Essai – Deux jours avec les nouvelles Honda Transalp … dans les Alpes
Nous avons répondu présent à l’invitation de Honda Suisse. Au programme, deux jours en Suisse centrale et dans les Grisons, avec une nuit en camping de luxe, des grandes et petites routes, de grands et petits (mais pas moins beaux) cols alpins, et un peu de piste pour compléter le tableau.
C’est à travers un voyage dans les Alpes suisses que Honda Suisse nous a invités à vivre un nouveau test grandeur nature de leur nouvelle Transalp XL 750.
Nous avions pu déjà passer une journée au Portugal au guidon de cette nouvelle incarnation de la Transalp – un modèle Honda a porté de nom – , et nous avions alors pu nous faire une première idée assez précise des qualités et des quelques petits défauts éventuels de cette machine (lire notre article).
Vous trouverez aussi dans notre premier compte-rendu de test toutes les infos techniques pertinentes sur ce nouveau modèle. Ce second test, en Suisse, était plus censé montrer ce que l’on pouvait faire avec moto: un tour de deux jours dans les montagnes suisses et du « Glamping » dans les Grisons.
Ce mot anglophone a été trouvé pour désigner une forme luxueuse de camping. C’est le camping « Glamour », et donc c’est le Glamping. Le spot choisi pour ce voyage était l’installation du TCS à Laax.
Avant de vous donner mon ressenti sur cette nouvelle moto et le Glamping, laissez-moi vous dire ce que « la Transalp » représentait jusqu’ici pour moi. Ben oui: c’est une moto qui existe sous ce nom depuis plus de 30 ans quand même! Et qui ne m’a jamais fait vibrer. Avant de l’essayer, je me suis dit : «Ils ont osé!! Osé refaire une Transalp! et quoi que l’on pense de l’ancienne version, faire renaître une Transalp était un vrai défi. Autant dire que j’avais certains à-priori, mais voyons si le pari a été tenu».
C’est une moto qui pour moi est autant incroyable que banale. Au risque de me mettre à dos certains propriétaires de l’ancienne Transalp, je vais vous en parler avec mes à-priori qui n’appartiennent qu’à moi. Certains peut-être seront d’accord, d’autre pas.
Pourquoi une moto incroyable? Parce qu’avec cette une moto, on pouvait tout faire: aller au boulot tous les jours en passant par un bout d’autoroute pour finir en ville, partir faire une balade en duo le week-end et prévoir les vacances en camping pour deux semaines.
Pourquoi une moto banale? Justement parce qu’avec cette une moto, on pouvait tout faire: aller au boulot tous les jours en passant par un bout d’autoroute pour finir en ville, partir faire une balade en duo le week-end et prévoir les vacances en camping pour deux semaines. Voilà l’image que j’ai de la Transalp d’avant. Et avec en plus une esthétique à mon goût discutable, plutôt orientée sur le côté pratique.
J’avais revu mon avis sur cette Transalp-là après avoir fait le HAT (Hard AlpiTour) en 2021 avec trois amis qui avaient ressorti leurs vieilles Transalp du garage – ils les avaient quand même emmenées jusqu’en Chine – pour venir se frotter aux pistes dans les Alpes italiennes. Et, non sans un réel talent pour le pilotage, ils roulaient comme des balles dans les chemins caillouteux.
Là, je m’étais dit que même si à mon goût elles étaient moches, ces machines avaient l’air de rouler pas mal!! Et après avoir vu une vidéo de « Lolo » (le célèbre influence-reporter-vidéaste-moto français) qui traverse l’Afrique sur une Transalp achetée 1500 balles, je me suis dit que, en fait, la Transalp n’était pas si moche et qu’en plus tu pouvais traverser le monde avec. Néanmoins, je ne vous cache pas que cette machine ne serait pas mon premier choix dans le monde de la moto.
Pour revenir à notre nouveau test Transalp + Glamping, c’est à Cham, chez Toff Garage Truttmann, près de Lucerne, que nous sommes accueillis avec sourire et des croissants par Honda Suisse pour ces deux jours de voyage.
Bon voilà: j’enfourche une Transalp. Eh bien c’est monstre confortable! La selle est juste comme il faut: pas trop dure, pas trop molle, pas d’arrêtes qui qui marquent les cuisses.
Mes pieds sont bien à plat sur le sol, le guidon tombe naturellement sous mes mains, les commandes sont souples et faciles. Une Honda quoi!
Je m’intéresse aux modes de conduite et, guidé par un mécano Honda, je découvre 4 modes pré-réglés (Route, Pluie, Sport et Off-road) et un mode personnalisable avec 4 réglages (l’ouverture des gaz, l’antipatinage, le frein moteur et l’ABS), chacun sur plusieurs niveaux, et assez simplement.
Bon blablabla… mais maintenant, allons rouler! L’itinéraire concocté par nos hôtes commence par un bout d’autoroute. Le moteur s’y prête parfaitement: souple et linéaire, il encaisse facilement un rythme de croisière plus haut que les vitesses autorisées.
En 6ème, on roule tranquille, mais il faudra descendre une vitesse pour les dépassements rapides. La protection est quasi parfaite. Quand je lève la tête, j’ai quelque remous dûs à la visière de mon casque Adventure, mais à part ça, je suis cosy, bien assis et bien protégé.
Et même quand la pluie s’invite à la balade, là encore, la protection offerte par la grande bulle (d’origine) est surprenante. J’en profite pour changer les réglages et tester les 4 modes programmés.
Je trouve le mode «Pluie» bien fait, avec une réponse aux gaz très douce. Entre les modes «Standard» et «Sport», disons que la différence est subtile. Le mode «Off-road», je le testerai plus tard.
Sortis de l’autoroute, nous entamons la vallée qui nous mènera au col du Susten. Sur les routes de plaine, en mode balade, la moto est douce et facile. Les changements d’angle se font tranquillement et je commence à prendre confiance. Du coup le rythme augmente un petit peu.
J’en profite pour lever les yeux et me laisse bercer d’un virage à l’autre en profitant de cette magnifique vallée qui nous dirige vers Wassen, point de départ du col du Susten dans les Alpes uranaises.
La route étant humide par endroits, la montée se fait en douceur et, à ce jeu, la Transalp excelle. Le moteur est tellement linéaire que les épingles s’enroulent sans effort. Cependant, il faudra quand même jouer un peu de la boîte de vitesses.
La position offre une bonne lecture de la route et permet de bien se placer en entrée de courbe. Les cols du Grimsel et de la Furka, deux grands classiques dans les Alpes suisses, vont me permettre de tester cette moto plus en profondeur.
Nous voilà les pieds dans la neige au sommet du « Furkapass »! Oui, oui, deux jours avant, il y a eu une petite crachée qui a eu pour conséquence la fermeture du col pendant deux jours.
Après ces cols dans les Alpes de Suisse centrale avalés en mode plus sportif, je remarque que la Transalp n’aime pas trop cela, le sport. Ce qui me fait dire cela, ce sont les suspensions, qui me font penser à ma vieille Super Ténéré: elles sont très confortables sur ces routes en bon état, mais dès que le rythme augmente, elles trouvent vite leur limite, sans compter une tendance à rebondir sur les petites bosses.
Heureusement que l’électronique est là pour rattraper les glisses de l’arrière. Le contrôle de traction est très efficace et ne gêne pas la conduite. Côte freinage, rien à dire: bon feeling et assez de mordant pour arrêter la machine.
Il faudra passer la première pour s’extraire avec force des petites épingles qui sont si fréquentes sur ces routes dans les Alpes de Suisse central. Le moteur est volontaire et n’hésite pas à prendre les tours jusqu’en zone rouge, mais attention à bien ralentir avant la courbe sous peine d’être rappelé à l’ordre par les cale-pieds qui frottent assez vite. C’est bien de faire un trail bas de selle, mais ce n’est pas sans conséquences.
La première journée se termine à Lax, en prenant la direction du Glamping du TCS, où nous sommes invités à découvrir le camping de luxe. Les lieux ne sont habituellement accessibles qu’en car postal, mais notre hôte aura eu l’autorisation exceptionnelle de nous faire monter avec les motos.
Nous nous retrouvons à 2000 mètres d’altitude, dans des tentes grand luxe équipées de toilettes sèches privatives, d’une terrasse avec chaise longue, d’un chauffage et d’une machine à café. Rien que ça! Souper à 18h30 précises, ça ne rigole pas en montagne. La soirée va se terminer dans ce cadre naturel incroyable, au milieu des montagnes et du décor somptueux que les Alpes helvétiques nous offrent.
Pour la deuxième journée dans les Alpes, le programme est plus orienté petites routes au travers des Grisons, avec même un petit tronçon non goudronné.
Petit déj’ et départ. Les routes du jour se prêtent moins à la conduite rapide et la Transalp se sent comme un poisson dans l’eau. La douceur des commandes et la facilité de la moto se prêtent extrêmement bien à la balade sur les toutes petites routes.
L’arrivée à une buvette dans la vallée qui mène à Vättis se fait par un chemin non goudronné, et par le col du Kunkel. Non ce n’est pas du vrai off-road, mais ça permet quand même de mettre le mode de conduite adapté et pré-programmé.
La moto est du coup plus douce aux gaz et ne glisse quasi jamais. Et quand cela arrive quand même, le contrôle de traction, toujours lui, rattrape tout ça en un clin d’œil. Voilà qui est très sécurisant pour les novices, et permettra peut-être à certain de se lancer dans des chemins qui auraient pu faire peur avec une autre moto.
Il faudra quand même faire attention, parce que la moto, bien que très bien équilibrée, est relativement lourde. Comme une Ténéré 700. Pour les plus aguerris, après un peu de pianotage dans les menus, toutes les assistances pourront être enlevées et vous trouverez une moto saine et facile, mais peut-être pas très expressive – à mon goût, car je précise que je roule dans le terrain en Husqvarna 701 monocylindre.
Comme déjà dit ces deux jours sont une invitation au voyage. De nos jours, quand on parle voyage à moto, on pense à la Mongolie, au Pérou, à la traversée d’un continent ou aux Balkans en mode nord-sud, mais tout cela ne se coordonne pas toujours avec notre agenda, et nous oublions parfois de regarder ce qui est sous nos yeux. Dans les Alpes suisses, notamment.
Et là en deux jour (deux jours ½ selon l’endroit de départ), nous avons vu des paysages incroyables, des cols de toute beauté, et des lieux dont je ne connaissais même pas l’existence, comme le col du Pragelpass, entre les cantons de Glaris et Schwyz, situé au bout d’une petite vallée qui est certes limitée à 40 km/h, mais qui vous donnera l’impression d’être perdu loin de tout. Et pour ce type d’exercice, la Transalp sera un choix judicieux.
Au moment du bilan, j’avoue être un peu perdu. La Transalp 2023 est la digne illustration de l’idée que j’en avais. Elle fait tout juste sur le papier, mais j’ai comme le sentiment qu’il me manque, à moi, un truc. La Transalp ne me vend pas du rêve, mais elle permet par contre d’y aller, dans des endroits de rêve, que ce soit dans les Alpes, au Maroc, ou dans les Balkans. Et l’important n’est pas de posséder un rêve, mais de le vivre.
Voilà pourquoi je ne doute pas qu’elle va trouver sa clientèle, du fait de ses qualités, et que nos routes continueront à voir rouler des Transalp, dans les Alpes comme ailleurs, tant qu’il y aura de l’essence.
Pour en savoir plus sur les motos (et les scooters) Honda, vous pouvez consulter le site suisse du constructeur japonais, ou vous adresser à nos partenaires de notre Annuaire suisse des pros de la moto: Moto Rush à Genève, Michel Moto et Moto Loisirs à Lausanne, le Garage J.-J. Cherix à Bex (VD), ou le garage Zufferey Motos à Martigny (VS).
Ddier,
J’ai lu et j’y ai pris plaisir à découvrir vos impressions à propos de la Honda Transalp XL750. J’aurais souhaité que vous insitiez plus sur le côté homogène de cette moto, cette facilité de la manoeuvrer, de la piloter, de franchir les obstacles. Comme tout devient à la fois évident mais aussi grisant, la symbiose entre le pilote et sa machine ! Ce n’est pas un mono ni un monstre de puissance mais que c’est agréable de ne jamais être pris en défaut par trop de fougue ou en raison de notre inexpérience éventuelle. J’aime les qualités de cette moto qui m’est beaucoup mieux adaptée que mon Africa Twin 1000 et même de mon ancienne Africa 750… Question de poids, de gabarit, de hauteur, de largeur, etc… !
Peut-être que c’est le résultat de compromis mais 92CV, c’est suffisant pour aller au bout du monde, 208 kg c’est bien assez pour mon compte et pour nombre de motards. Des aides électroniques : OK, mais combien de fois je bidouille dans les mode de conduite ? pas souvent et plutôt parce que la route est ennuyeuse !
Le plaisir ne se raconte pas, il se vit et j’ai trouvé chaussure à mon pied avec ma Transalp ! Je m’éclate !
Bonne soirée
Bonjour, je réponds à la place de notre journaliste, et en accord avec lui. Merci pour ce témoignage! Et continuez à nous lire!
Jérôme Ducret, rédacteur responsable