Suzuki annonce officiellement se retirer du MotoGP à la fin de 2022
Après des semaines de rumeurs plus que très insistantes, la marque japonaise a enfin publié un court communiqué confirmant qu’elle veut arrêter sa participation au championnat mondial de vitesse dans la catégorie MotoGP, pour des raisons économiques, et qu’elle est en tractation avec la Dorna, l’organisateur de ce championnat, pour trouver un arrangement sur un retrait d’ici à la fin de l’année en cours. Les deux pilotes du team Suzuki, le champion du monde (2020) Joan Mir et Alex Rins – plusieurs fois vainqueur dans des Grand Prix – ne savent pas où ils pourraient courir l’an prochain et le paddock est en ébullition.
Après plusieurs semaines de rumeurs plus que très insistantes, la nouvelle est officielle. Suzuki annonce se retirer du MotoGP. Il aura fallu du temps avant que la firme japonaise, qui est présente par le biais d’un team d’usine avec deux pilotes, Joan Mir et Alex Rins, « relâche » une déclaration à propos de sa décision, dont tout le paddock MotoGP était au courant, et qui avait déjà eu pour conséquences que les agents de Mir et Rins étaient en tractations intensives avec toutes les autres marques présentes dans le championnat, et que la Dorna, l’organisateur du MotoGP, avait publiquement averti Suzuki que sortir du championnat à la fin de 2022 aurait des conséquences, du fait du contrat signé par la marque avec le promoteur, qui prévoyait une participation jusqu’en 2025.
Lorsque la Dorna parle de conséquences, on comprend qu’elles sont notamment financières. Si Suzuki annonce son retrait, la marque japonaise devra probablement s’attendre à devoir payer une dédite pour rupture de son contrat.
Voici la formulation exacte du « statement » de Suzuki: « Suzuki Moto Corporation est en discussion avec la Dorna sur la possibilité que la participation de Suzuki au MotoGP se termine à la fin de 2022. Malheureusement, la situation économique actuelle et le besoin impérieux de la part de Suzuki de pouvoir concentrer ses efforts sur les grands changements que le monde automobile affronte durant les années présentes et à venir, tout cela forcent Suzuki à drastiquement diminuer les coûts liés aux compétitions, et à utiliser toutes ses ressources humaines et économiques au développement de nouvelles technologies. Nous voudrions exprimer notre profonde gratitude au team Suzuki Ecstar, à tous ceux qui ont soutenu les activités de courses moto de Suzuki durant de nombreuses années, et à tous les fans de Suzuki qui nous ont accordé leur soutien enthousiaste. »
On comprend en lisant cette déclaration que la décision que Suzuki annonce est déjà prise et qu’il ne s’agit plus que de régler le comment. Et même que la date de fin est en gros décidée elle aussi. Il est fait allusion à des « changements » dans le monde automobile (ce qui veut dire aussi le monde de l’industrie motocycliste) et à une « situation économique ». On devine en toile de fond qu’il s’agit de la crise logistique actuelle, due entre autres aux suites de la pandémie de coronavirus, qui grippe toute la machine industrielle de la planète, et aussi du prix des matières premières, et donc par ricochet du prix de tout ce qui est fabriqué, qui est en train de grimper dans le contexte notamment de la guerre en Ukraine. Mais pas seulement. Toute cette industrie automobile doit en effet s’adapter à marche plus ou moins forcée au changement climatique et aux plans de transition écologique annoncés et mis en place par de nombreux gouvernements. Ce qui signifie entre autres développer des propulsions alternatives aux traditionnels moteurs à essence, que ce soit via les moteurs électriques, hybrides, à hydrogène, ou avec des carburants bio.
Et Suzuki, qui est aussi un constructeur automobile – dans le strict sens de ce mot, ils fabriquent des voitures y – avec un certain poids, n’est pas exactement en avance dans ces domaines. Il ne faut pas oublier non plus que la marque est manifestement revenue sur sa décision – jamais communiquée officiellement – de ne plus investir dans les marchés premium que sont par exemple l’Europe et les Etats-Unis, et qu’elle livre depuis quelques années de nouveaux modèles ou des versions techniquement et esthétiquement plus développées de ses modèles les plus premium – que ce soit la V-Strom, la GSX-S 1000 ou, dans une moindre mesure, la GSX-R 1000 (qui n’a pas – encore? – de version Euro 5). Cela a bien sûr un coût, bien plus que pour produire et vendre de petits scooters et de petites motos pour les marchés asiatiques de masse.
Quant à Joan Mir, qui est rappelons-le champion du monde MotoGP 2020, et à Alex Rins, qui a gagné plusieurs Grand Prix avec Suzuki, leur futur est pour le moins incertain. Mir déclare que son manager est en contact avec toutes les marques et teams présents dans le championnat. Il avoue du bout des lèvres qu’une piste se dessine peut-être chez Honda. Honda chez qui l’avenir de l’octuple champion du monde Marc Marquez est un peu incertain, à cause de ses problèmes de santé (diplopie sporadique, qui touche sa vision), et chez qui son coéquipier Pol Espargaro, ancien champion du monde Moto2, n’a pas de contrat pour l’instant pour 2023. Mais il s’empresse de préciser que la rumeur faisant état de son remplacement par Mir l’an prochain est une « fake news »!
Quant à Alex Rins, il dit juste qu’il n’a rien pour l’instant et que son manager est devenu tout d’un coup très occupé. Il réagit aussi en assurant que cette nouvelle lui donne une motivation supplémentaire pour obtenir des résultats cette saison, « pour leur montrer qu’ils ont tort de prendre cette décision ». Une décision, qui de l’aveu de Rins toujours, a pris par surprise tout le team Suzuki Ecstar, y compris son chef Livio Suppo et son gourou technique, Shinichi Sahara, de longue date chez Suzuki.
A l’heure où nous écrivons ces lignes, et où Suzuki annonce la couleur officiellement, Mir est sixième du championnat, et Rins 4ème. Tous deux ont fait preuve d’une bonne constance depuis le début de la saison 2022, avec Rins décrochant deux podiums, et Mir régulièrement dans le top 6 (lire notre compte-rendu du dernier Grand Prix, celui d’Espagne).
Commentaires1 commentaires
1 commentaires