Rallye Routier français – Un Challenge Tour hors championnat et des Suisses plutôt bien placés
Pas moins de sept motos (huit motocyclistes) suisses ont pris part à la deuxième édition du Challenge Tour, un rallye routier hors championnat en France (Bourgogne et Beaujolais), qui a attiré plus de 100 inscrits. Entre spéciales chronométrées (sur piste et sur route) et étapes routières avec roadbook, ces pilotes (et passagère) suisses sont tous arrivés au bout de l’épreuve, et certains ont même obtenu de très bons classements.
La deuxième épreuve de la saison 2024 en Rallye routier, pour les Suisses engagés dans cette discipline en France, a été le Challenge Tour, une épreuve hors championnat mais fort appréciée.
Pour la deuxième édition de ce Challenge Tour, Thierry Boyer, l’organisateur, a vu les choses en grand. Un rallye routier sur deux jours, sur deux lieux différents, avec un parcours routier copieux (environ 700 km) et des spéciales variées.
Sept motos suisses étaient engagées sur cette épreuve hors normes, dont les Combiers Antoine Asfaux et Morgane Hannigsberg, qui participent à l’entier du championnat (lire notre compte-rendu de la première épreuve dans la Sarthe).
Après les contrôles administratifs et techniques et le briefing du jeudi, les 104 engagés ont débuté la journée du vendredi par une spéciale sur le circuit Vaison Piste, en Bourgogne, sous la forme d’une épreuve de vitesse.
Pas moins de 20 pilotes par série se sont ainsi élancés pour 7 tours chrono sur la piste. Mais comme Thierry Boyer n’organise rien comme les autres, il a décidé que le départ serait du type «Le Mans»: motos arrêtées, les pilotes de l’autre côté de la piste, qui s’élancent en courant vers leurs machines au baisser du drapeau tricolore. Le chrono et le décompte des 7 tours se déclenchaient au passage de la ligne de départ au tour suivant.
Si la première série (les gros cubes 1000 cm3 et plus) a été désavantagée par une piste humide, les séries suivantes ont pu profiter d’une piste séchante pour aligner les chronos. Ces conditions ont plutôt bien réussi aux deux Combiers Ludovic Jacquier et Antoine Asfaux, respectivement 12ème et 11ème sur 100 pilotes classés.
A l’issue de cette course de vitesse, tout le monde s’est élancé sur une boucle routière de 71 km en direction du joli petit village d’Uchon, pour pointer dans le temps imparti avant la pause de midi.
Ce laps de temps a été suffisant pour une métamorphose du circuit de Vaison Piste par les organisateurs. Les deux spéciales de l’après midi se déroulaient également sur le circuit, mais dans une configuration inédite et fun: un départ dans le virage du Vélo, suivi au choix du pilote d’un tremplin ou d’une chicane d’évitement, puis de trois chicanes dans la grande descente.
Et ensuite, un parcours technique typé gymkhana sur le bas du circuit, puis on terminait sur le circuit en configuration classique pour une arrivée placée après le pif-paf.
Certains pilotes n’ont pas osé prendre le tremplin; mais nos Suisses ont été valeureux et ont quasiment tous tenté l’aventure! Notons que la vaudoise Morgane Hannigsberg est la seule féminine à avoir osé prendre son envol.
Entre les deux passages sur cette spéciale inédite tout droit sortie de la tête de Thierry Boyer, les pilotes ont continué de profiter d’un parcours routier magnifique de 71 km en direction de Sainte-Hélène (connue pour ses courses de côte et montées historique) puis, après le second passage, en direction de Mont-Saint-Vincent pour 68 km.
A l’issue de cet après-midi, les pilotes se sont retrouvés pour un nouveau briefing et la remise des prix de l’étape 1. Sur cette première journée, gagnée par notre confrère français Bertrand Gold (Moto Revue, Triumph Street Triple 765 RS), la vaudoise Morgane Hannigsberg (KTM 690 Duke, 74ème au scratch) a remporté la catégorie féminine avec 16,80 s. d’avance sur ses poursuivantes.
Antoine Asfaux (Triumph Street Triple 765 RS) a décroché une belle 8ème place au scratch et a pris la seconde place de la catégorie «routard sans assistance», l’équivalent des malles-moto en rallye raid. Ludovic Jacquier (Triumph Street Triple 765 RS) a obtenu une superbe 14ème place scratch pour ce qui était seulement son deuxième rallye routier.
Les autres pilotes suisses ont malheureusement été désavantagés par une piste humide sur la course de vitesse et se retrouvent logiquement plus loin dans le classement scratch: 48ème place pour Lionel Gay-Fraret (Suzuki Katana), 54ème pour Jeremiah Destraz (Aprilia Tuono V4), 92ème pour Patrick Avanthay (Ducati Paul Smart 1000 LE), et 95ème pour le duo Sébastien Lovis et Karine Bohin (BMW R1250R).
Puis, samedi, à 5h30’00, le premier pilote, qui n’était autre qu’Antoine Asfaux, s’est élancé pour une étape marathon en direction du Beaujolais. Au menu, 159 km de petites routes bucoliques, parsemées de brouillard, de terre, de soleil levant en pleine face, avec des températures avoisinant les 5 degrés, pour rejoindre la spéciale surprise du jour.
En effet, cette spéciale n’a été dévoilée aux participants qu’au briefing de la veille, empêchant toute reconnaissance, afin que tous les pilotes partent sur un même pied d’égalité.
Après une courte pause, les pilotes se sont élancés un à un toutes les 30 secondes pour un passage de reconnaissance non chronométré dans la spéciale du Col de Saint Bonnet. Ils ont ensuite enchaîné avec une première boucle routière de 84 km au travers des somptueux paysages du Beaujolais, et ont ensuite attaqué le premier passage chronométré dans les 3,1 km de la spéciale du jour (ES4). Le valaisan Lionel Gay-Fraret a alors sigé une belle 16ème place, à exactement 8 s. du meilleure temps, signé Bastien Rhodes (Aprilia Tuono V4).
A l’issue de la seconde boucle routière de 60 km, traversant notamment un terrain de cross (!), les pilotes ont eu 1 h de coupure imposée sous régime de parc fermé avant de s’élancer dans l’ES5, remportée par Julien Toniutti, quintuple champion de France des Rallyes Routiers au guidon de sa Triumph Speed Triple RS. Gay-Fraret était toujours le 1er Suisse, en 14ème position, suivi de Jacquier (21ème) et d’Asfaux (24ème).
Après une nouvelle boucle routière inédite de 61 km, Toniutti a repris 1,747 s sur Rhodes. La bataille faisait rage aux avants-postes, comme en catégorie féminine, où Morgane Hannigsberg rendait coup pour coup à ses poursuivantes en améliorant ses temps à chaque passage. Tous les participants on ensuite effectué la 4ème boucle routière, qui ressemblait fort à la seconde, avant de s’élancer pour une dernière montée.
Dans cet ultime assaut du Col de Saint Bonnet, Bastien Rhodes a mené les troupes, reprenant 1,192 s à Toniutti – pas suffisant pour combler le trou avec son rival du jour.
Au terme d’une dernière courte liaison en direction de Lamure sur Azergue, Toniutti a remporté la 2ème étape avec 0,76 s d’avance sur Rhodes. Alexandre Gug complétait le podium, à quelque 10,73 s. Chez les pilotes suisses, Gay-Fraret dominait avec une 13ème place scratch, devant Jacquier. Celui-ci était 21ème malgré des soucis de boîte de vitesse survenus dès la liaison marathon du matin.
Suivaient Asfaux (27ème), Destraz (31ème), Hannigsberg (78ème), Avanthay (82ème) et le duo Lovis-Bohin (85ème).
Au terme de ces deux journées usantes tant pour les machines que les organismes, c’est Bertrand Gold qui remporte le Challenge Tour 2024, profitant de sa confortable avance de l’étape 1, avec 34,68s de bon sur Bastien Rhodes et 38,50 s sur Julien Toniutti.
Du côté des Suisses, les deux amis de la Vallée de Joux, Antoine Asfaux et Ludovic Jacquier, font un tir groupé sur leurs Triumph, aux 13ème et 14ème places. Lionel Gay-Fraret signe une 30ème place, suivi par le Valaisan Jeremiah Destraz (42ème), par Morgane Hannigsberg (73ème), Patrick Avanthay (84ème) et le duo Sébastien Lovis – Karine Bohin (87ème).
Morgane s’est imposée dans la catégorie féminine, devant Camille Buret et Emilie Bereyziat. Morgane raconte: «C’est une magnifique épreuve qui demande des compétences variées; il a fallu faire preuve d’endurance sur ces deux jours, aller vite sur circuit, oser prendre le tremplin avec une moto de route, et improviser sur la spéciale routière en l’absence de reconnaissances.»
Sylvain Vermorel et Victor Vincent (détenteurs du titre français 2023 en catégorie duo) ont pris la première place sur leur KTM 1290 Super Duke.
La paire Brice Alexis – Karine Romanet a emporté la catégorie Side-Car, tandis que Sylvain Mathieu est le vétéran (+ de 50 ans) le plus rapide, et Michel Roussel, sur son Africa Twin ancienne génération, s’impose chez les « Sages » (+ de 60 ans).
Thierry Boyer peut être fier de cette épreuve hors championnat qui a vu se confronter des pilotes du championnat de France, d’anciens pilotes qui ont renfilé le cuir pour l’occasion, et des novices qui découvraient la discipline.
Le rendez-vous est déjà fixé pour 2025, avec une épreuve encore plus costaude sur 3 jours, et un détour sur les terres du Rallye de l’Ain, entre le premier jour à Vaison Piste et le dernier jour dans le Beaujolais. Les pilotes suisses présent sur l’édition 2024 ont déjà prévu de s’engager sur le cru 2025 !
Commentaires1 commentaires
1 commentaires