Essai – une Triumph Speed Twin plus précise et plus vive
Le millésime 2021 de la néo-rétro britannique, à présent conforme aux normes anti-pollution Euro 5, accélère encore plus fort et plus rapidement que la version précédente. Et son train avant, à la fourche toujours non réglable, mais désormais inversée et à cartouche, et aux freins plus précis, est mieux planté et donne plus confiance en pilotage sportif (sur route).
La Triumph Speed Twin, qui reprend le nom de la première moto Triumph propulsée par un bicylindre en ligne (c’était en 1938), est apparue dans la gamme du constructeur anglais en 2018.
Elle est censée se glisser entre la T 120 Bonneville, une moto à l’esthétique classique néo-rétro qui est plutôt faite pour rouler de manière décontractée, avec une position de conduite très droite, un gros moteur qui délivre surtout du couple bas dans les tours, etc. et la nettement plus sportive Thruxton 1200 (dans ses différentes variantes), tout aussi néo-rétro, mais dotée de guidons bracelets, de suspensions réglables haut de gamme et de freins de même.
Et ce positionnement semble avoir fait mouche, puisque Triumph déclare en avoir vendu plus de 11000 depuis lors. Mais il fallait mettre à jour le moteur et l’échappement pour 2021, afin de rendre le modèle conforme aux nouvelles normes anti-pollution Euro 5. Et Triumph en a profité pour changer d’autres détails, et pas des moindres, à savoir les suspensions et les freins avant, points souvent critiqués à propos de la première incarnation de la Speed Twin moderne.
Nous avons pu mettre à l’épreuve toutes ces nouveautés lors d’une journée de test au Portugal, dans la région côtière de Cascais, au nord-ouest de Lisbonne.
Cette journée était censée être ensoleillée et les routes sèches. Mais la météo souvent difficile à prévoir de cette région bordant l’océan Atlantique en a décidé autrement, avec une fine pluie qui nous attendait au sortir de l’hôtel et des bancs de brouillard posés sur less collines portugaises. Le tout sur des routes aux revêtements assez glissants dans ces conditions, revêtements parfois composé de pavés polis par les ans et les éléments, parfois de bitume envahi par des langues de sable, lorsqu’on longe la plage, parfois d’asphalte biscornu plein de cassures et de trous. Exactement ce qu’il faut pour voir si les nouvelles suspensions et le moteur revu et corrigé permettent de rouler en toute sécurité, malgré les 215 kilos de la machine (avec les pleins) et le couple conséquent du twin liquide en ligne.
Sous la pluie, dans le brouillard
Par précaution, nous commençons à rouler dans le mode de pilotage « Rain », qui adoucit la réponse de la moto à la commande d’accélération et adopte un réglage plutôt sécuritaire du contrôle de traction. Il faut dire que les pneus chaussés par la Speed Twin 2021, des Metzeler Racetec RR, sont tout de même assez sportifs dans leur profil. Que les premiers kilomètres sont fait de pavés et de route de bord de mer avec dépôt occasionnel de sable sur l’asphalte. Et qu’il pleut toujours bien, avec même un épais brouillard qui empêche de voir plus loin qu’une centaine de mètres sur les collines portugaises.
Dans ces conditions, les sorties de rond-point doivent être négociées avec prudence, sous peine de provoquer des glissades à la ré-accélération. Glissades par ailleurs vite maîtrisées par le contrôle de traction, qui est basique, mais qui fait le job sans pour autant donner l’impression qu’il vous empêche d’avancer. Une fois la moto sur l’angle, et pour autant que l’on se montre doux et progressif dans ses impulsions, la stabilité est au rendez-vous, et la nouvelle fourche télescopique inversée garde bien la trajectoire même à bonne vitesse. Mais le tempo n’est pas encore sportif, car il y a ça et là sur la route de belles traînées de diesel aux couleurs de l’arc-en-ciel, synonymes de chute probable, ou en tout cas de dérapage en cas de prise d’angle, de coup d’accélérateur ou de frein.
Ce qui est déjà constatable, c’est que l’ergonomie de la Speed Twin nouvelle, inchangée par rapport au premier modèle de 2018, convient bien à la taille et à la morphologie de l’essayeur, qui mesure 1m70 et dont les jambes sont relativement courtes. Le buste est presque droit, à peine porté sur l’avant, et les poignées de guidon ne sont pas trop loin. En même temps les jambes sont repliées, mais sans que cela devienne désagréable. Et puis on arrive à poser les deux pieds à terre à l’arrêt, avec la selle à mm du sol qui est assez étroite à l’avant.
Si l’on mesure plus d’un mètre 80, on aura peut-être quelques problèmes à cause du positionnement des repose-pieds, assez haut placés, qui font que les jambes seront un peu trop repliées.
Levier d’embrayage ajustable
La commande d’embrayage est ajustable en écartement et la main ne doit exercer qu’une force modeste pour débrayer. On note que le levier de frein manuel est lui aussi réglable. Et pendant que nous y sommes, les rétroviseurs stylés placés sur les extrémités du guidon offrent une bonne vision dépourvue de vibrations brouillant l’image, et on a un bon degré d’ajustabilité de leur position, ce que l’on peut aisément faire en roulant.
Pour ce qui est du tableau de bord, les deux cadrans avec aiguille pour la vitesse et le régime moteur sont bien évidemment très lisibles dans toutes les conditions. Il en va un peu autrement des deux petites fenêtres digitales (LCD) présentes dans chacun d’entre eux, dont les caractères et chiffres sont logiquement assez petits, et qu’il devient difficile de déchiffrer quand les gouttes d’eau s’attardent sur leur surface.
On peut y lire l’état de la jauge d’essence, et faire défiler à choix l’affichage du totalisateur kilométrique, ou des deux trips partiels, l’autonomie restante estimée par l’ordinateur de bord, l’heure, la vitesse moyenne, la consommation moyenne ou instantanée. Et, à l’arrêt, l’état contrôle de traction, « On » ou « Off », activé ou désactivé. Passer d’une info à l’autre dans ce menu se fait grâce au bouton « i » sur le commodo gauche. La fenêtre de droite vous donne aussi le mode de pilotage choisi: Rain (le plus conservateur et sécuritaire), Road, ou Sport. Et pour changer de mode, il suffit d’appuyer sur le bouton « Mode » (logiquement) sur le même commodo, puis d’actionner l’embrayage. C’est simple et on peut le faire en roulant.
En roulant en mode pluie-brouillard-chaussée glissante sur la nouvelle Triumph Speed Twin, le confort distillé par les suspensions est plutôt bon. L’avant est nettement plus ferme que l’arrière, mais est quand même tendanciellement réglé sur souple. Et pour les premiers 100 km, la selle reste agréable.
Quand il a fallu utiliser les freins, on note que l’ABS à l’arrière est particulièrement sensible, mais par contre que le dosage de l’action des étriers Brembo M50 radiaux à l’avant est d’une grande facilité, ce qui est utile sous la pluie.
On tentera tout de même de passer du mode de pilotage Rain à Road, pour découvrir un twin plus vif à l’ouverture des gaz, et des accélérations efficaces et jouissives presque quel que soit le régime de rotation du bicylindre, de quelque 2000 tr/min à plus de 7000 tr/min. La puissance maximale progresse de 3 chevaux pour atteindre 100 ch, à 7250 tr/min. Et le couple maximal reste à 112 Nm, mais qui sont atteints à 4250 tr/min, soit 500 révolutions plus bas que précédemment. Le twin peut aussi grimper jusqu’à 8000 tr/min, ce qui est aussi 500 tr/min de plus.
Un rythme plus sportif sur routes sèches
Juste avant la pause repas de midi, passée dans la Quinta (cave) Sant’Ana à Gradil, le soleil avait repris ses quartiers, et les routes étaient de nouveau sèches presque partout. Le rythme de la balade s’est donc intensifié, avec des passages en courbe nettement plus rapide, et en restant plus longtemps sur l’angle. C’est là que l’on voit vraiment l’amélioration apportée par la nouvelle fourche inversée signée Marzocchi. L’avant de la moto conserve mieux la ligne choisie, avec nettement moins d’ondulations parasite quand on rencontre des cassures, des bosses ou d’autres irrégularités du bitume. Et l’unité de suspension antérieure encaisse mieux les chocs, de manière plus contrôlée que sur le modèle précédent.
La Triumph Speed Twin 2021 n’est pas pour autant imperturbable dans les enchaînements de virage, car les deux amortisseurs arrière, eux, n’ont pas changé, et bien qu’ils aient des ressorts progressifs, ils sont toujours assez basiques. L’arrière de la moto peut donc se mettre à bougiller à un rythme sportif. Mais ce n’est plus dérangeant comme ça pouvait parfois l’être avec la première fourche télescopique, celle du modèle 2018.
Au bout de seulement quelques secondes, les pneus étant à présent chauds, on a un grand sentiment de confiance dans la machine et l’on se prend au jeu d’augmenter la vitesse de passage sur l’angle et de choisir des trajectoires plus incisives en entrée et en sortie de courbe. On apprécie aussi de pouvoir contrôler l’arrivée au point de corde avec les freins. Ce n’est que lorsque l’on tire fort le levier en plein virage que le train avant cherche à se redresser. La Speed Twin 2021 a clairement gagné en sportivité!
Avec le moteur en mode Sport, les accélérations se font à présent impressionnantes, dès les 2500 révolutions, sans pour autant que la poignée des gaz se révèle difficile à doser. Même si le twin a peut-être perdu un peu de sa rondeur (subjectivement perçue, parce que d’un pur point de vue objectif des vitesses atteintes, il tourne mieux) de fonctionnement en passant à Euro 5, il y a encore bien assez de substance pour que cela soit vraiment jouissif.
La sonorité du bicylindre liquide en ligne, avec son calage à 270 degrés, reste très sympathique et vivante. Le son est plein dès le ralenti, il n’est pas criard grâce à une belle présence des basses fréquences, et on entend quelque fois des explosions agréables lors des décélérations rapides.
Il y a encore, de notre point de vue et avec notre morphologie en tant qu’essayeur, un commentaire à livrer sur le confort de selle, qui se fait moins bon en fin de journée. Les bords de la selle, peu épais, ont tendance à faire un peu mal à l’intérieur des cuisses. Un phénomène qui n’est apparemment pas constaté par tous les essayeurs. La taille des jambes et la position effective sur la moto jouent certainement un rôle ici.
Et comme pour toutes les Triumph récentes, la qualité de fabrication et la finition sont au top. On apprécie particulièrement le bouchon de réservoir, les décos latérales autour du logo Triumph sur le réservoir, dans le coloris des motos de notre test, et le soin apporté au phare avant et au moteur.
Cette nouvelle version de la Triumph Speed Twin arrive en Suisse à partir de la mi-juillet 2021, et le modèle est disponible en trois coloris: noir (Jet Black), pour 14200 francs, ou, pour 240 francs de plus, rouge ou gris, avec des décos spécifiques sur les flancs du réservoir d’essence et à quelques autres endroits de la moto.
Triumph annonce toute une série d’accessoires et d’options pour cette nouvelle version de la Speed Twin, qui incluent des poignées chauffantes avec commande intégrée au guidon, le contrôle électronique de pression des pneus, quelque bagagerie et une bonne quantité d’accessoires dont le but est principalement esthétique. Pour la petite histoire, on est passé d’un catalogue de 80 accessoires en 2018 à 50 aujourd’hui (parmi lesquels il est inutile de chercher une béquille centrale). Triumph explique avoir procédé à une rationnalisation de l’offre en ce domaine, après avoir analysé les demandes des clients.
Pour plus d’infos sur la gamme du constructeur anglais, il y a le site web de Triumph Suisse. Vous pouvez aussi vous adresser à nos deux partenaires de l’Annuaire des professionnels de la moto, Triumph Lausanne, à Crissier, ou Triumph Fribourg (Motos Vionnet) à Sâles.
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