Ch. français 2024

Rallye routier – deux Vaudois titrés dans le championnat français après le rallye de Charente

Comme le veut désormais la tradition, les pilotes du championnat de France de rallye routier se sont retrouvés à Rouillac, dans le sud-ouest du pays, pour le Rallye de Charente, la dernière manche de la saison.

Cette épreuve, organisée le 19 octobre dernier par le CORRC (Comité d’Organisation pour un Rallye Routier en Charente, eh oui) et emmené de main de maître par le président Thierry Dupuis, n’a pas failli à sa réputation, avec une organisation parfaite, un routier exigeant et des spéciales d’Anville et de Saint Amant de Nouère inédites. Cette dernière avait même des petits airs de Tourist Trophy à la française, avec des passages rapides en ville entre deux trottoirs!

Seulement, comme pour l’ouverture du Championnat 2024 lors du Rallye de la Sarthe, la pluie s’est invitée à la fête pour la manche de clôture. Les pilotes se sont élancés dès 9h30 pour le prologue, sous le déluge, le tenant du titre Bruno Schiltz en tête.

Conformément à ce qui était prévisible, les pilotes ont trouvé des spéciales rendues très piégeuses par les pluies abondantes des derniers jours. Entre traces de boue, graviers, flaques d’eau, tous ont dû composer avec les éléments pour rester sur leurs roues.

Seuls deux Suisses étaient alignés pour cette finale du championnat: le Vaudois Antoine Asfaux (Triumph Street Triple 765 RS, numéro 25), et sa « compatriote » Morgane Hannigsberg (KTM 690 Duke, numéro 111).

Après le round précédent, le Rallye des Coteaux (Ardèche), au mois de septembre (lire notre compte-rendu), le premier jouait le Challenge européen (titre réservé aux pilotes venus d’ailleurs que de France), la seconde le podium dans ce Challenge et la première place au Trophée féminin.

En raison du forfait de sa concurrente directe pour le Challenge Féminin (la concurrente en question était là mais ne pouvait pas courir), Morgane était assurée d’être titrée. Mais ce rallye a été plus compliqué que prévu.

Arrivée avec seulement 5 points de retard, pour ce qui est du Challenge européen, sur le belge Michel Monostori (KTM 890 Adenture), elle devait le battre sur les deux étapes du Rallye de Charente pour lui ravir la deuxième place.

Malheureusement, très en délicatesse sur le mouillé, la Suissesse a écopé d’une « pluie » de pénalités sur l’étape de jour, ce qui l’a définitivement reléguée derrière son concurrent direct au Challenge Européen.

Elle s’est néanmoins classée troisième féminine sur l’étape 1. Elle était décidée à aller au terme rallye, mais sa moto en a décidé autrement. Une panne électrique l’a contrainte à abandonner au départ de l’ES (étape spéciale contre la montre) 7 et à rentrer avec son assistance au paddock.

Elle remporte malgré tout, on l’a dit, le Trophée féminin 2024, devant Martine Piallat (KTM 390 Duke) et Amélie Besnard (Triumph Street Triple 765).

Pour Antoine, ce fut également un rallye assez compliqué. Peu à l’aise sur les spéciales détrempées et glissantes après sa chute dans des conditions similaires au Rallye des Volcans en Auvergne (qui ne comptait pas pour le championnat français) quelques semaines auparavant, il a voulu faire le nécessaire pour assurer.

Terminer une étape suffisait pour décrocher un troisième titre au Challenge européen. Une erreur de navigation lui a cela dit coûté 22,5 secondes de pénalité et lui a fait perdre 14 places au classement de l’étape de jour. Il a fini 45ème au classement scratch (toutes catégories mélangées), et 16ème de la catégorie Rallye 1. Mais cela suffisait pour la première place au Challenge Européen dans ce rallye.

Et on l’a déjà plus ou moins dit, Morgane Hannigsberg se classe troisième de ce challenge pour 2024. Relevons la sixième place du valaisan Jérémiah Destraz, qui a vécu cela dit une saison compliquée et qui ne participait pas à cette finale du championnat.

Pour les concurrents et concurrentes français, la bataille a été rude. Le pilote Suzuki Bruno Schiltz (numéro 1, Suzuki GSX-8S), tenant du titre et déjà détenteur de cinq titres, a connu un rallye difficile, tout comme d’ailleurs son principal rival Benjamin Preudhomme (2, KTM 890 Duke R).

Ainsi Schiltz s’est carrément perdu dans le routier de l’étape 1, accumulant 2 minutes 30 de retard au dernier contrôle horaire. Comme c’est la règle en rallye routier, cela lui a valu une pénalité conséquente, qui était de lui ajouter 37,5 secondes. Il a fini 16ème de cette étape de jour. Il y a eu un certain nombre de chutes et les retards se sont accumulés, et donc la direction de course a décidé d’annuler les deux dernières spéciales, afin de respecter les horaires prévus pour la réouverture des routes. Preudhomme, lui, s’est classé huitième à l’issue de cette étape 1.

C’est Bastien Rhodes (numéro 43, Aprilia Tuono V4 1100), dont la moto chaussait des Pirelli Supercorsa – pas les pneus les plus adaptés à ces conditions! – qui a enlevé cette première étape. Il a notamment bénéficié d’une pénalité de 7,5 secondes pour retard infligée à Vincent Jouanen (numéro 6, KTM 500 EXC). Tanguy Brebion (14, Husqvarna 701 Supermoto) a fini troisième. Et Charlie Coulanges (5, KTM 890 Duke R), qui avait le même nombre de points que Preudhomme au championnat, a abandonné après une chute dans l’ES4.

Lors de l’étape 2, entamée à 19h30 et qui s’est poursuivie dans la nuit, la pluie a cessé, mais elle a vite été remplacée par le brouillard. Rhodes et Jouanen ont continué leur lutte pour la victoire, suivis d’assez près par Brebion. Seul Benoît Nimis (338, KTM 450), ancien champion de France Rallye 2 en 2019 et 3ème du classement général Elite la même année, qui avait renfilé le cuir pour ce rallye de Charente, a pu perturber momentanément ce trio de pilote en prenant la troisième place de l’ES10.

Si Rhodes avait emporté l’étape de jour, Jouanen a pris celle de nuit, avec seulement 0,29 seconde d’avance sur son rival.

Et au final Rhodes a gagné ce rallye de Charente, avec 1,27 seconde de bon sur Jouanen, qui a dû regretter sa pénalité de l’étape 1. Brebion a pris la troisième place. Rhodes a logiquement aussi pris la première place de ce rallye dans sa catégorie Rallye 1, devant Preudhomme et Christopher Auzoux (4, Triumph Street Triple 765).

En Rallye 2, victoire de Jouanen, devant Brebion et Mathias Courtaud (numéro 3, KTM 690 SMC-R). En Rallye 3, Nimis s’impose, devant Christophe Overney (Husaberg 450 FE) et Sébastien Vry (Husqvarna 450 FE).

Sans surprise, la paire Benoît Berthomieu-Jonathan Campergue (Suzuki 1340 Hayabusa) gagne la catégorie side-car, devant Norman Guillet-Teddy Siman (Yamaha FJ 1100) et Johan Migne-Adélaïde Bardeau (Yamaha FZ 1000).

Malgré un rallye de Charente très difficile, Bruno Schiltz remporte un sixième titre de Champion de France des Rallyes Routiers, et devient donc le pilote le plus titré dans l’histoire de la plus ancienne discipline moto. Son dauphin Benjamin Preudhomme portera à nouveau le numéro 2 la saison prochaine. Mais l’écart se réduit de plus en plus entre le maître de la discipline et ses poursuivants. Tanguy Brebion conclut sa belle saison avec une solide troisième place en Elite.

On peut relever l’excellent classement de Bastien Rhodes, quatrième en Elite pour sa première saison de Rallye Routier, avec un résultat blanc au Rallye des Coteaux à la suite d’une panne mécanique.

Dans les classements par catégorie, Preudhomme est logiquement sacré champion de France Rallye 1, devant Bastien Rhodes et Christopher Auzoux. En Rallye 2, Schiltz remporte la couronne devant Brebion et Jouanen. Ce dernier a connu un début de saison difficile avec une moto capricieuse.

Christophe Overney décroche un nouveau titre Rallye 3, devant Pierre Mouneu (Kawasaki KX 450 X SM) et le prometteur Cyprien Benois (Sherco 450).

Enfin, en side car, c’est un nouveau titre pour Berthomieu et Campergue devant John Devaux et Jonathan Thelou (Suzuki 1300 Hayabusa). Johan Migne et Adélaïde Bardeau se classent troisièmes pour leur première saison à 3 roues.

Autre catégorie spectaculaire, le Challenge Duo est remporté par la paire Guillaume Boncoeur-Alexandre Cornillat (CFMOTO 800 NK), devant les Luxembourgeois Philippe Boisserie et Anne Diderich (KTM 890 Duke R eux aussi), et le couple Mathieu et Magali Damon (KTM 890 Duke R).

La huitième place dans cette catégorie est attribuée au duo suisse Sébastien Lovis-Karine Bohin (sur une BMW R 1250 GS), qui n’a participé qu’au Rallye de la Sarthe pour ce championnat français 2024.

La saison 2024 étant ainsi terminée, les pilotes se tournent déjà vers la préparation de la saison 2025 dont le calendrier devrait être connu à l’issue du Congrès de la Fédération Française de Motocyclisme fin octobre.

Si la discipline vous attire, n’hésitez pas à contacter le Team Rallye Routier Suisse (www.trrsuisse.ch), qui organisera une journée de découverte de la discipline au printemps 2025 et qui vous aidera avec plaisir à vous lancer dans l’aventure du Rallye Routier.