Dakar 2022 – 9ème étape : victoire pour Jose Ignacio Cornejo Florimo, Matthias Walkner leader du classement général
Aujourd’hui, c’était grasse mat’ sur le Dakar. Départ dès 8h, pour permettre aux retardataires de la veille de récupérer. Mais juste un peu. Après 10 jours de course, les organismes, comme les machines, commencent à souffrir. L’endurance et le mental jouent un rôle crucial dans cette deuxième partie de course qui a tout d’un marathon. Pourtant, les 287 kilomètres de la spéciale du jour, eu égard des deux dernières étapes, tenaient presque du sprint. Une impression confirmée à l’arrivée de la spéciale, avec un top 5 qui se tient en à peine plus de deux minutes. Impressionnant.
Cette 9ème étape forme une boucle, au départ et à l’arrivée de Wadi Ad-Dawasir. 287 kilomètres de spéciale chronométrée, donc, ainsi que 203 kilomètres de liaison, pour un total de 490 kilomètres. Au programme, toujours du sable, mais un peu plus de reliefs, entre montagnes et canyons. Presque une promenade de santé, en attendant les 757 kilomètres de l’étape 10.
Matthias Walkner prend le commandement
Vainqueur un jour, ouvreur le lendemain. C’était donc à Sam Sunderland (GAS GAS #3) de s’élancer en premier ce matin, sur un terrain vierge de toute trace. Le pilote australien, qui avait pris la tête du classement général la veille, devait éviter de trop perdre de temps s’il voulait la conserver. Car derrière, Matthias Walkner (KTM #52) et Adrien Van Beveren (Yamaha #42) étaient en embuscade, à respectivement 3’45 et 4’43.
Mais ouvrir la route est rarement compatible avec un coup d’éclat et c’est en 14ème position que Sam Sunderland franchit la ligne d’arrivée : «Le terrain était varié aujourd’hui: dunes, plateaux, canyons, il y avait de tout. C’était assez dur d’ouvrir, spécialement dans le sable. Ce Dakar est vraiment serré, les temps sont encore très proches. Le compte à rebours est commencé. Tout ce que je peux faire, c’est tout donner chaque jour. En tout cas, je me sens de mieux en mieux. Le plan de demain, ce sera encore d’attaquer à fond et de récupérer le temps que j’ai perdu en ouvrant l’étape aujourd’hui ».
Coup de sac sur le classement général
On prend les mêmes et on recommence. Sur le podium virtuel de fin de course, on retrouve donc, comme hier, Sam Sunderland, Matthias Walkner et Adrien Van Beveren. Mais les pilotes GAS GAS et KTM ont échangé leur place. Matthias Walkner mène à présent la danse, avec 2’12 d’avance sur son ancien coéquipier.
Une stratégie de régularité payante pour le pilote autrichien: «C’était une étape comme on en a déjà connues ces jours-ci. Du sable, un peu de pierres, de nombreuses vallées, des dunes, une très belle étape, très rapide, un peu plus facile car elle était un peu plus courte. Chaque erreur se paye en fin de journée et je n’en ai pas commise aujourd’hui, je suis très content de mon pilotage. La moindre faute peut vite coûter quarante minutes, le but principal est d’éviter ce genre d’erreur. Je donne le maximum et si ça ne suffit pas, ce sera comme ça. Il n’y a pas de stratégie, il faut rester concentré sur le road book, il reste deux longues spéciales et la dernière peut aussi être compliquée. Les écarts sont très serrés dans le Top 5 et la moindre erreur pourra tout changer, on doit rester concentré».
Adrien Van Beveren est toujours troisième du classement général, mais ne pointe plus qu’à 3’56 de son adversaire : «C’était fun à rouler, mais au final j’ai trouvé la navigation assez facile, alors que j’attendais une belle étape de navigation pour faire la différence. Il reste trois étapes, et il suffit d’une note de road book pour faire la différence, dans un sens comme dans l’autre. Quand on se trouve sur le podium virtuel et que ça se joue sur aussi peu il y a de la pression… mais jusqu’ici je la gère bien. Je me fais plaisir sur la moto, et c’est pour ça qu’on est là, quand même!»
La course est loin d’être finie, d’autant que, derrière, Pablo Quintanilla (Honda #7) pousse fort avec sa nouvelle Honda. 4ème du général à moins de cinq minutes du leader, autant dire que rien n’est joué.
Le tenant du titre Kevin Benavides (KTM #1), 5ème de ce classement général provisoire à 10’22, n’a pas non plus dit son dernier mot. Tout comme Joan Barreda (Honda #88), qui fait très fort malgré une épaule froissée et des suspensions réglées plus souples pour éviter les (trop) gros chocs. Le rapide pilote espagnol serre les dents et se place en 7ème position, à 10’57.
Honda en force
Retour sur l’étape du jour. Les motos de la firme ailée ont fait fort ce matin. Au kilomètre 160, on compte quatre Honda dans le top 5. Mais les KTM n’ont pas dit leur dernier mot. Jose Ignacio Cornejo Florimo (Honda #11) résiste à l’attaque de Kevin Benavides et s’offre sa deuxième victoire sur ce 44ème Dakar, avec une minute et 26 secondes d’avance sur le vainqueur de l’an dernier.
Troisième aujourd’hui, à seulement 1’47, Ricky Brabec (Honda #2) commence à montrer les crocs. L’américain est loin au général (12ème à plus de 35 minutes) mais il lui reste sans doute quelques cartes à jouer.
Matthias Walkner et Joan Barreda complètent ce top 5 du jour, à respectivement 2’06 et 2’10. Avec 5 pilotes en un peu plus de 2 minutes sur 287 kilomètres, c’est peu dire que la course est serrée.
Andrew Short (Yamaha #29) suit en 6ème position, à 3’46, tandis que Luciano Benavides (#77) place la première Husqvarna, au 7ème rang, à 4’21.
Pablo Quintanilla et Adrien Van Beveren suivent, en 8ème et 9ème position, à seulement 2 secondes l’un de l’autre (respectivement 5’02 et 5’04 du vainqueur de l’étape).
Du côté de la Suisse
Notre « Suisse de coeur » Jonathan Chotard, qui travaille comme chef d’atelier à Vich (VD), a réalisé une superbe spéciale, malgré une légère blessure au bras droit. Il nous parle de cette 9ème étape, à son arrivée au bivouac.
« C’était une belle spéciale aujourd’hui. Vraiment très rapide sur les 30 premiers kilomètres, avec ensuite de la belle piste sablonneuse, en fond de canyon. C’était superbe! J’avais encore un peu mal au bras, mais ça allait mieux et j’avais un bon rythme, même si j’aurais aimé pouvoir mettre plus de gaz. Du coup, je me suis concentré sur la navigation, et dans les canyons, c’était pas facile. Je pense que ça a payé parce que j’ai rattrapé pas mal de concurrents. Je suis assez content de ma spéciale, même si c’était dur physiquement avec ce bras qui me fait un peu mal. »
Il signe son meilleur résultat jusqu’ici (46ème place!) et remonte en 73ème position au classement général.
Le pilote neuchâtelois Nicolas Monnin a connu des pannes à répétition dans cette neuvième étape, et il même du pousser sa moto sur plus d’un kilomètre pour passer la ligne d’arrivée. De retour – enfin – au bivouac, il nous raconte ses aventures du jour:
«C’est ma pire journée sur le Dakar, pas de doute. J’avais décidé de démarrer tranquillement, il n’y avait pas beaucoup d’enjeu, pas beaucoup de kilomètres, mon but était d’arriver rapidement et de pouvoir préparer les prochains jours, dont la fameuse onzième étape qui nous est annoncée comme très difficile. Mais ce qui devait être simple s’est vite compliqué.
Les pistes étaient rapides et, très vite, je me suis retrouvé en 5ème, gaz en grand. On slalomait dans des canyons, entres les montagnes, c’était grandiose. Sur les 100 premiers kilomètres, j’ai remonté une vingtaine de concurrents. Ça allait vraiment bien, je prenais beaucoup de plaisir.
Aux alentours du kilomètre 100, je suis arrivé dans une zone un peu trialisante, avec beaucoup de cailloux. Je ne sais pas pourquoi exactement, mais la moto a calé. Et à partir de là, impossible de repartir. Comme si je n’avais plus de batterie. J’ai sorti mes câbles de pontages et j’ai attendu qu’un concurrent puisse m’aider à redémarrer. Ça a été le cas assez rapidement et j’ai pu repartir. A partir de là, j’ai vraiment été prudent, en essayant de ne pas tomber, et de surtout pas caler. C’était un peu tendu. J’ai essayé de contourner les difficultés le plus possible.
Arrivé au refueling pour faire le plein, la moto n’a, à nouveau, pas voulu redémarrer. J’ai réussi, après de nombreuses tentatives, à la faire repartir mais je suis du coup parti bon dernier. Il y avait ensuite des dunes, et je me suis tanké dans un creux. Bien sûr, la moto avait calé. J’ai réussi, une fois encore, à redémarrer. Ce n’était pas un souci de batterie, visiblement. Mais peut-être de démarreur. Malheureusement, quelques kilomètres plus loin, la moto s’est encore arrêtée. David Castera, le directeur de course, est venu à ma rencontre avec l’hélicoptère. On a arrêté des motards pour qu’ils nous aident encore une fois, et David Castera m’a fait emprunter un itinéraire moins difficile.
Mais la moto s’est définitivement arrêtée, à 1400 mètres de l’arrivée. J’ai donc dû me résoudre à pousser la moto, sur 1,4 kilomètre. Ensuite, la moto a été ramenée au bivouac. Elle est en cours de réparation, on va devoir changer le moteur et je vais pouvoir repartir demain. Mais on ne sait pas exactement ce qui s’est passé. Je sais que je ne suis pas tombé. Mais est-ce que j’ai tapé une pierre, est-ce que le circuit électrique est défaillant?
Mais j’ai eu de la chance car j’ai pu finir la spéciale. Je vais prendre des grosses pénalités, c’est clair. Mais je m’en fiche, je suis toujours en course et je peux espérer atteindre mon objectif: terminer le Dakar. Le moral était vraiment très bas, à un moment donné. Très très bas. Maintenant, j’y crois à nouveau. Et je vais faire ce qu’il faut maintenant, pour préparer la suite, étape par étape.»
Nicolas n’est pas hors course, mais sa mésaventure l’a évidemment fait plonger au classement général. Il termine en 124ème position, et prend la 117ème place au classement provisoire.
Toute l’équipe d’ActuMoto est derrière toi pour demain, Nico !!
Plus d’infos sur le site du Dakar.
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