Billet d’humeur – Et ta cigarette, bordel!
Une belle journée. Une belle route. Une belle balade à moto. La Suisse est un paradis pour nous, motards. Ultra propre. Ou presque. Car il faut régulièrement composer avec un mégot qui nous arrive dessus. Négligemment jeté par le conducteur de la voiture juste devant. Désagréable expérience.
Mais rien de plus normal. La cigarette est le seul déchet qu’il soit socialement admis de pouvoir jeter au sol. Encore plus de la fenêtre d’une voiture. «Parce qu’après, tu comprends, ça sent la clope froide dans l’habitacle. C’est horrible, tu ne te rends pas compte !», m’a-t-on rétorqué. Oh si, je m’en rends compte. En tant que motard utilisant son deux-roues au quotidien, il ne se passe pas un jour sans que l’automobiliste me précédant me balance ses cendres et sa nicotine hors d’usage en pleine tronche. Bien sûr, sans volonté de nuire. Bien sûr, sans y penser. Et c’est bien là le problème.
Au volant, la première règle de survie est d’être conscient de son environnement, de façon à pouvoir réagir rapidement. Comment se fait-il qu’il ne m’ait pas vu ? Comment se fait-il qu’il ne m’ait pas entendu ? Seule réponse : l’égoïsme. Il jette ses déchets par la fenêtre et il se moque des conséquences. Sur ma moto. Sur ma planète. Son petit confort avant tout. Il ne faudrait tout de même pas qu’il soit lui-même incommodé par la cigarette qu’il vient de fumer. Non mais oh.
Et qu’importe si le véhicule derrière lui – moto, vélo, camion, ou autre – se le ramasse en pleine face, ou doit faire un écart pour l’éviter. Ce n’est qu’un simple mégot. Il n’y a pas mort d’homme. Sauf le 24 mars 1999. Ce matin-là, un camion s’est embrasé dans le tunnel du Mont-Blanc. Selon les éléments d’enquête, l’origine du feu serait attribuée à un objet incandescent qui aurait atterri dans le filtre à air du poids-lourd. Bilan : 39 morts. Il a raison, ce brave automobiliste. Il y a plus grave dans la vie que de jeter un simple mégot inoffensif par la fenêtre.