Nouveau – Les MONNIER XRE électriques à 5 vitesses vivent leur première année de production en série
Au bout de plusieurs années de développement, les motos de la marque suisse ont atteint le stade de maturité. Elles ont été affinées par rapport au premier prototype, sont en phase finale d’homologation pour les marchés européen et suisse et devraient coûter juste en dessous de 10000 francs. Une enduro et une supermotard seront proposées sur la même base technique.
La MONNIER XRE est un nouveau modèle d’enduro et de supermotard à moteur électrique proposé par la petite société suisse SP Racing, basée à Moudon, dans le canton de Vaud, qui est l’héritière de la marque suisse elle aussi Monnier.
Le nom Monnier fait bien sûr référence au suisse Olivier Monnier, qui avait créé des Enduro et Supermotard performants sur base Honda au début des années 1990′, à une époque où le géant japonais ne distribuait pas vraiment ce genre de machines dans notre pays. La marque a disparu des écrans durant plus de dix années, avant de renaître en 2014, toujours sous l’égide d’Olivier Monnier, qui entre-temps avait réussi l’exploit de créer un centre de formation à la moto ouvert durant toute l’année, le CPRP.
Les « nouvelles » MONNIER sont des engins construits dans une philosophie différentes des anciennes. Elles visent une clientèle avec moins de moyens financiers, et ne sont pas forcément axées sur la compétition (lire notre essai de la MONNIER XRF 450 SM).
En parallèle des motos à moteur thermique à essence, SP Racing Team s’est mis au développement de machines possédant un moteur électrique et des batteries, avec l’intime conviction que la transition énergétique toucherait aussi un jour ou l’autre cet univers.
Un premier prototype avait été créé, en partenariat avec la marque chinoise BHR, qui elle-même réutilise dans plusieurs de ses modèles des bases châssis issues de motos Honda. Nous avions pu essayer sur la piste extérieure du CPRP une des premières MONNIER XRE électriques, qui se trouvait alors entre le prototype et l’engin de série (lire notre test). Cette moto avait la particularité de coupler un moteur électrique de type « Brushless » avec une boîte à (4) vitesses et un embrayage commandé au pied et à la main gauches, une caractéristique rare pour ce genre de propulsion, où l’on a d’habitude un seul rapport de démultiplication, et pas de commande d’embrayage.
Une autre spécificité de la XRE est d’offrir une marche arrière. C’est en fait utile dans le terrain au vu du fonctionnement de l’embrayage sur ces machines innovantes, un peu différent en comparaison avec une machine à moteur thermique.
L’équipe de développement de SP Racing Team, dont Olivier Monnier, le fondateur, et celui à qui il a confié les rênes (et ceux du CPRP), Alexis Legrand, ont tenu compte des observations faites par les différents testeurs. Ils ont ajouté un rapport – ce qui fait donc cinq vitesses, plus la marche arrière. Ils ont aussi revu la distribution des masses et des équipements, et modifié l’assiette du véhicule pour qu’il soit moins porté sur l’arrière. Enfin les batteries de cette dernière version produite en série ont une plus grande capacité, atteignant 5,3 kWh.
Selon les informations données par Alexis Legrand, les motos sont produites en Chine, et les tests d’homologation sont faits dans ce pays par une entreprise européenne. Le moteur est fabriqué sous brevet par l’usine, en Chine toujours, et il est basé sur une boîte de vitesses de 250 cm 4-temps issue d’une BHR-F. Le châssis, en acier, est une création de cette même usine. La capacité de production est de plusieurs milliers de véhicules par an.
Les indications techniques font état d’un temps de recharge de 3 heures. On présume de 0 à 100% de charge. Le câble de recharge est un câble de type « domestique ». Autrement dit on branche sur une prise 220 V classique.
La consommation d’énergie est donnée à 4,5 kWh/100 km. On devrait donc avoir au plus une centaine de kilomètres de bon avec une charge à 100%. Selon les normes en vigueur, et donc au terme d’une mesure sur un banc de puissance, la moto a assuré 92 km. « En réel, suivant l’usage, nous avons fait entre 55 et 70 km », avoue l’équipe de SP Racing Team.
La puissance nominale, qui ne correspond pas sur un moteur électrique à la puissance de pointe, mais au maximum de puissance atteint sur la durée, est de seulement 3,5 kW. Soit un peu plus de 4 chevaux. La puissance maximale est d’environ 18 kW à 1770 tr/min et le couple est donné à 19,2 Nm à 1740 tr/min.
SP Racing affirme que ces motos peuvent atteindre une vitesse de 110 km/h. Au vu de leur mode de propulsion et de leurs caractéristiques techniques, on doit pouvoir les conduire avec déjà un permis de type A1 125. Autrement dit, dès 16 ans, avec un permis d’élève conducteur! Cela est notamment dû au fait que ce qui compte de manière réglementaire en Suisse et en Europe, pour une propulsion de ce type, c’est bel et bien la puissance nominale.
« On a une moto qui s’approche d’une 250 ou 300 4-temps, avec plus de couple mais une puissance un peu moins élevée », estime Alexis Legrand. Pour l’arrivée de la puissance, la moto dispose de 2 modes: ECO qui est très léger, et SPORT, qui donne toute la puissance.
« En utilisant la boîte de vitesses comme des modes supplémentaires, c’est le pilote qui décide la manière dont la moto passe la puissance au sol, continue le patron de SP Racing Team. Pour donner une idée, si on part plein gaz (sans embrayage) en première, la moto lève systématiquement la roue avant. Mais en démarrant en cinquième, on a une progressivité plus importante. Pour l’enduro ça permet de gérer le grip avec les gaz, mais aussi d’ajuster avec l’embrayage suivant le terrain. »
Le poids en ordre de marche est de 142 kilos, ce qui fait de la Monnier XRE une moto lourde mais pas trop. « Nous avons travaillé pour obtenir une bonne répartition des masses et garantir un contrôle facile dans le terrain comme sur la route », déclare Alexis Legrand. A commencer par le positionnement des unités de batterie!
Les suspensions sont des éléments ajustables livrées par HTW, « fortement inspirées par Showa », éclaire Alexis Legrand. Les réglages disponibles sont la compression et la détente.
Sur le petit compteur digital, il y a un indicateur de rapport engagé, le pourcentage de batterie restante, une indication disant si la moto est «active», autrement dit prêt à partir à la moindre sollicitation de la poignée d’accélération. Plus la vitesse, un trip A, un total kilométrique et les voyants habituels pour l’homologation (clignotants, grand phare, feux…).
On apprend encore que la garde au sol atteint 300 mm, que l’on peut choisir entre des roues de type enduro, soit 21 pouces devant et 18 derrière, avec des pneus tout-terrain et des freins « doux », ou de type supermotard, ce qui veut dire 17 pouces devant comme derrière, et des freins plus puissants et surtout plus mordants et des pneus routiers. Les couleurs de base, noir et blanc, peuvent être agrémentées de plusieurs décos ajoutant des teintes.
Comme l’homologation (Euro 5+) n’est pas encore formellement terminée, on peut pour l’instant seulement précommander ces machines, et il n’y a pas de prix officiel affiché sur le site de l’entreprise. « Nos objectif c’est d’arriver juste en dessous de 10000 francs », avoue Alexis Legrand, qui précise aussi qu’un réseau de distribution en Europe et en Suisse est en cours d’organisation.
Les premières livraisons sur le marché sont prévues ce printemps.
Pour ce qui est de la maintenance, la partie châssis reste la mène que sur une thermique du même segment: tension des rayons, chaîne, pression des pneus … pour la partie moteur, il est prévu de faire une vidange de la boîte régulièrement (tous les 4000 km à priori) pour garder l’efficacité de l’embrayage et de la boîte.
« Par rapport aux autres électriques, notre objectif a été notamment qu’un mécanicien standard puisse intervenir facilement. On a une boîte de vitesses connue, la batterie est facile à sortir de la moto (10 minutes pour échanger une batterie avec des outils) et l’électronique est très simple, affirme en guise de conclusion Alexis Legrand. On a un faisceau électrique que n’importe quel mécano peut comprendre pour intervenir. »
Les Monnier ne sont pas les seules motos de ce genre avec des rapports de vitesses. En Suisse, un tout petit constructeur, à Orbe, s’est lui aussi lancé sur ce sentier (lire notre article). Mais on ne peut pas dire aujourd’hui que ce segment du marché moto soit saturé. Il y a certainement de la place pour différentes propositions, à différents prix et ciblant différents usages.
On peut encore citer les motos de cross et, nouvellement, d’enduro de la marque espagnole Stark Future, qui elles n’ont pas de vitesses et qui visent d’autres performances, mais aussi d’autres prix (lire notre essai de la version MX).
Pour en savoir plus sur les MONNIER XRE et sur leurs soeurs thermiques, vous pouvez consulter le site web de l’entreprise suisse qui chapeaute les MONNIER récentes, SP Racing Team (à Moudon).
