Dakar 2022 – 8ème étape : victoire pour Sam Sunderland, qui reprend la tête du rallye
Au départ ce matin, Sam Sunderland avait 5 minutes et 38 secondes à grappiller, pour rattraper Adrien Van Beveren, leader du classement général. A l’arrivée, c’est chose faite pour le pilote GAS GAS, qui se replace dans la course pour la victoire finale et devance désormais Matthias Walkner de 3 minutes 45 au classement provisoire, reléguant Adrien Van Beveren sur la troisième marche du podium final.
Pas de doute, la course a repris. Et avec la manière. Après une étape de 730 kilomètres particulièrement usante hier, c’était 828 kilomètres qui attendaient les pilotes aujourd’hui. Avec une spéciale chronométrée de 394 kilomètres, moitié sable, moitié terre, et de nombreuses vallées multipliant d’autant les risques de s’égarer. Mais aussi 434 kilomètres de liaison éprouvante. Une épreuve redoutable s’annonçait pour les concurrents, qui devaient se lever à l’aube et risquaient bien, pour certains, de rentrer de nuit.
A cinq étapes de la fin de course, les pilotes savent qu’il faut commencer, dès à présent, à faire la différence. A chacun sa stratégie. Mais celle de José Ingacio Cornejo Florimo (Honda #11) est claire. Le vainqueur de la septième étape sait qu’il a du retard à rattraper, avec un début de rallye en demi-teinte.
Au départ ce matin, le pilote chilien est à la 9ème place du classement général, et sait qu’il va devoir mettre du gaz pour remonter en direction du top 3. Mais en s’élançant en première position, avec la lourde tâche d’ouvrir la trace, l’exercice est périlleux. José Ingacio Cornejo Florimo en fera les frais, avec une 15ème place à l’arrivée de la spéciale.
Car dès le premier point de passage, c’est Sam Sunderland (GAS GAS #3) qui pointe en tête. Parti 28ème ce matin (sa position lors de l’étape de la veille), il a course gagnée – ou presque – puisqu’il lui suffit de remonter tranquillement sur ses poursuivants. Avec 5’38 de retard sur le leader au classement général, la partie s’annonce relativement facile. Et l’australien ne décevra pas. Il prendra le commandement de la spéciale au kilomètre 43, et le gardera jusqu’à l’arrivée.
Sam Sunderland est content de ses performances du jour, même s’il juge cette 8ème étape ardue en termes de navigation : «Aujourd’hui on a eu beaucoup de sable et une navigation difficile entre les canyons, ce n’était pas facile de prendre le bon, et il fallait faire 300-400 mètres avant de se rendre compte que c’était la mauvaise direction. Il fallait vraiment prendre son temps, bien suivre le cap, la distance… Les gars qui ont ouverts ont fait un super travail. Honnêtement j’ai tout donné aujourd’hui pour essayer de reprendre du temps. La course est très serrée cette année, c’est difficile pour nous car c’est un peu les montagnes russes au niveau émotionnel. Hier, j’étais au fond après une journée difficile, mais il faut rester calme et prendre les jours comme ils viennent. Demain, après la gloire de la victoire du jour, je vais être «puni» en ouvrant. Mais la règle est la même pour tous et celui qui veut gagner la course doit parfois gagner des spéciales.»
Derrière le pilote GAS GAS, les Honda de Ricky Brabec (#2) et Joan Barreda (#88) s’accrochent.
Mais le pilote américain décroche assez rapidement, laissant un Joan Barrdea affaibli physiquement (le pilote espagnol a lourdement chuté lors de l’étape 5) se battre pour la deuxième place. Mais très vite, l’ancien coéquipier de Sam Sunderland chez KTM, Matthias Walkner (KTM #52), se rapproche. Au kilomètre 170, le pilote autrichien prend le deuxième temps provisoire de la spéciale, suivi par Pablo Quintanilla (Honda #7).
A cet instant, Joan Barreda est alors 4ème, tandis que Ricky Brabec est relégué en 12ème position.
Si l’américain réussira à revenir et terminera cette étape au 4ème rang, Joan Barreda passera la ligne d’arrivée en 10ème position: «C’était une journée difficile pour moi, spécialement dans les dunes avec mes suspensions réglées plus souples depuis ma blessure. J’ai chuté et cela a été difficile de continuer sur un bon rythme. C’est un bon jour, même si on a commis une erreur de navigation 50 km avant l’arrivée qui a dû nous coûter 10 ou 12 minutes. Physiquement, je me sentais mieux aujourd’hui, mais j’ai chuté dans le sable et j’ai eu très mal à l’épaule pendant plusieurs minutes, même si j’ai essayé de conserver du rythme.»
Matthias Walkner, qui est très régulier depuis le début du rallye (il occupe la seconde place du classement général provisoire depuis la quatrième étape), se fait ravir la seconde place du podium d’étape au kilomètre 321, par Pablo Quintanilla.
Mais le vainqueur du Dakar 2018 est toujours sur le deuxième marche virtuelle du podium final et sait que rien n’est encore joué : «Tous les jours sont importants, car on peut gagner ou perdre beaucoup de temps. En partant derrière, j’avais l’opportunité de reprendre du temps sur ceux de devant, j’ai donné tout ce que j’avais sur la fin et cela n’est pas trop mal à l’arrivée. Mais il reste encore quatre longs jours. Le match qui a débuté cette semaine est très serré avec des hauts et des bas, ce qui est important c’est de ne pas commettre une grosse erreur et on verra qui gagne à la fin.»
Classement général : les chaises musicales
Le perdant du jour est donc Adrien Van Beveren (Yamaha #42), qui lâche plus de dix minutes à Sam Sunderland dans cette longue étape. Le pilote français perd la tête de la course et se retrouve 9ème du jour. Une position qui le relègue en 3ème position au classement général. Mais avec seulement 4’43 de retard sur Sam Sundeland, rien n’est joué. D’autant qu’Adrien Van Beveren partira, de fait, en bonne position demain matin.
Mais pour gagner l’étape de demain et reprendre les rênes du rallye, il lui faudra régler un léger problème technique : «Mon bouton de road-book est tombé en panne dès les premières dunes, j’ai donc dû le faire défiler à la main. Ce n’était pas facile de piloter comme ça et c’était flippant de se faire secouer dans les trous en tenant le guidon avec une seule main. Mais si je n’ai que ça comme problème, tout va très bien, ça fait partie du DakarJe suis tout de même content de ma journée et je garde le même état d’esprit : continuer à faire le moins de fautes possible jusqu’au bout.»
Et les rookies ?
Bon rythme pour Mason Klein (KTM #43). Le jeune prodige américain, tout juste 20 ans au compteur, termine cette 8ème étape en 5ème position. Et entre dans le top 10 final, à 5 étapes de la fin du rallye. Plutôt fabuleux pour son tout premier Dakar.
Pour Danilo Petrucci (KTM #90), vainqueur de la 5ème étape, c’est plus compliqué. Victime d’une chute dans la 6ème étape (qui l’a passablement amoché au coude), il peine depuis à retrouver le rythme de la première semaine. L’ex-pilote de MotoGP termine aujourd’hui en 25ème position.
Du côté de la Suisse
A l’arrivée de la spéciale, notre Suisse de cœur Jonathan Chotard s’est confié à ActuMoto:
« Journée compliquée pour moi. J’étais assez moyen ce matin, je toussais un peu, mais ça allait. Arrivé dans les dunes, j’ai eu un petit coup de mou et j’ai chuté. Je n’ai pas eu trop mal, mais ça m’a secoué. J’avais du mal à me mettre dedans, et j’ai fait une bonne partie de l’étape avec les gaz pas trop ouverts. Depuis quelques jours, mais surtout depuis la grosse étape d’hier, j’ai comme une grosse tendinite à la main droite. Du coup, j’ai un peu de mal à accélérer. Je me suis concentré sur la navigation et j’ai réussi à ne pas faire d’erreurs. A la neutralisation, j’ai vu les médecins, qui m’ont donné un cachet et m’ont massé un peu le bras. Ça m’a fait du bien et c’est allé mieux ensuite. C’est une étape un peu en demi-teinte pour moi, mais c’était quand même sympa. Je ne sais pas comment je me place au classement général mais je pense que ça ne va pas être terrible. »
Pour une « mauvaise » étape, Jonathan Chotard fait fort! Il est 66ème du jour, et remonte de 5 places au classement général provisoire, en prenant la 78ème position ! Joli coup !
Le neuchâtelois Nicolas Monnin termine cette 8ème étape au 115ème rang. Une position qui est également la sienne au classement général. Arrivé au bivouac de nuit, il nous explique comment s’est passé sa journée:
« Une étape longue, et assez difficile. Je me suis levé à 4h ce matin, il y avait 166 kilomètres de liaison, une spéciale de 394 kilomètres et, pour finir, encore 266 kilomètres de liaison. La spéciale a commencé par des pistes assez roulantes, qui se sont rapidement transformées en dunes. Le sable était vraiment mou, je n’avais pas mes repères et je suis parti à la faute assez régulièrement. Puis il y a eu des dunes « gigantissimes ». C’était des montagnes à escalader! Un poil flippant et en même temps très enthousiasmant! C’était juste extraordinaire!
Ces grosses dunes, il faut les prendre avec beaucoup d’élan, mais surtout les étudier, voir où le sable est le plus porteur et bien choisir sa trace, sous peine de perdre son élan et de devoir redescendre. C’est un exercice assez plaisant, que j’ai plutôt bien réussi. Mais il m’est arrivé aussi de faire trois ou quatre tentatives pour réussir à franchir une seule dune. C’était une journée difficile, physiquement parlant. Je pense que j’ai du relever – ou pousser – la moto au moins une vingtaine de fois. Mais malgré ça, je profite du moment présent. Je vis un rêve éveillé et je suis heureux d’être là.
Sur la deuxième liaison, qui me ramenait au bivouac, il y avait environ 70 kilomètres de piste. Et des paysages absolument fantastiques, avec des montagnes noires qui contrastaient avec le sable jaune. Et ensuite, j’ai roulé avec le coucher du soleil. J’en avais les poils hérissés. Une belle journée, longue, assez dure mais extrêmement satisfaisante! »
Plus d’infos sur le site du Dakar.
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