Essai – La KTM 890 SMT, faite pour trancher la route avec confort
Nous avons pu mettre la main sur l’un des premiers exemplaires de ce nouveau modèle qui ait posé ses roues sur le bitume suisse. Cette moto offre les avantages d’une Sport-Touring avec un caractère de Supermoto. Et le mix est plutôt plaisant.
Au premier regard, l’exemplaire de la toute nouvelle KTM 890 SMT qui se trouve devant nos yeux, sur le parking en face de l’Auberge communale de Mollens, à l’air d’une KTM Adventure qui a perdu du volume, et qui a de petites roues.
Nous sommes au pied du Jura vaudois, et cette moto est l’une des toutes premières 890 SMT qui pose ses roues sur le bitume suisse.
La machine est venue de Mattighofen, le siège autrichien de KTM, dans un fourgon, en faisant une étape à Frauenfeld (canton de Thurgovie), où se trouve le siège de la filiale suisse de la marque autrichienne. Ceci explique pourquoi elle porte une plaque TG.
Elle a fait tout ce voyage pour être disponible les lendemain et surlendemain, à l’occasion des essais routiers de la gamme KTM organisés par Adrénaline Motos, le concessionnaire vaudois. Ce nouveau modèle, qui reprend le concept de gros supermotard apte au touring (on pense à son ancêtre, la 990 SMT, disparue vers le milieu des années 2010), est il est vrai très attendu. Beaucoup se demandent s’il s’agit juste d’une 890 Adventure avec des roues de KTM 890 Duke, la naked bien connue de la marque. Question à laquelle KTM répond que c’est plus subtil et qu’elle se situe entre la Duke et l’Adventure…
Mais nous ne sommes pas là pour philosopher. Le technicien venu lui aussi d’Autriche nous tend la clé. Nous avons à peine plus de deux heures pour aller faire des photos et voir ce que ce nouveau modèle a dans le ventre. C’est court, mais c’est jouable, tant que la pluie ne vient pas s’ajouter au tableau!
La 890 SMT est plus basse que sa cousine trail Adventure, dont elle reprend le moteur, le phare avant, l’électronique (avec quelques petites différences) et les freins (lire notre présentation). Une fois en selle et la moto redressée, l’auteur de ces lignes (1m70, avec des jambes courtes) pose sans problème un pied presque à plat au sol. Pour les deux pieds, il n’y a que l’avant qui peut s’appuyer. Cela veut dire que si elle est plus basse que l’Adventure, elle est tout de même plus haute que la Duke.
La position de conduite est assez proche de celle d’un trail. On a un guidon assez haut, peu d’appui sur les poignets, le buste droit et les jambes pas trop repliées (presque à l’équerre), avec les pieds posés légèrement en avant par rapport au bassin.
Mais ce n’est qu’une des positions de conduite possibles sur cette machine. On peut aussi se reculer et étendre ses jambes, pour rouler de manière encore plus décontractée, ou au contraire se porter plus en avant, en écartant les coudes, pour adopter une attitude typique du supermotard.
Notre but pour ce test express sera le col tout proche du Marchaîruz pour aller faire des photos, donc. Et vu le peu de temps à disposition, nous allons aller à l’essentiel et prendre aussi le temps de bien chauffer les Michelin PowerGP qui équipent ce modèle et qui jusqu’ici n’ont pas vu beaucoup de virages!
Sur la route de campagne qui part de Mollens, nous constatons une nouvelle fois à quel point le twin en ligne 890 est souple et docile à basse vitesse, quand nous traversons les localités. La réponse à l’accélérateur, précise, mais surtout très fluide, aide il est vrai beaucoup. Nous avions choisi le mode de pilotage « Street » via les commandes au guidon. Deux autres, « Sport » et « Rain », sont disponibles de série.
Dès que la route se libère, on sent que ce moteur a du couple et ne demande qu’à s’exprimer. Un gros coup de gaz en deuxième rend le train avant très léger pendant une ou deux secondes. Si les assistances électroniques n’étaient pas là, ça aurait donné une roue arrière. Un wheelie pour les adeptes de l’anglais.
L’autre constat rapide est que cette moto, ou du moins ses suspensions, sont confortables. Les débattements longs (180 mm) et les réglages d’origine assez souples gomment bien les irrégularités du revêtement routier, en tout cas en ligne droite et à allure tranquille.
Mais voici la bifurcation pour la route du Marchaîruz, et tout de suite après, les trois premiers virages. Nous choisissons le troisième, en épingle, pour la première séance de photos dynamiques. L’occasion de joindre l’instructif (tester le comportement de la moto dans ce genre de virage) à l’esthétique (avoir de belles photos).
Les suspensions que l’on aurait pu craindre un peu trop souples pour une conduite sportive se révèlent d’une belle précision. Certes, ça plonge un peu à l’avant au freinage, et ça se tasse aussi un peu de manière perceptible à la ré-accélération, mais la moto garde sa trajectoire et va exactement là où se porte le regard.
Si on freine un peu fort au milieu du virage, elle se redresse peu. Par contre quand on relâche le frein avant, il faut être progressif, sous peine d’avoir une brusque remontée de la fourche. Une réaction que l’on pourrait probablement minimiser en agissant sur les molettes de réglage au sommet des tubes de la fourche, qui permettent d’ajuster la compression et la détente. Et pas besoin d’outil pour cela, on peut le faire à la main. Merci KTM!
On note au passage que l’amortisseur arrière est lui aussi réglable et que l’on peut ajuster la précharge à la main, en tournant une molette située sur le flanc gauche. Pratique si on veut voyager plus chargé.
Quant aux pneus, ils tiennent bien l’asphalte, y compris bien sur l’angle et alors que les températures ambiantes sont loin d’être estivales et que le bitume est mi-sec, mi-séchant.
Au fil des passages dans cette épingle, le sentiment de confiance croît, et on se rend compte que la 890 SMT est un sacré jouet! Un vélo, de 206 kilos avec les pleins, mais un vélo tout de même. On change de direction et de trajectoire sans effort, il suffit d’y penser. Et on corrige la ligne où et quand on veut, avec les bras, le torse, les hanches ou les pieds!
Le contrôle de traction et l’ABS sont, on le précise, sensibles à l’angle pris par la moto, ce qui ajoute une sécurité supplémentaire.
Photos obligent, il faut sans cesse faire demi-tour. Le rayon de braquage est correct, sans être parmi les meilleurs, parce que la moto est tout de même assez longue. Heureusement, le large guidon donne un bon bras de levier et on peut facilement se déplacer sur la selle. Et puis la pédale de frein arrière est très accessible et facile à doser dans cet exercice.
Hors manoeuvres à basse vitesse, le frein arrière est un peu moins convaincant quand on l’emploie seul (sans les freins avant) et qu’on exerce une pression conséquente avec le pied. L’ABS intervient très vite, et même s’il est peu intrusif et rapide, cela rend l’action du frein arrière peu utile. Mieux vaut utiliser le frein avant seul, ou l’arrière comme complément de l’avant.
Le premier shooting terminé, nous continuons en direction du col. Cette fois-ci avec le mode « Sport » sélectionné. L’accélérateur est nettement plus direct, mais selon notre ressenti, il est toujours aussi fluide. Peut-être parce que le tempo est plus sportif. Ou tout simplement parce que KTM maîtrise bien ce genre d’exercice. Il y a encore un troisième mode de pilotage, « Rain », que nous n’avons pas testé, qui est logiquement plus doux que « Street », et que l’on gardera pour les fois où les conditions d’adhérence sont vraiment misérables.
En montant vers le col, dans les quelques séries de virages un peu resserrés de cette route bien connue, la 890 SMT est à la fois très agile et très sûre. Comme toutes les KTM ayant des prétentions sportives sur la route, elle répond à la moindre de vos impulsions. Attention donc à ne pas fixer votre regard sur la voiture qui vient en face et occupe un peu plus que la moitié de la route qui lui est dévolue. Et ne vous obnubilez pas sur le bas-côté en dévers au milieu du virage!
Mais cette machine n’est pas pour autant nerveuse (nous remarquons un amortisseur de direction) et, on l’a dit, on corrige les erreurs de trajectoire en un clin d’oeil.
Pendant que notre photographe Stéphanie, change de position au second spot photo, l’occasion se présente: on active le mode ABS « Supermoto ». L’anti-blocage devient alors inopérant sur la roue arrière, et le freinage ne tient plus compte de l’angle pris par la moto.
Comme nous devons rendre la 890 SMT en bon état d’ici une heure et que nous ne sommes pas un pro du pilotage en supermotard, nous nous limitons au frein arrière pour tester ce genre de pilotage. Le résultat, même ainsi, est bluffant. Le pneu arrière glisse avec douceur (il n’y a pas d’autre mot) sur le bitume froid, et la moto reste parfaitement contrôlable.
Là encore, les débattements de suspensions assez longs et les réglages de ces suspensions aident à garder la situation sous contrôle. Si on veut le faire en mode vraiment sportif, il suffira certainement de tout rigidifier en utilisant les marges de réglage disponibles (pas de réglage de précharge à l’avant, pas de réglage de compression à l’arrière).
L’essai touche à sa fin, il faut rendre la 890 SMT aux techniciens KTM. Plus qu’à redescendre, avec au passage encore un arrêt photos (statiques). Nous gardons le mode Sport, il va très bien.
La moto de test étant encore « jeune », son mode « Demo » est activé. Pendant quelque 1500 km, il vous laisse goûter à toutes les possibilités électroniques d’assistances du modèle, comme par exemple le mode Track. Et si vous êtes convaincus au bout de cet essai, vous pouvez les garder actives en payant le prix!
Pour avoir ces fonctionnalités supplémentaires au delà du mode Demo, il faut acheter le « Tech Pack » (pour 1040,12 francs).
Le quickshifter bidirectionnel est inclus dans ce Pack. Il fonctionne bien, en montant ou en descendant les rapports de vitesses, mais est parfois un peu brusque si l’on ne se trouve pas dans la bonne plage de régime du moteur. Enfin un régulateur de vitesse ajustable fait aussi partie de ce pack d’équipements optionnels. Commandé depuis le commodo gauche, il est parfaitement au point et autorise même de fixer une vitesse inférieure à 50 km/h.
On peut encore dire quelques mots sur la protection aérodynamique, qui n’est pas mauvaise pour ce qui est des carénages avants. Ils sont identiques à ceux qui ornent les dernières versions des KTM 890 Adventure, et donc assez enveloppants.
Le pare-brise, lui, est très court. C’est voulu, cela va avec le style Supermoto. On trouvera juste une extension de pare-brise dans les accessoires, pas de pare-brise touring. Mais les protège-mains sont de série, et ils sont fonctionnels.
L’interface est très facile à utiliser. L’écran couleur de 7 pouces de diagonales est d’une lisibilité excellente, et on se retrouve sans aucune peine dans les menus et les réglages, grâce à des graphiques explicites, et à des commandes au guidon intuitives et faciles d’accès.
Tout devant, sur le côté gauche du bloc compteur de cette 890 SMT, KTM a installé une prise USB-C et une prise 12V. Toutes deux facilement accessibles, donc, pour donner du courant à des accessoires comme par exemple un GPS.
Pas de remarque particulière sur la béquille latérale (pas trace d’une centrale dans les accessoires, pour l’instant, mais ça peut changer), ni sur les rétroviseurs, qui font le job.
Pour revenir au côté tourisme, qui est inclus dans le concept de cette moto, nous n’avons pas parcouru assez de kilomètres pour donner un avis autorisé sur le confort de selle. En tout cas, elle offre une bonne adhérence, et donc un bon soutien. Il y a aussi une épaisseur correcte, et elle se tasse peu quand on s’assoit. Et elle a juste la bonne largeur pour le pilote à l’entre-jambes.
Les repose-pieds passager laissent assez de place pour les jambes de la personne qui vous accompagne, et la partie de la selle qui lui est réservée est de longueur correcte, mais nous n’avons pas eu l’occasion ni le temps de tester.
Notre moto d’essai était équipée d’un porte-bagages et de poignées de maintien, qui, selon les techniciens KTM présents à Mollens, sont standard. Il y a encore différentes possibilités côté bagagerie, et on peut ajouter des poignées chauffantes.
Contrairement à la 890 Adventure, la 890 SMT est munie d’un garde-boue en position haute, et qui est long. Il est aussi on ne peut plus blanc. Un garde-boue plus petit, noir, est placé sur l’arrière de la roue avant. Selon KTM, la combinaison des deux doit préserver le ou la pilote des saletés venant de la route. Il y a probablement aussi un facteur « esthétique », l’idée étant de faire ressembler la 890 SMT à une grosse supermoto.
Ce nouveau modèle sera disponible en Suisse courant mai, dans une seule couleur, et pour 14690 francs.
Pour en savoir plus, vous pouvez consulter le site suisse de KTM, ou vous adresser à nos partenaires dans notre Annuaire suisse des pros de la moto, Adrénaline Motos à Morges (VD) ou KTM Neuchâtel (Facchinetti Motos).
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