EICMA 2022 : hausse de fréquentation à Milan malgré un salon pauvre en nouveautés
L’équipe d’Actumoto s’est rendue à Milan la semaine passé, à l’occasion du Salon international de la moto (EICMA). Nous y étions plus précisément les 8 et 9 novembre, lors des journées réservées à la presse et aux professionnels du secteur. Bien que certains nouveaux modèles dévoilés aient retenu toute notre attention, nous avons été forcés de constater que cette édition, la première depuis la pandémie de Covid-19 sans les restrictions sanitaires, était malgré tout pauvre en réelles nouveautés.
Quelques chiffres tout d’abord. Cette édition 2022 de l’EICMA, le salon international de la moto à Milan, a battu des records de fréquentation, aux dires de ses organisateurs. Ils citent une hausse globale de plus de 38% par rapport à l’année précédente.
Le salon a aussi accueilli pas moins de 1370 marques différentes – dont 59% provenaient de l’étranger – pour un total de 45 nations différentes représentées.
À la fin des cinq jours d’exposition, toujours selon les organisateurs, ce sont 82% des achats de billets d’entrée qui se sont faits en ligne sur le site officiel de l’événement, tandis que 18% du public a opté pour la billetterie physique.
Du fait de la pandémie de Covid-19, le salon n’avait pas pu se tenir en 2020. En 2021, l’EICMA avait rouvert, mais dans une ambiance particulière, avec port du masque et pass sanitaire obligatoires. Et même le décompte des entrants et des sortants sur certains stands.
L’ambiance était heureusement bien différente pour cette année 2022. Pas de restrictions sanitaires, à part des recommandations de maintient les distances entre visiteurs, et des encouragements à se laver les mains.
Et pour revenir aux chiffres de fréquentation, il faut préciser que les organisateurs de l’EICMA ne donnent plus, depuis quelques années, le chiffre global de fréquentation. Sans doute parce qu’il est largement inférieur à ceux des années fastes d’avant 2018. On se doute aussi bien que les chiffres 2022 ne peuvent qu’être meilleurs que ceux déclarés ou enregistrés pour 2021.
Pour 2022 toujours, parmi le total de visiteurs et visiteuses, il y aurait eu 38747 (!) professionnels du secteur (+35% tout de même, par rapport à 2021).
Pour les médias, la hausse de fréquentation est également de mise: plus de 6900 professionnels accrédités (38% de l’étranger) à l’EICMA – des journalistes, des photographes, mais aussi de nombreux… influenceurs – qui ont profité de la journée de presse exclusive du mardi cette année pour raconter tout au long de la semaine d’exposition le spectacle offert, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des pavillons.
Une partie de notre équipe de trois journalistes est arrivée à Milan le lundi en fin d’après-midi déjà, soit la veille de notre visite du salon. Quelques heures de train suffisent depuis Genève.
Un temps de trajet qui nous a permis d’établir une stratégie à appliquer une fois sur place, ainsi que de commencer à écrire sur les nouveautés déjà dévoilées. Une fois arrivés sur place, à la gare de Milano Centrale, nous avons rejoint notre hôtel qui se tenait à quelques centaines de mètres de là. Notre estimé rédacteur-en-chef ayant passé son week-end à Valencia (ESP) pour couvrir la dernière manche de MotoGP, il nous a rejoint en avion le soir même.
L’enregistrement à l’hôtel étant complété (et le prosecco de bienvenue consommé), nous sommes ensuite allés partager un repas avec quelques collègues représentants de la presse suisse spécialisée dans un restaurant (italien, bien entendu) dont le concept permet de personnaliser sa platée de pâte! Rassasiés et un peu fatigués, nous avons regagné l’hôtel pour nous reposer en vue de la journée chargée du lendemain!
Elle allait commencer directement en début de matinée par la présentation de deux séries de nouveautés par les deux constructeurs japonais Suzuki et Honda (dans l’ordre).
Premier jour à l’EICMA
Le lendemain, lever à l’aube, nous gagnons donc le salon qui se tient dans la zone d’exposition de la Fiera Milano, à Rho, en banlieue. Une grande structure composée de plusieurs bâtisses qui abriteront chacune des exposants de toutes sortes. Allant de la moto aux accessoires, en passant par les scooters, les vélos, les casques et même de curieux concepts de véhicules dont les catégories peuvent parfois nous échapper…
La météo demeure très fraîche en cette saison. Heureusement, le salon se tient en intérieur, dans les différentes halles que présente l’immense structure architecturale. Il faut tout de même brièvement braver le froid pour passer d’une halle à celle qui lui fait face, de l’autre côté du corso central, en extérieur.
Pour rappel, le premier jour, le mardi, la journée est dédiée entièrement à la presse. Ce qui permet une certaine aisance pour circuler et approcher les stands. C’est également à cette occasion que les nouveautés sont révélées durant les conférences de presse tenues par les constructeurs.
Au menu du jour, et en l’absence d’indications plus précises, nous avions au moins quatre rendez-vous. Chez Suzuki et Honda, on l’a dit, puis, plus tard, chez Kawasaki et, en fin d’après-midi, chez Indian. C’est nettement moins que d’habitude, signe d’un certain déclin de ce genre de salon comme lieu où l’on dévoile ses nouveautés de manière littérale, avec la machine sur le stand, recouverte d’un tissu.
Nombre de constructeurs ont opté ces dernières années pour une façon plus virtuelle de se livrer à cet exercice. Comme par exemple l’italien Ducati, qui a égrené ses nouveautés en ligne dès le mois d’octobre, pour finir par une nouvelle lignée de Scrambler 800 révélée le jour avant l’ouverture du salon. Ducati, on le souligne, était cependant de retour à l’EICMA, avec un stand.
D’autres, tels BMW ou KTM, ont carrément fait l’impasse sur le salon, se concentrant sur une stratégie à la fois digitale et orientée au cas par cas sur des salons ou événements plus régionaux.
Suzuki ouvre les festivités avec deux nouvelles motos
Notre premier arrêt de l’EICMA 2022 se fait donc sur le stand de Suzuki, où se tient la première conférence de la journée qui nous intéresse. À l’occasion de celle-ci, la firme Japonaise nous révèle deux nouveaux modèles autour d’un même (nouveau) moteur : un trail mid-size sous le nom de V-Strom 800 DE ainsi qu’un roadster, la GSX-8S.
Par ces révélations, Suzuki nous prouve qu’il est toujours dans le coup, et qu’il faudra compter sur la marque en 2023.
À partir de cet instant, il faut se montrer stratégique car vingt minutes plus tard (mais à quatre halles de là), c’est Honda qui a prévu d’annoncer ses grandes nouveautés.
Nous nous séparons donc, afin d’être présents sur les deux fronts. L’un de nous part assister à la grande annonce du premier constructeur mondial, qui se tient à l’Auditorium. Un espace qui, comme son nom le suggère, propose une scène et des places assises, pour un spectacle plus immersif.
C’est sur cette scène d’un rouge éclatant qu’Honda, enfin, révèle ses nouveautés 2023 dont rien n’avait alors filtré… mis à part – peut-être – les images de notre photographe Jean-Baptiste Rozain, en septembre dernier. Mais on ne vous a rien dit.
C’est donc en ce mardi 8 septembre qu’Honda nous dévoile enfin son trail mid-size équipé « tout-comme-il-faut », pour affronter un marché très concurrentiel en la matière: la nouvelle Transalp 750. Dont l’un des coloris reprend fièrement celui bien connu des puristes de la marque.
Équipée du même moteur mais avec une cartographie qui diffère, un autre nom connu fait un passage express sur scène: la nouvelle Hornet 750, déjà présentée en octobre au salon Intermot Cologne, et que nous testerons pour vous d’ici une dizaine de jours.
Pour finir, après dévoilement d’une version touring de la CMX 1100 Rebel, la marque ailée annonce un modèle que l’on pourrait qualifier de Scrambler et basé sur le custom CMX500, une CL500.
Remis de nos émotions (sans grande difficulté, il faut l’avouer), nous reprenons des forces avec un repas de midi tenant plus de l’américanisme que de la dolce vita.
Kawasaki se met au vert
L’après-midi s’annonce intéressante chez un autre fabricant du pays du soleil levant: Kawasaki.
Une conférence de la marque connue pour ses moteurs compressés, qui viendra nous annoncer un principe intéressant pour relever les défis écologiques (et moraux) auxquels nous faisons face depuis quelque temps.
La marque japonaise, par la voix monocorde de son président japonais (l’anglais est une langue difficile pour les Japonais), affirme être très concernée par les enjeux mondiaux actuels et nous révèle plusieurs nouveautés à venir lors sa conférence de presse. Conférence dont l’hôte principal n’était autre que le Finlandais Kimi Räikkönen, nouveau directeur de l’écurie verte en MXGP (mondial motocross).
Kawasaki nous promet pas moins de trois concepts qui passent au «vert» (sans mauvais jeu de mot).
Deux motos électriques – sous les traits d’un roadster de type Z (déjà montré à l’Intermot un mois plus tôt) et d’une sportive (ci-dessus) – qui devraient être au catalogue dès 2023, ainsi qu’une Ninja « HEV » (ci-dessous) équipée d’un moteur bicylindre hybride (thermique ET électrique, avec la possibilité de switcher rapidement de l’un à l’autre).
Une espèce de sportive qui roulera à l’hydrogène (mais dans un moteur à combustion) est également au programme, même si le projet s’avère, pour l’heure, moins abouti que les autres. Nous sommes bien entendu très curieux d’en apprendre plus sur ces technologies certes éprouvées, mais peu connues du monde la moto.
Le reste de notre journée se résumera à arpenter le salon à la recherche de nouveautés et d’annonces intéressantes. Comme par exemple sur le stand de l’américain Indian Motorcycles, qui dévoile des mises à jour visuelles (mais pas seulement) de ses FTR 1200, des roadsters au style unique dans la production moto actuelle.
Curieusement, bien qu’il règne un embargo (date et heure avant laquelle on n’a pas le droit de publier) donné par Indian à 17h ce jour-là, les nouveaux modèles sont exposés au vu et au su de tout le monde sur le stand de la marque. Au moins une heure avant l’embargo prévu. Lorsque nous interrogeons un membre du personnel du stand, ce dernier hausse les épaules et répond « on fait ce qu’on veut avec nos motos. » La cohérence n’est pas toujours de mise dans la communication.
Tout ceci pour patienter jusqu’au soir, où nous sommes invités par MV Agusta à une conférence pour le moins atypique. Absente du salon, la marque italienne a convié la presse dans sa concession milanaise, pour une une soirée mémorable.
La soirée chez MV Agusta, hors EICMA
Non seulement MV Agusta nous dévoile des modèles inédits comme la très sexy Superveloce 1000 Serie ORO et l’improbable concept 921S, mais c’est monsieur Giacomo Agostini lui-même, détenteur de 15 prix mondiaux de vitesse, qui se chargera de retirer le voile couvrant les motos phares de la soirée.
Grosse émotion pour notre photographe, qui se tenait à ses côtés. Le pilote, malgré son âge canonique, semble en pleine forme. Le photographe, lui, est un peu écrasé par la foule qui se presse dans les locaux étroits du concessionnaire.
D’autres nouveautés concernent également les Brutale 1000.
Forte en sensations, cette première journée intense se terminera pour nous. Nous regagnerons notre hôtel après avoir partagé un repas sur le trajet du retour.
Deuxième jour
Le lendemain, nous repartons pour une seconde journée, moins fournie en conférences de presse, mais toujours riche en découvertes. Nous voilà de retour au centre d’exposition, plein de bonne volonté… et de café.
Cette deuxième journée, dont les portes sont à présent ouvertes aussi aux professionnels de la branche, nous permettra de parcourir le salon en profondeur. Lors de ce deuxième jour, le stand Honda s’est avéré particulièrement marquant, peut-être à cause de sa position très centrale et de sa taille conséquente par rapport aux autres stands. Mais toujours est-il que nous nous retrouvions très régulièrement en son cœur. Le choix de la firme japonaise était certainement pertinent pour ramener le public en son sein, au fil de ses déambulations.
Chez Ducati, une foule intense
La firme Italienne, qui avait fait l’impasse sur l’édition 2021, était présente avec un stand de taille respectable. Fière de son récent titre MotoGP, la marque avait pris soin d’étiqueter chacune des motos présentes sur leur stand avec un autocollant mentionnant « World Champion 2022 ». Nous avons trouvé l’intention louable et sympathique.
Hormis cela, la marque présente donc une nouvelle famille de Scrambler dont l’accent a été mis sur la personnalisation de la moto par son possesseur, allant jusqu’à l’échange de cache en plastique coloré fixé sur le réservoir d’essence.
Les autres nouveautés de la marque italienne sont également présentes à l’ EICMA, à l’image de la nouvelle Multistrada V4 « Rally », de la nouvelle Diavel V4 (dont notre photographe est semble-t-il tombé amoureux) ou encore de la magnifique Panigale V4R 2023 (galerie ci-dessous).
Les machines de courses sont également à l’honneur sur le stand Ducati, avec la Panigale V4R Superbike d’Alvaro Bautista, la Desmosedici GP22 de « Pecco » Bagnaia et le prototype électrique V21L… que pilotera l’an prochain le pilote suisse Randy Krummenacher en MotoE !
Une autre marque japonaise, celle aux trois diapasons, possédait elle aussi un stand de taille conséquente. Mais sur lequel les nouveautés présentes faisaient plus figure d’évolutions. Yamaha avait en effet communiqué la veille de l’ouverture sur ces nouveaux modèles, que nous avons retrouvés sur place.
L’accent a été mis sur les « Sport-GT » de la marque. Toujours pas de R9 au programme, mais une Tracer 9 GT+ qui possède désormais un radar situé à l’avant. La Tracer 7, elle, jouit de suspensions et de freins améliorés, ainsi que de nouveaux éléments de connectivité.
Il faudra attendre le premier jour d’ouverture tous publics à l’EICMA, le jeudi, pour voir débarquer chez Yamaha des vedettes, telles que Fabio Quartararo (vice-champion du monde MotoGP 2022). Tant pis pour nous, nous repartons déjà aujourd’hui.
Au détour d’une allée de l’EICMA, nous tombons sur le stand de la marque turque Anlas, qui propose des pneu hiver pour moto. Étonnant! Reste à savoir si c’est le concept, qui se veut audacieux et novateur, s’avérera une vraie bonne idée à l’usage. Un futur test en approche? Dites-nous en commentaire si vous aimeriez que nous testions ce genre de produit.
En fin de journée, il est malheureusement temps de nous diriger vers la gare, afin de rentrer en Suisse. L’occasion de finir de publier quelques articles avant d’arriver, tardivement, à destination.
Cette édition, bien que pauvre en nouveautés, a toutefois su nous offrir un contenu intéressant et des concepts audacieux. Il était clairement agréable de pouvoir arpenter l’ensemble du salon EICMA sans masque, ni prise de température à l’entrée des stands.
Entre les articles à publier, les différents posts (et stories) à partager sur les réseaux et les nombreuses prises de vue à effectuer, le travail n’a pas manqué… et nous espérons sincèrement que vous avez aimé vivre ce salon, avec nous.
Voici encore quelques photos, et un lien sur le site de l’EICMA (en italien et en anglais), si vous voulez en savoir plus.