Dakar 2022 – 1ère étape : l’australien Daniel Sanders double la mise
Pour cette première «vraie» étape, Daniel Sanders (GAS GAS #4) confirme son statut de leader. Parti en quinzième position ce matin, il a bouclé les 333 kilomètres de spéciale en 3 heures, 43 minutes et 10 secondes. Et s’est emparé de la tête du rallye.
Cette première étape, baptisée «1B», promettait de faire parler l’expertise en navigation. Au briefing du matin, David Castera (le patron du Dakar) évoquait «des pistes sablonneuses, assez sinueuses, en début de spéciale. Avec un sol devant très rocailleux à partir du kilomètre 127, puis beaucoup de changements de pistes, à partir de la neutralisation du kilomètre 207.» Une vigilance de tous les instants était donc impérative pour les pilotes, avec «de grosses dunes cassantes et des descentes de 200 à 300 mètres une fois au sommet», après la neutralisation. Un total de 546 kilomètres, liaison comprise, qui pouvait donc faire des ravages d’entrée de jeu.
Au départ de Ha’il ce matin, les pilotes avaient le sourire. Un certain Daniel Sanders, particulièrement. Vainqueur du prologue la veille, le pilote australien voulait marquer les esprits. Et il semble avoir réussi. Les organisateurs de la course ayant prévu que les 15 premiers, lors du prologue, puissent choisir leur place sur la ligne de départ du jour, c’est en toute logique que Daniel Sanders s’est élancé en 15ème position, laissant à ses concurrents le soin d’ouvrir la trace. Une stratégie logique, par ailleurs adoptée par l’ensemble des pilotes concernés, qui ont tous choisis de partir à la dernière position disponible (le premier choisissant de partir en quinzième position, le second en quatorzième position, et ainsi de suite).
Un départ sur les chapeaux de roues
C’est le tenant du titre Ricky Brabec (Honda #2) qui pointe en tête au kilomètre 79. L’américain, qui est parti en 4ème position ce matin, est talonné par un Joaquim Rodrigues (Hero #27) en grande forme, à seulement 45 secondes. Mais derrière, Joan Barreda (Honda #88), Toby Price (KTM #18), Sam Sunderland (GAS GAS #3), Kevin Benavides (KTM #1) ou encore Andrew Short (Yamaha #29) ne sont qu’à quelques minutes.
Au kilomètres 127, c’est le trio Sam Sunderland, Ricky Brabec et Joan Barreda. Toby Price est en 4ème position, devant Joaquim Rodrigues. Mais à mi-parcours, la hiérarchie change. A la neutralisation du kilomètre 207, c’est bel et bien Daniel Sanders qui pointe en tête, avec 46 secondes d’avance sur son coéquipier Sam Sunderland. Kevin Benavides est lui aussi remonté et place sa KTM à 1’13 des deux GAS GAS.
Daniel Sanders ne lâchera plus la tête de la course et remportera la spéciale, sa deuxième d’affilée sur ce Dakar 2022… et sa deuxième victoire d’étape tout court. Le jeune prodige, qui avait marqué les esprits l’an dernier en terminant 4ème pour sa première participation, prend donc aujourd’hui la tête du classement général : «Les pluies de cette nuit ont rendu la navigation difficile», explique le pilote australien. «J’ai essayé d’imprimer un bon rythme en début de spéciale et sur la fin j’ai ouvert seulement quand j’ai pu. Demain je vais rouler à 80-70% en privilégiant la navigation, pour ne pas perdre trop de temps comme l’ont fait ceux qui ouvraient aujourd’hui. Au ravitaillement, j’ai pu parler avec les pilotes qui roulaient devant et c’était en effet un avantage de pouvoir suivre leurs traces. Mais demain, c’est ce qui m’attend. Et cela va être une journée de folie.»
Derrière, on retrouve Pablo Quintanilla (Honda #7), à 2’07, puis Matthias Walkner (KTM #52), à 8’31. A noter que le pilote autrichien, qui a manqué une note « Danger 2 » sur le road-book, a chuté au kilomètre 10, avec un possible étirement des ligaments à la clé. Espérons que cela n’impacte pas trop fortement la suite de sa course.
A une étonnante 4ème place figure l’américain Mason Klein (KTM #43). Le jeune pilote, victorieux en catégorie «Rally 2» lors du dernier Rallye du Maroc, fait très fort pour sa première participation au Dakar: «Je n’étais pas très à l’aise dans les dunes au début, car je préfère les cailloux. La navigation était très compliquée, et j’ai vu que, devant, ils avaient fait régulièrement des erreurs. J’ai donc vraiment essayé de me tenir au road-book le plus possible. Mais je ne suis définitivement pas dans mon élément dans les dunes et 4ème ici, je n’aurais jamais imaginé ça.»
Assurément, le californien sera un pilote à suivre sur cette édition.
Lorenzo Santolini (#15) place sa Sherco en 5ème position, à 10’04 du vainqueur. Pour compléter le top 10 du jour, on trouve en sixième position Adrien Van Beveren (#42), première Yamaha, à 10’06, puis Xavier de Soultrait (#12), première Husqvarna, à 12’01. Suivent ensuite Sam Sunderland (GAS GAS #3 – à 13’01), Skyler Howes (Husqvarna #5 – à 16’17) et Ross Branch (Yamaha #16 – à 17’26).
Séance de jardinage
Plusieurs top-pilotes ont rencontré des difficultés de navigation sur la spéciale du jour. Le tenant du titre Kevin Benavides perd ainsi 34’22 et termine à la 20ème position. Joan Barreda est 23ème (à 38’54), Andrew Short est 26ème (à 42’26) et Toby Price est 27ème (à 44’22). Quant à Ricky Brabec, auteur d’un excellent début de spéciale, il n’a rallié l’arrivée qu’en 39ème position, avec près d’une heure de retard (56’21) sur Daniel Sanders. Si le Dakar est une course où tout peut se jouer à chaque étape, plusieurs prétendants au titre ont perdu de précieuses minutes aujourd’hui.
A noter, la bonne performance de Danilo Petrucci. L’ex-pilote de MotoGP, qui effectue son premier Dakar sur une KTM officielle, pointe à une excellente 13ème position, avec seulement 24’59 de retard sur le vainqueur du jour!
Du côté des suisses
Nicolas Monnin, sur sa Honda CRF450 portant le numéro 116, semble s’en être bien tiré, tant en technique qu’en navigation. Parti à 9h09 ce matin, il a rallié l’arrivée en 111ème position, à 3h20 du leader. A l’arrivée, le pilote ActuMoto s’est montré dithyrambique: « C’est mon dixième rallye, et c’est la plus belle spéciale que j’aie fait! Des paysages grandioses, avec beaucoup de sable. Sur la première moitié de la spéciale, c’était assez facile, mis à part un passage assez trialisant, qui nécessitait beaucoup de technique. Il y a eu un passage vraiment dingue, où tout le monde était perdu. Voitures, camions, motos, tout le monde cherchait son chemin. Il faut dire que les pistes sont peu visibles. J’ai réussi à retrouver, au bout de longues minutes, la bonne trace. Et à partir de là, c’étaiten des pistes sablonneuses, j’adore ça et j’ai pu attaquer en me faisant vraiment plaisir. Physiquement, ça va très bien. J’ai eu une petite chute, mais rien d’alarmant. »
Quand à Jonathan Chotard, notre suisse de cœur (KTM #139), il termine en 134ème position, à 3h39. Solidement accroché entre la 70ème et la 84ème position sur les deux premiers tiers de la spéciale, il s’est trouvé en difficulté à partir du kilomètre 257. Il témoigne:
« Spéciale compliquée aujourd’hui. Pourtant, ça commençait bien, j’étais à l’aise dans le sable, avec un bon rythme. Les paysages étaient magnifiques! Mais il y a eu une grosse dune avec, en bas, beaucoup de concurrents qui « jardinaient » comme on dit. J’ai perdu pas mal de temps, entre ensablements et recherche de la bonne trace. Nous étions beaucoup à avoir perdu nos repères. J’ai fait plusieurs chutes, sans trop de gravité, car le terrain avait été passablement labouré par les voitures. Mais j’ai un peu mal aux pouces tout de même. Ca va aller pour demain, mais je pense que je vais bien les sentir! »
[Mise à jour 20.53 – Jonathan Chotard souffre d’un pouce foulé, suite à l’une de ses chutes. Mais il reste positif!]
Le pilote de 33 ans, qui travaille dans le canton de Vaud, a malgré tout le sourire. Et l’on sent dans sa voix qu’il est content d’être là, même si cette première étape, de son propre aveu, était « plutôt du genre costaud! ».
Rendez-vous demain, pour la 2ème étape, entre Ha’il et Al Artawiyah. Au programme, il y aura à nouveau beaucoup de sable, mais avec plus de dunes. L’étape comptera 585 kilomètres au total, dont 339 de spéciale. A noter que l’étape marathon est finalement annulée, le site sur lequel les concurrents devaient passer la nuit étant… inondé. Bienvenue en Arabie saoudite!
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