24 Heures du Mans – le TSR Honda l’emporte devant le YART (Yamaha) et le team BMW
L’équipe championne du monde d’endurance en titre débute cette nouvelle saison de la meilleure des manières. Le team officiel Yamaha, lui semble avoir appris de ses déboires passés. Le meilleur (et seul) pilote suisse à franchir la ligne d’arrivée est Marcel Brenner, du team suisse Bolliger (Kawasaki). Couronne Superstock pour le team BMW Tecmas (numéro 9). Abandon pour National Motos et les deux frères vaudois Valentin et Sébastien Suchet.
L’édition 2023 des 24 Heures moto du Mans n’ont pas été tendres avec les équipes, les pilotes et les machines, puisque seuls 36 teams sur 54 ont pu franchir la ligne d’arrivée, et que la course a vu pas moins de 17 abandons. Au final, c’est le team champion en titre, le F.C.C. TSR Honda (numéro 1) qui l’emporte, devant le team Yamaha officiel (le YART, numéro 7) et le team BMW officiel (numéro 37).
Les écarts entre ces trois teams étaient tous d’au moins deux tours à l’arrivée, dimanche à 15 heures et des poussières. On précise que le YART compte un pilote suisse, Robin Mulhauser, mais que ce dernier est pilote remplaçant. Il a pris part aux essais et aux qualifications, mais pas à la course.
Le team Honda Viltaïs (numéro 33), vainqueur de la dernière course de la saison dernière, au Bol d’Or (lire notre article) a fini au pied du podium, avec eux tours de retard sur le team BMW officiel, mais avec seulement un peu plus d’une minute sur l’équipe Ducati officielle, l’ERC (numéro 6). Les positions finales entre ces deux équipes se sont jouées dans les derniers moments de la course, sur un ravitaillement obligé du team ERC qui l’a empêché d’aller chercher la 4ème place!
Cette 4ème édition des 24 Heures du Mans a connu un gros moment d’émotion samedi après-midi, lorsque Gino Rea, pilote du F.C.C. TSR qui a dû se battre après une lourde chute au Japon pour sa vie, puis pour sa mobilité, a pu faire un tour d’honneur avant le départ de la course, au guidon de la Honda officielle. Gino s’est vu attribuer le trophée Anthony Delhalle, du nom d’un pilote Suzuki français talentueux mort lors d’essais il y a quelques années de cela.
Dès le départ samedi à 15h, deux chutes (bien moins graves) sont venues troubler les classements. Celle de la Yamaha numéro 777 du team Wojcik Superstock, juste après le départ, et celle de la Suzuki numéro 12, celle du team officiel SERT (qui avait obtenu la pole lors des qualifications, devant le YART), à la suite d’une collision avec la Honda numéro 1.
Gregg Black, le pilote du SERT qui était au guidon à ce moment-là, a pu faire revenir sa moto aux stands, avec l’aide des mécanos dans les derniers mètres. Et tout le team s’est mis au travail pour réparer la GSX-R, ce qui leur a coûté des dizaines de places et les a renvoyés au-delà de la 40ème place.
Au terme d’une remontée opiniâtre et très longue, la Suzuki est revenue dans le top dix et a même fini 7ème, un tour derrière la Kawasaki numéro 4 du team Tati Beringer.
Une autre Kawasaki, celle du team Webike Trickstar, qui a repris le mythique numéro 11 de l’équipe SRC, dissoute, et avec lui le soutien de Kawasaki, dont des ingénieurs étaient présents, n’a pas connu la course à laquelle son team aspirait. Il faut dire que le pilote français Randy De Puniet, ex-pilote de Grand Prix, avait pour coéquipiers deux pilotes japonais, dont un qu’il ne connaissait pas vraiment. Et il faut dire aussi que le team avait changé de fournisseur de pneus juste avant cette course, optant pour Pirelli.
Tous ces petits changements ont probablement eu un effet, pas forcément positif, sur la prestation d’ensemble du team numéro 11, qui a aussi dû passer un peu de temps au box pour de petites réparations, et qui termine à la 10ème place.
Derrière eux (avec six tours de retard), la moto du team suisse Bolliger (Kawasaki, numéro 8) a pu s’emparer de la 11ème place dans les derniers instants de la course, en prenant l’avantage sur la Yamaha du team Wojcik (numéro 77).
L’équipe de Kevin Bolliger a livré un effort mesuré mais constant, et a bien géré toute la course. On note qu’elle compte cette année un pilote suisse, Marcel Brenner. Et elle a perdu pour ce début de saison l’appui d’un autre pilote expérimenté, l’Allemand Jan Bühn, parti pendant les essais pré-Mans refaire sa vie au sein du team Superstock BMW Tecmas!
Bühn a été remplacé par le Portugais Pedro Nuno Romero Barbosa (en abrégé, Pedro Romero!). Et c’est le troisième pilote du team, l’Autrichien Nico Thöni, resté fidèle, qui a pris le départ, à la 17ème place.
Les épreuves mondiales d’endurance comptent aussi, en plus de la catégorie EWC et de la catégorie Superstock, une catégorie baptisée « Expérimental ». Elle accueille potentiellement tout ce qui ne rentre pas dans les deux autres catégories.
Au Mans, seuls deux teams se trouvent dans cette catégorie: le team Métiss (numéro 45), qui utilise un prototype doté d’une suspension avant à bras oscillant, et le team numéro 15, qui court sur une Aprilia RSV4. Une moto dont la cylindrée ne correspond pas aux règlements Superstock ni EWC.
Un team BMW triomphe en catégorie Superstock
Pour revenir à Jan Bühn, du point de vue du résultat final semble avoir fait le bon choix, puisque c’est le team Tecmas, 8ème à la fin de la course, qui a remporté la couronne dans la catégorie Superstock!
Cette couronne aurait très bien pu revenir à un team français qui compte deux pilotes suisses dans ses rangs, le National Motos (Honda, numéro 55). Les deux pilotes en question sont deux frangins que les lecteurs et lectrices d’ActuMoto.ch connaissent bien, Sébastien et Valentin Suchet.
Les « Suchet Brothers » ont renouvelé leur contrat avec ce team pour cette saison, aux côté de leur coéquipier déjà présent l’an passé, le Français Guillaume Raymond. Mais quelques modifications dans l’organisation de l’équipe ont été faites pour 2023 (lire notre présentation).
Le team s’est qualifié 16ème, cinquième de sa catégorie. Sébastien (qu’ActuMoto.ch soutient) a pris un bon départ, et ses deux coéquipiers ont fait le job en alignant les tours rapides, si bien que National Motos est remonté au fil des tours et des relais, atteignant même la huitième position.
Mais un disque de frein endommagé, puis, au sortir de la nuit, un collecteur d’échappement à réparer, les ont retardés. Pendant la nuit, les températures à peine au dessus du zéro degré n’ont pas aidé, rendant les conditions d’adhérence difficiles à juger.
De nombreuses chutes ont d’ailleurs émaillé toute la course. Et le « Safety Car » (voiture de sécurité), qui neutralise à chaque fois l’épreuve, a dû intervenir à de nombreuses reprises.
Les pilotes et l’équipe de National Motos ont néanmoins pu regagner du terrain et se trouvaient en tête de leur catégorie, à la lutte avec deux autres équipes, dimanche matin, lorsque Sébastien a chuté, endommageant la Honda sans espoir de remise en état. Fort heureusement, le pilote était indemne. Mais il a fallu se résoudre à l’abandon.
Le team Mana’au Compétition (numéro 53, Yamaha), qui court en récoltant des fonds pour la lutte contre le cancer, accueillait à nouveau le Fribourgeois Samuel Trüeb parmi ses pilotes. La numéro 53 a fait une excellente course. Classé 32ème lors des qualifications, elle est remontée un temps jusqu’à la 22ème position. Puis est survenu le gros pépin mécanique irréparable, une bielle qui troue le carter. Et ce fut l’abandon, durant la nuit.
Un sort similaire a frappé le team Falcon Racing (numéro 121, Yamaha), au sein duquel évolue depuis quelques saisons l’Yverdonnois David Chevalier. Parti de la 43ème position, il s’est hissé aux alentours de la 34-35ème place et s’y est maintenu. Mais le moteur a cassé durant la nuit, et la moto a même commencé à prendre feu. Là aussi, c’était la fin de l’aventure.
Enfin le team italien Aviobike (Yamaha, numéro 101), qui comptait même deux pilotes suisses en son sein (le Suisse-allemand Yves Lindegger et le Tessinois Elio Crotta), a lui aussi dû se retirer en raison d’un problème mécanique.
Et pour finir le jeune pilote vaudois Killian Aebi (soutenu par ActuMoto.ch), qui est notamment pilote remplaçant dans le Junior Team Le Mans Sud Suzuki et fait ainsi ses grands débuts en mondial d’endurance, a tout de même pu participer à la course. Son team n’ayant plus besoin de ses services pour ladite course, Killian a pu dire oui à une autre équipe qui cherchait un pilote, le team Kingtyre Fullgas (numéro 116, Kawasaki). Contrairement à ce que l’on pourrait penser au vu de son classement en qualification (52ème sur 54 équipes qualifiées), il s’agit bel et bien d’une équipe de la catégorie EWC, qui compte les motos les plus rapides.
Cette équipe un peu particulière est basée en France et collabore avec le manufacturier de pneumatiques chinois Kingtyre, qui veut développer ses gommes pour l’endurance. Le team a dû abandonner aux alentours de la 16ème heure de course. Selon Killian, « la moto était très physique! » Le jeune Vaudois a même dû la pousser à un moment durant la course, et s’est fait mal au dos. Il n’a plus pu continuer. Rien de grave, mais pas possible d’aller plus loin, physiquement parlant.
Et pour revenir au podium de la catégorie Superstock, le 3ART (Yamaha numéro 36, 9ème) et le Honda No Limits (numéro 44, 13ème) l’ont complété au bout des 24 heures.
Pour les classements complets de ces 24 Heures du Mans 2023, c’est par ici.
Le mondial d’endurance continue au mois de juin, en Belgique. Comme l’an passé, ce sont les 24 Heures de Spa qui sont au programme (les 17 et 18 juin). Le team Bolliger, National Motos, Falcon Racing, Aviobike et semble-t-il Mana’au y seront!
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