Essai maxi-trails: Triumph Tiger 1200 GT Pro vs KTM 1290 Super Adventure S
Nous sommes partis en roadtrip durant quelques jours pour mettre à l’épreuve deux colosses de la catégorie des maxi-trails: la Triumph Tiger 1200 GT Pro et la KTM 1290 Super Adventure S. Ce voyage qui s’est déroulé à travers les Dolomites jusqu’au Tyrol, en Autriche, nous a permis de comparer ces « monstres » routiers sur divers terrains. Les motos ont été mises à disposition par deux partenaires: Triumph Lausanne et Orange mécanique, et équipées en plus de valises latérales et (pour la Triumph) d’un top-case.
Le marché motocycliste se diversifie de plus en plus au fil des années. L’objectif étant de satisfaire un maximum de personnes en offrant des motos de plus en plus polyvalentes. Les maxi-trails, par exemple, sont des machines pensées pour les longs trajets effectués dans le confort, mais équipées de gros moteurs et de châssis impressionnants qui mettront d’accord la plupart des utilisateurs de motos.
Et nous avons donc pensé qu’il fallait opposer deux de ces maxi-trails, dans un roadtrip mettant l’accent sur leurs qualités de voyageuses, mais aussi sur leurs qualités dynamiques pures.
La 1290 Super Adventure de KTM était l’une des deux motos maxi-trails que nous voulions tester dans ces conditions. Dans sa variante S, orientée plus route que tout-terrain (lire notre essai aux Canaries), par rapport à la variante R. Un exemplaire nous a aimablement été prêté par Orange Mécanique, le concessionnaire genevois de la marque autrichienne. Avec des valises venant de KTM Suisse.
Et nous avons jeté notre dévolu aussi sur la Tiger 1200 GT Pro de Triumph, là encore la version plus orientée route de ce modèle qui a eu droit à une refonte complète pour 2022 (lire notre essai de toute la nouvelle famille au Portugal), qui nous a été mis à disposition par Triumph Suisse. Et préparé par le concessionnaire vaudois de la marque anglaise, Triumph Lausanne (Moto Evasion). Avec bien sûr elle aussi des valises. Plus un topcase.
Nos essais se sont étendus sur quelque 2000 kilomètres à travers plusieurs cols de Suisse, d’Italie et même d’Autriche. Notre voyage nous a conduit en haut, notamment, du col de la Furka, de celui de la Fluela, du Timmelsjoch (en Autriche, appelé Rombo côté italien) ainsi que du magnifique Silvretta.
Nous avons emprunté divers types de routes afin de maximiser l’utilisation très variée que l’on peut faire de tels maxi-trails. En passant par des routes de cols, on l’a dit, quelques courtes sections offroad pleines de gravier de terre et, bien entendu, des sections d’autoroute. Nous précisons tout de même que nous n’étions pas complètement équipés pour l’offroad car nous étions chaussés des pneus d’origine des deux motos.
Une fois nos maxi-trails et nous équipés et nos valises chargées de nos affaires, nous avons entrepris le début de notre voyage. Cette première partie fut axée sur quelques cols avec de grosses portions d’autoroute. Nous avons pu tester de cette manière le confort et l’équipement de nos deux motos sur de longs trajets monotones. Les deux motos sont globalement très bien équipées et confortables pour ce type de trajet.
Une prise au vent agréable
Au niveau des équipements, les deux maxi-trails possèdent une bulle réglable de taille correcte qui protège convenablement le pilote durant les trajets à vitesse élevée, et dont on peut ajuster la hauteur à la main, sans outil.
Nous remarquons toutefois que la Triumph encaisse mieux les contraintes du vent et offre davantage de protection au pilote. Les vibrations sont moindres et la moto est plus stable là où la KTM a plutôt tendance à guidonner lors d’un fort appui du vent.
En revanche, la moto anglaise est équipée d’un petit déflecteur supplémentaire (un accessoire) fixé sur le haut de sa bulle, et dont la pince de fixation se retrouve en plein milieu du champ de vision du pilote. Et il faut un petit temps d’adaptation pour pouvoir en faire abstraction.
Des motos bien équipées
La KTM est équipée d’un rangement qui se situe sur le réservoir avec à l’intérieur une prise USB et qui peut contenir un smartphone d’une taille allant jusqu’à 6’’. La Triumph est dépourvue de rangement de ce type et possède une prise de charge de type Jack qui nécessite un adapteur à acheter séparément de la moto. Ou, plus exactement, il y a un petit emplacement sous la selle, avec une prise USB, qui est censé pouvoir accueillir un smartphone. Mais c’est moins pratique que sur la KTM.
Les deux motos proposent un système «Keyless» (clé sans contact), des poignées chauffantes et sont équipées, heureusement, d’un régulateur de vitesse efficace et facile à prendre en main.
Là où la Triumph propose un régulateur de vitesse tout ce qu’il y a de plus standard et parfaitement fonctionnel, la KTM, elle, est équipée d’un radar et propose donc un régulateur adaptatif à 3 modes.
Ces modes vous permettront de définir par exemple, la distance à laquelle la moto ralentira à l’approche d’un obstacle ou encore la façon plus ou moins forte dont la moto remettra les gaz pour retrouver la vitesse inscrite par son pilote lors de son enregistrement.
Ergonomiquement parlant, les commandes de la KTM sont plus faciles à comprendre mais celle de la Triumph sont plus facilement accessibles et moins pénibles à utiliser, surtout pour les grandes mains !
Un confort de conduite à la hauteur de la demande
Du côté du confort, les deux motos sont très agréables à piloter sur de longs trajets. Heureusement, nous direz-vous, car c’est tout de même le but principal de ces motos. Elles offrent toutes deux une position de conduite droite où le pilote est bien calé sur sa selle. Nous avons eu une petite préférence pour la selle de la Tiger qui, selon nous, est tout de même plus confortable.
La hauteur de selle des deux motos est réglable mais par des biais différents. La selle de l’anglaise est réglable mécaniquement en deux niveaux en coulissant de la main la selle vers le haut ou le bas.
L’Autrichienne, quant à elle, propose un système un peu plus sophistiqué en permettant au pilote de régler la tension de la bague de précontrainte électroniquement directement via le menu du tableau de bord.
’avantage, c’est que cela peut être effectué rapidement et en roulant. Et durant ce voyage, les deux pilotes mesuraient respectivement 1m68 et 1m78 et aucun n’a rencontré de difficulté pour tenir et manœuvrer la moto.
En matière de lisibilité et facilité dans les menus, la KTM est beaucoup plus intuitive que sa concurrente britannique. Les menus sont très clairs et permettent facilement au pilote de trouver ce qu’il recherche. En revanche, il y a beaucoup de sous-menus qui demandent plusieurs manipulations pour le réglage précis qui nous intéresse.
L’interface de la Triumph est plus rudimentaire et se rapproche plus du modèle «classique» que l’on retrouve souvent sur les motos d’aujourd’hui. Il est évident que des motos de cet acabit proposent toutes deux des modes de pilotage et des cartographies personnalisables.
Ici aussi, la KTM propose une personnalisation complète de la moto, allant de la cartographie moteur en 5 modes jusqu’au réglage des suspensions souhaité en fonction du terrain, en passant par des assistances très poussées à plusieurs niveaux qui permettent d’orienter de manière plus poussée le comportement de la moto sur le type de terrain souhaité.
La Tiger, bien qu’elle offre plusieurs modes et assistances, reste un peu plus basique dans son affichage, sinon dans ses réglages. On ne peut par exemple passer d’un mode de pilotage orienté route à un mode fait pour l’offroad que si on est arrêté. Et si on veut avoir sur le même écran le compte-kilomètre et le compte-tours, il faut se livrer à quelques « contorsions » d’affichage.
Les valises et top-cases des deux modèles offrent un bel espace de rangement. Elles sont proposées en option sur les deux motos. Les valises de la KTM sont lourdes, même à vide. Ce qui les rend difficile à manipuler. Elles sont également fixées sur un support mobile qui a pour but, selon le constructeur, d’amortir les chocs et les vibrations et d’accompagner le pilote dans les courbes sans exercer un transfert de poids trop important.
En terme de capacité, les deux modèles de valises offrent un espace convenable qui s’est avéré largement suffisant pour contenir les affaires de quatre personnes sur un roadtrip de quatre jours. Bien entendu, tout voyageur à moto sait qu’il s’agit principalement d’organisation des valises. Pour ma part, quelques habits chauds, sous-vêtements de rechange, équipement de pluie et affaires de toilette se sont avérés être suffisants. Avec ceci, nos valises n’étaient qu’à moitié pleines.
Cependant, leur poids et leur manque d’aérodynamisme se ressentent lors de la conduite et peuvent générer de légers mouvement qui peuvent parfois surprendre. De plus, les fixer sur leur support n’est pas chose aisée, il faut coulisser les valises au-dessus du support avant de venir les fixer dans leur emplacement afin de pouvoir, enfin, les verrouiller.
Pour la Triumph, les valises sont très simples d’utilisation. Il suffit de mettre un coup de clé pour déverrouiller les attaches, légèrement soulever la valise puis coulisser ensuite la valise vers la sortie.
Elles sont également très légères et n’impliquent aucune sensation désagréable lors de la conduite. J’attire toutefois l’attention sur le fait que nous étions équipés de valises semi-rigides qui sont plus légères que les valises rigides en aluminium typiques de certains maxi-trails.
Une autonomie convenable
La consommation des deux motos s’équivaut à peu de chose près. Durant ce roadtrip, notre conso avoisinait les 5 l/100 km. La KTM fera toutefois des arrêts moins fréquents à la pompe du fait qu’elle est équipée d’un réservoir plus conséquent de 2 litres par rapport à la Triumph, pour un total de 21 litres.
De vraies machines, même dans les cols
Notre voyage avec ces maxi-trails nous a conduits dans divers cols proposant des routes et des techniques de conduite différentes. Certains étaient plus étroits, d’autres plus rapides. Quoi de mieux pour bien comprendre le comportement de ces deux motos sur routes sinueuses de montagnes?
Le résultat est sans équivoque: il s’agit là de deux maxi-trails absolument géniales à piloter en col.
La KTM est pourvue d’un monstrueux bicylindre qui offre une reprise phénoménale à bas régime, ce qui rend la conduite en col très agréable du fait qu’il n’est quasi pas nécessaire de s’occuper du passage de rapports durant les phases de ralentissement et d’accélération.
La plage de transmission de la Super Adventure est aussi plus courte que celui de la Tiger et la moto monte très vite dans les tours.
Ces deux maxi-trails ont des moteurs très différents. La Triumph possède elle un trois-cylindres plutôt coupleux et souple mais nécessite une petite gestion de l’embrayage à bas régime, par exemple, dans un virage en épingle car le moteur supporte moins les bas régimes. Il nous est par ailleurs arrivé à quelques reprises de caler lors des manœuvres à basse vitesse, le temps de prendre le réflexe d’utiliser l’embrayage plus tôt que sur la KTM.
En termes d’agilité, la Tiger 1200 GT Pro a dépassé nos espérances. Son châssis est particulièrement bien équilibré et permet d’amener la moto dans les virages avec une facilité déconcertante.
Les valises et le top case ne se font même pas ressentir lors d’une telle conduite. Une vraie arme de col. Le petit bémol est que les cale-pieds sont un peu bas à notre goût ce qui fait qu’on est très vite surpris quand l’un d’entre eux vient frotter le sol, tellement la moto penche facilement.
Dans ce domaine, la Super Adventure, bien qu’elle reste très efficace, demande un peu plus de prudence et de doigté pour être amenée dans un virage. Le châssis étant un peu plus rigide. Mais pas de quoi effrayer un pilote chevronné.
En revanche, on l’a dit, les valises de la KTM sont plutôt lourdes, mêmes à vide, et ce poids se ressent et est à prendre en considération lors de la conduite.
Et si on jouait dans la boue ?
Nous avons profité de ce roadtrip pour mettre également à l’épreuve ces maxi-trails sur de petites portions offroad pour connaitre leurs réactions. «Offroad» est un bien grand mot, car nous n’étions pas équipés dans ce sens en termes de pneumatiques et que nous avons simplement roulé sur de petits bouts de routes de terre et de gravier, dans les bois.
Ici, la Super Adventure possède toutes les armes adéquates pour affronter la sévérité des terrains non bétonnés. Les suspensions électroniques, la cartographie et les assistances possèdent toutes des options qui permettent d’employer au mieux la moto sur des espaces considérés comme hors route.
Une fois le mode Offroad de cette moto sélectionné, l’interface du tableau de bord change pour mettre en avant les options permettant de régler, à notre guise, le niveau d’antiglisse sur 9 niveaux, la dureté des suspensions et la gestion des gaz.
Il ne vous reste plus qu’à vous chausser correctement et libre à vous d’aller sans trop de crainte à la chasse au caillou.
L’Anglaise, quant à elle, possède également quelques réglages pour nous faciliter le travail. Rappelons tout de même que nous avions la version GT Pro avec nous et que Triumph propose également une version Rallye Pro, plus apte à ce genre de travail, avec une roue avant de 21 pouces et des jantes à rayons.
Cela dit, la Triumph possède une force de choix pour les passages en offroad puisque que la transmission se fait via un cardan. Ce qui ne nécessite pas d’entretien et élimine les risques de dégâts sur la chaîne, là où la KTM est équipée, justement, d’une transmission par chaîne.
Deux concurrentes maxi-trails de poids
À tarif plus ou moins équivalent, les deux machines restent de très bons choix à qui souhaiterait se laisser tenter par le segment des maxi-trails. Les deux motos proposent une polyvalence, un confort et des équipements que nous sommes raisonnablement en droit d’attendre de telles machines.
Hormis la question du goût de chacun, si nous devions subjectivement trancher les points forts de chacune des motos, nous dirions que si vous recherchez le confort pur et l’efficacité en cols, la Triumph serait un choix plus probable.
Au contraire, si vous souhaitez un équipement et une technologie à la pointe ainsi qu’un moteur très vivant et des portions offroad mieux gérées, le choix portera plutôt sur la KTM. Dans les deux cas, nous avons trouvé que l’esthétique des deux motos était très soignée (c’est bien sûr un peu subjectif), et leur finition excellente.
La Triumph Tiger 1200 GT Pro est proposée au prix de 21500 frs sans options supplémentaires. La nôtre était surtout équipée de valises et top-case pour un prix total d’un peu plus de 23500 fr. La KTM Super Adventure S se montre elle au prix de 21090 frs d’origine (sans le quickshifter ni le mode de pilotage Rallye). Le modèle équipé de valises que nous avions est au prix de 22330 frs.
Pour plus d’informations sur ces maxi-trails, vous pouvez vous rapprochez de nos partenaires de l’annuaires des professionnels. Pour KTM dans la région de Vaud, vous pouvez vous renseigner auprès de Adrénaline Motos, à Morges; en Valais auprès de Proride Mobility à Granges, et sur Neuchâtel auprès de KTM Neuchâtel – Facchinetti Motos. Et bien sûr également sur le site officiel de KTM Suisse.
Pour Triumph dans la région de Vaud, nous avons Triumph Lausanne by Moto Evasion à Crissier. Et dans la région Neuchâteloise, le concessionnaire Triumph Neuchâtel – Facchinetti Motos, à Neuchâtel. Sans oublier le site officiel de Triumph Suisse.
Sur la KTM, ce n’est pas la selle d’origine, mais une de celles proposées en option.
Et le texte sur la hauteur de selle est un peu flou.
Sur la KTM, la selle en elle-même est réglable en 2 positions. Et la précontrainte de l’amortisseur, indirectement la hauteur de selle, comme décrit, électriquement via un setup sur le tableau de bord. Pour la Triumph, je ne sais pas.
Bonjour
Merci de ces précisions. Effectivement, notre formulation pouvait laisser marge à interprétation. J’ai modifié le texte. Pour la Triumph, ce qui est écrit est parfaitement juste. On peut placer manuellement la selle à deux hauteur, et le réglage de la précontrainte de l’amortisseur et de la fourche se fait de manière automatique.
Une bonne journée
Jérôme Ducret, rédacteur responsable
C’est les selles d’origines, les Powerparts ont des coutures oranges .