Défi sportif

Rallye-raid – Le Vaudois Yann Di Mauro sera l’un des deux pilotes suisses au Dakar 2025!

En janvier 2025, le Suisse Yann Di Mauro sera l’un des deux pilotes moto suisses à prendre le départ de ce qui est considéré comme le plus difficile et le plus long des rallye-raids, le Dakar (qui a lieu depuis 2020 en Arabie saoudite).

Ce Vaudois de 40 ans, père de deux enfants, portera le numéro 137. Il est aussi l’un des deux patrons du garage Triumph Moto Evasion, à Crissier, qui représente la marque britannique de motos dans le canton de Vaud. Pour Yann Di Mauro, prendre part au Dakar, c’est un « rêve de gosse », et c’est aussi une affaire de famille.

En effet, son père, Paolo Di Mauro, a pris part il y a 40 ans (une coïncidence?) au rallye Paris-Dakar, à l’époque en Afrique, en tant que mécanicien pour le team Gauloise. Et le paternel a lui aussi pris part à des rallyes motos, et roule encore aujourd’hui, à 80 balais, dans le championnat mondial d’Enduro vintage (lire notre article)!

Le fiston, qui fait partie du même club moto (le Moto Club Racing de Suisse, soit le club de Lausanne) que son père, n’en est pas non plus tout à fait à son coup d’essai dans le monde du rallye. En 2023, il a ainsi participé au mois d’avril au Morocco Desert Challenge, un rallye hors championnat mondial qui a lieu chaque année au Maroc, avec trois autres pilotes suisses (Nicolas Monnin, Sylvain Martignoni et Meydi Niculescu), sous la bannière du Team Edelweiss Racing.

A cette occasion, Yann avait fini 14ème de cette épreuve de quelque 2400 km sur 8 jours de roulage (lire notre compte-rendu), dans des environnements très chauds et peu hospitaliers. Il était au guidon d’une Honda CRF 450 R Rally, préparée par le concessionnaire italien RS Moto, à Bergame, un passionné de rallye qui transforme des Honda d’enduro en vraies motos de rallye-raid, avec les réservoirs d’essence supplémentaires et la tour de navigation, entre autres choses. Pour cette occasion, il s’agissait de la première génération de la moto.

En octobre 2024, il a remis ça, toujours en Afrique du nord, en prenant part au Rallye du Maroc. Un rallye-raid où la concurrence est nettement plus relevée, puisqu’il sert à plusieurs teams d’usine de préparation avant le Dakar.

Et cette fois-ci, pour Yann, l’objectif était non seulement d’arriver au terme de cette compétition, mais de la faire valider comme un argument pour être admis lui aussi à l’édition 2025 du Dakar!

Le Rallye du Maroc, en 2024, ce furent un parcours de 2492 km, dont 1517 km d’étapes spéciales chronométrées, sur cinq étapes et un prologue, avec on l’a dit une belle concurrence et des défis à relever en termes de navigation. On rappelle que dans ce genre d’épreuve, les pilotes doivent suivre les indications du roadbook officiel, étape après étape, qui se présentent sous la forme de caps à viser et de kilomètres à comptabiliser, dans un décor où rien ne ressemble plus à une piste qu’une trace qui n’en est pas une. Sans même parler des dunes du désert.

Le Vaudois a non seulement tenu bon jusqu’à la fin de la 5ème étape, il a signé le 53ème temps, sur un peu plus de 130 inscrits (et 110 pilotes moto à l’arrivée). Et même 20ème dans sa catégorie Rallye 2.

Mais ce bon résultat n’était pas une garantie pour être assuré de prendre part au rallye qui représente l’objectif ultime pour Yann, LE rallye moto. Les candidatures sont en effet très nombreuses, et la sélection impitoyable. Et elle ne s’effectue pas que sur des critères sportifs applicables de la même manière à tout le monde.

Yann Di Mauro, qui n’avait pas voulu lancer son inscription avant d’avoir pu se prouver qu’il était capable de réussir dans une épreuve telle que le Rallye du Maroc, avait en fait peu de chances d’être pris pour cette édition 2025 du Dakar, au vu des délais et du nombre de prétendants.

Mais le hasard a bien fait les choses. Simone Agazzi, le patron de RS Moto, a travaillé depuis deux ans sur le développement de la future Honda compé-client du HRC. Ces trois lettres signifient « Honda Racing Corporation », autrement dit, le département course de Honda. En rallye-raid, le géant japonais a en fait rattrapé son retard sur le géant orange autrichien (KTM). Il a pris la victoire trois fois depuis que la compétition se tient dans la péninsule arabique, grâce à des pilotes officiels HRC – l’Américain Ricky Brabec en 2020 et 2024, et l’Argentin Kevin Benavides en 2021 (il est depuis passé chez KTM).

Quand on parle de moto « compé-client », il s’agit de machines qui ne sont pas les machines d’usine du team officiel, mais qui dérivent du modèle de série, sont produites en petites séries, et proposées aux teams et pilotes indépendants.

Et la moto que Yann pilotera, tout comme six autres pilotes inscrits au Dakar 2025, est un prototype définitif qui servira de base pour les machines compé-client de Honda, qui elles commenceront à être disponibles à partir du printemps 2025, selon Simone Agazzi.

Simone Agazzi a pu faire passer Yann Di Mauro dans son « contingent » de pilotes pour le Dakar 2025. La CRF 450 Rally qu’il pilotera est la troisième génération de ce modèle. « Les réservoirs sont mieux placés, le centre de gravité est plus bas, notamment », explique le Vaudois. Il y a aussi une tour de navigation en carbone, et une sixième vitesse.

Du 3 au 17 janvier 2025, les participants au rallye du Dakar auront à parcourir 2488 km entre Bisha, du côté de la mer Rouge, tout au sud, et Shubaytah, sur la côté du golfe persique (plus d’infos sur le site web du Dakar). Comme en 2024, une étape marathon de 48 heures est au menu. Enfin les dernières étapes se dérouleront dans les impressionnantes dunes du « Quart-Vide », une région d’Arabie saoudite qui est simplement la plus grande étendue de dunes au monde.

Pour la première fois depuis longtemps, les traces autos et motos seront aussi séparées sur bien cinq étapes. Cela devrait notamment améliorer la sécurité des motards, qui ne seront alors pas rattrapés par les équipages automobiles.

Yann Di Mauro a fait tout ce qu’il pouvait pour se préparer au mieux à ce défi. Il est allé suivre il y a quelques semaines un stage de pilotage de quatre jours, avec navigation, dans le Golfe (Abu Dhabi). Histoire de se familiariser notamment avec les dunes cathédrales qu’il va trouver en Arabie saoudite, qui peuvent atteindre 300 mètres de hauteur.

Dernière précision: la rédaction d’ActuMoto.ch a décidé d’apporter son soutien à ce pilote vaudois, dont nous suivrons les aventures lors de ce Dakar 2025. Et il y a un autre pilote moto suisse qui sera au départ: le Valaisan Alexandre Vaudan.

« Alex » est un enduriste de longue date et de talent. Il s’est distingué en 2024 en terminant premier de sa catégorie (450) à l’Africa Eco Race, un rallye-raid qui passe par les traces du Paris-Dakar des origines.

Alexandre Vaudan roulera au Dakar en Arabie saoudite sur une KTM 450 Rallye Replica. Nous suivrons bien sûr aussi sa progression dans cette épreuve hors normes.