Trans Euro Trail – Dans les Balkans de la Gruyère à la Grèce, au guidon d’une Yamaha Ténéré 700 World Raid
Chez ActuMoto.ch, nous sommes friands de voyages, car oui, voyager à moto, c’est différent. A moto, nous avons un capital-sympathie très important, ce qui fait que les contacts sociaux sont facilités. Mais nous nous retrouvons aussi plus facilement à crapahuter dans des endroits moins touristiques et finalement d’autant plus accueillants. Ce printemps 2024, nous avons mis le cap sur les Balkans au guidon d’une Yamaha Ténéré 700 World Raid.
Nous formons un groupe de cinq motards, tous équipés d’un maxi-trail. Pour l’objectif que nous nous étions fixé, à savoir parcourir la trace du Trans Euro Trail (le TET) dans les Balkans, nous (l’auteur de ces lignes) avions choisi la Ténéré 700 World Raid de Yamaha.
Les autres participants ont des DesertX (Ducati) et une Tiger 900 Rally Pro de Triumph.
Au départ de la Gruyère, en Suisse, nous avions pour point de chute Igoumenitsa, en Grèce, là où un ferry nous transportera jusqu’à Venise pour terminer notre périple jusqu’en Suisse. Mais avant cela, ce qui nous intéressait, c’étaient les pays des Balkans que nous allions traverser: Croatie, Monténégro, Albanie et Macédoine du Nord.
Pour ce voyage hors du commun, nous nous sommes laissés séduire par la Yamaha Ténéré 700 World Raid. Elle a été mise à disposition par Yamaha Suisse.
Notre choix s’est porté sur ce modèle pour des raisons multiples.
Déjà, c’est son look, qui l’apparente de suite à une moto de compétition issue d’un rallye-raid. Elle est haute, très haute sur pattes, avec une selle quasiment plate en deux parties.
Elle est aussi fine, de la boucle arrière à l’implantation des réservoirs d’essence. Le pluriel est de mise parce qu’il y a deux réservoirs d’essence d’une contenance totale de 23 litres. Même si les pays des Balkans ne sont pas à plaindre en termes de possibilités de ravitaillement, une grande autonomie est avantage durant les voyages. C’est un éventuel souci en moins…
D’un point de vue technique aussi, la Yamaha est bien née et a été pensée dès ses débuts pour partir à l’aventure loin, très loin. Simple de conception, elle fait appel à un minimum d’électronique.
Hormis un système antiblocage des roues au freinage (ABS), elle n’offre aucune assistance à la conduite. Potentiellement, on évite ainsi bon nombre de pannes de toute nature. L’ABS a toutefois l’avantage d’être déconnectable complètement, ou partiellement, ne gardant le contrôle que sur la roue avant.
La Ténéré 700 World Raid mise tout sur son bicylindre CP2 au comportement docile et coupleux, sur son robuste châssis en tubes d’acier, sur ses étroites et grandes roues, et surtout sur sa fourche KYB à gros pistons et grand débattement.
Sachant que nous envisagions près de 4000 kilomètres, constitués essentiellement de chemins caillouteux et parfois boueux, il était nécessaire d’être au guidon d’une moto d’une part adaptée et d’autre part facile. La hauteur de selle (890 mm) ne jouait pas en faveur de notre journaliste qui ne mesure que 174 cm. Un malheureux dévers du terrain aurait suffi pour mettre à mal l’équilibre de l’ensemble.
Il a été proposé une selle plus creusée, et donc plus basse, mais cette dernière n’est pas arrivée à temps. De plus, la moto n’est pas d’une légèreté exemplaire (220 kg tous pleins faits), quand bien même les masses sont bien réparties. Nous l’avions encore équipée d’une bagagerie rigide Yamaha en aluminium (origine Givi) d’une contenance totale de 96 litres, et de solides (et nécessaires!) protections s’étendant du carter aux flancs.
Pour l’occasion, nous avions troqué les pneus d’origine, des Pirelli Scorpion Rally STR, contre les plus accrocheurs Pirelli Scorpion Rally, pour profiter d’un grip remarquable en toute situation, tant sur route que dans le terrain dans les différents pays des Balkans que nous allions traverser.
Pour la navigation et le suivi de la trace GPX, à défaut d’un classique GPS, nous avons utilisé l’application OsmAnd Maps sur notre smartphone, lui-même installé sur un support QuadLock avec intercalaire antivibration – clairement obligatoire si vous tenez à votre smartphone! Une prise USB au tableau de bord permet la charge du smartphone en roulant, détail très pratique.
Avant le jour du départ, nous avons procédé à quelques tours de roue, sur différentes sortes de terrains, histoire de s’habituer au comportement de l’engin, à très basse vitesse notamment. Bien équilibrée et facile à prendre en main, la Yamaha Ténéré 700 World Raid s’est révélée une alliée de choix. Nous avons tout de suite trouvé nos marques, ce qui était de bon augure pour notre voyage.
Notre rédacteur vivant en Gruyère, nous nous sommes retrouvés un samedi matin tous les quatre sur l’aire d’autoroute du Grand-St-Bernard. Le cinquième devait nous retrouver en soirée. Le ton était donné, au programme, ce serait de l’autoroute jusqu’à Vérone, où nous passerions la première nuitée.
Chargée généreusement, mais pas exagérément, la Yamaha Ténéré 700 nous a menés à bon port, malgré une prise au vent importante, due aux valises latérales massives en aluminium. Le coude gauche posé sur les réservoirs, la tête derrière la bulle, alors que le bras droit reste calé de sorte à maintenir une vitesse constante. Il manquait cruellement un régulateur de vitesse, c’est ce que nous retiendrons de ce voyage autoroutier.
La belle Vérone s’offre à nous, en ce printemps. Les rues grouillent déjà de touristes venus des quatre coins de l’Europe. Ses arènes, ses remparts, son dôme, le fameux pont Scaligero, la maison de Juliette et ses petites places ci et là. Cette ville est chargée d’histoire et d’autres anecdotes. En déambulant dans ses rues, les restaurants et autres lieux festifs ne manquent pas. C’est l’Italie!
Cette belle Italie inspirant le farniente n’est que de courte durée. Le lendemain, nous mettons le cap sur la Croatie, après une très brève incartade en Slovénie. L’autoroute sera notre amie pour la journée. Barbante, usante, parfois douloureuse, les qualificatifs ne manquent pas.
Nous nous trouvons un charmant appartement à Delnice, un tout petit village à la frontière nord de la Croatie. C’est là que nous décidons d’entamer le Trans Euro Trail (TET).
Un ragoût d’ours accompagné d’une désaltérante bière locale et une nuit reposante plus tard, nous troquons les écrans de nos casques contre des goggles et chevauchons nos trails à l’assaut du TET.
Avec un peu d’humilité, car nous ne savons pas à quoi nous attendre. Aucun de nous n’a vraiment un niveau affirmé en tout-terrain et nous avons une certaine appréhension, quand bien même l’attrait de la difficulté et de l’aventure nous titille.
Sur des chemins forestiers en tout genre, parsemés de tronçons boueux, la journée se passe sans encombre.
Enfin, si, un peu: nous déplorons les premières chutes, et rencontrons des obstacles parfois inattendus, comme des routes barrées. Le moral est cependant au beau fixe, malgré des conditions météorologiques assez humides rendant la tâche parfois délicate.
L’objectif du jour est de rejoindre un hébergement aux portes du parc national de Plitvice. Les fameux lacs de Plitvice sont au programme du lendemain.
La région, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, est essentiellement connue pour ses lacs, au nombre de seize, ses rivières à grands remous et autres nombreuses cascades, et également pour sa faune riche et variée et ses forêts primitives composées principalement de hêtres et de sapins.
L’ours brun y est bien implanté, de même que quelques meutes de loups.
Nous avons consacré une journée entière à la visite du site. Il est possible de parcourir les rives des lacs sur un chemin aménagé de rondins. On se croirait dans un conte de fées, tellement la nature est luxuriante et les paysages hors du commun. Les mots manquent pour décrire ce que nous avons vu, c’est pourquoi nous vous proposons la galerie d’images ci-dessous.
Après ce bol d’air frais en pleine nature, un petit détour par la base aérienne désaffectée de Zeljava, à cheval entre la Croatie et la Bosnie-Herzégovine. Elle n’était autre que la base aérienne la plus grande et la plus complexe de l’époque de l’armée yougoslave dans les Balkans.
Actuellement, c’est un lieu emblématique, et l’on s’y rend comme en pèlerinage.
Les dalles de béton formant les différentes pistes et le réseau de galeries souterraines partiellement accessibles sont chargés d’histoire(s). Il n’y a plus un bruit, plus personne à des kilomètres à la ronde, et pourtant, il y a une âme vivante et bouleversante. Une visite s’imposait.
Un Douglas C47, version militaire du mythique DC3, trône fièrement à l’une des entrées de la base. Dépouillé, il n’y a rien à prendre en souvenir, d’autres se sont servis avant nous.
Le lot de consolation sera de déposer un autocollant ActuMoto.ch sur une petite surface encore vierge du fuselage, et prendre quelques photos dans et devant cet avion historique.
La suite du voyage nous fait couper à travers forêts et champs, en direction de Dubrovnic.
La Croatie forme une langue côtière, au sud de son territoire. C’est l’occasion de suivre le trait de côte et apprécier les très jolis paysages maritimes. Podgora, village côtier, sera vécu le temps d’une pause midi appréciée.
Nous dormons à Zuljana, un petit village authentique.
C’était le dernier soir que nous passions avec notre ami Lukas, le Suisse-allemand du groupe. Il devait rentrer en Suisse le lendemain, cause professionnelle oblige. Nous avons bien profité de ces derniers moments en sa compagnie. La preuve en images:
Nous poursuivons notre route, évitons la très touristique Dubrovnic, perle des Balkans et, après une brève incartade en Bosnie-Herzégovine, nous débarquons au Monténégro.
De l’asphalte, ces jours. Ce n’est pas pour nous déplaire. Outre le fait de détendre notre musculature et de jouir pleinement des paysages qui s’offrent à nous, c’est l’occasion de découvrir mieux les qualités et défauts de nos montures.
Si la Yamaha Ténéré 700 se distingue par sa grande versatilité, elle a certes des qualités en de nombreux domaines, mais aussi des manquements dans d’autres. Si la moto est bien équilibrée et bénéficiant d’un ensemble châssis et partie-cycle sain, nous aurions aimé que son moteur délivre un peu plus de puissance et de couple pour enrouler à un rythme plus soutenu.
Toutefois, en solo et chargé raisonnablement, le bloc-moteur CP2 emmène généreusement et suffit à un rythme balade. C’est vrai, nous sommes gourmands et rêvons du trois-cylindres Yamaha CP3 dans un grosse enduro… mais serait-ce bien raisonnable d’une part? Et d’autre part, la polyvalence de la Ténéré serait-elle toujours aussi excellente?
Les bouches de Kotor « s’ouvrent » à nous. Cette baie aux allures de fjord norvégien teinté d’une ambiance méditerranéenne est unique dans les Balkans et inscrite elle aussi au patrimoine mondiale de l’UNESCO.
On nommera particulièrement les villages de Kotor, Perast, Risan et Herceg Novi, dont l’architecture est marquée par la longue présence vénitienne dans les Balkans, du 15ème au 18ème siècles.
Puis, à quelques encablures du « fjord méditerranéeen », nous retrouvons la presqu’île de Sveti Stefan.
C’est une sorte de Mont-St-Michel (F) ou de Castelsardo (I), selon votre préférence. Dans cette région, le temps s’est comme arrêté. On a l’impression de vivre une époque où tout est plus calme et reposant que ce que nous vivons de nos jours.
La côte monténégrine inspire au farniente. On s’y prélasserait volontiers encore quelques jours, mais l’Albanie voisine nous appelle
En effet, dès les premiers préparatifs du voyage, le Pays des aigles était l’objectif ultime (pour consulter la trace du TET dans ce pays, c’est par ici). Après une nuitée dans le village côtier de Petrovac, nous poursuivons vers les Alpes albanaises avec pour ligne de mire, Theth, un village perdu au milieu d’un cirque de sommets imposants dans les étendues sauvages des Balkans.
Pour s’y rendre, ça se mérite, il faut passer les cols de Shkodër. Une route unique, étroite, très sinueuse, mais asphaltée sur plusieurs dizaines de kilomètres, fait le lien entre la civilisation et le très isolé village de Theth.
Arrivés à Theth, nous découvrons une nature brute et préservée. Elle s’est imposée et règne en maîtresse. Petits ruisseaux, chemins piétons et autres prairies s’entrelacent, observés par des sommets montagneux aussi imposants que magnifiques.
Et c’est au milieu de ce décor que quelques maisonnettes et une poignée de maisons d’hôtes ont trouvé place. Les randonneurs y sont nombreux, sans surprise.
Theth se trouve dans une impasse, ou presque. La route sinueuse se poursuit, mais l’asphalte laisse place à la caillasse.
Son entretien est limité au strict minimum, permettant ainsi le passage de quelques véhicules 4×4 et autres motos équipées. C’est la trace officielle du TET.
Au début, la trace est assez roulante et permet d’avancer à bon rythme. Debout, campés sur les cale-pieds de la Ténéré, nous apprécions le paysage qui défile
Nous longeons un cours d’eau, qui s’assimile plutôt à un torrent.
Plus nous pénétrons dans le vallon, plus ce dernier se resserre et plus le chemin devient accidenté et technique.
La concentration est de mise pour maintenir le rythme, entre les cailloux de bonn taille et les ornières. En descente, nous apprécions la douceur du freinage de la Ténéré, tant à l’avant qu’à l’arrière, permettant de doser justement optimisant ainsi ralentissement et grip.
Et quand il faut prendre de la vitesse, nous profitons de la souplesse à très bas régime du bicylindre. Il n’y a même pas besoin de jouer avec l’embrayage, il suffit seulement de garder un filet de gaz et garder le regard loin pour tenir en équilibre malgré l’état du terrain. La roue avant de grand diamètre et sa suspension de bonne facture aident clairement à passer les difficultés.
Nos efforts se soldent par un sentiment de satisfaction « tout s’est bien passé ». Mais aussi, il faut avouer qu’on est contents d’être arrivés entiers à Shkodër.
Les montures ont été sollicitées, mais pas seulement, les destriers aussi. Nous apprécions une pause dans l’enceinte du château Rozafa, dont les fondations datent de pas moins de 4000 ans… c’est dire si la ville de Shkodër est chargée d’histoire!
Nos batteries rechargées à coup de ristrettos, nous reprenons la route vers Kukes. Cette fois, ce sera de l’asphalte sur près de 150 kilomètres. De la verdure façon maquis à perte de vue agrémente cette route très sinueuse plutôt défoncée.
Là encore, nous apprécions les suspensions à grand débattement des grosses enduros qui gomment les déformations et autres nids de poule
Au milieu de nulle part, nous tombons sur la source d’eau Lajthiza et des entrepôts de la société du même nom. De là partent des camions remplis de bouteilles d’eau à destination des villes du pays… Par chance, il est déjà tard dans la journée et les camions ne sont pas trop nombreux sur la route. Mais quand même, il faut être prudent car ils sont habitués à couper tous les virages, ne laissant aucune chance aux rares motards et autres automobilistes.
Kukes est une ville isolée du reste de l’Albanie, du fait d’un réseau routier quasi-inexistant. A deux pas du Kosovo, la ville s’est fait connaître lors de la dernière guerre en 1999 par l’arrivée de plusieurs centaines de milliers de réfugiés kosovars. A ce jour, la ville compte près de 5’000 habitants et est l’une des plus pauvres d’Albanie et des Balkans.
Lorsque nous arrivons au centre-ville, à la recherche d’un hôtel digne de ce nom, nous sommes accostés par une poignée d’enfants se montrant menaçants. Criant « Money! Money! » et se ruant sur nous pour détailler nos motos, ils ne nous ont pas vraiment rassurés. Par chance, un homme passant par-là les a chassés.
Nous prenons un verre sur la terrasse d’un bar du quartier. Les motos en vue, nous sirotons un soda et écumons un site de réservation de logements dans l’espoir de trouver un hôtel potable. A deux pas, nous dégotons un hôtel presque luxueux, digne des hôtels européens les plus modernes. Aussi improbable qu’étonnant dans cette aprtie des Balkans. Enfin, nous avons trouvé un endroit vraisemblablement sûr pour nos motos
La nuit a été pour le moins réparatrice. La prochaine étape nous mène à Ohrid, en Macédoine du Nord. En quittant Kukes, nous nous enfonçons dans la vallée pour le moins sinueuse du Drin Noir.
Alors que notre application de navigation nous suggère de passer dans les hauteurs de la vallée, sur la route asphaltée, nous optons pour l’itinéraire offroad qui longe la rivière. C’est un chemin caillouteux et poussiéreux, mais bien aménagé. Nous sommes seuls au monde, et pourtant, nous traversons quelques hameaux habités. Nous profitons des paysages et de la quiétude de l’endroit.
La World Raid se prête bien (aussi) à ce genre de route. La selle semble dure, mais elle n’est pas moins confortable. Bien installé, la position de conduite est décontractée.
Le guidon est large et offre la bonne hauteur. En mode balade, en enroulant sur le couple du bicylindre, la Yamaha est une agréable voyageuse.
Il a fallu la journée pour avaler les 170 kilomètres. Il est vrai que nous avons pris notre temps dans la vallée du Drin Noir et perdu plus d’une heure au passage frontière avec la Macédoine du Nord à remplir des papiers pour assurer la moto en responsabilité civile.
Arrivés aux abords du lac Debar, nous nous posons un moment, les pieds dans l’eau, le temps d’avaler quelques crudités rafraîchissantes. Cet écart en Macédoine du Nord de notre périple dans les Balkans n’a jusqu’à présent pas grand intérêt. Si nous sommes là, c’est pour nous rendre dans la région d’Ohrid, étape du soir.
Et, nous devons l’avouer, nous avons quelque peu perdu la trace du TET. Il y avait à ce stade de notre voyage dans les Balkans une certaine volonté de notre part d’apprécier les vacances plutôt que de s’éreinter dans les pierriers.
Le dernier bout de route de la journée est constitué d’asphalte. Ohrid nous accueille, avec effervescence et animation. La ville est pour le moins touristique
Les gens y affluent pour son lac, son centre historique et les jolies maisons qui l’entourent. Les vacances à moto, c’est aussi cela, se laisser emmener par l’inconn et surtout se laisser surprendre par la culture indigène et l’ambiance du moment.
Pour rejoindre l’Albanie, nous longeons le lac d’Ohrid par la côte est, aux abords du parc national de Galichica.
Nous prenons le temps de visiter le monastère millénaire de Saint-Naum qui surplombe le lac et l’église orthodoxe de Saint Athanasius, à quelques centaines de mètres.
Retourner en Albanie est une simple formalité. Les douaniers sont bien présents au poste frontière de ce pays des Balkans et ils ne lésinent pas sur les contrôles, bien que routiniers. Comme nous réservons nos hébergements un peu à la der’, nous n’avons plus de route à suivre impérativement ni d’objectif.
Nous vivons ce voyage comme de belles vacances entre potes, loin de toute contrainte. Pour la fin de journée, nous mettons le cap sur Berat, la cité médiévale des Balkans aux mille fenêtres.
Cette jolie ville n’est pas pour nous déplaire. Déambuler dans les petites ruelles, crapahuter jusqu’au château, profiter des terrasses, il y a de quoi faire.
Comme cette ville est plutôt touristique, on trouve de nombreux restaurants qui jouent de la concurrence pour offrir les meilleurs plats.
Le lendemain matin, pour nous rendre à Permet, nous suivons la trace du Raid Illyria passé quelques minutes plus tôt. Le parcours est 100% offroad mais plutôt roulant.
Après quelques lacets, nous nous retrouvons sur la crête d’une colline. Les paysages sont superbes et nous nous arrêtons plus d’une fois pour saisir ces instants.
Sur le chemin, nous découvrons la source d’eau chaude de Benja, à quelques encâblures de Permet. Un bassin fait office de piscine naturelle, alimentée continuellement par de l’eau à 28°C.
En remontant la vallée, le long de la rivière, il est même possible de trouver des piscines naturelles. Quel bonheur! Nous y passons la fin d’après-midi. A cette période de l’année (ndlr: en mai), il y a peu d’affluence dans cette région des Balkans, et nous sommes quasiment seuls à profiter de l’endroit, si atypique.
A quelques kilomètres de là, nous trouvons notre auberge pour la nuit, à Permet. Nous laissons les motos sur les places de parc voiture, devant l’auberge, comme la plupart du temps durant le voyage.
La ville de Permet n’est pas autant touristique que celles que nous avons visitées précédemment, mais elle n’est pas moins vivante. Ici, nous n’y rencontrons que des locaux. Comme nous sommes un samedi soir, les rues principales sont animées et la place au centre-ville est bondée. Les familles et amis se retrouvent sur les terrasses, les enfants jouent jusqu’à tard. La pauvreté omniprésente de l’arrière-pays albanais ne semble pas poser problème.
Les gens vivent avec ce qu’ils ont et sont heureux ainsi, privilégiant les rapports sociaux à la course matérialiste qui anime de nombreux occidentaux – que nous sommes.
Après un frugal petit déjeuner, préparé par la gérante de l’auberge, nous nous remettons en selle. Il y a quelques jours encore, nous souhaitions faire halte à Gjirokastër, ville classée au patrimoine de l’UNESCO, mais le temps ne le permet plus. Il faut être à Igoumenitsa, en Grèce, dans deux jours, le ferry pour Venise nous attend.
Nous nous rendons à Sarande, destination balnéaire de choix. Comme seulement 90 kilomètres de route sont au programme, nous optons pour un détour par Golem, dans la portion de route Tepelen – Humelicë.
Cela tombe plutôt bien puisqu’il s’agit de la trace officielle du TET dans cett région des Balkans. Jusqu’à Progonat, la route est couverte d’asphalte bien que pas toujours en bon état, avec des nids de poule et autres coulées de gravier. Nous avançons à bon rythme jusqu’au mémorial de Progonat, un monument en mémoire d’hommes fusillés à cet endroit durant la Seconde Guerre mondiale.
De là, nous poursuivons sur un chemin en direction de Golem. De la grosse caillasse nous attend. Des pierres qui roulent sous les pneus profilés de nos trails; la roue avant peine à se trouver une trajectoire stable. Pire encore, viennent maintenant les épingles. Qui dit épingle, dit aussi basse vitesse et donc inertie limitée de la roue avant. Ce schéma quelque peu défavorable fait inévitablement des victimes. Heureusement, plus de frayeurs que de bobos.
Pour ma part, la Yamaha Ténéré 700 World Raid m’est une précieuse alliée. Le bicylindre tourne presque au ralenti dans les passages tortueux et techniques. Je ne touche pas à l’embrayage et applique un filet de gaz pour éviter que le moteur cale. Et ça passe crème, enfin presque! Il faut relever que la Yamaha est bien équilibrée en termes de masses, et que son moteur est très souple bas dans les tours.
La descente sur Golem se fait au frein moteur et frein arrière. Le parcours est techniquement compliqué. Le sol n’est pas stable, le chemin est étroit avec des obstacles dissuasifs de gauche et de droite, et tout est en descente.
En serrant parfois les fesses, en plus de tenir la moto bien entre les genoux, on arrive à Golem sans malheur. Le village est en réalité un hameau quasiment déserté. A part quelques poules et chiens errants, il semble ne pas y avoir âmes qui vivent, bien que nous voyons des voitures parqués à côté des maisons. Il n’y a pas de route, ce sont des chemins accidentés, mêlant cailloux, verdure et terre.
Ensuite, la route est plus roulante, ou presque. Il faut composer avec chèvres et moutons, ainsi qu’avec un revêtement parfois glissant.
Sarande, here we come! Il fait chaud. La mer et les plages des Balkans sont là. Nous oublions vite les tracas de la journée. Ou plutôt, la bière locale aide à faire fi des difficultés surmontées et de la fatigue. Boîtes de nuit à ciel ouvert, restaurants sur la « Croisette » à profusion, hôtels au standard internationaux, Sarande est une ville courue par les touristes albanais.
La dernière journée dans les Balkans nous mène à Igoumenitsa.
Comme le temps ne presse pas, nous filons par la route côtière et optons pour un journée balnéaire dans le sud des Balkans, 100% farniente, sur une plage de Ksamil.
En fin d’après-midi, nous nous remettons en selle pour une bonne heure de route.
L’originalité du jour est la traversée d’un « estuaire » sur une barquette. C’est le passage le plus rapide pour rejoindre les ultimes terres albanaises avant la frontière grecque. La traversée est d’à peine 100 mètres…
Le coucher de soleil nous gratifie de magnifiques couleurs dans un décor féérique.
Igoumenitsa nous accueille pour cette dernière soirée de notre périple dans les Balkans. Nous nous attendons à ce que cette ville portuaire soit sans animation et limite insalubre.
En réalité, il n’en est rien. Igoumenitsa a une vie nocturne pour le moins développée. Ça grouille de partout! Et les terrasses sont pleines.
Le lendemain, on embarque sur le ferry aux aurores. 24 heures sont nécessaires pour rejoindre Venise, port de débarquement. Ensuite, nous rentrons en Suisse d’un trait, par l’autoroute.
Ce trajet en ferry est l’occasion unique de faire le bilan de ce voyage balkanique qui s’est apparenté à une belle expérience motarde. On ne revient jamais indifférent de ce genre de voyage.
Outre de jolies anecdotes humaines, on retient les paysages des Balkans, les rencontres avec les locaux (animaux compris!), leurs habitudes de vie, mais aussi les routes accidentées et parfois piégeuses, les sentiers parfois défoncés, … et cette Yamaha Ténéré 700 World Raid qui n’a pas failli face aux épreuves.
Il est à noter que la Yamaha Ténéré 700 World Raid précisément, de même que la World Rally, ne sont plus au catalogue 2025. Plus d’informations et de détails sur les nouveaux modèles 2025 sont à consulter dans les lignes de notre dernier article à ce sujet.