Interview : «De nos jours, le sport motorisé n’est nulle part aussi sûr que sur circuit !»
Une initiative parlementaire a été lancée, en février dernier, pour lever l’interdiction des courses sur circuit que subit la Suisse depuis plus de soixante ans. Christian Wasserfallen, député PLR à Berne et principal initiant, nous explique sa démarche, avec à la clé une lueur d’espoir pour le sport motocycliste helvétique.
Les motards helvétiques le savent. S’ils veulent exploiter leurs engins en toute sécurité, ils n’ont d’autre choix que de changer de pays. A l’heure actuelle, la Suisse interdit les courses sur circuit sur l’ensemble de son territoire. Une interdiction qui date de la fin des années 50 et qui fait suite à un spectaculaire accident aux 24 heures du Mans, lors de l’édition 1955.
L’article 52 de la LCR (Loi sur la Circulation Routière) est clair : «Il est interdit d’effectuer avec des véhicules automobiles des courses en circuit ayant un caractère public.» Cet article, entré en force le 1er octobre 1959, est la conséquence directe du tragique accident qui avait endeuillé la célèbre course des 24 heures du Mans de 1955, avec 84 morts et plus de 120 blessés. Un accident qui avait marqué les esprits au point de provoquer une levée de boucliers, avec les conséquences évoquées plus haut.
Mais en 2022, la donne a changé. Les circuits sont aujourd’hui plus sûrs. Les machines aussi. Les normes de sécurité n’ont jamais été aussi élevées et le risque qu’un tel drame se reproduise sur un circuit homologué est hautement improbable.
Certains défenseurs du sport motorisé estiment que cette interdiction n’est, de fait, plus justifiée. Avec comme argument l’organisation en 2018 (à Zürich), puis en 2019 (à Berne), de courses de Formula E. Des courses qui ont remporté un grand succès populaire, mais qui n’ont pu avoir lieu que grâce à des autorisations exceptionnelles délivrées par la Confédération. Mais qui n’ont toutefois pas été renouvelées. L’occasion est donc belle de démontrer que le sport motorisé a sa place, à nouveau, dans notre beau pays.
Après plusieurs tentatives infructueuses (dont la dernière date de 2010) de lever définitivement l’interdiction des courses sur circuit en Suisse, serait-ce enfin la bonne?
Éléments de réponse avec le conseiller national Christian Wasserfallen (PLR), qui a déposé en février une initiative parlementaire visant à abroger l’article 52 (al.1 et 2) de la LCR.
Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à déposer cette initiative parlementaire ?
«Pour ces deux courses de Formule E, il fallait une autorisation exceptionnelle du Conseil fédéral. Mais il est absurde que d’autres organisateurs potentiels doivent à chaque fois demander une dérogation à la Confédération, car c’est en fait le canton qui devrait être l’autorité d’autorisation. De nos jours, il n’est plus possible d’invoquer des raisons de sécurité, car le sport automobile n’est nulle part aussi sûr pour les participants et les spectateurs que sur les circuits. Il n’y a donc aucune raison d’interdire ces courses, bien au contraire.»
Pour pouvoir organiser des courses avec le maximum de sécurité, il faut des infrastructures spécifiques. Pensez-vous qu’il soit possible, si votre initiative est acceptée, de construire un circuit en Suisse, malgré toutes les normes antibruit et environnementales actuelles? Ne craignez-vous pas nombre d’oppositions?
«Il y aura des chances de pouvoir exploiter au moins quelques circuits en Suisse. Cela en vaudrait la peine, car aujourd’hui des milliers de personnes ne peuvent pratiquer leur sport qu’à l’étranger, ce qui implique des trajets beaucoup plus longs. Si les coureurs suisses, auto comme moto, pouvaient courir davantage en Suisse, cela permettrait d’économiser des dizaines de milliers de kilomètres de trajet.»
Qui sont les principaux opposants à cette levée de l’interdiction ?
«Les milieux gauche-verts sont certainement contre et veulent freiner le sport automobile en général. La question du bruit autour des circuits de course est également une question centrale. Les emplacements d’anciens aérodromes militaires désaffectés conviendraient toutefois parfaitement pour créer des circuits.»
Si la mise en place de courses en Suisse devait être difficile, quels seraient les autres arguments en faveur d’une levée de cette interdiction ?
«Il y a la possibilité d’effectuer des cours de formation, par exemple. La prévention est également un volet important.»
Quelles sont les prochaines étapes pour que la levée de l’interdiction soit effective ?
«Après le Conseil national, qui a validé l’initiative, c’est au tour du Conseil des États de donner son accord. Si c’est le cas, la loi sera dans la poche, à moins qu’un référendum ne soit lancé contre elle. Une fois que l’interdiction des courses en circuit sera tombée, il appartiendra aux acteurs privés de se lancer dans un projet concret de circuit sur un site approprié.»
Le projet est donc en bonne voie, même si une certaine prudence reste de mise. Lors des dernières tentatives de lever l’interdiction des courses sur circuit en Suisse, ce n’est qu’à quelques voix que les initiatives ont finalement été refusées. Mais on peut d’ores et déjà se réjouir de l’ouverture au monde qu’impliquerait, pour le sport motocycliste helvétique dans son entier, une telle décision politique.
Je suis très surpris de cette interdiction de courses en Suisse qui date de 1959.
J’ai eu la chance de participer aux courses de championnats suisses moto sur le circuit de Lignières jusqu’en 1983 !
Bonjour
Intéressant témoignage. De quel genre de courses parlez-vous ici? je veux dire, quel championnat? celui de vitesse? Si oui, c’était probablement une exception.
Meilleure journée à vous
Jérôme Ducret, rédacteur responsable
Bonjour,
Ma question: qu’en est-il aujourd’hui 15 mai 2022? Passé ou pas?
Mon avis: j’espère que nous allons enfin pouvoir bénéficier d’un droit à cela ainsi que d’un ou deux circuits en Suisse avant ma mort! Depuis plus de trente ans je pratique la moto, ayant travaillé pour un journal mais ayant aussi participer à des compétitions ainsi que de nombreuses sorties en circuit, j’ai toujours été étonné que les verts ou autres ne s’offusquent pas des environs 600’000 (chiffres d’inscriptions de l’an 2000 à des sorties circuits voitures ou moto sans les compétitions) personnes de Suisse se rendant à l’étranger avec des véhicules chargés qui polluent sur de longues distances!!!
A l’heure actuelle, bon nombre d’organismes connus tel que TCS, Cornu Master school etc… font leur cours de formation, de sécurité à l’étranger et toujours pas de réaction???