Dakar 2022 – 6ème étape : Daniel Sanders vainqueur d’un sprint de 101 kilomètres
C’était une vraie fausse bonne idée. Pourtant, cela partait d’un bon sentiment. Lancer les motos et les quads sur une boucle, au sud de Jeddah, et faire de même avec les autos et les camions, au nord cette fois. Et croiser les tracés le lendemain.
Mais faire passer des motos de moins de 200 kilos sur un tracé labouré, la veille, par des camions de 10 tonnes relevait clairement de l’utopie. On osait espérer, ce matin au départ de la spéciale, que le parcours aie été adapté, et les waypoints déplacés. Il n’en a rien été.
Résultat des courses, des top-pilotes en difficulté, et plusieurs chutes à signaler. Après seulement trois minutes de course, Danilo Petrucci (KTM #90), qui ouvrait la route pour la première fois de sa courte carrière en rallye-raid, part à la faute. Sans gravité pour l’ex-pilote de MotoGP. C’est un peu plus grave pour Ross Branch (Yamaha #18). Le pilote botswanais chute dans les premiers kilomètres de la spéciale, et doit être dirigé vers le service médical du bivouac, souffrant de multiples douleurs sur le côté droit.
Spéciale neutralisée au point kilométrique 101
Grondement au premier point de «refueling», avec des pilotes d’usine rapportant la dangerosité du terrain, passablement retourné – il est vrai – par le passage des autos et des camions la veille. Décision est donc prise, par la Direction de course, d’arrêter les frais et de neutraliser la spéciale. Les concurrents sont donc ramenés, en convoi, jusqu’à Jeddah, et les positions au kilomètre 101 auront valeur de classement d’étape. C’était donc un sprint surprise qui attendaient les pilotes, au matin de cette 6ème journée.
Des pilotes soulagés… ou pas !
Au classement d’étape, on retrouve donc Daniel Sanders, sur sa GAS GAS numéro 4. Le jeune pilote, vainqueur de la première étape, était l’un des rares pilotes frustrés par cet arrêt impromptu, tant il voulait continuer d’en découdre : «Pour moi il n’y avait aucun problème, on a déjà fait d’autres courses dans ces conditions comme au Maroc cet hiver. Malheureusement pas mal de pilotes se sont plaints au ravitaillement. J’étais prêt à repartir. Je sais que je suis rapide et en particulier dans les pierres qui sont un type de terrain que je connais bien. C’est mon passé enduro mais aussi le fruit du développement que l’on a fait toute la saison sur la moto qui me rend très confiant dessus. On a travaillé dur et j’ai hâte de montrer aux autres que le travail paye.» Le pilote australien peut se réconforter avec une nouvelle victoire d’étape.
D’autres pilotes ont clairement manifesté leur soulagement. A l’image d’Adrien Van Beveren (Yamaha #42), qui estime avoir eu de «la chance d’arriver sain et sauf de cette spéciale qui était particulièrement dangereuse. Le road book est créé de façon à nous indiquer les danger sur une piste», poursuit le pilote français. «La piste avait totalement disparu, elle faisait 300 m de large après le passage des autos et des camions hier. J’ai serré les dents et donné le meilleur, j’étais dans des temps corrects pour essayer d’être vraiment consistant.» Adrien Van Beveren hérite de la 8ème place, à 4’10 de Daniel Sanders.
Même son de cloche chez le tenant du titre, Kevin Benavides (KTM #1), pour qui «annuler l’étape 6, qui était vraiment dangereuse, était une décision intelligente de la part de l’organisation. Notamment en raison des traces laissées par les autos et les camions la veille.» Le pilote argentin pointe à la 15ème position aujourd’hui, à 5’31 du leader.
Les 10 premiers en moins de 5 minutes
Cette sixième étape s’est donc déroulée sur un quart de la distance prévue (101 kilomètres de spéciale chronométrée au lieu de 402) et c’est en toute logique que les concurrents se retrouvent dans un mouchoir de poche. Les 10 hommes de tête se tiennent ainsi en moins de cinq minutes.
Derrière Daniel Sanders, victorieux presque malgré lui, se trouvent Sam Sunderland (GAS GAS #3) et Matthias Walkner (KTM #52), à respectivement 2’26 et 2’36 du pilote australien. Pablo Quintanilla (Honda #7) atterrit au pied du podium, devant l’américain Ricky Brabec (Honda #2). Le rookie Mason Klein (KTM #43), prend la sixième place, à 3’33, suivi par Stefan Svitko (KTM #142), septième à 4’05. Adrien Van Beveren est 8ème, à 4’10, tandis que Toby Price (KTM #18) et Joaquim Rodrigues (Hero #27) ferment ce top 10, à respectivement 4’16 et 4’29.
Joan Barreda (Honda #88), qui était parti blessé suite à sa chute de la veille, pointe au 14ème rang. Le suivi des temps en direct laisse malgré tout penser que le pilote espagnol était à la peine, car sa position avait passablement dégringolé (au-delà du centième rang) peu avant l’annonce de la neutralisation de la course.
Danilo Petrucci, grand vainqueur de la 5ème étape, termine en 40ème position suite à sa chute. Il souffre notamment d’une belle entaille au coude, mais cela ne semble pas le décourager de continuer!
Classement général
C’est toujours Sam Sunderland qui mène la course. Un avantage psychologique décisif à mi-course. Mais il ne compte que 2’39 d’avance sur Matthias Walkner, qui fait preuve d’une régularité implacable, comme à son habitude. Daniel Sanders est en embuscade, à seulement 5’35 de Sam Sunderland, et sait que tout est encore jouable. Adrien Van Beveren place la première Yamaha en 4ème position, à 7’43, tandis que Pablo Quintanilla place sa Honda en 5ème position, à 17’44.
Suivent ensuite Lorenzo Santolino (6ème), Stefan Svitko (7ème), Kevin Benavides (8ème), Joan Barreda (9ème) et Mason Klein (10ème). Pas de doute, la deuxième semaine promet d’être explosive !
Du côté de la Suisse
Jonathan Chotard est un homme frustré. Voilà deux jours de suite qu’on le prive de dunes ! Plus sérieusement, le pilote français, qui travaille dans le canton de Vaud, porte un regard critique, mais très juste, sur la neutralisation de cette sixième spéciale :
« J’attendais vraiment les dunes avec impatience, il y avait 150 kilomètres de sable au programme. Mais encore une fois, pas de dunes pour moi aujourd’hui. La spéciale commençait bien, c’est parti très très vite, avec une cinquantaine de kilomètres à haute vitesse et des pointe à plus de 170km/h. Et d’un coup, un secteur trialisant, avec des grosses pierres et une vitesse de l’ordre de 30km/h. Je m’en suis bien sorti, malgré une petite erreur de navigation. Ils nous ont ensuite arrêtés au refueling, car les conditions étaient assez piégeuses. C’est vrai que ça avait mal commencé: au kilomètre 2.9 il y avait déjà des pilotes au sol. Les conditions étaient assez mauvaises, mais c’était surtout dangereux pour les pilotes d’usine, qui sont toujours à fond. Nous, les amateurs, on ralentit et on s’adapte. Mais eux ne vont pas à la même vitesse que nous. Quoiqu’ils devraient, eux aussi, être capables d’adapter leur vitesse aux conditions, non? »
Une réflexion terriblement pertinente, sur un rallye qui se targue – avec raison – d’être le plus dur au monde. Mais la piste était-elle réellement impraticable ?
«C’est vrai que les voitures et les camions avaient bien labouré le terrain, ce qui faisait parfois ressortir des gros cailloux dans les ornières. Mais c’est à nous d’être attentif et de savoir nous adapter au terrain, pas le contraire. C’est un peu le principe du rallye-raid, en fait. »
On devine une pointe d’incompréhension dans ses propos. Mais Jonathan Chotard a le sourire et peut préparer sereinement sa deuxième semaine de course :
« Je suis content d’avoir fini cette première semaine. Je suis entier, la moto va bien aussi, je vais pouvoir m’attaquer tranquillement à la mécanique et surtout, ce soir et demain, me reposer. »
Nicolas Monnin termine en 109ème position, et occupe actuellement la 121ème place du classement général provisoire.
Il nous donne son ressenti après cette 6ème étape écourtée. «Je me suis fait stopper au ravitaillement, comme tout le monde. Il semble que les pilotes en tête de course trouvaient la spéciale beaucoup trop dangereuse, car on roulait à 80% sur les traces des autos. J’ai effectivement croisé plusieurs pilotes au sol, dont Ross Branch qui avait explosé sa Yamaha. C’était une spéciale rapide, mais je reste sur un rythme « safe », je fais gaffe aux petits dangers et je mets gaz en grand quand je peux. Demain, c’est l’étape de repos et je vais pouvoir reprendre un peu de forces. »
Nous profiterons de la journée de repos de ce samedi 8 janvier pour faire le bilan, à mi-parcours, avec Jonathan et Nicolas.
Tous les résultats sur le site du Dakar.
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