Rallye-raid – L’Argentin Kevin Benavides gagne son deuxième Dakar… sur une KTM!
Au bout de plus de 5000 kilomètres de spéciales chronométrées en Arabie saoudite, le pilote KTM, déjà vainqueur en 2021 avec Honda, a réussi son pari. Il s’impose d’un cheveu, avec seulement 43 secondes d’avance sur son coéquipier Toby Price. L’Américain Skyler Howes (Husqvarna) est troisième. Cette édition du rallye a été marquée notamment par l’abandon du vainqueur 2022, Sam Sunderland (GasGas) et du vainqueur de 2020, Ricky Brabec (Honda).
Seules 43 petites secondes séparaient Kevin Benavides (Red Bull KTM Factory Racing) de son coéquipier Toby Price dimanche à l’arrivée à Dammam, à l’issue de la quatorzième et dernière étape de ce Dakar 2023 en Arabie Saoudite.
Mais ces 43 secondes étaient largement suffisante pour donner la victoire au premier des deux pilotes du team d’usine KTM. C’est en fait sa deuxième victoire sur le Dakar, le plus long et probablement le plus difficile des rallyes comptant pour le championnat mondial de rallye-raid.
Benavides (numéro 47) s’est déjà imposé en 2021. Il faisait alors partie du team d’usine Honda. Team qu’il a quitté juste ensuite pour intégrer l’armada KTM. Une armada pour qui c’est en fait la 19ème victoire au Dakar, depuis que cette épreuve existe – tout d’abord en Afrique du Nord, puis en Amérique du Sud, puis, depuis 2020, en Arabie saoudite.
Cette année, le parcours du Dakar en Arabie saoudite était différent de celui de l’édition 2022. On partait du bord de la Mer Rouge, avec un prologue, le 31 décembre 2022, puis une première étape en boucle, et on se dirigeait ensuite vers l’est, le centre du pays, puis vers le sud-est. Pour finir au bord d’une autre étendue d’eau salée, le Golfe Arabique, à Dammam.
Comme le veut la coutume, et le bon sens, un jour de repos était prévu, le 9 janvier, à Riyadh, la capitale. Et comme le veut la coutume, il y avait une étape marathon, ce qui veut dire que les pilotes arrivent au camp le soir sans pouvoir faire appel à leur team d’assistance – pour ceux qui en ont un. Ils doivent se débrouiller seuls, ou avec l’aide d’autres pilotes, pour effectuer l’entretien nécessaire sur leur moto.
Le parcours 2023 s’étendait sur un total de quelque 8500 kilomètres, dont plus de 4700 de spéciales chronométrées, répartis sur quinze jours.
Pas moins de 125 motos avec leur pilote étaient présents au départ de l’épreuve, le 31 décembre – pour le prologue. Mais aucun pilote suisse ou venant de Suisse, contrairement à l’édition 2022.
Les aléas de la météo ont conduit cette année à devoir annuler une étape, la septième (pour les motos). Aucun pilote ni mécanicien n’a perdu la vie, signe que les mesures de sécurité affinées au cours des éditions portent leurs fruits. Par contre, un spectateur « caché » derrière une dune est malheureusement décédé, percuté par un véhicule dont l’équipage n’avait aucun moyen de deviner qu’il se trouvait là.
Et comme chaque année, il y a eu pas mal d’abandons, pour des blessures ou des problèmes mécaniques, ou les deux.
Abandons de favoris
La première grosse surprise, lors de la première étape, après le prologue remporté par Toby Price, fut la chute de Sam Sunderland, le pilote du team officiel GasGas, et surtout le vainqueur de l’édition précédente (lire notre article).
Cette chute ne lui a pas laissé d’autre choix que d’abandonner.
A la troisième étape, nouvel abandon, celui de l’Américain Ricky Brabec (team d’usine Monster Energy Honda), vainqueur du Dakar 2020 avec le team d’usine Honda. Puis les étapes 4 et 6 ont vu deux des trois pilotes du team Sherco subir le même sort, et l’étape 8 a marqué l’abandon d’un des deux pilotes du team Fantic.
A l’étape 9, ce fut l’abandon du pilote Honda Joan Barreda Bort, vainqueur de nombreuses étapes dans l’histoire des Dakar récents. Et pour finir dans l’avant-dernière étape (la 13ème), ce fut au tour du troisième pilote d’usine KTM, Matthias Walkner, le vainqueur de l’édition 2018, et du jeune Mason Klein (Bas World KTM Racing Team), une étoile montante de la discipline, qui a même mené le rallye cette année durant une étape, la deuxième.
Les deux pilotes Honda restants, Adrien Van Beveren et Pablo Quintanilla, ont perdu des minutes, notamment, lors des deux parties de l’étape marathon, dans la région dite de l’Empty Quarter saoudien.
Quant à Kevin Benavides, il n’a remporté que deux étapes (les deux dernières!), mais il s’est par contre régulièrement classé dans le top 10 ou 5 de chaque étape. Et cette année, pour les motos, le Dakar s’est révélé très serré. Tant Price que Benavides, Howes, ou même Daniel Sanders (GasGas), Van Beveren et Quintanilla ont pu prétendre aux lauriers finaux presque jusque vers la fin du rally.
La victoire ne s’est en effet décidée qu’au bout de la toute dernière étape. Le jour d’avant, Toby Price était encore devant l’aîné des frères Benavides, mais pour seulement 12 secondes! Et Howes, s’il se trouvait à plus de 3 minutes au général, pouvait encore espérer.
Lors de la dernière étape, les concurrents ont pu tester une nouveauté dans le règlement du Dakar. Les départs s’effectuaient dans l’ordre inverse du classement de la veille. Price est ainsi parti le dernier, après Kevin Benavides.
Ce dernier a donné son maximum, que ce soit dans les dunes, la rocaille ou la boue, et il a assuré sa suprématie lors de la dernière spéciale, de 136 km. A l’arrivée, il avait 55 secondes d’avance sur son coéquipier australien, et plus de 3 minutes sur Quintanilla. Ce dernier devançait de peu Daniel Sanders, du fait d’une pénalité infligée au pilote GasGas. Suivaient Sebastian Bühler, pilote en lice pour le team officiel Hero, Luciano Bevavides (Husqvarna), le petit frère de Kevin, et enfin Adrien Van Beveren.
Au classement général, Kevin Benavides a conclu avec 43 secondes d’avances sur Toby Price, tandis que Howes se trouvait à plus de 5 minutes. Quintanilla, Van Beveren, Luciano Benavides, Sanders, Cornejo (Honda), Lorenzo Santolino (Sherco) et pour finir Franco Caimi (Hero) complètent le top 10 de ce Dakar 2023.
Voici le commentaire de Kevin Benavides: « Ce matin, je n’avais absolument rien dans ma tête, simplement de rester concentré sur chacun des kilomètres à parcourir, du zéro au 136. C’est incroyable de réussir à s’imposer au terme de ce Dakar complètement fou et avec ce si petit écart. Je suis aussi le premier à gagner avec deux marques de motos différentes et ça me rend très fier. »
L’Argentin tient aussi sa revanche sur l’année passée, où il avait dû jeter l’éponge en raison d’un problème mécanique. Et il entame ainsi de fort belle façon le championnat mondial de rallye-raid 2023, dont le Dakar est la première épreuve.
On doit encore ajouter que dans la catégorie Rally2, c’est le Français Romain Dumontier (Team Dumontier Racing, Husqvarna) qui s’impose cette année, avec une quatorzième place au classement général.
Pour en savoir plus, vous pouvez consulter notamment le site du Dakar.
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