Essai – Yamaha YZF-R9: tempête à Jerez, révélation sur le circuit de Séville
Nous avons testé la nouvelle Yamaha R9 sur le circuit de Séville. A mi-chemin entre une routière-sportive et une supersport, cette moto reprend la base du CP3 mais sur un châssis sportif. La moto s’avère à la fois confortable, nerveuse et agile. Elle a su enchaîner les virages traîtres du circuit de Séville sans s’essouffler et avec une stabilité appréciable. Le moteur CP3, toujours aussi vivant, nous prouve une fois de plus sa capacité à réagir peu importe son régime moteur. Le châssis bien étudié et les freins Brembo Stylema qui offrent une puissance d’arrêt largement suffisante. Malgré la pluie, le test est convaincant.
Nous avons été invités par Yamaha pour le test d’une sportive qui a fait couler beaucoup d’encre: la nouvelle YZF-R9. L’essai s’est déroulé en Espagne, sur le tout jeune circuit de Séville. Un tracé diabolique de 4230 mètres dont la ligne droite fais 822 mètres, avec des virages à l’aveugle et un dénivelé important.
Changement de plan: cap sur Séville
Initialement, le test devait se dérouler en deux étapes dans la région de Jerez de la Frontera. Une journée sur le célèbre circuit homonyme, et le lendemain sur route ouverte pour juger convenablement de la polyvalence de cette sportive-routière.
Malheureusement, les violentes pluies qui se sont abattues sur la région ont rendu le circuit de MotoGP impraticable et les routes environnantes trop dangereuses.

Les équipes de Yamaha ont redoublé d’efforts pour rapidement nous trouver une solution de repli.
C’est la raison pour laquelle nous avons finalement roulé sur une seule journée, et uniquement sur circuit.
Nous vous avions présenté cette nouvelle YZF-R9 dans un article précédent. Avec cette moto catégorisée comme une supersport, et exploitée en tant que telle dans le championnat mondial du même nom depuis cette année, Yamaha a souhaité trouver le parfait équilibre afin d’offrir au client potentiel une moto sportive à utiliser au quotidien, tout en étant performante lors de sessions sur piste.
Pour ce faire, la marque aux trois diapasons a conservé ce qui fonctionnait sur la MT-09 et a retravaillé en profondeur ces éléments pour se rapprocher le plus de son objectif.
L’héritage Yamaha revisité
Esthétiquement, on reconnaît les traits Yamaha, mais cette YZF-R9 bénéficie d’un look qui lui est propre. Les carénages en deux parties rejoignent le sabot moteur en laissant peu d’ouverture sur l’avant du moteur. En revanche, les carters du célèbre CP3 sont toujours bien visibles. Sur les côtés de la tête de fourche, on retrouve des ailettes de taille conséquente, issues d’un travail approfondi sur l’aérodynamisme de cette YZF-R9.

Conçues pour appliquer une force qui augmente l’appui de 6 à 7 % sans perturber la pénétration de la moto dans l’air, elles ont permis aux ingénieurs de Yamaha de créer la moto la plus aérodynamique jamais conçue chez Yamaha, et par conséquent, la moto la plus aérodynamique de la gamme R. Selon les dires du constructeur.
À l’avant de la nouvelle YZF-R9, on continue dans la direction artistique actuelle de la gamme. Un optique rond central fait office de feu de croisement, tandis que deux petits optiques situés sur les côtés, en forme d’yeux plissés, servent de veilleuses.

Le réservoir, taillé pour accueillir les jambes et les bras du pilote, accepte une capacité de carburant de 14 litres. Son capot arbore le logo de la marque ainsi que des prises d’air qui accentuent le côté sportif de cette nouvelle YZF.
On trouve d’ailleurs les mêmes prises d’air sur les autres sportives Yamaha.

La selle d’origine porte l’assise à 830 mm du sol. Elle est confortable pour une selle de sportive, mais selon votre équipement, elle s’avère un peu glissante. L’arrière de la moto se termine en pointe et affiche un feu à LED vertical qui rappelle celui de la R1.
Premières impressions sur le circuit de Séville
Il est temps d’essayer cette moto que j’attendais avec impatience. Au départ de Jerez de la Frontera, un bus nous transporte jusqu’au Circuito de Sevilla. Un tracé tout récent qui met à l’épreuve la technique des pilotes qui s’y aventurent. Je me dis que c’est l’occasion parfaite pour tester un dérivé supersport du CP3.
Ce moteur trois-cylindres, plébiscité par les puristes, offre un équilibre parfait entre couple et puissance. Sur la route du circuit, les équipes de Yamaha nous préviennent que la météo sera capricieuse durant la journée et que nous adapterons les sessions en conséquence.

Arrivés sur la piste, nous autres journalistes impatients jetons nos valises dans une pièce prévue pour nous équiper et nous nous rendons à la cafétéria pour le briefing.
On nous explique que le plan initial est de rouler en plusieurs sessions de 20 minutes, réparties en trois groupes. Je suis de ceux qui ouvrent le bal.

Je m’équipe donc et pars rejoindre le staff de Yamaha, qui fait à la fois office de guide pour nos premiers tours de piste sur ce circuit difficile à mémoriser, et d’éclaireurs pour vérifier si la piste est praticable ou non.
Ergonomie et position: un compromis sportif et confortable
Les motos sont finalement attribuées. Je m’installe donc sur la mienne. Au niveau de la position, on est sur un entre-deux. La moto propose une assise plus sportive que sa petite sœur R7. Les guidons bracelets sont positionnés plus bas et plus en avant.
Les repose-pieds, quant à eux, sont parfaitement positionnés sur cette moto, contrairement à la MT-09 et la Tracer 9 que je trouve trop hauts. Des commandes reculées sont disponibles en option. Le réservoir plutôt fin offre toute la liberté aux bras de se déplacer librement et les jambes y sont correctement accueillies.
On ressent l’esprit d’une supersport. En revanche, la position est moins extrême que sur une R6, sur laquelle le guidon est encore plus bas et la position de pilotage plus en avant.
Cette première impression au guidon de la R9 renforce l’idée que je me faisais de cette sportive polyvalente. Bien que je n’aie pas eu la possibilité de l’essayer, pour l’instant, sur route, ce que j’en ai vu me permet de me projeter dans un possible usage quotidien.
Je remarque que les commandes sont faciles d’accès et que le TFT offre une belle visibilité. Ce dernier est parfaitement positionné pour être lisible aussi bien en position détendue que couché sur le réservoir. Il offre plusieurs types d’affichage, mais celui utilisé par nos soins sur circuit est un chronomètre intégré à la moto, permettant de calculer son temps au tour.

Dans cet affichage, l’information de vitesse disparaît. Seuls les paramétrages des assistances et le chronomètre (avec indicateur de rapport engagé) demeurent. L’écran affiche également une jauge de régime moteur très lisible, dont les couleurs évoluent du vert au rouge en passant par le jaune et l’orange, pour indiquer au pilote de façon très claire où il se situe par rapport au rupteur.
Une fonction très appréciable vient avec cette nouvelle R9. Elle s’appelle Y-TRAC, et permet entre autres de récupérer les données et les graphiques de vos performances au tour de piste!
On a toujours, comme sur les autres modèles CP3 récents, une connectivité Bluetooth avec les smartphones, qui donne accès en plus aux notifications de messages, aux indicateurs de service, et à une navigation GPS sur une carte (via l’appli Garmin gratuite).

L’application Y-TRAC va recevoir les données calculées par la centrale IMU, donc les décélérations et accélérations sur 6 axes. Elle va ensuite les traduire en graphiques et les transmettre à l’application. Plutôt pas mal.
Bien que prévue pour une traduction facile pour l’utilisateur, je doute d’une précision optimale par rapport à du matériel plus développé pour la piste. Mais je n’ai pas pu comparer.
D’ailleurs, en parlant d’IMU, vous aurez donc compris que cette YZF-R9 propose des assistances électroniques sensibles à l’angle. Ces assistances sont paramétrables à souhait et l’application Yamaha MyRide tient compte de ces paramètres pour vos données de piste. On retrouve notamment un contrôle de traction, un contrôle de cabrage, un contrôle de glisse de la roue arrière couplé à un régulateur de perte d’adhérence arrière à la décélération, un launch control et une gestion du frein moteur.

La moto est également équipée d’ABS, aussi sensible à l’angle. Cet anti-blocage peut être désactivé sur la roue arrière manuellement dans les paramètres de l’écran TFT. Pour les pistards, un accessoire GYTR propose un émulateur permettant de désactiver l’ABS à l’avant également.
Agilité et couple maitrisés, même sous la pluie
Bon, c’est bien de regarder tout ce qui brille, mais il est temps de se lancer sur ce terrible circuit.
Nous effectuons notre première session en pneus pluie sur une piste presque séchante. Je m’élance alors sur la piste. Dès les premières accélérations, je reconnais instantanément le CP3 à son bruit et à son couple. Pourtant, les sensations sont sensiblement différentes de ce à quoi je suis habitué.
Ce châssis bien conçu y est pour quelque chose, cela me permet de découvrir une nouvelle façon d’exploiter ce trois-cylindres.
Viennent les premières courbes. Je m’élance dans les virages prudemment, je découvre à la fois le circuit et la moto. Ce circuit espiègle, avec ses dénivelés fréquents et ses virages à l’aveugle, m’intrigue et me demande de l’application, mais j’arrive rapidement à me concentrer. Je me rends compte que les deux premiers virages sont passés avec facilité. La R9 a simplement suivi mon regard.
L’agilité de cette YZF-R9 me fait comprendre qu’on va bien s’entendre. Je deviens peu à peu plus incisif dans mes courbes et sur les gaz. La machine fait preuve d’une stabilité rassurante. Bien positionnée en courbe, elle ne bouge pas d’un poil et la répartition des masses semble très équilibrée.
Le CP3 est joueur et la moto est légère. Je me suis pris à légèrement guidonner en sortie de courbe, trop enthousiaste, avec une position pas optimale. Mais l’électronique est intervenue avec douceur et a rectifié la position de la machine, même sous la pluie.
Malgré peut-être un léger manque de puissance à très haut régime par rapport à la R6, la R9 est conforme aux homologation des actuelles Supersport en mondial. Les pilotes Yamaha ont d’ailleurs tous troqué leur R6 pour des YZF-R9. Par ailleurs, Stefano Manzi, Vice-champion mondial Supersport en titre, a gagné une des deux courses d’ouverture de la saison 2025 à Phillip Island.
Au moment de lancer la moto, la course de l’embrayage est un poil courte, et l’anti-dribble est quasi imperceptible. Le quickshifter est fluide, en montée comme en descente de rapport. Ces rapports gagneraient à être un poil plus longs, mais l’étalonnage de la boîte a déjà été retravaillée sur cette YZF-R9 par rapport aux autres modèles CP3. Je ne vais pas chipoter. Il faut dire que la moto monte rapidement dans les tours.
Les suspensions KYB d’origine, entièrement réglables à l’avant (y compris l’amortissement à haute et basse vitesses) et réglables en précharge, compression et détente à l’arrière, travaillent remarquablement.
Pour une sortie sur circuit, elles bénéficieraient d’un réglage d’usine un peu plus rigide, surtout compte tenu de la puissance d’arrêt phénoménale des Brembo Stylema, largement suffisants pour cette moto et qui ont tendance à délester facilement le train arrière en cas de freinage appuyé. Personnellement, cela me convient, moi qui ne jure que par des freins puissants.
La session touche à son terme pour la matinée. Le temps étant changeant, les équipes de Yamaha décident de nous envoyer au repas en attendant que la piste sèche.
Des sensations amplifiées sur le sec
Après la pause lunch, je suis de ceux qui repartent en premier, sur une piste sèche et en pneus routiers cette fois. La monte d’origine. Il s’agit de Bridgestone RS11, des pneus hypersport homologués route. L’objectif de Yamaha était de nous faire tout de même essayer le comportement de la moto telle qu’elle sort du concessionnaire.

On s’élance à nouveau sur la piste avec ce nouveau train de pneus. Les sensations sont rassurantes, les gommes offrent une très bonne accroche et le retour d’information, sur ce circuit bosselé, est précis.
Sur piste sèche avec de bons pneus, on a tendance à être plus confiant. C’est pourquoi ma conduite a été plus incisive. Rien à redire sur la tenue de route et la trajectoire que je commande à la moto. Les quelques glisses du pneu arrière sont discrètement corrigées par l’électronique et l’équipage est ramené au sol sans aucune violence lors des cabrages.

Notre répit aura été de courte durée car après deux tours de piste, la pluie s’abat à nouveau sur nous, et en suffisance. À tel point que le drapeau rouge est levé.
Nous rentrons aux stands en attendant que le soleil pointe à nouveau le bout de son nez. Le reste de la journée, une fois le soleil sorti, nous avons pu terminer nos sessions dans de parfaites conditions de roulage, jusqu’au départ où la pluie a souhaité nous dire au revoir.

Une sportive attachante
Mon expérience au guidon de cette YZF-R9 est très positive. Grand fan du CP3 et de ses multiples déclinaisons, j’ai eu du plaisir à le redécouvrir avec une gestion électronique plus précise, un châssis sportif et une partie cycle remarquable.
Je n’ai malheureusement pas pu récolter de données sur l’utilisation d’une telle moto sur route et au quotidien, mais de ce que j’en ai vu, elle saura plaire à la plupart d’entre nous.
Cette nouvelle Yamaha YZF-R9 est disponible pour la suisse dès le mois de mai au prix de départ de 13990 frs. Elle sera dispo en version full et version 35 kW, livrée en deux coloris: Icon Blue et Tech Black.
Attention: Yamaha Suisse prévient que la plupart des exemplaires qui arriveront en mai ou juin chez nous sont déjà pré-commandés. Il en restera donc très peu de libres dans ce premier arrivage!
Pour en savoir plus sur cette YZF-R9, vous pouvez consulter le site suisse de Yamaha, ou vous adresser notamment à nos partenaires de l’Annuaire suisse des professionnels de la moto, Badan Motos à Genève, Moto Bolle à Morges (VD), MCM Moto à Lausanne, Facchinetti Motos à Crissier (VD), Chevalley Motos à Saint-Légier (VD), hostettler moto Fribourg à Marly (FR) et hostettler moto Sion.