore rien dire de précis, mais il nous semble évident qu’il faudrait au moins un rendez-vous en Suisse allemande et pourquoi pas aussi au Tessin. » De quoi créer un nouveau championnat suisse!
Et voici d’autres photos!
Galerie photos: Orny Ring 2019
Galerie photos: Orny Ring 2019 II
Galerie photos: Steel Trophy
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