La MT-03, ou la face cachée du Japon pour les jeunes permis
Nous avons testé l’évolution 2020 de la petite MT bicylindre, dans l’arrière-pays andalou. Si l’esthétique change de manière radicale, la technique le fait par petites touches. Cette moto est donc toujours aussi amusante à piloter, et demeure accessible au plus grand nombre, par son prix, mais aussi par sa facilité.
Elle a radicalement changé d’aspect. Mais à part cela, la MT-03 version 2020 est une évolution du modèle apparu en 2016. Nous avons pu faire un galop d’essai sur sa selle durant un peu moins de 100 km, au sud de l’Espagne. Le parcours alternait un peu de circulation en ville, à Malaga notamment, et des petites et grandes routes de campagne. Avec juste une touche d’autoroute pour compléter la mesure.
Cette moto s’adresse en Europe (et donc en Suisse) aux jeunes permis. Ou en tout cas à ceux et celles qui passent par la case du permis A limité (appelé A2 dans le reste de l’Europe). En résumé, la puissance maximale ne doit pas dépasser 35 kW. Et en Suisse, on peut à présent utiliser une moto de moins de 400 cm2 pour passer ce permis (ce n’était pas le cas la première année d’introduction de ce permis en Suisse, en 2016). Sur d’autres marchés, en Asie notamment, elle figure déjà dans les grandes cylindrées, contrairement à l’Europe.
Quoi qu’il en soit, le nouveau visage de la MT-03 ne passe pas inaperçu, comme nous avons pu le constater lors de notre test. Les jeunes Espagnols et les policiers locaux, en particulier, ont semblé attirés par son design, ou simplement curieux. L’adoption d’un éclairage avant à trois projecteurs, aussi introduit sur la nouvelle version (2020) de la MT-125, est censé donner un aspect marquant à cette moto. On a un feu de croisement rond à LED, de petit diamètre mais portant loin, et deux feux de jour en forme de « sourcils » qui ne sont pas sans faire un peu penser aux projecteurs de la sportive Yamaha YZF-R1 (et à ses petites soeurs R6, R3 et R 125). Il y a aussi une certaine parenté avec le design à double feu de la grand MT-09. Il n’est en fait pas exclu que toute la famille MT adopte en définitive ce nouveau visage, ce que Yamaha ne confirme pour l’instant pas.
On l’a dit, l’évolution faite pour 2020 sur la MT-03, à part le look, se niche dans des détails. On a une nouvelle position de conduite, un réservoir aux contours redéfinis, un guidon placé différemment, une fourche censée être plus rigide à l’avant, et un réglage général des suspensions qui évolue. Le moteur, un twin en ligne de 321 cm3 (la cylindrée ne change pas), est celui qui équipait déjà la version précédente, économe en carburant et assez coupleux à mi- et haut-régimes. On se doute qu’il n’y aura pas trop de travail pour lui faire passer le prochain écueil des futures normes anti-pollution Euro 5 (en 2021).
Première bonne nouvelle quand on se place sur la selle de la MT: elle est toujours agréablement basse – pour les courts sur pattes. L’assise se trouve à 780 mm du sol, et l’échancrure de la selle et du réservoir font que tout le monde ou presque peut poser les deux pieds à terre à l’arrêt. Le sous-signé mesure 1m70, pour info. Le poids avec les pleins est de seulement 169 kg, et la MT-03 est éminemment maniable, avec ou sans le moteur. Et puis elle tourne dans un mouchoir de poche. Son moteur est très souple à bas régime, ce qui facilite la chose.
Le guidon est placé plus haut que sur la version précédente, et plus près du pilote. On est ainsi invité à un style de conduite un peu plus actif, et donc aussi plus sportif. Comme la fourche télescopique qui fait office de suspension à l’avant est à présent de type inversé, plus rigide, on devrait avoir de quoi faire sur les petites routes de l’arrière-pays de Malaga, riches en virages.
Quand on hausse le rythme, il est essentiel de garder le twin au-dessus des 5000 tr/min si l’on veut bénéficier d’une bonne poussée. En dessous, c’est placide et la moto réagit avec une certaine lenteur à l’ouverture de la poignée des gaz, dès le troisième rapport de vitesses. En première et en deuxième, c’est heureusement plus nerveux, sans pour autant être déstabilisant pour des novices. On peut occasionnellement avoir quelques réactions brusques lorsque l’on se trouve juste en dessous du milieu du compte-tours, dans les premiers rapports, et que l’on ferme et rouvre la poignée des gaz.
Dans la partie haute du compte-tours, la moto est vive et avale lignes droites et virages à un bon rythme. Les suspensions sont à la hauteur et, combinées au poids réduit de la MT-03, permettent de tracer une trajectoire sûre, que l’on peut corriger à tout moment avec aisance. Attention toutefois à ne pas trop charger l’avant, car fourche et amortisseur sont plutôt souples, et on ne peut pas en ajuster l’amortissement, ni même la précharge. Pour un pilote pesant son poids, emmenant son lot de bagages et/ou un passager, on devra tout simplement ralentir la cadence si l’on veut conserver la même précision directionnelle.
« Ce segment est nouveau, et nous ne savons pas encore exactement à quelle clientèle elle s’adresse, ni quelles sont ses exigences pour une moto de ce type, analyse James McCombe, responsable chez Yamaha Moto Europe de la planification des produits moto. Il n’est pas exclus que nous fassions encore évoluer ce modèle prochainement, en fonction des retours que nous allons avoir. » Ce qui vaut ici pour les suspensions sera peut-être aussi valable pour les « gadgets » électroniques. La MT-03 2020 propose juste l’ABS, et un écran LCD simple, mais complet. Pas de contrôle de traction, d’ABS de virage ni d’écran couleur mâtiné de connectivité. Contrairement à ce qui existe dans la gamme KTM, où la 390 Duke s’adresse au même type de public mais est équipée de la couleur et peut être connectée à un smartphone (en option). Il est vrai que cette fonctionnalité, assénée comme argument de vente, n’est pas toujours utilisée par l’acheteur, loin s’en faut, et que la KTM est plus chère.
Et côté freinage, on a un seul disque à l’avant sur la MT-03, ce qui ne pose pas de problème au vu de poids du véhicule et de sa bonne tenue générale. Mais l’action des freins est dépourvue de mordant, et l’on ne sent pas toujours bien le point d’attaque de l’étrier. Cette caractéristique est adaptée à des pilotes débutants, moins à des motocyclistes plus expérimentés ou plus exigeants. La petite soeur MT-125, dans sa nouvelle version 2020, offre sur ce point un freinage plus performant à l’avant. A l’arrière, sur la MT-03, c’est mou, mais c’est plutôt une bonne chose, et l’ABS n’entre en action que lorsque c’est nécessaire, sans causer de trop gros rebonds dans les commandes. On peut facilement utiliser le frein arrière pour stabiliser la moto en virage, par exemple.
Quand il faut changer de rapport de vitesses, et c’est assez souvent, la manoeuvre est facile. Il faut peu de force pour actionner le levier, on trouve facilement point de mordant de l’embrayage, qui est assisté, et il y a une fonction anti-à-coup (anti-dribble) si l’on rétrograde un peu fort, qui fait que la roue arrière va rester collée au bitume. Et puis la boîte est douce et précise, ce qui est un plus pour ce genre de moto.
Outre le moteur bicylindre vif dans les tours et souple en bas, l’agilité est l’autre gros point fort de la MT-03. Elle était déjà bonne sur le millésime 2019, elle devient encore un chouïa meilleure pour 2020, grâce à une position de conduite revue dans les détails. On donne une bonne note ergonomique au réservoir d’essence, qui donne plus d’appui aux jambes du motocycliste que précédemment. Si la forme change, la contenance (14 litres) reste par contre la même. Et comme le twin Yamaha est peu gourmand, on peut facilement rouler plus de 300 km avant de refaire le plein.
Au chapitre des aspects pratiques, on note avec satisfaction qu’il est possible d’arrimer des bagages en utilisant les boucles des repose-pieds passager. Le très petit espace sous la selle passager sera par contre tout juste suffisante pour glisser un pantalon de pluie, s’il est très malléable. Les leviers de frein et d’embrayage ne sont pas ajustables, et la manipulation de l’écran LCD – au demeurant clair, lisible et complet – s’effectue uniquement par le biais de deux boutons un peu petits pour les gros gants, placés sous le tableau de bord. Pourrait mieux faire, dira-t-on.
Un petit mot sur les pneus, des Dunlop Sportmax GTR 300. L’arrière nous a quelque fois surpris en se mettant en glisse dans la seconde partie d’un virage qui se resserrait à droite. Ce n’était pas dangereux, car progressif, et tout est très vite rentré dans l’ordre. Et puis l’asphalte était froid, mouillé, et probablement un rien sablonneux ou terreux sur le bord de la route. L’avant n’a hésité qu’une seule fois, de manière minime, et sans conséquence sur la trajectoire. Ces pneumatiques sont tout à fait à la hauteur pour une utilisation normale sur route, mais peuvent rencontrer leurs limites plus tôt que certaines autres gommes en terrain avec peu d’adhérence. Mais ils sont par contre très transparents quant aux conditions d’adhérence et leurs réactions sont prévisibles et progressives. Ce n’est donc pas à proprement parler un défaut.
Cette MT-03 nouvelle devrait arriver fin décembre en Suisse, à un prix de 6190 frs, dans trois coloris: gris léger, comme sur les photos ci-dessus, avec ses belles jantes orange, bleu vif ou noir. Quelques accessoires seront d’emblée disponibles, comme un porte-plaque plus fin, un mini saute-vent, un échappement Akrapovic. Devraient aussi arriver des valises semi-rigides latérales, avec petit « échafaudage » de soutien (pas trop dégradant pour l’image de la moto), et un capot de selle passager.
Bonjour, je roule avec la nouvelle MT125 depuis février 2020, car pas encore le permis A2 mais ça va venir, j’en suis très content, je viens de partir en vacances avec à deux plus le minimum de bagages, comportement impeccable, même chargé très maniable, j’ai l’intention de prendre soit la MT 03 soit 07 par la suite après l’obtention du permis. J’ai toujours aimé YAMAHA mais je suis plutôt custom et là avec ce look j’adore toute la gamme MT elles sont vraiment superbes.