Essai Yamaha R7 : une nouvelle ère de sportivité
Nous avons pu tester durant une journée la dernière petite sportive routière de la firme aux trois diapasons, la R7, don le moteur dérive étroitement du twin qui équipe la Yamaha MT-07. Nous avons roulé sur la route, en Espagne, et une demi-journée sur le circuit d’Andalusia.
C’est un fait, depuis quelques temps maintenant nous avons vu naître dans notre univers des modèles faisant frémir les puristes, utilisant de célèbres pseudonymes pour des motos qui n’ont pas forcément l’étoffe des motos correspondant à ces pseudonymes. Nous avons d’ailleurs entendu monter au créneau ces mêmes puristes, lors de l’annonce de l’arrivée de la Yamaha R7, une sportive mid-size animée par le moteur CP2 de Yamaha, le bicylindre né avec la MT-07.
Elles ne partagent que le nom
La Yamaha R7 (de son nom complet YZF 750 R7 OW-02) fut à l’origine une sportive mythique de la marque sortie en 1999, Yamaha ayant tenté le pari fou de commercialiser la machine de Superbike vainqueuse du Bol d’Or la même année, pour le plus grand plaisir d’un public friand de bolides survitaminés. Cette époque touche malheureusement à sa fin. Aujourd’hui, le marché des Supersport perd une à une ses protagonistes au profit notamment des hypersport 1000, et la catégorie à perdu 77% de ses parts de marché depuis l’an 2000. La Yamaha R6, elle, vient tout juste de quitter le monde des routières en Europe, pour ne plus être réservée qu’à une utilisation 100% pistarde…
Alors quand Yamaha Suisse nous a proposé d’aller analyser la dernière-née de la marque aux trois diapasons lors de sa présentation européenne sous le soleil espagnol, nous ne pouvions refuser une telle aubaine.
Après un vol sans encombre nous nous retrouvons donc à Mojàcar, une petite ville balnéaire de la côte andalouse. Yamaha a comme d’habitude mis les petits plats dans les grands et la moto trône fièrement au beau milieu du bassin d’entrée de l’hôtel. Je profite de mon arrivée prématurée pour en admirer l’esthétique. La Yamaha R7 reprend d’ailleurs les caractéristiques de la série R de la marque, avec son fameux cul de selle aéré et ses petits feux avant profilés.
Un feu de jour à pris place dans l’entrée d’air de la machine, et un spoiler a fait son apparition à l’extrémité de la tête de fourche, sublimée par un liseret bleu, du plus bel effet. La moto semble d’une finesse incroyable, et de surcroît bien équipée, ce qui présage une journée de test des plus sympathiques!
D’ailleurs la marque aux trois diapasons nous a concocté un programme ressemblant au cahier des charges de cette R7: la matinée se passera sur route, à travers les paysages andalous, et l’après-midi se déroulera sur la piste du circuit d’Andalusia. L’impatience commence à se ressentir dans l’assistance, mais une nuit nous sépare encore de ce fabuleux programme…
Découverte et prise en main
Mon impatience m’ayant réveillé aux aurores, je suis l’un des premiers à attendre devant l’hôtel au moment où le staff aligne les machines. J’en profite pour avoir un regard plus approfondi sur la moto. N’en déplaise aux mauvaises langues, la R7 n’est pas une MT-07 déguisée! Elle ne reprend de cette dernière que l’ensemble moteur-boîte, le CP2, qui est déjà visible sur de nombreux modèles, telle bien sûr la MT, mais aussi la XSR 700, et sans oublier la Ténéré 700. Les qualités de ce bloc ne sont plus à prouver.
Le châssis a été renforcé, et son angle de chasse a été refermé à 23,4 degrés, approximativement le même que celui de la R6. La partie suspension a été confiée à Kayaba, et une belle pièce anodisée noir de 41 mm de diamètre trône à l’avant de la machine, réglable en détente et en compression, tout comme l’amortisseur arrière.
Le freinage avant semble correct et les étriers ressemblent à des pinces de R1. La surprise au niveau freinage se trouve au niveau du poste de pilotage, ou l’on peut admirer un maître-cylindre Brembo, ce qui annonce de bonnes aptitudes.
J’en profite alors pour grimper sur la R7 pour en apprécier la position de conduite, et c’est aussi un bon point car la posture, du haut de mon mètre septante-cinq, est juste comme il faut, les pieds bien au sol grâce à une hauteur de selle modérée de 835 mm. Cette position reste sportive sans être exagérément en appui sur les poignets. La finesse extrême de la moto est impressionnante, c’est d’ailleurs la plus fine de la série R, devant l’YZF R-125!
Les finitions sont quant à elles soignées. J’ai même l’impression que Yamaha est ici monté en gamme par rapport à certains autres modèles, et le tout pour un tarif serré, moins de 10000 francs.
L’écran de bord est lui assez basique, ressemblant faussement à celui de la R1: une petite casquette sur la partie supérieure permettra une lecture facilitée face au soleil ibérique, qui commence d’ailleurs à monter au milieu des palmiers tel un appel à l’escapade. L’écran à cristaux liquides reprend les informations essnetielles telles que la jauge à carburant, l’indicateur de rapport engagé, deux trips, la conso moyenne ainsi que l’instantanée, et l’heure.
Mes collègues journalistes sont tous équipés, il est temps de suivre le guide, nous démarrons les motos et quittons l’hôtel.
La moto s’élance avec légèreté j’effectue les premières godilles afin d’enlever la paraffine des Bridgestone S22 équipant la moto et je reste stupéfait, voir estomaqué par la vivacité extrême du train avant, un sourire se dessine déjà sous le casque car les monts nous titillent déjà le regard.
La R7 est une sportive de route
Nous sortons enfin de la file ininterrompue de villes côtières pour un parcours moins rectiligne. Notre guide accélère quelque peu le rythme, et je me décide à le suivre, accompagné d’un collègue suisse-allemand.
La deuxième surprise concernant le comportement de la machine est sa stabilité en courbe. La moto se veut aussi fun que rassurante et j’enchaîne les courbes le long des falaises surplombant la côte à bon rythme, alors que la température commence déjà à monter.
La prise d’angle est facile et la garde au sol semble adéquate, les cale-pieds étant toujours vierge à l’arrivée de notre première étape, le café du centre du bourg nommé Sorbas.
A voir les sourires unanimes de mes confrères, j’en conclus que le charme de la petite R opère déjà. A peine le temps d’avaler la dose de caféine nécessaire et nous revoici dans les collines. Le premier contact avec la machine étant fait, nous roulons maintenant à bon rythme. La moto semble à son aise partout, le pack d’amortissement Kayaba offrant un feeling rassurant à tout moment. La fourche est cependant un poil souple à mon goût, et j’effectue quelques beaux délestements de l’arrière lors de prise brutale du levier de droite. Cela devrait en partie s’atténuer après réglage.
L’assiette de la moto est plus sur l’arrière que cela le serait sur une hypersport, ce qui lui confère cette facilité de pilotage. La MT-07 n’a qu’à bien se tenir, cette petite sportive risque de lui rafler bon nombre de rookies!
Il faut malheureusement par moment freiner, et la surprise est de taille ici aussi. La R7 freine fort, le mordant au levier est impeccable faisant même décoller l’arrière. Seul bémol ici, l’ABS n’apprécie pas trop ce genre de galipette et il fait preuve de réactions quelque peu déroutantes lors de ce type d’utilisation extrême.
L’ABS est la seule aide électronique que vous trouverez sur la R7, la puissance moteur assez légère (un peu plus de 70 chevaux) fait que vous n’avez à aucun moment besoin de contrôle de traction ou bien encore d’un anti-wheeling.
Niveau confort, nous ne sommes pas à plaindre à bord de la petite Yam’, la selle étant ferme mais ne cherchant pas à torturer votre postérieur.
La protection de la bulle est acceptable, voir excellente face à certaines sportives (j’ai de très mauvais souvenirs de feu ma GSX-R 750 L4), et elle me permet de parcourir l’itinéraire prévu sans le moindre gêne.
Pour continuer sur la partie confort, j’ai profité d’un shooting pour tester pour vous la partie arrière de la machine, et avec un pilote de renom, notre accompagnateur chaperon pour cet essai étant notre sympathique pilote suisse Robin Mulhauser. Contre toute attente, la Yamaha se veut conviviale, malgré le design de sa partie arrière. La selle n’est pas inconfortable pour une sportive et on arrive à bien se maintenir au réservoir lors des freinages. Robin pour sa part m’a confié avoir été étonné par la stabilité à deux, malgré l’embonpoint de votre hôte, placé derrière lui.
La motorisation n’en fait pas une machine de guerre, mais cela reste très satisfaisant à l’utilisation sur route: ce petit moteur très volontaire permet de s’extirper des virages en jouant sur le couple, dès 5000 tr/min. Et l’allonge supplémentaire apportée par la perte d’une dent sur la couronne arrière (par rapport à la MT-07) permet de jouer sur la puissance dans les parties rapides.
Le CP2 n’est pas un grand gourmand en carburant; la réserve s’est allumée au bout de 162 km, à la suite d’une utilisation poussée. Le réservoir de 13 litres permet sans doute d’atteindre les 200 km d’autonomie, à vérifier.
Nous arrivons sur le complexe du circuit d’Almeria à l’heure du repas, sous une chaleur étouffante aux antipodes de notre météo helvétique, mais le sourire reste sur les visages grâce à la polyvalence, mais surtout aux compétences sportives dont est capable la R7. Yamaha a réussi à créer une vraie sportive de route, aussi facile qu’exploitable.
La petite Yamaha à l’épreuve de la piste
Le repas est avalé en trombe car l’impatience d’en voir toujours plus faire trépigner l’assemblée. Les préparateurs mécaniques ont aligné pour nous des motos un peu différentes des modèles utilisés sur route. Les appendices routiers tels que le support de plaque, les clignotants ainsi que les rétroviseurs ont disparu, et la selle arrière a laissé place à un capot de selle qui accentue encore un peu le côté sportif de la petite R.
Les pneumatiques d’origines ont laissé eux aussi la place à des Bridgestone R11, bien plus à leur aise sur piste. En bonus, nos machines sont équipées du quickshifter de la marque, un des nombreux accessoires disponibles au catalogue.
L’équipe retire les couvertures chauffantes et nous démarre les motos dans une ambiance digne des paddocks d’un GP. Vu la complexité du tracé, les premiers tours se feront derrière un pilote expérimenté, qui n’est autre que le néerlandais Patrick Van Den Goorbergh.
Je quitte les stands serein, à la suite des bons sentiments éprouvés dans la partie routière. Les quelques boucles de découverte sont finies et notre ouvreur nous laisse le champ libre pour exploiter les R7. Les sensations découvertes plus tôt s’avéraient justes! La vivacité de la moto reste un atout majeur lorsque l’on hausse le rythme. Et combinée à sa stabilité, cela offre un cocktail détonnant. Je m’autorise des entrées en courbe franches, sans la moindre anicroche.
La position de conduite qui me comblait sur route procure ici quelques légers désagréments au niveau des jambes. Rien d’insurmontable en soi, mais le problème pourrait disparaître en équipant la moto des commandes reculées également disponibles au catalogue.
Le châssis quant à lui fait preuve d’une rigidité rarement vue sur une moto de ce gabarit, et la transmission d’information au pilote est on ne plus correcte.
La suspension avant apparaît encore un poil souple, mais cela doit contribuer à la facilité que j’ai à exploiter la machine sur ce terrain. Bien sûr, un kit Öhlins est lui aussi disponible, pour les plus aguerris d’entre nous.
La ligne droite du circuit arrive face à moi, je suis blotti sous la bulle pour tenter de grappiller quelques km/h. J’arrive à la hauteur du freinage le plus important du circuit en accrochant les 200 compteur, et là encore les freins m’enchantent car tout y est. Le mordant, le feeling… mais c’est surtout leur puissance qui me visse un sourire sous mon AGV: deux doigts caressant le levier suffisent à arrêter la machine, dans un comportement sain et stable. Seul l’ABS noircit le tableau à cause de son déclenchement un poil précoce lorsque la moto n’est pas totalement droite.
Je passe d’une courbe à l’autre, j’enchaîne les tours dans un sentiment de maîtrise totale rarement ressenti sur piste pour ma part. Et c’est bien une des qualités indéniables de cette moto, elle offre à son pilote un accès facile à cette activité. Le CP2 manque un poil de puissance sur ce terrain pour un pilote tel que moi habitué aux machines avoisinant les 200 chevaux. Cependant son couple, bien présent et idéalement distribué, permet encore ici à la R7 de sortir son épingle du jeu.
Ce moteur abordable permettra justement à toute personne souhaitant débuter ou tout simplement s’entraîner sur piste de le faire, avec un budget raisonnable. Le drapeau à damier s’agite et j’effectue mes dernières longueurs dans ce circuit au panorama désertique digne du Far-West. Ce tracé très technique de 5 km situé non loin de la cote et compte 8 virage à gauche contre 9 virage à droite.
Une machine bien née
Yamaha réussit ici un tour de force incroyable en proposant une moto à l’esthétique avantageuse, et en sortant en même temps une nouvelle plate-forme pour son fameux CP2. Ce sera d’après moi un succès commercial digne de la MT-07 car cette moto est un des meilleures choix possible pour une première sportive. La R7 est proposée en suisse à 9790 frs au tarif de base, et 10190 frs pour la version la plus chère, mais aussi la plus jolie, qui reprend les couleurs spéciales 60ème anniversaire de la présence de Yamaha en Grand Prix.
La petite dernière de la firme d’Iwata déboulera courant octobre. Elle saura certainement ravir les jeunes permis comme les pilotes expérimentés et ce modèle est d’ailleurs bridable à 35 kW de puissance maximale pour les exigences du permis A limité suisse. Je vous laisse réserver votre essai ou demander plus d’infos chez un de nos partenaires de l’Annuaire suisse des professionnels de la moto. Comme Badan Motos à Genève, Moto Bolle à Morges, Facchinetti Motos à Crissier, MCM Motos à Lausanne ou Chevalier Motos à St-Légier.
Je remercie aussi Yamaha Suisse, dont vous pouvez consulter le site web, pour cette invitation et Robin Mulhauser pour son aide ainsi que sa bonne humeur.
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