Course de Côte – Pluie et soleil pour les 40 ans de Boécourt – La Caquerelle
Quelque 130 pilotes ont participé cette année (2024) à la dernière course de côte suisse comptant pour le championnat dans toutes les catégories, celle de Boécourt, dans le canton du Jura. Les manches du samedi ont dû composer avec une météo très humide, mais la pluie a cessé dimanche, et il y a même eu un peu de soleil.
La course de côte de Boécourt, ou précisément celle qui part du haut du village jurassien de Boécourt et qui se termine juste avant le hameau de la Caquerelle, en contrebas de la route des Rangiers, c’est une histoire d’amour entre un petit groupe de passionnés bénévoles, le « Boécourt Moto Racing Team » (BMRT), et des participants fidèles.
Cette année, les 6 et 7 juillet 2024, c’était la 40ème édition de cette manifestation unique en Suisse. Toutes les éditions n’ont pas été organisées par le BMRT, mais c’est ce club qui l’incarne depuis le début des années 1980′.
On peut à juste titre parler de course « unique », parce que c’est la dernière course de côte moto en Suisse qui compte pour le championnat suisse « de la Montagne », celui qui fait débouler sur un tronçon de route fermée des sportives de 600 ou 1000 cm3, les mêmes catégories qu’en Supersport et en Superbike. Les autres rendez-vous de ce championnat se situent à l’étranger, en France pour être précis: Marchaux, Petit Abergement, et Marlhes, pour 2024.
La course de Boécourt est donc aussi la plus proche pour les pilotes suisses, depuis que la course de côte moto de Châtel-St-Denis-les Paccots (à ne pas confondre avec la course de côte auto) a disparu, en 2018, faute d’organisateurs.
En temps « normal », cette course attitre plus de 140 pilotes et passagers (parce que les side-cars participent). Lire à ce propos notre article sur l’édition 2019, juste avant l’année fatidique 2020, quand Boécourt a dû être annulée en raison de l’épidémie de Covid-19 (tout comme en 2021).
Si les épreuves de vitesse pure font encore l’unicité de Boécourt – La Caquerelle, les participants et participantes les plus nombreux sont à trouver du côté des épreuves menées en régularité: on mesure l’écart chrono entre deux montées, et celui ou celle qui a l’écart le plus faible, indépendamment de sa vitesse, se trouve en première place.
Cette manière de faire est adoptée depuis de nombreuses années à Boécourt pour les participants au championnat oldtimer suisse FHRM, mais aussi par ceux du championnat « youngtimer » Swiss Moto Legend Trophy, qui permet d’engager des motos produites entre 1977 et 1999.
Et depuis peu, il y a même un championnat appelé Swiss Side-Car Legend Trophy. Sur le même principe. Boécourt offre à tous ces pilotes non pas une opportunité de remporter des points dans ces divers championnats, mais deux, puisque les journées de samedi et de dimanche comptent de manière séparée!
« Pour que nous fassions un peu de bénéfice, ou même pour que nous ne perdions pas d’argent en organisant la course, il faut un minimum de 130 à 140 inscrits, explique François Pose, alias « Paco », le directeur de course.
Cette année, c’est à peu près le nombre atteint. Et donc la course, ou plutôt les courses ont pu avoir lieu. Pour célébrer le 40ème anniversaire, un rabais de 40 francs a été accordé pour les frais d’inscription, qui étaient donc de 220 francs (ou 220 euros) cette année pour les quatre courses, dans toutes les catégories.
La météo prédisait de mauvaises choses pour les courses prévues le samedi. Mauvaises choses qui sont arrivées, avec des torrents de pluie, et des mini fleuves sur le tronçon de route de trois kilomètres qui sert de piste pour cette montée chronométrée.
Il a fallu décaler une partie des départs pour éviter le pire. Fort heureusement, il y a eu peu de chutes, et, semble-t-il, seulement des dégâts matériels. Plusieurs pilotes ont aussi fait le choix de ne pas courir, ou de ne faire que la première montée. Le paddock des coureurs moto, placé dans une zone herbeuse, s’est lui transformé en bain de boue par endroits.
Mais le comité d’organisation a tenu bon, la très grande majorité des participants est restée, et la fête a malgré tout été belle, avec relativement peu de public (l’entrée est payante, 10 francs pour une journée, 15 pour les deux), ce qui est compréhensible au vu des conditions extérieures.
En Superbike (1000), le Français Joffray Lelièvre (Honda CBR 1000 RR Fireblade de 2019) a livré les meilleurs temps absolus, en réussissant une montée en 1:27,87 lors de sa première tentative. Il a été légèrement moins rapide (1:27,90) au deuxième passage.
Matthieu Pauchard, pilote suisse engagé (quand son job lui en laisse la possibilité) en championnat international de course sur route (IRRC), a été le plus rapide samedi dans la catégorie Supersport, signant un 1:29,67 à sa première tentative avec sa Kawasaki ZX-6R – et n’en faisant pas de seconde.
A Boécourt, il y a aussi une catégorie dite « Promo », qui est hors championnat suisse, et qui se scinde en deux sous-catégories: de 300 à 600 (cylindrée, mais avec une marge selon l’architecture des moteurs), et de plus de 600 à 1200. Et là c’est le gars du coin, Michaël Paratte, sociétaire du BMRT, qui s’est imposé, dans la première catégorie avec sa Triumph Daytona 675, et dans la seconde avec sa Suzuki GSX-R 1100. Ses meilleurs temps samedi: 1:35,10 sur la Triumph et 1:28,94 sur la Suzuki.
On note encore, en vitesse, que Kevin Messerli a pris la première place en Open, sur une Supermoto Husqvarna (450), avec un temps de 1:36,55. Spécialement pour Boécourt, cette année, on avait une catégorie « SupermotardE », réservée aux pilotes féminines sur ce genre de machine, avec trois inscrites. Crystal Bartolomé, sur une KTM 500 EXC, a été la plus rapide, sur une seule montée, en 1:50,36.
Il faut souligner que les conditions de roulage ne favorisaient pas les temps pour les pilotes se battant en vitesse. Et même pour ceux et celles qui se battaient en régularité, ce n’était pas simple. On note qu’Ueli Schönmann (Kawasaki GPZ 1100, 1982) s’est classé premier, avec un écart de 0,58 secondes, devant Hanspeter Gilgen (0,96 s., Suzuki GSX-R 1100, 1990) et Olivier Audétat (1,42 s., Kawasaki ZX-9R 900, 1999).
Et pour les sides, c’est la paire de Pascal et Robin Gassmann (Suzuki-LCR 1000, 2005), du Boécourt Moto Racing Team, qui a été la plus régulière samedi, avec 4,13 secondes d’écart entre leurs deux montées. Ils devançaient Jean-Daniel Schneiter et Virginie Pena (Yamaha-LCR 600, 2010, 4,56 s.).
Heureusement, la pluie s’est abstenue le dimanche, et il y a même eu du vrai soleil l’après-midi. Du coup, les chronos ont dégringolé et les coeurs se sont mis à battre plus vite d’excitation, plus d’angoisse.
Le dernier gros virage à droite, celui dite de la Sablière, est cependant resté glissant et délicat à négocier une bonne partie de la journée.
Comme la veille, Joffray Lelièvre s’est hissé au sommet de la feuille des temps, non seulement dans sa catégorie, mais aussi toutes catégories confondues. Son meilleur temps, 1:20,26, n’a cependant pas suffi pour battre le record établi par son compatriote Jean-Luc David en 2022: 1:18,55.
Pour la deuxième place, le Fribourgeois Frédéric Bongard (Aprilia RSV4) l’a prise à Uwe Rademacher (Yamaha YZF-R1), avec 1:23,92 contre 1:24,72. Un scénario inverse du samedi, où c’était Rademacher qui avait devancé Bongard.
Au classement du championnat suisse, où jusqu’ici seuls ces trois pilotes ont pu courir sur toutes les épreuves, Lelièvre devance Rademacher de 78 points, et ce dernier est devant Bongard, avec 31 points d’avance.
Matthieu Pauchard, qui ne participe pas au championnat suisse cette année, a à nouveau obtenu les honneurs en Supersport, avec un excellent temps de 1:22,43, devant, à nouveau, Uwe Rademacher (1:27,43, Yamaha YZF-R6). Ce dernier est toujours en tête du championnat, devant le Français Loic Sirot (Kawasaki ZX-6R), 4ème et 3ème samedi, et deux fois troisième dimanche.
Comme la veille, le plus rapide des pilotes de la catégorie Promotion a été Michaël Paratte, tant avec sa Triumph Daytona 675 (1:26,22) qu’avec sa Suzuki GSX-R 1100, avec un temps de 1:21,54 (!) lors de sa seconde tentative. Et de même en Open, avec Kevin Messerli qui a signé un temps de 1:30,20.
Les classements ont par contre été fort différents en Swiss Moto Legend Trophy (SMLT). Lars Ewers, sur sa Harley-Davidson Dyna de 1999, n’a fait varier son second chrono que de 3 centièmes de secondes entre les deux manches, et s’est ainsi adjugé la victoire dimanche. Deuxième du jour, Lucas Berger, sur sa Honda RC36 de 1992, a varié de 7 centièmes. Et pour le troisième, Reto Hunziker (Kawasaki GPZ 1100 R, 1988), cet écart était de 11 centièmes.
Il faut souligner que les compétiteurs du SMLT étaient très proches les uns des autres, avec moins d’une seconde d’écart pour les seize premiers entre les deux montées!
Pour les sides du SSCLT, le même attelage (Gassmann) qui a réalisé la meilleure performance (0,53 s. d’écart), comme samedi. Mais la deuxième place est revenue à Cédric Mulheim et Cora Marsal (Ireson Honda 600, 0.72 s.).
La paire Schneiter-Pena reste solidement en tête du SSCLT, devançant le duo Gassmann de 24 points, et Ueli Schönmann mène toujours le SMLT, devant Reto Hunziker (19 points de retard) et Lucas Berger, qui a le même nombre de points que Hunziker. Ewers n’a roulé jusqu’ici qu’à Boécourt.
Enfin, sans pouvoir être exhaustif sur les classements de ces courses à Boécourt 2024, Crystal Bartolomé a fort logiquement amélioré son temps dimanche, signant un bon 1:39,69 (seule sa seconde montée a compté).
Pour le comité d’organisation, cette 40ème édition est sans conteste une réussite. Le public a été au rendez-vous dimanche, et une nouvelle génération d’organisateurs est en train de prendre la relève.
Le plus « visible » de cette nouvelle génération est Damien Schaffter, directeur de course adjoint cette année, qui effectuait ses déplacements sur le tracé au guidon d’une Kawasaki ZX-6R 636!
Le comité d’organisation a profité de la remise des prix dimanche en fin de journée pour remercier les sponsors et les autorités cantonales et communales, sans le soutien desquels cette course ne pourrait tout simplement pas avoir lieu.
Pour le classement complet de Boécourt 2024, c’est par ici (courses du samedi) et par ici (courses du dimanche).
Et voici encore pour le plaisir quelques photos de nos deux photographes Oliver Allenspach (Flash Press) et Phoukham Phothirath.