La Pan America 1250 ramène Harley-Davidson dans le terrain
La marque américaine lance enfin sur le marché mondial une moto capable aussi bien de parcourir les routes asphaltées, à deux et avec des bagages, que les pistes en gravier ou les sentiers de sable mouillé. Le tout grâce à un nouveau V Twin refroidi par liquide délivrant 150 chevaux, et avec des fonctions électroniques inédites pour certaines; comme par exemple l’auto-abaissement (déconnectable) des suspensions électroniques lorsque moto et pilote s’arrêtent.
Elle s’appelle Pan America 1250, et nous en avons déjà parlé, alors que cette moto n’était qu’un concept chez Harley-Davidson. Puis plus tard lorsque certaines de ses spécifications, notamment celles du moteur, des freins et des suspensions, ont été révélées. C’était en 2019. Aujourd’hui, avec un retard certain sur le plan, dû à la pandémie mais aussi aux changements de direction chez le constructeur américain, la Pan America 1250 est enfin prête à arriver chez les concessionnaires.
Enfin presque, il faudra attendre le mois de mai, et plus vraisemblablement juin, pour que les clients qui en ont commandé une puissent la faire démarrer. Mais tous les détails de ce nouveau modèle sont par contre à présent connus. Et le coeur de cette machine est sa capacité à vous faire voyager, aussi bien sur route, comme ses soeurs bourrées de chromes, que dans le terrain. Comme les toutes premières Harley-Davidson, qui à l’époque (début du Vingtième siècle) n’avaient pas beaucoup de sections asphaltées à se mettre sous le pneu.
Et même plus tard, les célèbres Harley-Davidson de la série W, employées notamment par l’armée américaine durant la Seconde Guerre mondiale, étaient connues pour leur fiabilité sur tous les terrains. Un peu comme des Jeep à deux roues. On ne vous refait pas toute l’histoire des amours de la marque américaine avec la terre et le sable, puis de sa réorientation vers des motos conçues pour l’asphalte… mais c’est juste pour dire que l’offroad fait partie de l’ADN de Harley, quoi qu’on puisse en penser.
Un V Twin liquide et puissant
On a affaire ici avec ce nouveau modèle à ce que certains appellent un trail (ou une enduro) de voyage. Et la première chose qui frappe, à part l’apparence pour le moins inusuelle, c’est le moteur, un V Twin moderne refroidi par liquide. De 1252 cm3, donc, comme le nom le dit. Harley-Davidson nous dit qu’il est capable d’exprimer jusqu’à 152 chevaux (à 8750 tr/min), pour un couple maxi de 128 Nm atteint à 6750 révolutions. On se trouve bel et bien dans un segment du marché où les performances comptent et où l’on a des sortes d’hyper trails capables de rythmes endiablés sur les autoroutes allemandes, à deux et avec des bagages.
Distribution variable et sans entretien!
La distribution quadrisoupape est finement ajustée dans ses intervalle d’intervention des soupapes, avec un système d’admission et d’échappement variables pilotés par un système électronique. Une manière d’obtenir le meilleur de la combustion et de l’efficience aussi bien à bas qu’à haut régime. Grâce à plusieurs astuces techniques, Harley promet même que cette distribution n’a pas besoin de réajustement mécanique chez vitre garagiste. Qui ne sera peut-être pas content, mais vous oui!
Ce moteur certainement fougueux est livré avec une panoplie complète d’aides électroniques au pilotage, au premier rang desquelles cinq modes de pilotage; quatre pré-réglés et un personnalisable. On a Rain, Road, Sport, Offroad et Offroad Plus (celui qui est customisable). Pas besoin de faire un dessin. Il y a aussi bien sûr un contrôle de traction, un ABS avec freinage combiné, et un contrôle de slide (dérapage latéral), qui tous se basent sur les indications d’une centrale inertielle pour prendre en compte l’inclinaison de la moto. Autrement dit, l’ABS est actif et efficace en virage quand on choppe les freins de manière panique, et il permet dans certaines limites de garder la trajectoire et de ne pas tirer tout droit dans le précipice ou dans le mur. Il faudra voir ce que ça donne en mode Offroad, mais il est certain que Harley a pensé à fignoler un réglage de l’ABS et des autres aides qui ne gêne pas la progression de travers dans le terrain glissant.
On ajoute que le freinage, confié au spécialiste italien Brembo, devrait être performant: devant, il consiste en deux disques de 320 mm et deux étriers radiaux monoblocs à 4 pistons.
La roue avant de 19 pouces, les débattements de suspensions corrects (190 mm devant et derrière) et un châssis relativement léger où le moteur a une fonction porteuse, ce qui permet de limiter le poids total, devraient favoriser une certaine maniabilité de la machine et une certaine capacité à sortir de l’asphalte. La moto pèse tout de même jusqu’à 259 kg en ordre de marche (avec toutes les options et tous les gadgets électroniques), mais son centre de gravité ne devrait pas être trop haut. Ajoutez une selle assez fine pour le pilote, grâce à l’architecture du V Twin, par ailleurs assez compact, et ce ne devrait pas être pire qu’une BMW R 1250 GS, qu’une Ducati Multistrada V4 ou qu’une KTM 1290 Super Adventure S.
Avec tout cela, on a effectivement de quoi s’aventurer en dehors du bitume, même avec des valises, pour peu qu’on l’ose. Les pneus d’origine sont des Michelin Scorcher spéciaux développés exprès pour cette moto, et les roues standard sont des unités en alliage coulé, avec des bâtons.
La Pan America 1250 Special, avec suspensions semi-actives
Le propriétaire peut aussi choisir entre deux versions, la Pan America 1250 standard et la Pan America Special. la première est un peu plus légère (245 kg avec les pleins) et plus spartiate dans son équipement.
La seconde se distingue de la première par ses suspensions Showa électroniques semi-actives, un concept désormais bien connu dans le monde moto haut de gamme. Cela inclut une fonction d’adaptation automatique de la précharge à la charge emportée. Et l’on a aussi par d’autres équipements, comme un béquille latérale, un système de contrôle électronique de la pression des pneus, un sabot moteur en aluminium, des protections pour les mains, des phares de virage adaptatifs (trois crans d’illumination de l’intérieur du virage, selon l’angle de la moto), des poignées chauffantes et un amortisseur de direction.
N’oublions pas non plus une pédale de frein réglable sur deux positions. Oui, vous avez deviné, pour pouvoir changer de réglage quand on passe de la route au terrain, et vice-versa!
L’auto-abaissement à l’arrêt, une première en option
On peut encore aller chercher plus loin dans le catalogue des options, et dénicher ce qui est une première dans le monde moto: un système baptisé Adaptive Ride Height, ou ARH, qui abaisse automatiquement la moto à l’arrêt, et la « remonte » dès que l’on repart. Ce système est même configurable. Le mode Auto décide tout seul du moment où il doit agir et a pour but d’avoir la moto complètement abaissée lorsque l’on se retrouve effectivement à l’arrêt. Ce qui veut dire que l’abaissement commence avant le stop. On a aussi deux modes qui retardent plus ou moins cette action, pour garder le débattement haut quand on évolue à basse vitesse, par exemple en tout-terrain, et un dernier mode qui désactive ce système. Utile si vous êtes vraiment grand et que vous n’en avez pas besoin pour poser les deux pieds à plat en toutes circonstances. Cette fonctionnalité innovante coûte 750 frs.
Les équipements standard sur les deux versions de la Pan America comportent aussi un inévitable tableau de bord TFT en couleur anti-reflets, qui est tactile à l’arrêt et qui autrement se navigue par les boutons sur les commodos. Il renferme un module Bluetooth, pour la connectivité. Et la moto est équipée d’un régulateur de vitesse. La selle est réglable sur deux hauteurs, et le pare-brise est ajustable en hauteur également, à la main et sans outil. Les commodités incluent encore une prise USB-C et un bon réservoir d’essence (21,2 l) dont le bouchon se trouve utilement placé très en avant. Pour qu’on puisse faire le plein sans devoir enlever la sacoche de réservoir!
Si l’on choisit la Pan America 1250 standard, on a droit à des suspensions « manuelles » entièrement ajustables, tant pour la fourche que pour l’amortisseur sur biellette.
Un prix placé
Le prix de ce nouveau modèle est pour le moins étonnant. La Pan America 1250 « normale » est annoncée à partir de 16700 francs pour le coloris Vivid Black, et quelques centaines de francs en plus pour l’autre option de couleur (River Rock Gray, une sorte de brun-gris). Quant à la Pan America 1250 Special, elle est disponible à partir de 19700 francs, toujours en Vivid Black. On a aussi une variante grise, et une variante vert olive, qui sont à 2000 frs tout ronds, et une Special biton avec un réservoir orange voyant, à 20400 francs.
On peut avoir en option d’usine des pneus Anakee Wild, avec des crampons dignes de ce nom, et des jantes à rayons tubeless, pour 550 francs. C’est laissé au choix du propriétaire de la Special.