« La diagonale du Foux » – De Lausanne aux Bardenas Reales, un voyage initiatique au guidon d’une Tiger 1200
Notre ami, journaliste-essayeur et photographe passionné Phoukham, alias « Foux », a profité d’une pause dans sa vie professionnelle pour entamer un périple en diagonale, direction le sud-ouest. Il est parti de Lausanne, a traversé la France jusqu’à l’océan (le golfe de Gascogne), est entré en Espagne au royaume des westerns spaghetti, avant de remonter vers la Suisse. Tout au guidon d’un gros trail avec passagère et bagages, une expérience qu’il n’avait jamais tentée auparavant. Récit en forme de réflexion sur le voyage.
Le texte qui suit est un peu un récit de voyage, accompli en diagonale entre la Suisse, la France et l’Espagne. C’est aussi un voyage qu’on pourrait qualifier d’intérieur. Partir… oui, pourquoi donc partir? Et pourquoi aussi loin? À quoi cela sert-il donc? Et mais où est donc OrNiCar? Vastes questions…
Le philosophe (É-E. Schmitt)répondra à cette question par un « Parce qu’il faut d’abord abandonner son cadre, perdre ses repères, se désenkyster de ses habitudes ». Parce que tout cela « nous porte à ouvrir les bras, le cœur, l’intellect, à déverrouiller nos préjugés, à assumer notre faiblesse, à cultiver notre fragilité. Sans nos failles, comment la lumière passerait-elle? » .
J’avais donc cette faille au moment de partir, cette fêlure d’un cycle de vie professionnelle qui s’achevait (je venais de quitter l’EPFL), et, dans l’attente du démarrage d’un tout nouveau cycle, avec toutes ses incertitudes, avec de nouvelles espérances de confiance, de bienveillance et d’empathie.
Bref, j’avais besoin de faire ce voyage en forme de diagonale. Urgemment. Comme pour colmater certaines brèches, remplir des fêlures intimes. « Le voyage coupe, disperse, recentre puis aboutit (ndlr: même source). » Au fil des réflexions, nous avons décidé de partir à la mi-mai. En effet, le timing et les conditions semblaient adéquats pour un tel périple.
Partir, toujours
Mais suis-je prêt? Sommes-nous réellement prêts pour un aussi long périple? En même temps ce n’est qu’une diagonale à travers la France, et en direction de l’Espagne. Ce n’est pas non plus le bout du monde…. et la seule façon d’avoir des réponses est d’y aller. Contact!
La valse des premières
En fin de compte, cette «Diagonale», il faut la voir comme un voyage initiatique. Avec une foultitude de premières: toute première fois de ma vie au guidon d’un aussi gros trail (une Triumph Tiger 1200 GT Pro 2024), première fois avec bagagerie complète (valises latérales et top-case), qui augmente ainsi le volume de l’équipage, la charge (utile et mentale) et rehausse le centre de gravité de l’ensemble… Première fois en duo. Et première fois aussi longtemps. Et aussi loin… La barre est donc placée haute. Très haute.
Se connaître, s’apprivoiser
Cette «Diagonale», il faut aussi (et surtout) la voir comme une belle opportunité d’explorer tout ça, de faire connaissance avec ces sentiments, d’apprivoiser toutes ces «premières». Et même ce qui n’était pas prévu, pas listé au départ, toutes ces surprises (belles et moins belles) qui viennent se greffer au fil des kilomètres et qui font le piment de tout périple.
Car l’idée de départ était de rejoindre les Bardenas Reales, en Espagne, en passant par le Massif Central, la Dordogne/le Périgord, puis le Pays Basque et traverser les Pyrénées pour basculer sur les paysages de westerns spaghetti… Si vous voyez ce que je veux dire. Et reprendre ensuite le chemin du retour!
La panoplie complète
On part à deux, avec un boîtier photo et un objectif polyvalent et lumineux, un ordinateur portable et un antivol en U (on ne sait jamais). Fort heureusement la moto est équipée de deux valises latérales et d’un top case. La place y est comptée. Mais leur contenance fait que nous pouvons quand même emporter un peu plus que le strict minimum.
Coté équipements: chaussures GoreTex (on est en mai), gants longs GoreTex (on est en mai bis), gants courts ventilés, blousons avec des dorsales de niveau 2 (pas d’airbags), des jeans renforcés de marque Esquad (avec la fameuse fibre Armalith, les connaisseurs comprendront …).
Heaumes Sweet Heaumes
Coté heaumes: un Shark Race-R Pro, léger et protecteur, pour Séverine, contre un Shoei X-Spirit 3 pour ma pomme.
Bien que je sois un fan de toujours des Arai (ça, c’est un «traumatisme», un ancrage qui remonte à 1985, l’année du double titre de Freddie Spencer et son fameux casque dont j’ai adoré le logo), le Shoei a été préféré pour son écran photochromique bien pratique, fort efficace et compatible avec un Pinlock, bref un seul écran pour toutes les luminosités mais qui coûte une blinde.
Et bien sûr les affaires de pluie… qui vont nous servir loyalement, et ce, dès le premier jour.
Un voyage de 4500 kilomètres, diagonale ou pas, commence donc ainsi, avec un simple tour de roues. On part de Gex sous la pluie. Ha, j’ai oublié de vous dire. On n’a jamais roulé ensemble plus d’un jour, la passagère, le pilote, la Tiger… à peine 3 jours d’essai de 300 à 400 kilomètres chacun… Autant dire, rien. Là, on était partis pour 5 fois plus longtemps et 10 fois plus loin.
Premiers tours de roues … et déjà des gouttes
Samedi matin. Premier jour de cett Diagonale. Un peu fébrile. C’est le grand jour. On va vers le moins en moins connu, au fil des kilomètres. On quitte le bassin genevois, le pays de Gex, puis Nantua où la pluie nous rattrape (ou précède, c’est selon le point de vue): depuis deux mois de ce régime humide (euphémisme), le soleil, on ne sait plus ce que c’est.
Et là, ça drache, et sévère même, on se réfugie sous une station-service, le temps de laisser passer le gros grain. Puis on reprend la route, direction Lyon, puis Saint-Etienne par le contournement de la Capitale des Gaules, et puis l’Inconnu. Ensuite la Haute-Loire. Et ses jolis plateaux, ses routes dégagées, ça roule.
Et l’horizon qui s’obscurcit soudainement, un gros orage finit par éclater. Le temps de trouver un arrêt d’autocar (et ils n’étaient pas légion dans la région) pour enfiler les vêtements de pluie, il était passé.
On a failli verser, déjà, avec ce parking en pente… on a repris la route sur une chaussée détrempée, emmitouflés ainsi jusqu’à notre première étape de la diagonale du Foux (on l’appellera ainsi, car c’est mon surnom): Issoire. Pour une première journée, l’accueil était, disons un poil humide.
Nous nous parquons à coté de la GS d’un couple de retraités autrichiens qui effectuait là leur 6ème tour de France. Tout compte fait, les spécialités locales (tout est bon dans l’cochon!) ont superbement fini de nous requinquer après ce premier bout de diagonale.
Fait amusant: nous avions comme voisins de table des motards haut-savoyards, qui nous ont tuyauté sur un restaurant de bord d’océan sur… Capbreton, qu’on devrait atteindre dans une semaine.
Amicalement vôtre
La route diagonale s’est enchaînée ainsi par étapes de 250 à 450 kilomètres dans la journée (à ce niveau, nous sommes éligibles au challenge «titanium butt»? haha)… Nous tracions à travers les belles routes peu fréquentées du Massif Central pour une halte dîner en plein cœur de la ville de Figeac, au milieu des murs séculaires et des façades dorées.
Puis direction Agen, où nous attendaient des amis, en passant par le magnifique parc naturel des Causses du Quercy, Cahors, Montcuq (et oui, un peu de poésie sur notre balade), Lauzerte. Toujours plus ou moins en diagonale, même si tracer une ligne droite ne fait trop partie des règles du jeu.
C’est fou, c’est bizarre, les vrais amis: même 10 ans après s’être vus pour la dernière fois, l’impression de s’être quittés juste la veille au moment des retrouvailles. Petite halte bienvenue avant de retracer notre route.
Premières sueurs froides …
Nous reprenons la route le lendemain, repus et reposés, en direction du Périgord et de Sarlat-la-Canéda, de Nabirat plus précisément. Une petite bourgade à laquelle on accède par des routes vicinales, puisque nous avons raté la route indiquée par le GPS…
Mais que de sueurs froides, avant d’arrive: un stop, un démarrage en côte du côté de Fumel …
Je vous donne le topo: à gauche, un virage à droite qui déboule, sans grande visibilité. A droite, la montée vers la bourgade, dont on apercevait le clocher effilé et les (rares) bâtisses hautes.
On sort d’une route vicinale pentue. Très pentue. Le stop fait un gros rebord avec la route principale. Avec une pente à faire tout verser… Et un peu de gravier, de ce truc que les voiries départementales françaises aiment à verser sur la chaussée pour pimenter les débuts de saison…
Je marque le stop. Je m’équilibre. Je cale. La moto recule, je chope le frein arrière. Une fois, deux fois, puis une troisième fois. Personne. C’est instable. On manque de verser.
Je transpire, je m’excite, m’énerve. On transpire. Et cale encore, après avoir passé le stop. Au milieu de la route. Faire vite. « Laisse la moto redescendre », « regarde la bourgade », « regarder au loin ». Démarrage. Et doser au millième de millimètre cette poignée de gaz.
La moto repart, gentiment, ne cale pas. Petit coup d’œil dans le rétro, personne. La moto prend de la vitesse, se stabilise. Ouf… leçon retenue: ne pas rater les indications GPS en terres inconnues.
Vive la Dordogne
Des amis venus du Haut Jura (lac des Rouges Truites, vers Morbier, où ils tenaient un camping, un restaurant et un gîte) se sont installés dans ce coin de la Dordogne, au cœur du pays du canard et de la bonne chère. En gros au milieu de notre diagonale à moto.
Au camping et aux emplacements pour les tentes, ils ont aussi développé l’offre des chalets et bungalows. On arrive donc au Camping Les Pialades (à Nabirat) et, juste le temps d’une bonne douche, on repart aussitôt.
Pour aller au restaurant La Ferme de Maraval – des succulentes spécialités locales, avec une tête de veau juste rhaaâa et un cassoulet revisité pour nous requinquer…
Au camping, c’est plutôt calme en ce début de saison et on y entend le vacarme… euh pardon, le chant des oiseaux au petit matin. Pêle-mêle, dans ce camping du bout du monde, loriot (oiseau au plumage jaune intense, mais extrêmement farouche), coucou (vous l’entendez partout mais courage pour le trouver), et moult passereaux.
Nous séjournerons dans un chalet bien équipé et récent, le temps de profiter (encore) de la gastronomie du Périgord, des belles mais glissantes routes, d’une ville de Sarlat engluée (euphémisme) par les préparatifs du passage de la flamme olympique …
« T’inquiète pas, j’ai vu un tuto »
Et là, en rentrant de Sarlat, Bim! Première sueur froide et première (et dernière) chute… quasiment à l’arrêt, lors d’une manœuvre à basse vitesse pour reprendre la route après un arrêt.
Séverine a juste eu le temps de sauter hors de selle, tandis je tentais tant bien que mal de ralentir la chute du Gros Tigre… comme une vision au ralenti… petit bruit mat.
Puis on la relève, en la poussant par le dos (« ouais, t’inquiète, j’ai vu un tuto YouTube »), facile à deux. On béquille la Bête, on souffle, on souffre. Les habitants de la maison viennent aux nouvelles, on les rassure. Puis on inspecte, on fait le tour. Rien. Un miracle. Juste des éraflures sur le repose-pied droit… Avec, au passage, un gros coup à l’ego bien senti…
Et un petit message au tableau de bord: « Pression d’huile basse ». Coup de chaud, pourvu qu’elle n’ait pas déjaugé. Pourvu… ouf, ça démarre.
On passe la première, je tire sur les rapports, on (re)prend de la vitesse. Un petit tour sur les petites routes pour vérifier, avant de revenir au camping. Plus de message, mais une petite angoisse pendant la nuit quand même… La Tiger démarre au petit matin. Ouf. Leçon apprise, 2: en vue d’évolutions à basse vitesse, rabaisser les suspensions (électroniques) au préalable…
L’océan Atalantique, et les Landes
On trace ensuite sur Capbreton, non sans faire une halte dans le beau village de Monbazillac, avec une belle montée par une route serpentant au milieu des fameux vignobles de ce doux nectar au goût de miel et d’ananas confit.
Le ciel s’est fait noir entre temps, et la pluie a fini par nous rattraper. Ou on a fini par la rattraper, c’est selon.
On roule, on enroule, on serre les dents, on avale les kilomètres tout au long de notre diagonale. Marmande, Casteljaloux, Dax puis on sent les bords de l’Océan et l’odeur iodée nous titiller les narines.
On y est! Deux nuits à Capbreton, pour faire sécher les affaires, pour prendre l’apéritif en bord de plage (mais derrière une bâche transparente, pas fous), un peu de temps et visiter la Dune du Pyla.
Et aussi faire connaissance avec ces looooongues routes tracées à la règle et à l’équerre, et bordées de pins des Landes, autres spécialités du coin…
Un petit coup d’autoroute pour finir et rejoindre ce fameux restaurant qu’on nous a conseillé, « La Plancha du Pêcheur », situé au bord de l’Océan, à Ondres.
Et profiter d’un fabuleux coucher de soleil et des plats de spécialités de la mer, dont une fabuleuse salade de poulpe, et des chipirones à la plancha dont on nous a vanté les délices à Issoire (lors de notre toute première nuit)…
Un BAB express avant le Pays Basque
Le lendemain, on prend la route du Pays Basque. Et au lieu d’une progression diagonale, il faut s’extirper – avec peine – d’un BAB (le fameux triangle Bayonne-Anglet-Biarritz) bien (sur)chargé en trafic.
C’est l’horreur pour moi, de nous frayer un chemin dans ces conditions. Mais petit à petit, la circulation se fluidifie, la route se dégage, et le panorama est merveilleux, avec ce vert profond et ces bambous au bord des routes, que l’on ne voit que par ici…
On fera une halte à Espelette pour le dîner, en goûtant aux superbes spécialités locales dont l’axoa (ragoût de veau aux piments du cru) et le fameux gâteau basque au restaurant Etchehandia, à Espelette, que nous vous recommandons, avec aussi son service rapide, ses salles magnifiques, sur deux étages.
Peut-être même que vous aurez la chance de rencontrer ce Monsieur qui est venu vers nous à Espelette. Et qui devait avoir les 80 ans passés, portant fièrement le béret basque.
Cher Monsieur, vous nous avez fait notre journée avec votre verbe, votre érudition et votre joie de vivre. Qui que vous soyiez, quoi que vous fassiez, nous vous remercions de votre passage, d’avoir embelli notre journée et vous souhaitons une belle et longue vie!
Passage des Pyrénées
Ayant repris des forces et bien hydratés, nous reprenons la route vers Artix, chez des amis, entre Pau et Orthez. En passant par Bidarray, Saint-Jean-Pied-de-Port et ensuite les somptueux paysages du Béarn, Saint-Palais et Navarrenx. Une halte en Artix, avant de passer les Pyrénées et basculer, enfin !, en Espagne.
Notre ami Patrick (dont le job est de créer et commercialiser des kits d’éclairage pour les VTT K Lamp) se propose de nous servir de guide.
On monte par Arrast-Larrebieu, traversant ensuite la magnifique forêt d’Arette. La route est pentue et le tracé, qui serpente dans les flancs de montagnes, est tout juste magnifique.
On passe le col de la Pierre Saint Martin et on est en Espagne. Pour basculer ensuite sur Isaba, Burgui, Navascuès et Lumbier. On se quitte là. Et là, les paysages changent, et deviennent plus arides.
Puis surgissent les premiers villages perchés, le long des routes bordées de genêts en fleur. Et, à partir de là, plus une seule goutte. On a soif, on a chaud. Ça cogne, pas le trois-cylindres de la Tiger qui enroule et déroule, mais je parle de ce truc jaune et brûlant dans le ciel et qu’on (re)cherche depuis le mois de mars (le soleil, quoi)…
On passe par Olite (avec son fameux château), puis arrive à notre hôtel, à Tudela. Il fait beau, il fait chaud. Et la SP95 est à 1,45 €. Un autre monde. Bienvenue en Espagne. Et en plus on trouve un superbe restaurant, aux plats léchés (!) et savoureux, et au service impeccable. A cinq minutes à pied de notre hôtel (Bed4U), le restaurant A Queimada.
On est bien là, aux portes d’un désert aux allures de western, quelque part entre Pampelune et Saragosse. Le soir qui tombe, un petit vent qui se lève. La douceur du soir. Comme l’anti-chambre du paradis. Avant la fournaise… car le lendemain on a prévu de visiter les Bardenas Reales, avant de remonter.
Au bout de la diagonale, les Bardenas Reales, enfin!
Les Bardenas Reales, c’est un site juste magique, on est transportés ailleurs. Il y a des vautours qui tournent au-dessus de nos têtes, on se prend des nuages de poussières, on y voit des renards, il y a des vététistes, des 4×4, des pas 4×4, des motos, de tous genres, des trails avec des pneus à crampons, des maxi-trails (bon, ce sont les plus nombreux quand même, surtout des teutonnes avec des seins qui pendent…), mais aussi des routières, plus rares mais il y en avait. De tout.
Et surtout, sur ce lieu qui a souvent été utilisé pour des tournages de films, on croit entendre un harmonica qui pleure au loin, et on croit, on espère voir débarquer un bon, on n’espère pas une brute, et surtout pas un truand. Ambiance. Frissons garantis. Ceci dit, il vaut mieux y aller tôt ou en fin d’après-midi, histoire de ne pas lyophiliser sur place. Et servir de buffet aux volatiles cités plus haut !
Et là, Bim (bis)! Sueurs froides, 2: avant de repartir des Bardenas, à la Maison de la Réserve, on remarque deux entailles comme deux morsures de serpent, à deux endroits différents du pneu arrière, et qui laissent voir les fils de la carcasse… ça laisse des petits frissons dans l’échine en découvrant ça à la toute fin de notre virée dans les Bardenas … j’en ai blêmi.
Du coup, on roule avec prudence, on enroule plus qu’on devrait. Et un nouvel ordre du jour: trouver en urgence le même pneu, et un atelier où le faire monter…
On décide donc de passer les cols des Pyrénées au niveau d’Ainsa, pour basculer sur Toulouse. Le plus vite possible, avec le moins de contraintes possibles sur le pneu arrière. Facile à dire…
Halte à Ainsa/Escalona, après un passage par Jaca, le parc d’Ordesa (la fameuse N-260a, et des vues à couper le souffle et s’arrêter tous les 100 m) et Fiscal. Il fait (encore) beau le soir. Mais ça se couvre. Dejà. Et ça crachouine au petit matin, et on va basculer vers la France via Bielsa.
Puis Aragnouet, Saint Lary-Soulan, puis Arreau où le ciel décide de nous tomber littéralement sur la tête. On trouve… un abribus (haha, les vieilles habitudes), on s’équipe, même si on est déjà un peu (bien) trempés et, et tant bien que mal avec la visibilité plus que médiocre, on trouve en urgence une autoroute pour Toulouse. Afin de rouler le plus possible en ligne droite.
Toulouse !!!!
On roule à 100, on est trempé. On a froid. On continue. Mais Toulouse est en vue. Avec deux jours de halte pour respirer, réparer. Pour souffler. Et se requinquer, profiter de la Ville Rose. Car la fin du voyage sur cette diagonale helvético-franco-espagnole approche, la tension monte, la fatigue s’accumule.
On visite, la ville, les toits de la ville, on «chille», on se détend, on retrouve des amis, et aussi un peu de légèreté. Il fait bon, il fait chaud, on déambule dans les rues, on fait même un tour sur les toits. Ça sent le printemps, enfin – il était temps.
Effectivement, nous savourons le meilleur cassoulet de la ville avec une amie de Lyon. Et également les meilleurs plats laotiens de la ville. Eh oui. Grace à Tho Sithi, mon compatriote aux mille talents. Jusque là, je ne connaissais Tho que par les réseaux sociaux.
C’est un ancien pilote des championnats de France, ayant participé à des courses de 24 h. Mais c’est aussi un plâtrier/carreleur/maçon, et un cuisinier hors-pair, un restaurateur de talent. Bref, un homme aux mille facettes et projets. Dont un au Laos. Merci l’ami, pour ta générosité, ta vision de la vie, les partages de nos passions. Et ce pont que tu crées avec notre pays. Un homme, une vie, des visions. Une belle rencontre.
Idée fixe
Mais il y a un truc qui tourne en boucle dans les pensées: on a deux jours pour trouver pneu arrière et créneau de montage. Pneu trouvé chez un équipementier mais qui ne peut pas nous le monter, et coup de fil à Triumph Toulouse qui nous trouve un créneau dans l’atelier grâce à son patron Thierry de Miras.
Thierry, avec qui nous pouvons parler bécanes pendant des jours, nous a tirés d’un bien mauvais pas en chamboulant le planning de son atelier, alors que des équipementiers renommés autour de Toulouse ne pouvaient pas nous accueillir pour ce simple changement de pneu…
Ce nom ne vous dit peut-être rien mais Thierry fut un des membres fondateurs du très réputé festival Wheels And Waves à Biarritz (dont ActuMoto a déjà fait un reportage). Merci Thierry, grâce à toi et à ton équipe, nous pouvons ainsi poursuivre notre périple et notre remontée vers la Suisse. C’était chaud quand même.
L’odeur du cuir
On répare donc, et on repart juste avant la fermeture de la concession pour la pause déjeuner. En direction de Issoire, mais en passant par Graulhet, et une visite chez Franck Vidal, créateur et fabricant de combinaisons de cuir Vidal Sport. Ancien pilote des championnats de France lui aussi, Franck nous accueille dans son atelier de fabrication.
Ses gestes sont sûrs et précis, et l’on sent l’amour du travail bien fait, et en famille. Nous reviendrons sur l’épopée de Vidal Sport dans un reportage à part à lire prochainement, puisqu’on a eu la chance de passer une magnifique après-midi avec lui.
Puis Albi (en passant devant le fameux circuit…), Rodez, Séverac-le Château, l’autoroute A75, très belle et surtout très GRA-TUI-TE, sauf la portion viaduc de Millau) qui nous amène à Issoire, avec une vue magique sur le viaduc de Garabit, un ouvrage très « Eiffelesque », si je peux me permettre…
La boucle est presque bouclée. Départ d’Issoire. Puis Clermont-Ferrand, en passant par le pays des Pierres Dorées (L’Arbresle), au nord-ouest de Lyon, puis les superbes et serpentines petites routes du Bugey, comme pour prolonger (encore) le voyage. Avant de sceller la fin de cette double diagonale et le retour en Suisse…
Après la Diagonale, « On the Road Again »?
Cette « Diagonale du Foux », c’était une aventure humaine, avant tout. À la découverte de soi, de l’autre, des autres et des tranches de vie. Pouvoir entrer, le temps d’un passage, d’une visite, dans la vie des gens. Et dans l’intimité de magnifiques paysages. La moto véhicule ce petit quelque chose de merveilleux, elle nous connecte. Elle nous met en danger en permanence. Et on s’en prend plein la vue. Plein la Vie. En permanence.
« It is never too late to be what you might have been », disait George Eliot. Oui, il n’est jamais trop tard pour être celui ou celle que vous auriez dû être. Ce voyage m’a littéralement ouvert les yeux, il m’a nourri, m’a fait comprendre deux ou trois choses sur le sens de la Vie. Et j’en suis revenu transformé. C’était une belle aventure, d’autant plus belle qu’elle a été partagée.
Maintenant je suis prêt. Pour un autre voyage. Plus long, et beaucoup, beaucoup plus loin. Un aller simple, cette fois-ci?
Je ne peux finir ce récit de voyage en double diagonale sans remercier Triumph Suisse pour l’enthousiame, les discussions, la mise à disposition de la moto et des équipements. Ni Triumph Toulouse, à l’autre bout de cette diagonale, pour les discussions et pour avoir chamboulé l’agenda de l’atelier et changé le pneu arrière. Sans oublier Séverine, et nos amis (Agnès et François, Aurélie et Olivier, Sandrine et Patrick, Janine, Tho).
L’auteur de cette diagonale précise qu’il est ambassadeur pour Triumph Motorcycles Suisse.
Quelle belle aventure parsemée « d’évènements » ! C’est un régal de lire ce compte rendu, de l’humour avec bonne humeur, des sensations à fleur de peau … l’aventure c’est l’aventure !
Poursuivre par d’autres récits à bord de ces merveilleuses bécanes que sont les TRIUMPH
A très bientôt pour de nouvelles aventures … Merciiii Séverine et Foux
Merci, cher Monsieur Costes, pour votre commentaire et pour votre enthousiasme!
Il y aura d’autres carnets de voyages, d’autres tranches de vie à partager, je l’espère !
Belle journée !
Phoukham « Foux »
Un récit qui se lit comme un roman, une prose comme toujours admirable de la part de notre ami Foux. Je ne m’intéresse pas du tout aux motos, mais tes récits font chaque fois mon bonheur.
Merci l’ami pour le partage de tes émotions.
Merci pour ton commentaire, mon cher Gérald ! J’espère qu’il y aura d’autres à raconter et à lire. Belle journée