Rencontre intimiste avec la Ducati Superleggera V4
C’était un lundi de novembre. Un morne début de semaine comme seule l’année 2020 peut nous en offrir. L’un de ces instants matinaux où le cerveau est encore embrumé, hésitant entre plonger dans la grise réalité et retourner vers la douceur de ses songes. Et pourtant, un coup de fil allait tout faire basculer. Comme un électrochoc, l’info tombait dans mon oreille encore endormie. La Superleggera allait s’offrir à moi l’espace d’une nuit, pour une séance photo des plus intimes.
Je ne suis pas de ceux qui peuvent se targuer de poser le genou en courbe. Ni sur circuit, ni sur route. Ou alors, une seule fois. Pourtant, la Superleggera réveille en moi un sentiment complexe, savoureux mélange de sensualité et de bestialité, mais aussi d’appréhension face à ses performances hors-norme. J’imagine difficilement le moindre motard – ou n’importe quel être humain du reste – être insensible à la pureté de ses lignes. Bien sûr, on peut ne pas apprécier ses ailerons en carbone et préférer des flancs de carénages vierges et teintés d’une lisse innocence. Mais personne ne peut rester de marbre devant un tel chef-œuvre, surtout lorsqu’on connait les particularités techniques de ce dernier.
234 chevaux avec le kit racing. Pour 152,2 kilos à sec. De quoi être le premier homme sur Mars d’une rotation trop franche du poignet droit. Un rapport poids-puissance impressionnant, qui résulte d’un travail d’allégement extrême. Je ne vais pas tout énoncer ici, mon collègue Daniele l’a déjà fait – et mieux que je ne le ferai jamais – dans son essai sur le circuit du Mugello, en juillet dernier. Mais le degré de finition et le soin apporté aux détails est simplement ahurissant. Je pourrais passer des heures à la détailler, à ressentir sa matière du bout des doigts et à imaginer sa substance profonde. Et j’y ai, d’ailleurs, passé la nuit. Subjugué par son charisme. Et hypnotisé par ses courbes.
Revenons à ce lundi matin. Au bout du fil, il y a Marco, de Ducati Suisse. Il sait que j’aime les belles choses. Et connaît ma sensibilité concernant les mécaniques de Borgo Panigale. Impossible pour moi de ne pas saisir une telle opportunité. La moto est au bout du lac pour quelques jours, chez Ducati Genève, dans le cadre d’une tournée de présentation aux quatre coins de la Suisse. Grâce à la passion de Xavier et Marc, je vais pouvoir « emprunter » la Superleggera à la concession genevoise. Ce sera pour la nuit du mardi au mercredi.
Il reste à trouver un lieu adapté à la bête. Capable de souligner la puissance brute et l’aspect exclusif de la machine. Un écrin à la hauteur de ses performances hors du commun. Les idées ne manquent pas pour sublimer la Superleggera. Les lieux accessibles, si. Organiser un shooting aussi prestigieux en aussi peu temps relève quasiment de la mission impossible. Les différentes pistes s’évaporent au fil des heures qui passent, pour cause de procédures souvent complexes et d’un timing définitivement trop serré.
Mardi. 18h. Carouge. La moto est chargée avec délicatesse dans un fourgon généreusement mis à disposition par notre partenaire Scooter Service Lausanne. Mais aucun des sites contactés n’a pu – ou voulu – ouvrir ses portes pour la diva italienne. Il va donc me falloir faire confiance à mon feeling et suivre mon instinct pour trouver un cadre à la hauteur du trésor qui m’est confié.
Avec Jérôme et Cebb, mes complices de la nuit, nous voilà parti au travers d’une froide nuit genevoise, pour un shooting d’exception. Étrange sensation que celle de sillonner la ville endormie avec comme cargaison l’une des plus rares et chères motos de la production actuelle. 500 exemplaires pour le monde entier. Et un tarif qui dépasse les 100000 francs.
Parmi les lieux envisagés se profile la vieille-ville de Genève. Je veux mettre en relation la Superleggera avec le côté exclusif et huppé de la cité de Calvin. Et composer avec ses symboles les plus connus. Le jet d’eau étant éteint pour cause de pandémie, il me reste la cathédrale Saint-Pierre et les rues pavées qui l’encerclent. Un choix qui s’avérera plutôt judicieux, tant le gigantisme de l’édifice fera écho à la démesure de la surpuissante sportive. En résulte une série d’images à l’atmosphère chaleureuse et solennelle à la fois qui, je l’espère, saura retranscrire avec justesse mes émotions durant ce rendez-vous intimiste avec l’une des plus exclusives motos produites par Ducati. Un moment qui restera, sans aucun doute, à jamais gravé dans ma mémoire.
Un immense merci à Ducati Suisse ainsi qu’à l’équipe de Ducati Genève, pour leur confiance et leur réactivité. La passion est encore plus belle lorsqu’elle est partagée, et c’est grâce à eux que vous aurez pu, l’espace d’un instant, vivre ce rêve éveillé avec moi.