Test hivernal: un mois avec la BMW R 1250 GS 2021, seconde partie
Inaugurés lors de la parution de la première partie de l’essai de la BMW R1250GS, modèle 2021, les essais hivernaux longue durée se poursuivent. Voici la seconde partie du test de la BMW R 1250 GS, un test qui n’a pas que le nom d’hivernal. La neige et le froid sont au rendez-vous. La GS s’y prête bien grâce notamment à la bonne protection offerte par la bulle réglable mais aussi à ses poignées et selles chauffantes.
Ce matin, au moment de reprendre la route, et bien que le soleil brille, les températures sont encore négatives. Va falloir faire preuve de prudence au guidon de la 1250 GS prêtée par BMW Suisse. Nous la testons durant un mois, et avons déjà eu l’occasion de faire connaissance avec la machine (lire notre premier article), que nous examinons à présent plus en détail, après plusieurs centaines de kilomètres déjà passés à son guidon.
Devant l’hôtel, je commence par, chose peu courante, dégivrer la selle de la GS qui a passé la nuit à la belle étoile. Un coup de démarreur et le Boxer s’ébroue pour une seconde journée en Valais. La zone rouge du compte-tours débute à 5500 tr/min lors du démarrage à froid. Elle s’adapte ensuite à la température du moteur jusqu’à se stabiliser à 9000 tr/min, régime maximum autorisé. L’échappement donne le ton, un son rauque, rageur. Laissons une minute au moteur pour s’échauffer et profitons-en pour découvrir le tableau de bord.
Face à l’écran
L’écran TFT 6,5 pouces propose bon nombre d’informations. Le régime moteur, la vitesse, le rapport engagé, la réserve d’essence en sont les principales. Viennent se rajouter le mode de pilotage programmé, l’autonomie, l’heure, la température, le kilométrage et bien sûr les différents voyants d’usage. La lecture et la compréhension de ces informations sont d’une grande clarté, un modèle du genre. L’accès à l’ordinateur de bord et aux menus dans lesquels on circule au moyen de la roulette se fait de la main gauche tout comme le réglage du mode de suspension. Vous pouvez présélectionner 4 modes de pilotage sur les 7 proposés, qu’il vous sera ensuite possible de choisir de la main droite tout en roulant. La connectivité avec votre Smatphone est disponible une fois l’application chargée. Par le biais du kit main-libre BMW il est possible d’avoir accès à la musique ainsi qu’à vos appels téléphoniques et à votre messagerie. Précisons: cela fonctionne bien avec du matériel reconnu par BMW.
Confort et assistance
Les poignées ainsi que la selle chauffantes de la 1250 GS ont eu le temps de monter en température. Tous deux réglables sur 5 positions, leur confort est un plus incontournable lors de basse températures. Il est cependant prudent de ne pas laisser ces éléments sur la position la plus élevée car la chaleur devient vite insupportable, surtout au niveau de la paume des mains. Les positions 3 et 4 sont clairement les plus agréables. Notons que la selle du passager, chauffante elle aussi, peut être dosée sur 2 niveaux par son utilisateur. Ce dernier dispose d’une prise 12 V alors que, comme déjà signalé, une prise USB est installée à la droite du tableau de bord.
Au moment du départ, la température atteint les … 1 degré. Le tableau de bord s’illumine de bleu à l’approche du zéro degré, il est préférable de rouler calmement, sur la défensive; le mode de conduite Road est enclenché. Je profite alors de la souplesse qu’offre ce moteur ShiftCam. Il est possible de sortir des courbes à très bas régime et d’enrouler sur le même rapport, en douceur, le contrôle de traction veillant au grain; une vie d’assisté je vous le dis! C’est bien dans ces conditions extrêmement piégeuses qu’on apprécie le haut niveau de la technologie embarquée sur cette 1250 GS et la sécurité qu’elle apporte
Un Shifter pas si Pro
La boite se veut douce, agréable à l’usage. Le progrès est notoire depuis la première génération du moteur liquide. Le « klong » faisant sursauter les badauds au moment d’enclencher la première n’est plus qu’un mauvais souvenir.
Le Shifter Pro qui l’assiste n’est pas sans reproche; si, au moment de rétrograder, il est redoutable d’efficacité, il n’en va pas de même lorsqu’il s’agit de passer un rapport supérieur. Cette manœuvre provoque, suivant le régime moteur, des soubresauts marqués et désagréables, un manque de délicatesse que le passager n’appréciera que modérément. L’embrayage assisté, dont le levier est réglable, fait preuve lui de douceur et de progressivité.
Puissance civilisée
L’après-midi, le soleil aidant, les conditions s’améliorent. J’attaque alors la montée du Val d’Anniviers afin de rejoindre Grimentz puis Zinal. Suspensions et mode de conduite tous deux sur Dynamic, je m’amuse avec cette GS dans les belles courbes dépourvues de circulation. On l’a vu, à bas régime, le moteur tracte avec force. Les reprises sont bluffantes en sortie de courbes par exemple. Passé les 5000 tours et jusqu’à l’approche des 7800 tours, le Boxer délivre toute sa puissance sans brutalité, sans pic, de manière somme toute bien civilisée. Plus que la puissance, c’est le couple et la souplesse de ce moteur qui font merveille.
Selon votre humeur
La facilité à inscrire la moto dans les enchaînements de courbes est redoutable. La partie cycle n’est jamais mise à défaut. Le train avant se fait léger, trop diront certains, il ne distille que peu d’informations mais sa vivacité est impressionnante. L’important gabarit de la GS se fait oublier. Ceci est rendu possible par un centre de gravité placé bas, moteur Boxer aidant. Quant au freinage, le changement de fournisseur, BMW passe de Brembo à l’américain Hayes, ne procure pas de différences sensibles. On est toujours en présence d’étriers à 4 pistons opposés. Il est tout autant performant et agréable à l’usage. Le levier est lui aussi réglable. L’ABS se veut discret bien que dans les cas de faible adhérence, sur le mode Rain, j’ai pu compter sur son efficacité se traduisant parfois par des distances de freinage clairement rallongées.
La GS 1250 se régale le long des routes de montagne. Suivant votre humeur du jour elle sera la monture idéale pour la balade et le tourisme. Mais à votre guise, elle peut se transformer en une redoutable sportive pouvant en remontrer à plus d’une machine autrement plus typée.
Une aide bienvenue
Tout au long de cet essai, je me suis arrêté à maintes reprises sur les bords de routes afin de prendre des photos, souvent sans descendre de la moto. J’ai alors largement profité de l’aide au démarrage me permettant de bloquer la moto le temps d’immortaliser le paysage.
Passager choyé
Le passager occupe une place de choix, sur une selle large et confortable. Sa position surélevée lui assure une vue dégagée. Il profite d’une barre de maintien largement dimensionnée tandis que la disposition des cale-pieds assure un bon confort, les genoux pas trop repliés. Mais pour en profiter il faut tout d’abord se hisser à bord ce qui, une fois la bagagerie installée, se révèle être une vraie partie de gymnastique pour une personne de petite taille.
Les deux selles occupées, le système ESA Dynamic prend en compte le complément de poids et adapte la suspension en fonction. Ainsi le comportement de la GS ne diffère que peu lors de la présence d’une seconde personne.
Citadine à ses heures
Je ne souhaitais pas quitter le Valais sans faire un passage à Montana. Voilà bien longtemps que je ne me suis pas rendu dans la station, devenue petite ville, avec ses nombreux chantiers, ses feux, ses bouchons, ses zones 30 km/h. La GS, malgré son poids et son encombrement, y évolue aisément, sa souplesse faisant alors merveille. Il ne faut juste pas perdre de vue la largeur conséquente de la bête avant de vouloir se faufiler entre les autos. Il est encore relativement aisé de faire un demi-tour, toujours aidé par son bon équilibre et son centre de gravité bas perché. Cependant il vaut tout de même mieux avoir de longues jambes dans ce genre de figure. C’est lors de manœuvres à l’arrêt que le poids et l’encombrement se font ressentir.
Confort et protection
Je quitte rapidement cette ville de montagne dont le charme bien caché n’a pas réussi à capter mon intérêt. Le chemin du retour se déroule sur l’autoroute après 2 journées de plaisir le long des différentes vallées que j’ai eu la chance de redécouvrir, juste avant que la neige ne les recouvre. La GS étale maintenant ses qualités de grande voyageuse, confort, bonne protection offerte par la bulle réglable, du moins pour le pilote. En effet l’occupant de la place arrière, haut positionné, en prend plein la figure; il lui reste alors la vue dégagée; dans la vie on ne peut tout avoir, ou alors il faut se placer à l’avant.
Le piège de l’hiver
Après cette incartade en milieu valaisan, j’utilise la GS sur de petits parcours, le long du Jura par exemple. Et là, je prends conscience d’un des grands pièges que réserve la route aux motards en hiver, je veux parler du piquet à neige. Il arrive, sur des routes de montagnes, de se retrouver dans la situation du slalomeur abordant un Spécial, à la différence que les piquets à neige, eux, ne sont pas articulés. Il faut en être conscient car à certains endroits ils ont été placés au plus près de la limite du goudron.
Au cœur de la nuit
L’une des plus intéressantes innovations proposées sur cette GS en 2021 se trouve être à mon avis l’éclairage adaptatif, en option. Plus de trous noirs sur les bas côtés en courbe ou devant votre roue au moment d’accélérer ou de décélérer. Le système assure une réactivité quasi instantanée à tout changement d’angle. Associé aux phares antibrouillard, l’éclairage procure un réel plus au cœur de la nuit.
Notons qu’en ce qui concerne l’arrière, la situation est moins claire si j’ose dire. Le phare central sert uniquement de feu de frein. Le phare lui-même est logé de chaque côté dans les boitiers de clignotants. Ce qui fait que de nuit comme de jour, si vous freinez tout en indiquant votre intention de bifurquer, eh bien il y a toutes les chances que le véhicule vous suivant soit surpris par votre manœuvre. Une fois informé, j’en ai tenu compte lors de mes changements de direction en surveillant mes arrières. Un homme averti en vaut deux!
Bilan
Après plus d’un mois de vie commune et pas loin de 4000 kilomètres parcourus en conditions hivernales, il est temps de ramener la 1250 GS à Dielsdorf (ZH). Un dernier parcours autoroutier sans arrêt jusqu’à Zurich par des températures proches du zéro degré me confirme si besoin est le bon niveau de confort de la GS. L’équipement du pilote mis à disposition par la société Hostettler (IXS, notamment) s’est avéré un précieux allié pour affronter le froid confortablement. Mais de cela nous reparlerons.
Lors de la première partie de notre test, je vous ai parlé des bruits de vibrations constatés venant de l’avant de la moto. Et bien elles sont toujours bien présentes. Il semblerait selon les remarques de bien des utilisateurs sur les réseaux sociaux que ce soit un problème constaté par de nombreux possesseurs de GS 1250.
Tout au long de l’essai, la GS a consommé une moyenne de 5,28 litres au cent. Ce résultat est obtenu dans des conditions d’utilisation très variables, autoroutes, routes de montagnes, ville, conduite de nuit, en mode promenade ou en grosse attaque. Il est donc vraiment représentatif.
Nous avons confié la moto au garage Facchinetti de Crissier pour effectuer le premier service, après 1000 kilomètres. Cette intervention consiste en la vidange de l’huile du moteur ainsi que celle du renvoi d’angle du cardan. Différents contrôles sont exécutés, principalement au niveau des fluides, freins, refroidissements, ainsi que des éléments de l’éclairage mais aussi de la pression des pneus. La moto repart ainsi jusqu’à la prochaine échéance des 10000 kilomètres. J’ai signalé à ce moment que la pédale de frein demande une longue course avant d’être efficace, ce qui n’était pas le cas lors des premiers kilomètres. Une légère amélioration a été ressentie, sans retrouver les sensations du départ. Le problème s’est à nouveau amplifié au fil des kilomètres.
Très bien élevée
L’un des grands avantages d’un essai de longue durée tient au fait de pouvoir s’identifier au propriétaire de la moto. Après l’euphorie des premiers kilomètres, des premières sorties, on commence à bien connaître son véhicule., à mieux l’analyser et ressentir ses qualités et ses défauts. Eh bien, si la 1250 GS est en tête de la concurrence en termes de vente dans bien des pays, elle le doit en effet à ses nombreuses qualités. Au confort, à l’homogénéité, à la qualité reconnue de sa fabrication mais aussi à sa facilité d’utilisation. À son guidon, le moins bon des pilotes se sentira pousser des ailes.
On pourrait faire la comparaison avec le ski lorsque les Carvings ont envahi les pistes. Dès lors tout le monde s’est retrouvé bon skieur. Et c’est en somme là qu’elle peut être sujette à critique: l’ensemble est devenu toujours plus performant, le moteur plus puissant, mais voilà que dans cette version ShiftCam il devient aussi légèrement plus linéaire, perdant ainsi un peu de son caractère. La GS 1250 est une moto très bien élevée, elle répondra efficacement à tous vos désirs dans toutes les conditions. Il lui manque juste ce petit coup de folie, ce petit côté rebelle que bien des motards apprécient encore.
Remerciements
Nos remerciements vont à BMW Motorrad Suisse pour la mise à disposition de cette 1250 GS, nous permettant ainsi d’inaugurer nos essais longue durée, à la société Hostettler pour l’équipement et à l’équipe Facchinetti Motos à Crissier pour leur disponibilité.
Les prix
Prix de base: 17580 frs
Pack Confort: poignées chauffantes, aide au démarrage, échappement chromé, Keyless Ride (clé sans contact) 610 frs
Pack Tourisme : préparation pour la navigation, protège-mains, support à valises, régulateur de vitesse 830 frs
Pack Dynamic : ESA (suspensions semi-actives) Dynamic, Mode Pilotage Pro, Shifter Pro, et MSR, soit le régulateur de couple de frein moteur 1640 frs
Pack Lumière: éclairage de jour, feux clignotants multifonctions, Cruising Light, phare PRO, feux de virage adaptatifs 840 frs
Style Triple Black 930 frs
Selles chauffantes 270 frs
Contrôle électronique de la pression des pneus 270 frs
Batterie Grande Performance 350 frs
Antibrouillards 430 frs
Carter de protection moteur 350 frs
Emergency Call (appel automatique en cas de chute grave) 380 frs
Roues rayons croisés 510 frs
Prix total de la moto de notre test: 24990 frs
Tarif des services ( selon informations reçues par l’agence Facchinetti Lausanne)
Service fin de rodage, après 1000 km: 270 frs
Service des 10000 km: 430 frs
Service des 20000 km: 730 frs + 110 frs pour changement liquide de frein si plus d’une année
Bonjour,
Un des tests les plus complet que j’ai pu lire . Cela m’a conforté dans le choix de ma moto .
Je récupère la même que votre test (triple black gs) prochainement .
Merci encore
Je vous remercie pour votre commentaire et vous souhaite beaucoup de plaisir au guidon de votre nouvelle GS.
Très cordialement, Grégoire
Génial l’idée d’essais hivernaux. J’espère en lire d’autres prochainement et pourquoi pas faire ensuite un comparatif des motos les plus adaptées aux conditions hivernales. Merci pour ces 2 articles.
Hello et merci pour ce commentaire
Oui, deux essais hivernaux sont encore prévus (ils sont en cours): la Honda GL 1800 GoldWing Tour (version 2020) et la Triumph Tiger 1200.
Ensuite… ce sera le printemps!
Bonne journée
Jérôme Ducret, rédacteur responsable
Les commodos, de nuit, ça doit être galère à les trouver.
Test très complet et agréable à lire, top
trés bel article, ses seuls defauts cités : shifter pro accrocheur, bulle pas assez protectrice ( passager & même pilote > 1.75m ) sinon pour le reste c’est un vrai couteau suisse !