Essai – La MT-09 2024, le roadster emblématique de Yamaha, se roadstérise
Pour 2024, la Yamaha MT-09 prend du grade. Cette moto de la catégorie des roadsters sportifs ne se présente plus. En dix ans de commercialisation, elle a fait couler beaucoup d’encre, et attiré les convoitises. D’abord présentée comme un modèle d’entrée de gamme, elle s’est embourgeoisée au fil des générations et a pris du poil de la bête pour devenir une référence dans son segment, parmi les roadsters énervés du marché. La mouture 2024 enfonce le clou, dynamiquement parlant.
Nous sommes aux Canaries, pour tenter de savoir si les modifications apportées par Yamaha à son hyper naked tricylindre, la MT-09, amènent quelque chose de plus (ou de moins), à part le nouveau look. Mais avant toute chose, n’hésitez pas à (re)lire notre présentation de cette nouvelle évolution du modèle, et de sa variante premium MT-09 SP, en novembre 2023.
Yamaha n’y va pas avec le dos de la cuillère et complète généreusement son best-seller (près de 200 000 unités vendues dans le monde, dont la moitié en Europe).
La philosophie «The Dark Side of Japan», emblématique de toutes les Yamaha MT récentes, est appliquée plus que jamais à la MT-09 2024; en quelques mots, il s’agit de stimuler (encore plus!) les sens du pilote et de lui donner l’impression de faire corps avec la machine.
A cet effet, les designers ont tiré profit de l’expérience en motocross avec la lignée YZ pour redessiner le réservoir, de même que la selle désormais en deux parties, pour permettre une plus grande liberté de mouvement au pilote.
On fait ainsi définitivement fi des accointances de la MT-09, jusque là, avec une supermoto, pour la tirer résolument du côté des roadsters (lire notre essai de la précédente version). Cela donne également un rayon de braquage plus court.
Le reste de l’ergonomie évolue aussi. La position de conduite est plus inclinée sur l’avant, grâce à des cale-pieds décalés près de 4 centimètres vers l’arrière et 1 cm plus haut. La position de pilotage est désormais plus engagée et le pilote est ainsi plus apte à ressentir les remontées d’informations procurées par la roue avant.
Le guidon comme les cale-pieds sont réglables sur deux positions. Et un nouvel écran TFT de 5 pouces, plus large, prend place en tête de fourche et propose pas moins de 4 modes d’affichage.
Ce nouvel écran va de pair avec de nouvelles commandes sur les commodos, que Yamaha présente comme plus intuitives.
La connectivité est aussi à l’honneur, de série, avec la possibilité de passer des appels téléphoniques, ou de recevoir des messages par l’intermédiaire du smartphone et de l’intercom (par le biais de l’application MyRide, certaines fonctions, comme les messages textes, étant disponibles sans l’intercom).
L’affichage des indications de direction (et d’une carte) du navigateur Garmin StreetCross (via l’application à télécharger sur votre smartphone) complète l’ensemble et s’intègre parmi les informations du tableau de bord.
Et pour parfaire ses atouts ergonomiques, la Yamaha MT-09 se dote d’un nouveau système de clignotants, une brève impulsion pour une courte durée (3 clignotements) ou une impulsion plus insistante pour une plus longue durée de clignotement (15 secondes de fonctionnement et 150 mètres parcourus).
La pédale de frein arrière en aluminium forgé a été redessinée, de même que la pédale de changement de vitesse a vu son extrémité affinée afin de réduire le mouvement de la cheville pour un changement de vitesse plus fluide. Finalement, l’emplacement sous la selle accueille une prise de type USB-C pour recharger smartphone ou autres périphériques.
Côté électronique, la nouvelle MT-09 a peu à envier à la sportive Yamaha R1. Une centrale inertielle à six axes coordonne comme sur le modèle précédent d’une main de fer les nombreuses aides au pilotage: ABS sur l’angle et contrôle de freinage (on peut même désactiver la fonction sensible à l’angle, pour des freinages de type Supermoto), Yamaha Riding Control YRC (modes de conduite: Street, Sport et Rain; deux modes supplémentaires sont personnalisables), puissance PWR avec plusieurs cartographies, anti-patinage TCS (sensible à l’inclinaison de la moto), anti-wheeling LIF, système de contrôle de glissement SCS…
Et nouvellement un régulateur électronique de blocage de la roue arrière: il apporte de la stabilité si le frein moteur venait à bloquer la roue alors que l’adhérence manque pour ouvrir l’embrayage anti-dribble.
La boîte à six vitesses est commandée par un intelligent quickshifter, ce dernier optimisant le passage des rapports en fonction du niveau d’accélération ou de décélération.
Il s’agit d’une évolution par rapport au quickshifter du modèle précédent, censée apporter plus de fluidité.
Bien que le bloc-moteur CP3 reçoive la certification Euro5, Yamaha n’annonce aucun changement quant aux valeurs de puissance et de couple, respectivement 119 chevaux à 10 000 tours/minute et 93 Newton-mètre à 7 000 tours/minutes. Le trois-cylindres conserve son caractère.
La partie-cycle a suivi une cure de jouvence et est confiée, pour l’occasion, toujours, à KYB, dont les éléments de suspensions ont des réglages revus pour 2024.
La fourche inversée de 41mm de diamètre est toujours entièrement réglable, en précharge, détente et compression. L’amortisseur arrière monté sur biellettes au bras oscillant est lui aussi réglable, en précharge et détente.
Le freinage inclut toujours un maître-cylindre de frein radial, mais il est signé Brembo. Et c’est toujours Advics pour les étriers (radiaux et à 4 pistons). A l’arrière, c’est Nissin qui ralentit ou stabilise la moto.
A propos du thème du design, Yamaha a corrigé le tir engagé avec la précédente version de la MT-09. A vrai dire, le dessin de la tête de fourche n’avait pas reçu que des éloges.
Il était alors important de penser à quelque chose de plus consensuel. Quand bien même nous nous surprenons (encore) de l’originalité de l’ensemble, force est de constater qu’en la regardant bien dans les yeux, la MT-09 2024 ne déçoit pas et affirme sa vocation de boxeuse des rues. Elle n’a pas le nez écrasé à l’instar d’un boxeur malchanceux, mais elle se distingue par une bonne dose d’agressivité. Jugez par vous-même!
Le millésime 2024 de Yamaha MT-09 est décliné en trois coloris: Midnight Cyan, Icon Blue et Tech Black. Une version de 70 kiloWatt bridable à 35 est aussi au catalogue.
Grâce à l’application My Garage, la Yamaha peut être accessoirisée à volonté. Pour l’instant, on trouve déjà des protège-mains, un saute-vent et un pot d’échappement sport Akrapovic. D’autres accessoires devraient prochainement apparaître dans liste.
Il a fallu patienter jusqu’à ce mois de février et une invitation sur l’île de Lanzarote pour prendre le guidon de la nouvelle Yamaha MT-09.
On roule!
A cette idée, ne nous mentons pas, nous devons vous avouer notre enthousiasme. Après dix années de commercialisation, nous nous attendions à un millésime sans reproche. Alors, qu’en est-il?
A peine assis sur la moto, les deux pieds par terre grâce à une selle plus étroite (le soussigné mesure 174 cm, et les courts sur pattes apprécieront!), nous tâtons le joystick du bout du pouce droite.
La navigation parmi les menus se fait sans temps d’adaptation. C’est intuitif et efficace. Trois champs principaux offrent la possibilité d’afficher vos informations favorites indépendamment les unes des autres. Pratique!
Nous nous délectons au moment de démarrer le trois-cylindres. Le son de la boîte à air est bien présent. Et il suffit de donner quelques coups de gaz pour entendre ronfler le moteur. Tout en rondeur, accompagné du sifflement typique du CP3, l’ambiance sonore est flatteuse (et engageante!).
Le premier rapport engagé, nous sortons de l’enceinte de l’hôtel. Sans forcer sur la commande des gaz, la roue avant se déleste déjà. Ça s’annonce bien! Puis les rapports montent tout en fluidité, aidé par un quickshifter à l’action parfaite. Nous nous retrouvons rapidement à 50-60 km/h sur le sixième rapport.
Douceur à bas régime, maniabilité sans faille, réactivité des commandes, c’est ce qui nous vient à l’esprit aux premiers tours de roue. La Yamaha MT-09, une citadine idéale? Pour autant que nous ayons choisi le mode de pilotage Street, il est bien juste de dire qu’elle est à l’aise en milieu urbain, et son pilote avec, par son agilité et la douceur de ses commandes.
Et sans doute aussi sera-t-elle appréciée des débutants, grâce à sa maniabilité. Mais peut-être trop est-elle trop « nerveuse » du train avant pour certains novices.
Dans l’attente de rejoindre le relief environnant et les lacets qui serpentent entre les volcans de l’île, tous se consacrent à des accélérations fulgurantes. Fesses en arrière, agrippés au guidon, gaz ouvertes en grand, nous exploitons la fougue du CP3.
Plein de bas en haut, ce dernier a de la ressource à tous les régimes. C’est à 7 000 tours/minute qu’il atteint son pic de couple, la roue avant en témoigne. Mode de pilotage Sport sélectionné, elle lève facilement de 30 à 40 centimètres avant de se reposer tout en douceur, l’électronique optimisant l’accélération.
Notons au passage que nous pourrions avoir l’impression d’être sur une moto plus puissante et plus coupleuse encore, tant cette Yamaha MT-09 n’est pas avare en sensations!
Et si nous chatouillons le levier de frein avant, nous nous étonnons de la douceur dont il fait preuve. L’attaque n’est pas brutale.
Par contre, si nous tirons avec plus d’insistance, les étriers mordent avec puissance les disques de frein. Précis et progressif à la fois, le freinage est bluffant d’efficacité. A ce sujet, il serait intéressant de comparer ce freinage avec le système Brembo Stylema monté d’origine (2024) sur la version SP de la MT-09.
Une fois que nous nous retrouvons parmi les lacets et courbes, c’est la maniabilité impressionnante de la MT-09 qui refait surface. A la fois vive et stable, la Yamaha se balance au doigt et à l’oeil d’un angle à l’autre. Un régal!
La nouvelle monte Bridgestone Battlax Hypesport S23 M n’y est sans doute pas pour rien. La version M du nouveau S23 n’est autre qu’une commande spécifique de Yamaha, en réponse à un besoin accru en stabilité à haute vitesse.
S’il devait être fait un reproche, ce serait concernant l’absence d’amortisseur de direction. Avec un train avant si vif, un amortisseur aurait l’avantage de contenir les mouvements de guidon, notamment à haute vitesse en virage lorsque la chaussée se dégrade.
En parlant d’amortisseur, la Yamaha a profité du revêtement changeant (mais au grip sans égal!) de Lanzarote pour mettre en valeur son ensemble de suspensions KYB. Le tarage d’origine est en relation avec les performances de la machine, à savoir dur. Et pourtant, le ressenti n’est pas inconfortable.
L’immense avantage des suspensions ainsi tarées, c’est une partie-cycle très communicante, avec de très bons retours d’informations, tant du train avant qu’arrière, et dans toutes les phases de pilotage (accélération, sur l’angle ou freinage). Yamaha a su trouver la suspension adéquate, en ayant affiné les réglages de base pour 2024. Les sales langues diront: «enfin!»
Le niveau de performances atteint avec cette nouvelle Yamaha MT-09 met tout le monde d’accord. Au risque de cannibaliser les ventes de la version SP, nous nous demandons si l’équipement supplémentaire de cette dernière (Brembo Stylema, amortisseur Öhlins, clé sans contact et modes Track) et sa livrée spécifique inspirée de celle de la Yamaha R1M se justifient, si ce n’est pour le prestige.
La MT-09 n’est certes pas un streetfighter (supersportive à laquelle nous avons enlevé les carénages et mis un guidon droit), mais peut sans autre prétendre à être la référence 2024 parmi les roadsters sportifs de sa catégorie. Félicitations (et merci!) aux ingénieurs Yamaha pour avoir parfait le best-seller.
Le prix a été fixé à 11 290 francs suisses. Et les premiers clients pourront recevoir leur moto à partir de fin mars 2024.
Pour en savoir plus vous pouvez consulter le site suisse de Yamaha, ou vous adresser notamment à nos partenaires de l’Annuaire suisse des professionnels de la moto, Badan Motos à Genève, Moto Bolle à Morges (VD), MCM Moto à Lausanne, Facchinetti Motos à Crissier (VD), Chevalley Motos à Saint-Légier (VD), le hostettler moto Fribourg à Marly (FR) et hostettler moto Sion.
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