Essai Yamaha MT-07 2021 – Une évolution osée
Marseille, un lundi matin de janvier. Il y a des semaines qui commencent mieux que d’autres. Le programme du jour? Du soleil, 160 kilomètres de petites routes viroleuses et la toute nouvelle Yamaha MT-07, version 2021. De quoi attaquer la journée avec le sourire. Malgré des températures plutôt basses et un mistral à couper le souffle.
Pas facile pour les marques d’organiser des tests pour la presse en ces temps de COVID, alors que chaque semaine qui passe voit les règles de vie modifiées. Mais Yamaha a tenu bon et a réussi à organiser un petit roulage – une fois n’est pas coutume et pour notre plus grand plaisir – dans le sud de la France. Qui connait le col de l’Espigoulier partagera mon enthousiasme! Et cette route fantastique convient à merveille à la nouvelle MT-07 2021.
Le départ est donné à 9 heures tapantes, en plein centre-ville de Marseille. Une heure un peu tardive, mais appréciable tant la température rechigne à monter. 5° au départ. Un fond de l’air plutôt frisquet et totalement en accord avec ce mois de janvier qui a vu les environs recouverts de neige il y a tout juste une semaine. Mais c’est un ciel dégagé et un soleil radieux, teinté d’un mistral fougueux, qui m’attendent pour cette journée qui m’offrira mon premier coup de soleil de la saison. Il faut un début à tout.
Et le début de cet essai place d’entrée de jeu la MT-07 sur un terrain peu agréable, mais essentiel pour une machine telle que celle-ci. S’extirper vivant de l’hypercentre congestionné de Marseille, avec des autochtones qui ont chacun leur propre vision du code de la route, relève presque du miracle.
Heureusement, la Yamaha MT-07 2021 fait preuve d’une maniabilité sans faille qui permet de s’extraire avec facilité et décontraction d’un trafic matinal plutôt dense. La finesse de la machine est un atout de taille pour se faufiler entre les colonnes de voiture et le moteur, vif et joueur, se montre royal lorsqu’il s’agit de décoller d’un feu au-devant d’automobilistes coincés dans les embouteillages. A ce niveau-là, la MT-07 est toujours sacrément efficace.
La position de conduite est un peu plus droite qu’auparavant, grâce à un guidon plus large de 32 mm, mais surtout rehaussé (+10 mm) et avancé vers le pilote (+10 mm également). Les jambes sont toujours un peu pliées pour les grands gabarits (la position des repose-pieds ne change pas) mais la posture est plus naturelle et le pilote est immédiatement à l’aise lors de ses premiers tours de roues à basse vitesse. Un atout indéniable pour les évolutions urbaines.
La selle, qui culmine à 805 mm du sol, est identique à la précédente version et permettra à de nombreux pilotes d’avoir les deux pieds à plat, bien aidés par la finesse du réservoir.
Dès que l’horizon se dégage et que je peux enfin ouvrir les gaz, un sourire se dessine sur mon visage.
Je suis en terrain connu et la version 2021 de la MT-07 ne déstabilisera personne, nouveaux venus comme propriétaires des modèles précédents. Car cette «nouvelle» MT-07 partage de nombreux éléments avec sa devancière et évolue de manière plutôt subtile sur le plan technique.
Revisitée… mais pas trop
La firme aux 3 diapasons a en effet revu sa copie… sans trop vouloir y toucher. Pas facile de changer une formule qui gagne.
Yamaha Europe a écoulé plus de 250000 exemplaires de son petit roadster au look crapuleux depuis son lancement, en 2014. Et à l’heure actuelle, une Yamaha vendue sur cinq est une MT-07. La recette du succès? Une moto simple, joueuse et accessible… placée à un rapport qualité-prix imbattable: 7790 francs en 2020. Et la bonne nouvelle, c’est que l’importateur suisse a réussi à conserver le même tarif pour la Yamaha MT-07 2021 (une prouesse alors que la version française augmente de quelques 200 euros). Un tarif très compétitif, qui permettra certainement à cette version 2021 du best-seller Yamaha de conserver sa position attractive sur le marché.
Un nouveau style…radical !
Le principal changement saute immédiatement aux yeux. C’est toute la partie avant de la moto qui est redessinée, avec un phare full LED qui reprend les codes esthétiques des MT-03 et MT-125 (qui ont fait peau neuve l’an dernier). La volonté de Yamaha est claire: offrir une identité visuelle commune à l’ensemble de la famille MT, qui permette de les identifier au premier regard.
Ceux qui attendent impatiemment l’annonce de la nouvelle MT-10 sont prévenus! La MT-07 présente donc une face avant de type insectoïde, avec une optique lenticulaire centrale cernée de part et d’autre par des feux de jour qui présentent presque un aspect mandibulaire. L’ensemble est déroutant, mais pas disgrâcieux pour autant. Le style de cette nouvelle MT-07 reste assez clivant et aura eu le mérite de faire parler de la moto sur les réseaux sociaux.
Il faudra certainement un peu de temps pour que le microcosme motard accepte ce design, mais il convient de laisser à Yamaha l’audace d’oser apposer ce look tranché sur une des machines les plus emblématiques de sa gamme.
Le réservoir change également et adopte un look plus trapu que sur l’ancienne version. La finition est en progression et la qualité perçue est bien meilleure. Fini les écopes en plastique brut, elles sont désormais peintes et intégrées au réservoir. Une opération qui a permis de grappiller quelques centaines de grammes (tout comme sur le phare avant, qui a été passablement allégé) et qui compense le poids pris au niveau du moteur pour satisfaire les nouvelles normes Euro 5. Le modèle 2021 ne prend ainsi que deux kilos dans l’opération et se stabilise à 184 kilos tous pleins faits.
La tableau de bord ne cède pas à la mode du TFT et reprend l’écran LCD négatif de la Tracer 2020. Lisible, il n’est toujours pas doté d’un réglage de l’intensité lumineuse. Mais ce qui avait pu me gêner sur la Tracer lors des roulages nocturnes ne devrait pas poser de soucis ici. Le compteur est placé plus bas et se trouve hors du champ de vision direct du pilote.
Bonne nouvelle, le bouton du trip prend enfin place au guidon. Mais le klaxon est toujours placé trop près de la commande des clignotants et même si je n’ai pas eu de souci, mon essai aura été ponctué de coups de klaxon intempestifs de la part des mes confrères.
Au niveau de la partie-cycle, c’est sur les freins que l’attention des ingénieurs s’est concentrée. Les disques sont désormais identiques à ceux de sa grande sœur MT-09 et passent à 298 mm de diamètre (contre 282 mm auparavant). Mais les étriers (4 pistons à fixation axiale) restent identiques.
Dans le détail, on notera les leviers (de frein – réglable – et d’embrayage – non réglable) noirs, repris à la MT-09, tout comme les rétroviseurs et les cale-pieds. Voilà ce qui s’appelle peaufiner les détails.
Car pour le reste, rien ne change. Le cadre est identique, les jantes également, tout comme la selle… et les suspensions. Pas d’évolution, en 2021, sur ce point qui compte parmi les plus critiqués de cette machine au tempérament pourtant joueur. L’essai permettra d’évaluer rapidement la pertinence de ces changements sur une MT-07 qui remportait déjà tous les suffrages en 2020.
Un positionnement tarifaire agressif
En face, la concurrence s’est également aiguisée. Écran TFT couleur et connectivité pour la Kawasaki Z650 en 2020 (sa plus proche rivale, à 7990 francs); look consensuel et contrôle de traction pour la Triumph Trident 660 (testée il y a tout juste un mois) qui se positionne à 8990 francs; équipement haut de gamme et puissance maximum pour la Honda CB650R (proposée à 9460 francs): la concurrence fait rage.
Mais le prix, argument ô combien décisif lorsqu’il s’agit d’acheter sa première moto (43% des MT-07 sont livrées en version bridée à 35 Kw, pour les détenteurs du permis « A limité ») est encore une fois au centre des débats. Et peut largement faire pencher la balance du côté de la Yamaha, d’autant plus si le différentiel permet de budgéter l’achat de l’équipement (casque, veste, bottes et gants) fatalement indispensable lorsqu’on débute en deux-roues.
Changement de pneus
Sur la route qui me mène au shooting photo, je prends un plaisir non dissimulé à balancer la moto d’un virage à l’autre dans les enchaînements rapides. La lumière matinale qui transperce les arbres est magique et me plonge dans une ambiance teintée d’euphorie. La MT-07 est facile et sa prise en main est réellement instinctive.
La finesse de la moto, son remarquable équilibre et la monte d’origine, des Michelin Pilot Road 5, font merveille et seront à même de rassurer le plus angoissé des débutants. Pour les pilotes plus aguerris, le plaisir est également au rendez-vous.
Souvent décriée pour des suspensions de mauvaise qualité (comprenez manquant de rigueur à rythme – très – élevé), je trouve pour ma part qu’elles offrent un excellent compromis entre amorti et précision. Le confort apporté sur les petites aspérités de la route compense à mon sens largement une certaine souplesse de l’ensemble.
D’autant que si l’amortisseur arrière peut avoir tendance à pomper dans les grandes courbes avalées trop rapidement (le rythme des essais «Presse» est souvent assez éloigné de la réalité d’un usage quotidien), le train avant est remarquable de précision et offre un excellent feeling. Les pneus, qui correspondent parfaitement à l’orientation de la moto, contribuent bien sûr à ce bon retour d’informations.
La force de freinage est largement suffisante, avec une attaque progressive sur les freins avant. Les deux disques de presque 300 mm de diamètres sauront très bien freiner vos ardeurs en cas de manœuvre trop optimiste. C’est moins le cas du frein arrière, sur lequel l’ABS se montre assez intrusif, entrant en action très tôt. Ceci sans rapport aucun avec l’état de la route.
Bienvenue au paradis
Je traverse Cassis puis me retrouve à longer le front de mer de La Ciotat. Le soleil, encore bas dans le ciel, semble lécher la Méditerranée et me réchauffe l’épiderme. Ambiance magique! Les routes sont globalement en bon état et, très vite, les lacets du col de l’Espigoulier me sautent au visage.
Dans les épingles serrées, le guidon plus large, offrant de facto un bras de levier plus important, devient subitement un allié de taille. Ce col, qui m’était encore inconnu il y a peu, vient de rejoindre mon top 10, tant sa succession de virages est un plaisir à parcourir au guidon de la MT-07. Le panorama y est simplement magnifique, avec une vue dégagée sur Marseille et son littoral une fois arrivé en haut.
Le bicylindre de 689 cm3 a du caractère à revendre et est particulièrement à son aise dans cet exercice. Il semblerait qu’il ait perdu un peu de puissance sur le papier (de l’ordre de 1,4 ch) avec le passage à la norme Euro 5, mais ce n’est absolument pas sensible à la conduite.
Mon collègue Markus, du magazine Moto Sport Schweiz, roule au quotidien avec un modèle 2018 et n’a pas vu la moindre différence côté sensations. Le CP2 de la Yamaha MT-07 2021, version Euro 5, reste vif et particulièrement joueur, et conserve ce côté fun qu’on adore. Les ingénieurs japonais ont définitivement bien travaillé.
La descente de l’Espigoulier, côté nord, marque un changement de conditions drastiques. De l’ombre et une chaussée humide, avec de nombreuses portions présentant des résidus de salage. Peu rassurant. Le soleil ne semble pas venir souvent par ici.
Je réduis le rythme, tentant de jauger l’état de la route et d’éviter les parties les plus luisantes. Si les Pilot Road 5 sont, là encore, merveilleux de prévenance, je n’aurais pas été, à ce moment précis, contre la présence d’un contrôle de traction et surtout d’un embrayage anti-dribble. Mes années de pratique me permettent de garder les deux roues au sol, mais de telles assistances seraient tout de même – avouons-le – rassurantes pour les jeunes permis. La MT-07 paie ici le prix de sa simplicité.
Sur le chemin du retour, oscillant entre nationales et voies rapides, je peux prendre la mesure de la stabilité de la moto, impériale aux vitesses légales.
Seules quelques vibrations se montrent présentes, particulièrement au-dessus de 7000 tr/min. Ce n’est pas dérangeant en usage purement routier car le moteur possède une plage d’utilisation assez large. Mais cela pourra vite se révéler désagréable sur un long trajet autoroutier, à régime constant. Heureusement, calé à 120 km/h en 6ème, le CP2 ronronne à 5000 tr/min et limite la casse.
De retour assez (trop ?) tôt dans le centre de Marseille, il est l’heure de rendre la moto au staff de Yamaha France, qui organisait cet essai. Mais c’est mal me connaître et je réussis à m’éclipser en direction du vieux port, pour profiter encore un peu de cette nouvelle Yamaha MT-07 2021.
Il y a un couvre-feu à 18h, mais je compte bien profiter du crépuscule pour vous ramener de belles images de la bête. Une heure en tête-à-tête avec la nouveauté 2021 qui me permet de la remercier pour le plaisir qu’elle a su m’apporter dans la journée, en l’immortalisant au soleil couchant.
Alors ?
La Yamaha MT-07 2021 en offre pour son argent. Et largement. Que demander de plus? Un tableau de bord TFT? Une connectivité Bluetooth? Des étriers de frein avant à fixation radiale? Autant de caractéristiques qui flatteraient certes l’ego du – ou de la – pilote mais qui feraient assurément grimper son tarif.
Non, la MT-07 tient à rester humble: elle propose un moteur punchy, une partie-cycle offrant un excellent compromis entre confort et rigueur, une facilité d’accès peu commune et un tarif très alléchant. Car le succès de la MT-07 réside en cela: deux roues, un moteur et un guidon suffisent pour se faire plaisir… tout simplement.
A noter qu’il existe deux « pack » d’accessoires pour cette nouvelle MT-07:
- Pack « Urban »: saute-vent, prise USB, porte-bagage, top-case et jeu de serrures, pour 599 francs.
- Pack « Sport »: saute-vent « Sport », support de plaque plus fin, protection de réservoir et clignotants LED spécifiques, pour 529 francs.
Le silencieux Akrapovic, pour sa part, se négocie à quelques 1790 francs.
Disponibilité dès la fin du mois de janvier, dans les coloris « Storm Fluo », « Icon Blue » et « Tech Black ». Plus d’infos sur le site de Yamaha Suisse. Vous pouvez aussi trouver des infos chez nos partenaires de l’Annuaire des professionnels de la moto et agents Yamaha, Badan Motos à Genève, Chevalley Motos à St-Légier (VD) ou Facchinetti Motos à Crissier (VD).
Encore un bel article bien rédigé qui donne envie d’essayer l’engin testé dans le sud du la France par Matthias. La MT-07 semble en effet être un bon compromis pour de nombreux usagers : débutant, à budget serré, voire vieillissant… ou tout simplement parce qu’elle est très polyvalente !
Les prix sont en francs….
En effet. Car nous sommes en Suisse et que le franc est la monnaie officielle du pays.