L’Andalousie en Harley-Davidson – Balade avec les Fat Bob et Heritage Classic 114
Alors qu’en Suisse, le temps est à la pluie et que les températures ne dépassent que rarement les 10°, c’est déjà le printemps (ou presque) au sud de l’Espagne. Températures clémentes, petites routes pittoresques et plaisirs gustatifs, le tableau semble être idéal pour pratiquer notre passion en ce mois de février. ActuMoto s’est donc rendu, sur l’invitation de la marque Harley-Davidson, à un ride de deux jours dans la région de Malaga. L’occasion de (re)prendre en main certaines des motos emblématiques des gammes Softail, Sportster et Street, et de (re)découvrir l’Andalousie à cette époque de l’année.
Antequera, une ville où il fait bon vivre
Notre camp de base est établi à Antequera, une charmante petite ville de l’arrière-pays andalou, situé à une quarantaine de kilomètres de Malaga. Cette cité offre une architecture typique de la région et invite à la détente.
On se promènera volontiers à pied, le long de l’avenue qui mène des arènes à l’église de San Sebastian. Bordée d’orangers, son charme vous plongera immédiatement dans l’ambiance décontractée du sud de l’Espagne. On s’arrêtera avec plaisir sur la terrasse du Café Leila, situé en face de l’église, sur la place du même nom, pour se rafraichir avec une bonne cerveza bien fraîche. Quelle que soit l’heure, elle sera idéale pour déguster une assiette de jambon Iberico, un gaspacho ou des crevettes frites dans l’huile d’olive.
On pourra ensuite gravir la colline, par de petites ruelles aux pavés polis, afin d’accéder à l’Acazaba d’Antequera. Cette forteresse, construite au 13ème siècle sur les restes d’une bâtisse romaine, a servi à défendre les terres d’Antequera, alors musulmanes, contre l’invasion chrétienne. Elle domine la région et offre un point de vue imprenable sur la ville et ses multiples églises (on en compte 32). En début de soirée, les lueurs du crépuscule sur les pierres les font virer à l’ocre, tandis les derniers rayons de soleil perçant au travers de la végétation luxuriante des jardins plongent la citadelle dans une ambiance mystique.
Assurément, une visite incontournable pour qui s’arrête à Antequera. L’heure est donc à l’apéro, et là encore, les spécialités andalouses ne vous feront pas regretter d’être venu.
Harley-Davidson Fat Bob 114
Départ le lendemain matin, pour une boucle de 180 km nous emmenant jusqu’à la mer. Au programme du jour, plusieurs modèles parmi les plus populaires de la marque américaine – et aussi parmi les plus sportifs : Low Rider S, Street Bob 107 et Fat Bob 114. Notre choix, purement subjectif, se portera sur cette dernière. Il y a des raisons que l’esprit n’explique pas et la Fat Bob a cette faculté de faire grimper nos pulsations cardiaques de façon vertigineuse.
Cette partie de l’Andalousie regorge de petites routes, toutes plus bucoliques les unes que les autres, qui invitent à découvrir un peu plus ce territoire chaleureux. Les arbres commencent à être en fleurs à cette époque de l’année et c’est un festival olfactif qui s’offre au pilote, de la forêt de pins aux senteurs des oliviers, en passant par une subtile touche d’iode en arrivant sur la côte. La température, de l’ordre de 22°, est idéale en ce 4 février, permettant de rouler avec un simple cuir et un casque jet, pour profiter au mieux des sensations offertes par le Big Twin. Cubant au choix 107 Ci (1753 cm3) ou 114 Ci (1868 cm3), ce moteur n’est pas avare en sensations, et de loin. Bien que le 107 ait son charme, avec un caractère plus rugueux et plus rageur, c’est bien le 114, essayé ici, qui est le plus agréable à l’usage. Il procure un véritable plaisir de conduite, et c’est un régal que de se balader au rythme des vibrations du bicylindre. Plus musculeux, il est aussi plus souple et plus onctueux, et sait tirer avec force sur les bras pour vous extirper d’une épingle. Les quelques 155 Nm disponibles dès 3000 tr/min y sont certainement pour quelque chose. Cette impression de force et de virilité est renforcée par la présence d’épaisses poignées, qui imposent de saisir fermement le large guidon.
La maniabilité est d’ailleurs étonnante pour une moto pourvue d’un pneu avant de 150mm de large et la Fat Bob, bien qu’elle ne possède pas l’agilité d’un roadster mid-size, est loin d’être ridicule dans les enchaînements rapides. Peu légère (elle frise les 300 kg à sec), elle se montre par contre très stable dans les courbes rapides et offre, surtout, un confort d’assise surprenant. La selle, moelleuse, permet au pilote d’encaisser les accélérations du Milwaukee-Eight et d’enquiller plus de 200 kilomètres sans la moindre douleur à l’arrière-train.
Seul reproche que l’on puisse faire à la Fat Bob en 2020: l’absence de contrôle de traction. Pourtant disponible depuis cette année chez le constructeur américain, ce système reste pour l’instant dévolu à la gamme Touring et à la LiveWire, sur lesquels il apporte une sécurité active non négligeable. La généralisation de cette aide sur l’ensemble de la gamme Softail n’est sans doute qu’une question de temps, mais cette évolution sera plus que bienvenue. Car si les routes d’Andalousie sont belles, celles de la région d’Antequera peuvent s’avérer très glissantes, même par temps sec. La faute, paraît-il, à un revêtement particulier, conçu pour résister aux grosses chaleurs qu’encaisse le réseau routier andalou et qui donne l’impression qu’on a poli le bitume. Rajoutez à cela la poussière et le sable pouvant être ramenés sur le ruban d’asphalte par des vents parfois violents, et vous aurez l’occasion, peut-être, d’effectuer quelques belles figures de style en sortie de rond-point.
Séance de Hill Climbing
Après un repas avalé du côté de Fuengirola, nous avons l’occasion de prendre en main, l’espace de 6 montées, des 750 Street spécialement préparées pour le Hill Climbing.
Soit une côte d’une centaine de mètres avec un fort dénivelé, à parcourir le plus rapidement possible. Ambiance décontractée et franche rigolade au programme, tout en constatant au passage le fort potentiel de la plus petite des Harley !
Harley-Davidson Heritage Classic 114
Le lendemain, nous avons à disposition des Sport Glide (107 Ci), ainsi que des Heritage Classic (114 Ci). La curiosité l’emporte et nous pousse sur cette dernière, que nous n’avions jamais encore essayée.
Très confortable, de par son épaisse selle et ses suspensions plutôt souples, elle vous emmènera sans fatigue sur de longues étapes, mais pourra vous rappeler à l’ordre dans les grandes courbes rapides, par une certaine volonté de la roue arrière à ne pas vouloir suivre exactement la trajectoire de la roue avant. Attention, nous parlons ici d’un rythme très élevé, peu adapté à la philosophie de l’Heritage Classic. Car d’emblée, le rythme imprimé par nos confrères, au guidon des Sport Glide, est difficile à suivre. Un exercice qui n’est pas impossible en soit, mais qui reste peu naturel, tant cette moto invite à cruiser sereinement, pour profiter des paysages et s’imprégner de l’atmosphère de l’arrière-pays.
Le guidon, très large et assez relevé, propose une position de conduite décontractée et légèrement basculée sur l’arrière. Les pieds sont bien placés sur les platines, un peu sur l’avant, et il ne manque qu’un sélecteur à double branche pour parfaire le passage des vitesses. L’Heritage Classic est pourvue d’un large pare-brise (démontable en quelques minutes, si besoin) qui protège bien son pilote, du moins jusqu’à 1m75. Au-delà, les plus grands subiront quelques turbulences au niveau du casque. Pour autant, et sans parler d’aérodynamisme de pointe, ce pare-brise ne perturbe absolument pas la tenue de cap de la moto, qui reste impériale quelle que soit la vitesse.
On appréciera d’ailleurs la présence d’un régulateur de vitesse, bien pratique pour les nécessaires portions d’autoroute, ainsi que les valises adoptant le look cuir (verrouillables et étanches), qui viennent renforcer l’aspect vintage de la moto. Pour autant, cette Heritage Classic 2020 tente de s’ancrer dans la modernité, avec notamment des feux avant LED, et des peintures plutôt osées, comme ce coloris « électrique », qui vient donner un petit air de canaille à une Harley-Davidson portant d’habitude une étiquette de moto plutôt sérieuse.
Notre escapade se terminera en apothéose par la route A-333, qui serpente entre les collines plantées d’oliviers pour finir par traverser, par un viaduc impressionnant, le réservoir d’Iznajar, l’un de plus grands lacs d’Andalousie. Arrêt photo obligé pour immortaliser ce paysage majestueux.
Au final, nous avons découvert deux motos qui ont deux philosophies bien différentes, et surtout deux manières d’apprécier la route. De manière plutôt sportive et vigoureuse pour la Fat Bob, quand l’Heritage Classic invite davantage à la flânerie et à la balade. Mais ces deux motos ont un point commun de taille: le Milwaukee-Eight 114, qui les fera vibrer au rythme de ses pulsations, et donnera vie à vos rêves d’évasion les plus fous.
Dans le genre cruiser, la Rocket 3 est pour moi la nouvelle référence . Le couple énorme pour une moto permet d’oublier la boite de vitesse. A 2000 tr/mn à 80 km/h , la rotation de la poignée droite vous réserve bien des surprises. La flat bob 114 ci est plus rugueuse en raison du twin. Bon de toute façon, que de bonnes machines .
Il faut lire FAT BOY et non FLAT BOB 🙂
Pas BOY mais BOB décidément
Pas de souci, et merci pour ce commentaire, c’est toujours intéressant!
Jérôme Ducret, rédacteur responsable