GP de Sepang

MotoGP – Bagnaia résiste à Martin en Malaisie, et le retour de « Bestia »

Le Grand Prix de Malaisie, sur le circuit de Sepang, a été le théâtre d’un nouvel affrontement entre les deux prétendants encore en lice pour le titre mondial MotoGP 2023, Francesco Bagnaia (team officiel Ducati, numéro 1) et Jorge Martin (team satellite Pramac, Ducati, numéro 89).

Cette rivalité anime toute la seconde partie du championnat, et elle avait failli tourner en faveur de Jorge Martin au au Grand Prix précédent, celui de Thaïlande (lire notre précédent compte-rendu).

La roue a semblé tourné en faveur de Bagnaia lors des qualifications. Le Turinois a bouclé un tour record en un peu plus de 1 minute et 47 secondes, devant Jorge Martin qui n’a pas pu aller plus vite, ralenti par une chute, et un certain Enea Bastianini, le coéquipier de Bagnaia.

Bastianini a vu sa première saison dans le team d’usine Ducati interrompue dès le premier Grand Prix par une chute causée par un autre pilote. Et ce n’est que récemment, au Grand Prix d’Indonésie (Mandalika), en octobre, qu’il a pu revenir et retrouver ses sensations.

Le quatrième temps était assuré par Alex Marquez (Gresini, Ducati), le frère cadet de l’octuple champion du monde Marc Marquez (Honda). Le reste de la deuxième ligne de départ était occupé par les deux coéquipier du team Mooney VR46 (Ducati) Luca Marini et Marco Bezzecchi.

(Alex) Marquez impérial dans la course Sprint

Au départ de la course Sprint (courte, dix tours) le même jour, Bagnaia a pris le holeshot, suivi de près par son coéquipier et par Alex Marquez. Jorge Martin était tout proche, ayant perdu deux petites positions durant ce départ. Puis venaient les deux KTM de Jack Miller et Brad Binder.

Bagnaia (numéro 1) a d’abord géré la course, ses adversaires derrière lui s’efforçant de s’emparer de la deuxième place, ce qui a donné lieu à quelques passes d’armes entre Bastianini et Marquez. C’est ce dernier qui a prévalu, et il est vite devenu clair qu’il avait un plus gros potentiel au tour que le champion en titre.

 

Jorge Martin a lui aussi passé Bastianini et s’est installé au troisième rang. Puis les deux pilotes KTM ont suivi.

Au deuxième tour, Alex Marquez a tenté de passer par l’intérieur du virage à gauche après l’une des grandes lignes droites du circuit, mais il n’a pas pu resserrer son virage, et Bagnaia est repassé. Martin en a même profité pour se glisser à la suite du numéro un.

Mais le pilote Gresini n’a pas perdu de temps et il a immédiatement contre-attaqué. A la deuxième tentative, il a pu reprendre son bien et le garder.

Au tour suivant, Bastianini a repris ses esprits et s’est débarrassé de Brad Binder. Puis il a exécuté un dépassement sur Jack Miller, et s’est mis à faire descendre ses chronos au tour, tandis qu’Alex Marquez exerçait à nouveau la pression sur le leader du championnat.

Cette pression a fini par payer, au sixième tour. Un tour durant lequel Francesco Bagnaia a même perdu la bataille contre Jorge Martin en raison d’une trajectoire trop large laissant la porte ouverte, et d’un train avant plus incisif chez Martin.

Alex Marquez, lui, s’est envolé et il a réussi à conserver son avance jusqu’à la fin de la course Sprint du GP de Malaisie, passant la ligne de finish avec plus d’une seconde d’avance sur Jorge Martin. Enea Bastianini, lui, a terminé dans la roue de son coéquipier, le protégeant de toute velleité de la part de Brad Binder qui avait pris l’avantage sur son coéquipier australien.

Du fait du peu de points attribués pour les courses Sprint, Bagnaia avait alors onze points d’avance sur son rival au championnat.

Le double champion du monde Superbike Alvaro Bautista (lire notre compte-rendu du dernier week-end de courses Superbike cette saison à Jerez) participait lui aussi à ce Grand Prix de Malaisie, en tant que coureur invité. Il n’a pas pu obtenir un bon résultat parce que son épaule le faisait souffrir. Il a terminé 22ème de cette course Sprint, avant-dernier.

Pour les résultats complets de cette course Sprint, c’est par ici.

Bastianini dans la course longue

Le lendemain, Jorge Martin a voulu prendre tout de suite les choses en main, mais il a élargi au premier virage et s’est retrouvé cinquième. Devant, c’est cette fois Enea Bastianini qui a pris le lead, devant Alex Marquez. Et Bagnaia s’est inséré à la troisième place.

L’action principale s’est ensuite jouée pour le gain de cette même troisième place en Malaisie, et comme il s’agissait d’une lutte entre Martin et Bagnaia, il s’agissait aussi d’une bataille pour la tête du championnat!

Martin a porté son attaque au troisième tour. Mais il a voulu en faire un peu trop et il n’a pas pu empêcher son rival en rouge de recroiser la trajectoire et de lui passer devant le nez.

Une seconde tentative, immédiatement contrée, n’aura pas plus de succès. En effet, « Pecco » Bagnaia n’a pas perdu son sang-froid, et il est carrément passé par l’extérieur du virage pour se remettre devant le « Martinator »!

A partir de ce point, Jorge Martin va peu à peu perdre du terrain, ne réussissant pas à tenir le rythme des trois pilotes de tête, tandis que Bagnaia va se maintenir à la troisième place, n’ayant pas la vitesse pour aller chercher Alex Marquez.

Et Enea Bastianini a tenu bon jusqu’au drapeau à damiers, franchissant la ligne d’arrivée avec plus d’une seconde et demie d’avance sur le numéro 73.

Cette victoire avait un goût plus qu’agréable pour « The Beast », qui a vécu une saison 2023 très difficile, éliminé au premier Grand Prix par un tamponnage qui l’a laissé avec une blessure à l’épaule et l’a tenu éloigné des circuits pendant plusieurs Grand Prix.

Et moralement, « Bestia » a mis du temps à se remettre dans le bon rythme, fragilisé notamment par les succès de Jorge Martin et les questions qui commençaient à se poser dans le paddock sur qui serait l’équipier de Bagnaia pour 2024.

Sa joie à l’issue de ce Grand Prix de Malaisie était donc palpable!

Dans les autres faits marquants, on cite la progression de Fabio Quartararo (Yamaha, numéro 20). Le champion MotoGP 2021, qualifié pour une fois dans le top 10 (huitième), n’a pas loupé son départ, contrairement à la course Sprint de la veille.

Le numéro 20 s’est défait des équipiers du team d’usine KTM, puis de Bezzecchi, pour décrocher une excellente cinquième place à ce GP de Malaisie, à cinq secondes de Jorge Martin. Brad Binder, lui, a craqué vers la fin et a chuté, tout comme Aleix Espargaro (Aprilia), Miguel Oliveira (RNF, Aprilia) et son coéquipier Raul Fernandez, et Joan Mir (Honda).

Pour les résultats complets de ce Grand Prix de Malaisie dans la catégorie MotoGP, c’est par ici. On ajoute pour être complet que Francesco Bagnaia a été contrôlé avec des pressions de pneu non conformes au règlement. Comme c’est sa première infraction, il a juste un avertissement.

Acosta champion en Moto2

Le Grand Prix de Malaisie représentait une nouvelle occasion pour le leader du championnat Moto2 Pedro Acosta (team Red Bull KTM Ajo, châssis Kalex, moteur Triumph) de déjà décrocher le titre, alors que la saison n’est pas encore terminée.

Son rival Tony Arbolino (Elf Marc VDS, Kalex, Triumph) avait lui encore une maigre chance d’empêcher ce couronnement. On rappelle que tous les teams utilisent le même moteur, fourni par le britannique Triumph.

Les deux hommes n’ont cependant pas réussi à bien se classer lors des qualifications: Acosta était sixième, et Arbolino septième. C’est l’Espagnol Fermin Aldeguer (team SpeedUp, châssis Boscoscuro) qui a pris la pole, devançant d’une demi seconde l’Italien Celestino Vietti (Fantic Racing, Kalex), qui à son tour précédait Manuel Gonzalez (Yamaha VR46 Master Camp, Kalex).

Aron Canet (team Pons Wegow Los 40, Kalex), qui avait encore une possibilité de prendre la troisième place finale au championnat à Jake Dixon (Aspar GasGas, Kalex), s’est classé 4ème, mais étant tombé alors que les drapeaux jaunes étaient brandis pour une autre chute, il s’est vu signifier une pénalité. Un passage par la trajectoire Long Lap durant la course du dimanche.

A l’extinction des feux dimanche, Aldeguer a pris un très bon départ, et il était au coude à coude avec Gonzalez. Il y a même eu un contact involontaire dans le premier tour, qui a eu pour résultat la chute et l’abandon du second, et la prise des commandes de la course par le premier.

Aldeguer a très vite pris une petite avance sur le reste, suivi à distance par Pedro Acosta qui a pu tirer son épingle du jeu lors de l’incident du premier virage. Au contraire, Tony Arbolino, lui, a dû naviguer pour éviter Gonzalez et sa moto et cela lui a fait perdre du temps.

Et dans le deuxième tour, le pilote Marc VDS, voulant rattraper son retard, touche la partie arrière de la machine d’un concurrent et dévie dans le gazon, heureusement pour lui en restant sur ses deux roues. Mais il doit tout recommencer depuis le fond du peloton!

Aldeguer n’a pas faibli tout au long de la course, imprimant un rythme élevé. Il s’est imposé avec plus de 7 secondes d’avance sur Acosta, qui n’a plus vraiment été inquiété.

La troisième place a été conservée en Malaisie par Marcos Ramirez (American Team, Kalex), qui a résisté dans le dernier tour à la progression d’Ai Ogura (Honda Asia Team, Kalex). Plus loin, on avait Dixon, puis le coéquipier d’Ogura Somkiat Chantra, celui d’Arbolino Sam Lowes, Joe Roberts (Italtrans, Kalex), Albert Arenas (coéquipier d’Acosta) … et pour finir Arbolino, auteur d’une belle remontée mais impuissant face à son rival pour le titre.

Pedro Acosta, pour sa deuxième année en Moto2, remporte donc le titre de champion mondial de cette discipline. Il avait déjà décroché la couronne en Moto3. Et il monte la saison prochaine en MotoGP, au sein du team officiel GasGas – ce qui fait qu’il reste dans le giron KTM. Arbolino est quant à lui déjà assuré de finir vice-champion.

Pour les résultats complets de ce Grand Prix de Malaisie dans la catégorie Moto2, c’est par ici.

Un nouveau vainqueur en Moto3

Dans la catégorie Moto3, le leader actuel du championnat, l’Espagnol Jaume Masia (team Leopard, Honda) a confirmé sa forme en prenant une pole indiscutable samedi, devant le rookie Colin Veijer, coéquipier du rival de Masia pour la titre, Ayumu Sasaki, au sein du team Husqvarna Liqui Moly Intact.

Le troisième temps est revenu à un étonnant Matteo Bertelle (team Rivacold Snipers, Honda). Sasaki avait « seulement » la cinquième place sur la grille de départ, derrière Ivan Ortola (team Angelus, KTM).

Veijer a pris le premier virage en tête, mais il n’a pas pu s’échapper. Un groupe important de pilotes a suivi, comprenant Masia, Sasaki, Bertelle, Deniz Öncü (team Red Bull KTM Tech3), Ivan Ortola et Jose Rueda (Red Bull KTM Ajo), notamment.

Avant la moitié de la course, le Colombien David Alonso (team GasGas Aspar), parti de la 21ème place et remonté dans ce groupe de tête, a été éjecté de sa GasGas par un violent high side, et il a entraîné plusieurs concurrents dans sa chute, tout en en ralentissant plusieurs autres.

Cet incident met fin aux espoirs restants de titre pour Alonso et pour Daniel Holgado (Red Bull KTM Ajo), il réduit le groupe de tête à huit pilotes et il installe une coupure avec les poursuivants. Une autre chute, celle de Rueda alors qu’il tentait de passer Bertelle, va mettre Öncü au tapis – il a réussi à reprendre la piste, mais a terminé 12ème.

La bataille pour la victoire, dans les deux derniers tours, s’est jouée entre Sasaki, Veijer et Masia. Et c’est le rookie qui a pris l’avantage, obtenant ainsi sa première victoire dans cette catégorie, devant son coéquipier et le leader du championnat. Masia est toujours en tête du mondial Moto3, mais Sasaki lui a repris quelques points et n’est plus qu’à 13 longueurs.

KTM a réussi à l’issue de ce Grand Prix de Malaisie à déjà s’assurer du titre constructeur 2023 dans la catégorie Moto3. Pour les résultats complets de ce Grand Prix de Malaisie dans cette catégorie, c’est par ici.

Les pilotes du MotoGP, du mondial Moto2 et du mondial Moto3 se retrouvent dans une semaine au Qatar, pour l’avant-dernier GP de la saison.