Constructeurs européens et américains appellent à une fin de la guerre commerciale
Les associations de constructeurs de deux-roues des deux côtés de l’Atlantique ont appelé Bruxelles et Washington à mettre fin à leur dispute commerciale et aux surtaxes qui impactent notamment le secteur des motos. Si aucun accord n’est trouvé, l’Union européenne risque d’imposer à partir du 1er juin une surtaxe de 50% sur les bécanes américaines, ce qui rendrait les Harley-Davidson et Indian hors de prix sur le Vieux continent. Le marché suisse ne semble quant à lui pas impacté.
A l’approche de cette date fatidique, l’Association des constructeurs européens de motocycles (Acem) et son homologue américaine (USMMA) se sont jointes à l’appel de 88 fédérations américaines et européennes impactées par les surtaxes et la guerre commerciale que se livrent depuis 2018 les Etats-Unis et l’Union européenne. Ces dernières ont écrit une lettre à la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et au locataire de la Maison Blanche, Joe Biden, pour leur demander l’abbrogation des taxes douanières imposées dans le cadre du bras de fer commercial entre l’UE et la première économie mondiale.
Depuis le 1er juin 2018, les Etats-Unis ont mis en place de nouvelles taxes sur les exportations d’acier et d’aluminium, de l’UE, du Canada et du Mexique. Il s’agit de taxes douanières supplémentaires de 25% sur l’acier et de 10% sur l’aluminium européens. En réponse aux «provocations» de l’ex-président Donald Trump, l’Europe a instauré des mesures visant à taxer une série de produits typiquement américains de droits de douane de jusqu’à 25%. Les Harley Davidson, mais aussi les jeans, le bourbon ou encore le beurre de cacahuète sont dans le collimateur de Bruxelles.
Si aucun accord n’est trouvé dans ce litige, les autorités européennes pourraient relever la surtaxe des produits américains et donc aussi sur les motos, de 6% actuellement à 56% à partir du 1er juin. Une première étape avait pourtant été franchie début mars, l’exécutif européen et américain s’étant accordés sur une suspension, pour une période provisoire de quatre mois, des taxes punitives que les Etats-Unis et l’UE s’imposent mutuellement.
« Les motos américaines sont lourdement impactées par les mesures européennes », a souligné dans un communiqué l’Acem, qui regroupe 18 constructeurs dont BMW, Ducati, Piaggio, KTM, Harley-Davidson (pour sa branche européenne) ou encore Kawasaki. Et son secrétaire général Antonio Perlot a averti que la situation actuelle « confirme l’urgence de suspendre l’ensemble des surtaxes sur les secteurs non concernés afin d’éviter une escalade dommageable ». Notez bien qu’une marque comme Harley-Davidson se retrouve représentée dans les deux associations qui montent au créneau.
En 2018, à l’annonce de ces mesures, Harley-Davidson, justement, avait affirmé vouloir délocaliser une partie de sa production pour échapper aux tarifs douaniers instaurés par Bruxelles en représailles à ceux de Washington. C’est chose faite, et en Thaïlande. Mais cela ne suffira manifestement pass pour échapper aux fourches caudines européennes en 2021.
Il reste que pour le marché suisse, aucun impact significatif ne semble se dessiner pour l’instant. Selon Iwan Steiner, directeur de Harley-Davidson Switzerland, « la Suisse n’étant pas membre de l’UE, il n’y a pas ce problème, et donc aucune répercussion sur le prix final payé par nos clients. »